Voilà,
cette image prise en 2010 je m'étonne de ne pas l'avoir déjà publiée. Je me souviens vaguement des circonstances dans lesquelles elle fut prise. J'étais en compagnie d'une femme agaçante, et de son fils qui l'était encore plus. Elle avait loué une chambre dans la même résidence que moi et m'avait proposé de partager sa voiture pour aller à Grande-Terre, et plus particulièrement à Deshayes visiter le jardin botanique situé dans l'ancienne propriété de Coluche. Bien évidemment lorsque j'avais accepté sa proposition je n'avais pas imaginé qu'elle serait aussi bavarde et sa conversation si stupide. Derrière, alors que nous traversions des paysages surprenants son crétin d'enfant ne décollait pas de sa bruyante console de jeu. J'avais envie de le gifler. En plus elle me racontait ses déboires sentimentaux, et franchement, j'en avais rien à branler, parce que de ce côté là, j'en avais alors plus que mon compte. A un moment elle a voulu s'arrêter, pour le point de vue. Oui pourquoi pas, cela me reposerait un peu de ses jacasseries. La proximité de la vache de la barque et de la mer sur fond de cocotiers, ça m'a tout de suite plu. C'était en même temps saugrenu et terriblement banal. Mais d'une banalité exotique. Cela rappelait ces illustrations d'autrefois où tout est sa place. Cette vue aiguisait ma sensation de n'être que pure fiction, quelqu'un qui n'existait pas vraiment. Il m'arrive souvent de m'éprouver dans la réalité comme une anomalie et parfois même presque comme une sorte de fantôme. Sans doute le fait d'avoir entendu très tôt dans mon enfance que j'étais encombrant coûteux et qu'on aurait mieux fait de se passer de moi ("qu'est ce que j'ai fait pour mériter ça", s'exclamait parfois la génitrice) y est probablement pour quelque chose : ça vous tient des années et ça incite à la discrétion. Bref, ce 1/125 ème de seconde, cet ici-et-maintenant, me transportait dans une autre dimension, celle du repos, d'une sorte d'Oubli. C'est ça peut-être le paradoxe qui parfois est au principe de certains clichés : photographier non pour se souvenir mais pour s'oublier. Et aussi pour ne pas perdre de vue qu'on n'est simplement que de passage, contingent et qu'il n'y a pas plus de raison de se trouver ici plutôt que là, ni d'être ceci plutôt que cela. Oui à cet instant, peut-être ai-je secrètement, intensément désiré être la vache la barque ou un cocotier. (linked with the weekend in black and white)
Photograph to forget--- there's a concept! Loved the latest batch of instagrams--- ballad of a thin man! I did not see Bill and Myrna. The picture of the man and woman looking at their phones---all great shots.
RépondreSupprimerI love the scene but not so sure about the translation. That's some pretty weird stuff there, Kwarkito. I think I take photos to make those 1/125ths better and to find seconds that would otherwise be lost and unseen. I'm delighted to find little treasures in some shots and to see the unseen in others.
RépondreSupprimerInteresting subject in this photograph.
RépondreSupprimerFrankly my Dear
There's a lot to see in this photo, and you've composed it well. I think it's a treasure.
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