dimanche 13 novembre 2011

Une surface



Voilà
sur la vitre du train de banlieue stationné à quai, se réfléchit dans la démultiplication des lignes de fuite et des plans superposés ce que le monde peut, en une simple fraction de seconde, offrir de confusion et de complexité à un regard qui ne sait plus faire le point. Et alors que s'annulent dans le brouillage des perspectives, surface et profondeur, la pensée voyage vers d'autres paysages, imaginaires ceux-là, mais autrefois si intensément rêvés, qu'ils persistent dans la mémoire comme s'ils avaient réellement existé. Elle dérive aussi vers ces temps où bien plus rares étaient les miroirs et les vitres plus opaques, mais où les peintres inventaient alors des Jérusalem imaginaires, des Egypte fertiles et verdoyantes, couvertes de sombres forêts. Le monde était alors plus inaccessible et mystérieux, plus hostile aussi. La nature dictait sa loi et demeurait une énigme qui prodiguait bienfaits et catastrophes. On la respectait avec terreur car elle était l'œuvre de Dieu. Que signifiait alors "regarder", que voyait-on vraiment, que ressentait-on (pour ne parler que de l'Europe)  à la vue d'une œuvre d'art, d'un vitrail ou d'un tableau du Dominiquin par exemple? Et, de cette façon autre de percevoir, que reste-t-il aujourd'hui, dans un environnement devenu si différent, si artificiel et peuplé de tant d'écrans que de ce fait même il est difficile de savoir ce qui, du réel, se dissimule et ce qui s'en projette ?

Paysage avec fuite en Egypte (Domenico Zampieri 1581-1641)

1 commentaire:

  1. j'aime beaucoup ta photo ; les reflets sont souvent magiques et décuplent couleurs formes et mouvements... Aujourd'hui il reste l'imaginaire et la magie des couleurs dans tous ces tableaux des grands peintres à voir et à revoir ; mais aussi ceux que l'on se crée en photographiant les reflets...;-)

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