jeudi 27 août 2020

Un vent de sud, sud-ouest


Voilà,
hier, un vent chaud soufflait fort sur la ville. Comme un vent venu du désert, mais le désert est loin pourtant. J'ai vérifié sur mon smartphone. C'était un vent de sud sud-ouest, un truc anticyclonique donc. Je ne me souvenais pas avoir vu quelque chose comme ça, dans les rues de Paris depuis que j'y habite. Cela créait une étrange ambiance.

(...)

Il semblerait que les gens soient rentrés. La  ville se repeuple. La circulation est plus dense. Les piétons plus nombreux. Beaucoup de gens portent des masques. Quelques uns s'en dispensent. Les terrasses sont encore bondées, surtout le soir. Certaines petites rues sont même devenues des cafés et des restaurants à ciel ouvert en raison du dispositif adapté pour compenser les pertes des cafetiers durant le confinement. Bientôt ces terrasses provisoires qui empiètent sur les places de parking seront démontées. Il paraît que la vie doit reprendre son cours. Mais les informations sont confuses concernant une éventuelle reprise de l'épidémie. Tout le monde semble dans l'expectative. C'est un temps suspendu.

(...)

On semble avoir ou vouloir oublier le traumatisme de la première vague d'épidémie. Personne ne parle plus des mensonges de l'appareil d'État, comme si le remaniement ministériel de juillet avait suffit à résoudre les incohérences de l'époque. Plus rien concernant les sacrifices des médecins et des infirmières dans les hôpitaux, des aide-soignants dans les Ehpad dont le dysfonctionnement et la dimension carcérale se sont révélés au grand jour. La "raison économique" semble sournoisement avoir repris le dessus. Rien non plus au sujet des professions sinistrées par la pandémie et pour lesquelles des solutions peinent à être trouvées. C'est comme si ces visages d'infirmières marqués par les lunettes de protection et la fatigue, comme si ces vidéos de soignants vêtus de sacs-poubelle en guise de surblouses, ces messages désespérés de médecins éreintés, ces morgues provisoires dans le marché de Rungis, ces empoignades à propos de la chloroquine, ces parents désemparés avec leurs enfants à la maison, ces profs incapables d'assurer leurs cours, comme si tout cela s'était dilué dans l'été

(...)

On regarde le monde, la résistance populaire en Biélorussie, les velléités expansionnistes turques au large de la Grèce, la banquise qui fond, les incendies en Sibérie en Californie, les troubles civils aux USA, avec leurs cortèges d'émeutes, de meurtres, de revendications racistes perpétuelles, de menaces plus ou moins larvées de coup d'état, et l'on se prend à imaginer que ce pays peut possiblement imploser comme autrefois l'URSS, mais dans une violence et une folie sans commune mesure.

(...)

On ne peut pas faire autrement que de subir ça. On éprouve un terrible besoin d'amour. On en vient presque à envier les amis qui meurent dans leur sommeil. On songe à de calmes paysages.
(Linked with skywatch friday and weekend reflections)

lundi 24 août 2020

Les Fresques de Pietro de Ricchi


Voilà,
comme elles ont vite passé ces vacances en cet étrange été du coronavirus où j'aurais fait des sauts de puce en différents endroits de la France... Cela faisait longtemps que je ne m’étais pas autorisé tant d'escapades. Je suis de retour depuis moins d'une semaine et je n'ai qu'une envie, c'est de repartir. Paris ne m'enchante plus autant qu'avant. La ville devient sale, la misère y est de plus en plus visible, les incivilités trop fréquentes, et la vie bien chère.
Ces photos ont été réalisées en Bourgogne, début Juillet au château de Fléchères. datant du XVIIe siècle, centre de la seigneurie puis de la  baronnie de Fléchères, qui se dresse sur la commune de Fareins dans le département de l'Ain à 6 kilomètres au nord-est de Villefranche sur Saône. Il succède à une ancienne maison forte du XIIe siècle.
Longtemps dissimulées derrière des boiseries du XVIIIème siècle ou des enduits du XIXème ces fresques colorées en trompe-l'œil, œuvre de Pietro Ricchi réapparues lors d'une restauration datant de 1998, constituent un ensemble d'une grande valeur artistique et historique. Ayant passé quatre années en France, à Lyon, à Paris et dans diverses villes de Provence, de toutes les fresques que réalisa Pietro, ne restent que quelques-unes au château de Bagnols sur Cèze et celles du château de Fléchères, qui composent le plus grand ensemble de ce type en France à cette époque. Elles demeurent un témoignage unique de peinture décorative sous Louis XIII, l’une des plus raffinées et des plus précieuses de tout le XVIème siècle, paraît-il.
Linked with Monday murals

vendredi 21 août 2020

Ma Fatigue


Voilà,
il y a peu, au détour d'une rue, j'ai aperçu ma fatigue. Elle portait ces chaussures que je n'ai jamais mises et qui traînent dans un de mes placards. Essoufflée, en silence elle réclamait un peu de répit. Dans son petit bagage auquel elle semblait s'agripper, il y avait toute ma vie. Ça ne prend pas tant de place que ça une vie, et pourtant c'est fou comme on y tient. J'ai voulu aller à sa rencontre pour la récupérer de peur qu'elle ne l'oublie quelque part, et puis je ne sais pas j'ai eu la flemme, j'ai rebroussé chemin. J'ai laissé ma fatigue, j'ai laissé ma vie. Désormais je traîne. Les passants parfois me considèrent avec suspicion, le plus souvent m'ignorent. Je parle aux chiens, je parle aux piafs, les feuilles mortes sont mes amies. Je suis un courant d'air. C'est pas plus mal comme ça.

lundi 17 août 2020

Jeu de piste



Voilà,
donc, à Biscarrosse-Plage, l'année scolaire 1964-1965 il y avait Danielle Dubosc, qui devait avoir une vingtaine d'années. Elle habitait derrière la librairie Gendron, me semble-t-il, tout près de notre école. Je crois me souvenir qu'elle avait perdu sa mère et qu'elle vivait seule avec son père, que l'on apercevait de temps à autre souvent vêtu d'une salopette bleue, d'une chemise à carreaux et la casquette vissée sur la tête. Je cois que c'était un homme triste qui n'arrivait pas à se remettre de la disparition de son épouse. Danielle avait organisé une section de louveteaux — ce que le curé du village n'avait pas vu d'un très bon œil considérant cela comme une concurrence, et peut-être même comme un affront, puisque lui s'occupait du patronage des "Cols-verts". Ma génitrice, m'avait donc inscrit aux louveteaux au prétexte qu'elle avait été "jeannette" dans sa jeunesse. Cette affaire ne m'enthousiasmait pas des masses, parce que j'aurais préféré être tranquille pénard tout seul, les jeudi après-midi, mais Danielle était si belle si gentille si douce et attentionnée que finalement c'était plutôt bien. Je crois que le reste de la semaine, elle suivait des cours par correspondance, mais je n'en suis pas certain. Parfois elle venait nous voir à la récréation de l'autre côté du grillage, sans doute parce qu'elle faisait coïncider ses pauses avec les nôtres. 
Je me souviens d'un jeu de piste qu'elle avait organisé une fois, dans la forêt à la sortie du village à proximité de la route d'Arcachon. On avait passé la journée avec nos sacs à dos, le mien était kaki, avec des poches partout, c'était celui que mon père avait utilisé quelques années auparavant lorsqu'il crapahutait dans le djebel algérien. Ma mère m'avait confectionné une espèce de salade de tomates, ou de patates pommes de terre je ne me souviens plus, dans un tupperware parce que c'était tout nouveau et soi-disant bien pratique  — si tu savais bien les fermer de sorte qu'ils demeurent étanches — ce que la mère n'avait évidemment pas bien fait de sorte que la sauce s'était répandue dans mon sac. Ce jeu de piste c'était vraiment formidable, c'était la grande aventure. Notre groupe était composé de deux sizaines, j'étais le second de l'une d'elles ce qui m'allait très bien, car je n'ai jamais trop aimé les responsabilités ni le pouvoir. J'ai toujours eu plus de goût pour les bordures, les marges et la solitude. Et puis notre sizenier, était un garçon raisonnable, pondéré, un bon élève de la classe, sérieux, et qui lui aussi lisait le journal de Tintin qui paraissait tous les mercredi, et ça quand même ça crée des liens. Il s'appelait Pascal Loiseleux et sur la photo de classe il est tout en haut à gauche. Il habitait  alors dans cette grande maison où je ne suis jamais entré — mais dont je me disais que cela devait être rudement bien d'y habiter — et que j'ai photographiée en 1996. À cette époque là France Gall avait seize ans et chantait « N’écoute pas les idoles » composé par Serge Gainsbourg. Cette première année à Biscarrosse, fut vraiment un enchantement. Il me semblait alors que le paradis était à portée de main, simplement à cause de l’omniprésence de la nature, mais aussi parce l’ambiance était beaucoup moins kakie que celle dans laquelle j’avais précédemment grandi. Et puis il y avait la présence de l’océan tout près, les senteurs d’iode et de pin, tout un univers olfactif que j’ai retrouvé ces deux dernières semaines passées sur un autre bord de mer et qui m’ont ramené vers les rivages de cette enfance. (Linked with the weekend in black and white

jeudi 13 août 2020

Nu au rideau


Voilà,
avais-je en tête un certain cliché d'Edward Weston lorsque j'ai pris ou tiré cette photo, il y a longtemps, très longtemps au siècle dernier, ou bien est-ce un tropisme inévitable pour qui se pique de photo, de jouer avec les ombres d'un rideau sur un corps, comme l'a fait Alvarez-Bravo, et aussi Man Ray et sans doute bien d'autres. Je crois, bien que je n'en sois pas tout à fait certain, que cette photo a été prise chez Moli, comme nous appelions, (du nom abrégé de Molinario son ancien propriétaire) cette maison du belvédère que les parents d'Agnès avaient achetée en 1973, et qui fut cet été là, la maison où nous nous retrouvions entre jeunes : il y avait Delphine, Agnès, Pierre qui ressemblait à Neil Young, Barbara, Anthony, Jérôme et Amélie Mistler qui passaient de temps à autre. Parfois, plus petite que nous, Valérie, fille et sœur de comédienne, et qui l'est devenue venait créer des petits spectacles à notre intention (Il y a quelques mois, j’en ai vu un fort beau qu’elle a écrit et réalisé comme quoi des vocations viennent de fort loin). Ce fut l'été de mes dix-sept ans, un bien bel été.

lundi 10 août 2020

Rêverie à la Fondation Vuitton


Voilà
apprendre créer 
m’abandonner à des sensations nouvelles me confronter à des complexités jusque là ignorées
tel est mon premier besoin et sans doute aussi mon unique désir
un rempart contre la peur et la solitude aussi
Mais quoi qu’il en soit je m'effacerai de ce monde
sans en avoir compris grand chose

mercredi 5 août 2020

Sursitaires


Voilà
donc la planète brûle, l'épidémie s’étend
on s'interroge sur l’heure de la marée
Masqués on joue à cache-cache avec la peur
essayant de ne pas trop songer au lendemain
puisque tant de signes désormais nous rappellent notre condition de sursitaires

dimanche 2 août 2020

Histoires de Guignols


Voilà,
Le Guignol Guérin est la plus ancienne famille de marionnettistes Guignolistes de France, toujours en activité. Depuis 6 générations, à Bordeaux et partout en France, la famille Guérin propose des spectacles et des pièces de théâtre dans la pure tradition du répertoire lyonnais. Ces photos prises au Parc bordelais il y a quelques jours, lors de mon passage dans cette ville ont quelques chose de désuet et de si anachronique que cela en paraît presque absurde. Août commence sans que je ne puisse me déprendre d'une vague inquiétude comme souvent à cette époque. J'aimerais avoir ce détachement de Kafka, qui le 2 Août 1914 notait dans son journal "La Russie déclare la guerre à l'Allemagne. Après-midi piscine".   
Sinon, j'ai vu qu'un blockbuster intitulé "Greenland" allait bientôt sortir en France. Une histoire d'astéroïdes qui s'écrasent sur terre. Etrange, cette fascination américaine pour les fictions apocalyptiques. Aucune autre société contemporaine n'a une telle appétence pour la violence et la destruction. Pourtant, on est là-bas déjà en plein film d'horreur, et l'astéroïde leur est déjà tombé dessus, il y a un peu moins de quatre ans, comme l'avait constaté le journal allemand "Der Spiegel". Dans les films il y a toujours un héros solitaire, un super Jesus Mc Gyver, capable de sauver l'Amérique sinon le monde de la catastrophe. Dans la réalité, les américains sont incapables de se débarrasser d'un malade mental qui ne veut pas que le monde lui survive et auquel ils ont précisément confié leur destin. A se demander si Dieu bénit vraiment l'Amérique. Mais il est vrai que c'est aussi une fiction qui justifie bien des folies. Il existe en français une expression "faire le guignol" qui signifie "amuser les autres volontairement ou non". Mais le guignol qui gouverne la première puissance occidentale n'amuse plus. On songe plutôt à Shakespeare. "C'est un malheur du temps que les fous guident les aveugles"...
 
Linked with Monday mural

samedi 1 août 2020

Jeune visiteur au Musée de l'Homme


Voilà,
une de ces photos de cet été 2018 où pour la première fois, je n'avais pas du tout quitté Paris, sans doute par manque d'argent, mais aussi par flemme, parce que finalement je trouvais aussi bien d'être chez moi à ne rien faire en restant au frais dans un appartement aux volets clos, par ces temps de grande chaleur. J'avais visité des musées parisiens (me réjouissant que certains aient l'air conditionné, comme le nouveau musée de l’homme) je m’étais baladé, intra-muros et dans quelques endroits de l'Ile-de-France, j'avais pris beaucoup de photos, oui beaucoup. Pas toujours intéressantes, mais tout m'intriguait. C'est à se moment là qu'ont commencé à se propager de façon insistante dans la presse les premières analyses sur l'Effondrement et que le terme de collapsologie encore relativement confidentiel s’est plus largement répandu. Cet été là, fut celui la tardive prise de conscience par les médias des perturbations climatiques en cours et de toutes ses implications, à moins que ce soit précisément à ce moment là qu'ils ont réalisé que cela pouvait faire vendre. Je me souviens de cette carte des températures début Août 2018.


Pourtant l'hiver précédent les températures en Arctique avaient été de 30° supérieures aux normales saisonnières et l'été austral lui aussi particulièrement chaud (faiblement en comparaison de celui de 2018-2019), sans qu'on en fit pour autant les gros titres. Non, je crois qu'à l'époque on parlait en France, surtout des querelles autour de l'héritage de Johnny Hallyday, et du mercato concernant Neymar. Bref, j'ai pensé à l'avenir de ce jeune homme qui semblait si absorbé dans son observation. je crois qu'il était étranger, américain, mais je n'en suis pas certain. Deux ans plus tard, on ne peut pas dire que les choses se soient particulièrement arrangées sur le plan climatique. Cette année en Juin, il a fait 38°C en Sibérie. pourtant c'est autre chose qui préoccupe le monde. La récession liée au covid, la pandémie qui n'en finit pas, les migrants qui continuent de s'échouer au sud de l'Europe. Tout semble si précaire. Sans lendemain et l'avenir si imprévisible. Cette année je vais de-ci de-là. J'ai l'impression de faire ma tournée d'adieux. Il n'y en aura pas pour tout le monde.

Publications les plus consultėes cette année