Voilà,
il y avait chez Philippe et Dominique, posée sur la cheminée du salon, dans l'appartement de la rue de Vaugirard, cette petite statuette en bois, très ancienne et vermoulue, représentant une vierge à l'enfant dont il manquait la tête. Et puis aussi, ramené de Cayenne par Philippe, ce noyau de je ne sais plus trop quel fruit exotique sculpté par un bagnard — peut-être une noix de corozo qu'on qualifie d'ivoire végétal et qui est la noix d'un palmier nommé tagua. Je trouvais cette tête particulièrement émouvante. Un jour j'ai eu l'envie d'assembler ces deux œuvres conçues à plusieurs siècles d'écart par des mains anonymes dans des bois et sous des cieux dissemblables. En dépit de la différence d'échelle il me semblait qu'elles avaient quelque chose à voir l'une avec l'autre. Étais-je simplement séduit par l'idée d'une rencontre improbable ? Je ne crois pas qu'il ne se fût alors agi que de cela. Il est vraisemblable que secrètement j'aie désiré que ce noyau d'art brut, qui me semblait avoir une âme — sans doute était-ce la seule forme de liberté que son auteur avait pu se permettre —, fût associé à l'idée de sainteté de pureté et d'élévation que suggérait la statue acéphale portant l'enfant Jésus, que longtemps après on désignera aussi sous le nom de Rédempteur. (Linked with the weekend in black and white - Art journal Journey)
il y avait chez Philippe et Dominique, posée sur la cheminée du salon, dans l'appartement de la rue de Vaugirard, cette petite statuette en bois, très ancienne et vermoulue, représentant une vierge à l'enfant dont il manquait la tête. Et puis aussi, ramené de Cayenne par Philippe, ce noyau de je ne sais plus trop quel fruit exotique sculpté par un bagnard — peut-être une noix de corozo qu'on qualifie d'ivoire végétal et qui est la noix d'un palmier nommé tagua. Je trouvais cette tête particulièrement émouvante. Un jour j'ai eu l'envie d'assembler ces deux œuvres conçues à plusieurs siècles d'écart par des mains anonymes dans des bois et sous des cieux dissemblables. En dépit de la différence d'échelle il me semblait qu'elles avaient quelque chose à voir l'une avec l'autre. Étais-je simplement séduit par l'idée d'une rencontre improbable ? Je ne crois pas qu'il ne se fût alors agi que de cela. Il est vraisemblable que secrètement j'aie désiré que ce noyau d'art brut, qui me semblait avoir une âme — sans doute était-ce la seule forme de liberté que son auteur avait pu se permettre —, fût associé à l'idée de sainteté de pureté et d'élévation que suggérait la statue acéphale portant l'enfant Jésus, que longtemps après on désignera aussi sous le nom de Rédempteur. (Linked with the weekend in black and white - Art journal Journey)
It looks a little strange, but the statue certainly needed a head. It seems to work quite well.
RépondreSupprimerIt looks very precious!
RépondreSupprimerVisiting from BLACK AND WHITE WEEKEND.
FRANKLY MY DEAR
...now that's a strange face.
RépondreSupprimerI love how you constructed the post, directing my imagination overseas to to penal colonies and their inmates and connecting two objects into one story.
RépondreSupprimerProfound thoughts...
RépondreSupprimerBeautiful monochrome.
RépondreSupprimervery odd indeed.
RépondreSupprimerI love this, especially with that nut new head. I'd put it on my mantel also, because it really is quite interesting now. Thanks for sharing with us at AJJ for Bleuebard's and Elizabeth's recycle challenge. Happy end of the month and happy weekend too.
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