Voilà,
c'est la ville où je vis. Le capitalisme post moderne — celui dont notre nouveau jeune président est l'ardent thuriféraire — génère toujours plus de misère. Il y a cinq ans, en revenant de l'esplanade du chateau de Vincennes où le candidat Hollande avait organisé un meeting de campagne, j'avais pris, Avenue de Paris une photo saisissante d'un homme abandonné. Depuis cela n'a fait qu'empirer. La fin du droit d'asile, elle n'est même plus aux frontières, elle est à l'intérieur du pays. Ce que l'on appelait autrefois les hospices où l'on offrait l'hospitalité et le soin aux indigents, les asiles où l'on accueillait les vieux ou les fous, sont en voie de disparition. Je sais que ces établissements n'étaient pas toujours reluisants, mais aujourd'hui l'abandon est total. Ce qui est terrible c'est qu'au bout d'un moment tous ces gens cadavérés, privés de leur statut d'êtres humains, eh bien notre œil les a intégrés dans le paysage urbain, il font partie de notre quotidien. On a appris à ne plus s'en émouvoir, à détourner le regard, car sinon la réalité serait insupportable. L'Etat souhaite la mort de ces gens qu'il considère comme des encombrants. Il n'a pas encore le cynisme de créer des déchetteries humaines, d'institutionnaliser et programmer la mort de façon rationnelle, alors il les laisse déchoir dans les lieux publics, offerts au regard de tous. Chacun use de stratagème pour se détourner de cette obscène réalité. On se concentre sur son smartphone, on reste, casque vissé sur les oreilles dans sa bulle en écoutant de la musique. Et par les rues, les couloirs souterrains, nous cheminons honteux et impuissants devant ce qui est la représentation même du désespoir. Ceux-là ont lâché l'affaire depuis longtemps. Leurs corps est encore là, mais leur esprit est loin, anéanti. Dans les années soixante-dix, un petit livre était paru, intitulé "L'aventure est au coin de la rue". Aujourd'hui, au coin de la rue, c'est le Néant, l'image du Néant que l'on rencontre désormais quotidiennement.
Merci pour eux, ils existent le temps de ton billet...
RépondreSupprimerA Paris j'ai vu des gens qui n'avaient même plus de chaussures au pieds, ni plus la force de se lever.
A noter aussi que nous payons actuellement cinq présidents de la République (avec majuscule), une paille...
Rude et dure réalité de "notre" monde dont certains sont exclus parfois par un lent glissement ou un brusque renversement
RépondreSupprimerPersonne ne peut porter toute la misère du monde, c'est l'affaire de tous, la conscience de chacun.
Triste constat. Et combien vrai.
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