Voilà,
il y a trente ans, lorsque le mur de Berlin est tombé, j'avais l'âge des résurrections et j'étais de passage dans un théâtre de la banlieue de Lyon pour y jouer en tournée la pièce de Brecht "Tambours dans la Nuit". Une femme venait de s'installer chez moi, à Paris, sans m'avoir prévenue qu'elle était mariée (je me rappelle soudain ce détail auquel je n'avais pas pensé depuis des années). Pendant les semaines qui avaient précédé, Jean-Paul Wenzel, notre metteur en scène, avait été tout excité par ce bouleversement d'autant plus historique — je parle bien entendu de Berlin — qu'en plus d'être inattendu, il se produisait sans effusion de sang. Mais là, évidemment, l'émoi était à son comble ."Tu te rends compte" répétait-il, "cet été j'ai déjeuné à Avignon avec Heiner Müller, et il disait que jamais de son vivant il ne verrait la chute du mur".
Célèbre dramaturge est-allemand, Heiner Müller, pour ceux qui ne le connaissent pas, avait cette particularité d'être un écrivain qui, après avoir été censuré et exclu de l'union des écrivains de son pays dans les années soixante, avait été réhabilité en 1973. Par la suite, il fut toujours un ardent défenseur du socialisme et de la RDA tout en étant critique à l'égard des autorités de son pays. Il a néanmoins pu, dans le courant des années quatre-vingts, disposer du privilège de pouvoir librement circuler non seulement en République Fédérale Allemande, mais aussi dans les pays de l'Ouest, où nombre de ses pièces étaient représentées.
Son cas est significatif : cet écrivain et metteur en scène résolument socialiste qui s’est somme toute maintes fois brouillé avec le Parti qui le considérait trop critique a toujours trouvé une façon de se faire publier ou de monter des spectacles – malgré des difficultés administratives périodiques. En fait, c’est peut-être par la menace de ternir l’image de la RDA à l’étranger qu'il parvenait à créer un espace de négociation dans les coulisses du régime afin d’obtenir des avantages (et ils étaient nombreux ceux accordés à l'intelligentsia) pour sa propre carrière et sa propre liberté d’expression.
Son cas est significatif : cet écrivain et metteur en scène résolument socialiste qui s’est somme toute maintes fois brouillé avec le Parti qui le considérait trop critique a toujours trouvé une façon de se faire publier ou de monter des spectacles – malgré des difficultés administratives périodiques. En fait, c’est peut-être par la menace de ternir l’image de la RDA à l’étranger qu'il parvenait à créer un espace de négociation dans les coulisses du régime afin d’obtenir des avantages (et ils étaient nombreux ceux accordés à l'intelligentsia) pour sa propre carrière et sa propre liberté d’expression.
Que Heiner Müller, lui même n'eut pas soupçonné un tel bouleversement — je prête, peut-être à tort, aux artistes une plus grande capacité de ressentir les frémissements du monde — nous rappelle combien ce fut alors une fracture dans la compréhension des phénomènes historiques. D'ailleurs avec certains membres de l'Intelligentsia est-allemande il s'est par la suite opposé à la réunification.
Je me souviens avoir regardé avec une vague stupéfaction ces images joyeuses où les berlinois des deux bords fraternisaient en s'étreignant devant la porte de Brandebourg côté ouest, et des premiers coups de pioches contre le mur, et puis le concert de Rostropovitch et tout ça. Une amie, dont la conscience politique ne s'est jamais démentie depuis que je la connais, et qui est encore active et toujours engagée dans les luttes émancipatrices qui secouent le monde, avait aussitôt décidé de se rendre à Berlin, afin d' être au cœur de l'événement. De cette époque j'ai retrouvé cette photo de nuit à Bourg en Bresse, où nous avions joué quelques jours plus tard, prise sur le chemin de mon hôtel, après un de ces dîners au restaurant réunissant la troupe une fois la représentation finie.
(linked with the weekend in black and white)
(linked with the weekend in black and white)
A film noir image! I like it. I also enjoyed these memories.
RépondreSupprimerA single image can evoke many memories ✨ By the way Kwarkito, congratulations on ten years of sharing your thoughts and images 💚
RépondreSupprimerP.s. it is never too hot to eat racelette ☺
RépondreSupprimerPhotographs hold so many memories! I like this - full of atmosphere.
RépondreSupprimer...a bit of light!
RépondreSupprimerFantastic shot.
RépondreSupprimerMy country is still suffering.
RépondreSupprimerMystical, could have come from a thriller!
RépondreSupprimerMy contribution ...
fantastic, mystical shot! like a movie:
RépondreSupprimerCe soir-là, j'étais chez des amis à 200 km de Berlin. Voyant ce qui se passait à la télévision, ni une ni deux, fonçons à Berlin! Ce fut une folle nuit!
RépondreSupprimerThat sure must have been an amazing event in history!
RépondreSupprimerSo atmospheric. Like a scene from an old spy movie.
RépondreSupprimerseems as misaty as we have in Sweden :)
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