mercredi 13 novembre 2019

L'autre qui porte mon nom



Voilà,
L'autre qui porte mon nom 
a commencé à me méconnaître. 
Il se réveille où je m'endors, double la conviction que j'ai de mon absence,  
occupe ma place comme si l'autre était moi, 
me copie dans les vitrines que je n'aime pas, 
creuse les cavités que j'élude, 
déplace les signes qui nous unissent 
et visite sans moi les autres versions de la nuit.

Imitant son exemple,
 j'ai commencé à me méconnaître. 
Peut-être n'est-il d'autres manière 
de commencer à nous connaître
(Roberto Juarroz)

8 commentaires:

  1. There is always another way Kwarkito. Beautiful illusion collage 💙

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  2. Juarroz encore et toujours!
    Très proche, ce poème de Juan Ramón Jiménez, tu le connais peut-être.

    Je ne suis pas moi.
    Je suis celui
    qui va à mes côtés sans le voir
    que parfois je vais voir
    et que parfois j’oublie.
    Celui qui se tait serein quand je parle
    celui qui doucement pardonne quand je hais
    celui qui se promène où je ne suis pas
    celui qui restera debout après ma mort.

    *

    Yo no soy yo.
    Soy este
    que va a mi lado sin yo verlo,
    que, a veces, voy a ver,
    y que, a veces olvido.
    El que calla, sereno, cuando hablo,
    el que perdona, dulce, cuando odio,
    el que pasea por donde no estoy,
    el que quedará en pie cuando yo muera.

    Bonne journée Kwarkito.

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  3. Pour parvenir au même résultat (commencer à se connaître), Pessoa abordait les choses à sa façon, en se perdant dans ses pseudonymes. Il est vrai que lorsqu'on s'appelle Pessoa on est une personne. Et que, contrairement au français, le portugais distingue, grâce à deux mots, la personne (pessoa) et l'absence de personne (ninguèm). Quelqu'un, appelé Arnaud, faisait récemment remarquer tout le charme de la langue alambiquée qu'est le français, n'est-il pas ?

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  4. Lovely illustration, intriguing and rhythmic as is the poem.

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  5. Oui, "personne", creuse, déjà par l'étymologie, un vide, car le "per sona" est le masque des comédiens de théâtre. Celui qui est caché par le masque "sonne à travers", sonne par le masque, anonyme. "Je ne suis personne", sinon un autre. En français, on peut parfois dédoubler par "nul", même si ce dernier traîne toujours un peu de sa neutralité, il me semble.

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