Voilà,
j'ai par hasard réentendu cette chanson de Marie Laforêt, disparue récemment. J'ai rarement repensé à l'une ou à l'autre, au cours de ma vie. Pourtant, écoutant ce qui fut en 1964 un succès sur les ondes, je ressens la puissance que peut receler un refrain. Des images lointaines, des sensations physiques éprouvées autrefois, alors que mon corps était si différent, que j'étais si petit, et qu'il me semblait pourtant avoir alors vécu une très longue vie, sans doute parce que ma capacité à mémoriser mes sensations a été presque immédiate, et aussi en raison de l'intensité de certaines situations.
Les vendanges de l'amour... Je me rappelle les visions que générait cette chanson mais aussi ce bonheur de vivre en lisière de l'Océan, de respirer cet air, de baigner dans ce climat si doux, et aussi le sentiment de sécurité que j'éprouvais, dans cette région. C'était l'odeur des pins, de la résine, le jaune vif des genêts, le vert de la forêt, le goût de liberté d'autonomie et d'aventure avec mon vélo rouge de chez Manufrance, mon fidèle compagnon... C'était ces jeudi, où livré à moi-même parce que mes géniteurs travaillaient je profitais de cette solitude que j'appréciais, qui m'autorisait la paresse, l'errance, le temps sans mesure, la lecture, les jeux idiots et les histoires que je m'inventais, et la délectation de n'avoir de compte à rendre à personne, le plaisir de l'indépendance. Dans ces années là, j'ai aussi entendu pour la première fois "Ma bohème" de Rimbaud à la radio scolaire — était-ce dans la classe de Monsieur Peyreigne en CM1 ou celle de Mr Despons en CM2 — récité par Jean Topart, qui avait une voix magnifique.
Oh c'est incroyable en faisant une recherche je l'ai retrouvé JE L'AI RETROUVÉ.
Et ce poème avait immédiatement suggéré à mon imagination de douces et paisibles images. Bien plus en tout cas que le "Je vous salue ma France" d'Aragon, entendu dans les mêmes circonstances. Une part de moi est restée coincée dans cet espace-temps, où je savais alors vivre sans amour. On dit que lorsque l'on devient sénile, l'esprit se perd dans l'arrière-pays du passé lointain. J'y suis de plus en plus souvent, J'y étais en tout cas, me promenant dans ce nouveau quartier, car le monde d'aujourd'hui, — ou peut-être s'agit-il plus simplement de ma vie présente —, n'offre guère de motif de réjouissance. Rarement je ne me suis senti aussi vulnérable.
(Linked with skywatch friday)
Modern.
RépondreSupprimerI love how you love this song.
RépondreSupprimerWonderful photo, and I like the architecture. It's amazing how songs become forever attached to certain memories and emotions.
RépondreSupprimerLooks amazing, Loved the frame.
RépondreSupprimerFantastic photo of fantastic architecture. Nuff said.
RépondreSupprimeropération décoinçage programmée :)
RépondreSupprimerJean Topart, oh que oui.
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