L'autre qui porte mon nom
a commencé à me méconnaître.
Il se réveille où je m'endors, double la conviction que j'ai de mon absence,
occupe ma place comme si l'autre était moi,
me copie dans les vitrines que je n'aime pas,
creuse les cavités que j'élude,
déplace les signes qui nous unissent
et visite sans moi les autres versions de la nuit.
Imitant son exemple,
j'ai commencé à me méconnaître.
Peut-être n'est-il d'autres manière
de commencer à nous connaître
(Roberto Juarroz)
There is always another way Kwarkito. Beautiful illusion collage 💙
RépondreSupprimerUnreal - Way Cool
RépondreSupprimerCheers
Juarroz encore et toujours!
RépondreSupprimerTrès proche, ce poème de Juan Ramón Jiménez, tu le connais peut-être.
Je ne suis pas moi.
Je suis celui
qui va à mes côtés sans le voir
que parfois je vais voir
et que parfois j’oublie.
Celui qui se tait serein quand je parle
celui qui doucement pardonne quand je hais
celui qui se promène où je ne suis pas
celui qui restera debout après ma mort.
*
Yo no soy yo.
Soy este
que va a mi lado sin yo verlo,
que, a veces, voy a ver,
y que, a veces olvido.
El que calla, sereno, cuando hablo,
el que perdona, dulce, cuando odio,
el que pasea por donde no estoy,
el que quedará en pie cuando yo muera.
Bonne journée Kwarkito.
J'en profite au passage, je ne le connaissais pas, merci !
SupprimerOoooo I really like this one!!
RépondreSupprimerPour parvenir au même résultat (commencer à se connaître), Pessoa abordait les choses à sa façon, en se perdant dans ses pseudonymes. Il est vrai que lorsqu'on s'appelle Pessoa on est une personne. Et que, contrairement au français, le portugais distingue, grâce à deux mots, la personne (pessoa) et l'absence de personne (ninguèm). Quelqu'un, appelé Arnaud, faisait récemment remarquer tout le charme de la langue alambiquée qu'est le français, n'est-il pas ?
RépondreSupprimerLovely illustration, intriguing and rhythmic as is the poem.
RépondreSupprimerOui, "personne", creuse, déjà par l'étymologie, un vide, car le "per sona" est le masque des comédiens de théâtre. Celui qui est caché par le masque "sonne à travers", sonne par le masque, anonyme. "Je ne suis personne", sinon un autre. En français, on peut parfois dédoubler par "nul", même si ce dernier traîne toujours un peu de sa neutralité, il me semble.
RépondreSupprimer