Voilà
... je cherchais alors dans cette étrange agglomération - tentative d'un futur rêvé qui jamais n'a eu lieu - les quelques rares traces subsistant de la ville anéantie. Où que j'aille j'en ressentais la présence fantôme. Ainsi avait-on voulu reconstruire une cité nouvelle et moderne sur les décombres de l'ancienne. Les quelques rares bâtiments non historiques qui avaient survécu à la guerre, et à la crise économique n'allaient pas tarder non plus à céder sous les pelleteuses des entreprises de démolition. M'éloignant du rivage, j'essayais de retrouver le Bouville de Roquentin, et comme lui à ce moment j'aurais pu dire "ma pensée c’est moi : voilà pourquoi je ne peux pas m’arrêter. J’existe parce que je pense…et je ne peux pas m’empêcher de penser". Quand même, 120 ha rasés, 12 500 maisons détruites, et 5000 morts m'avait on dit, ce n'était pas rien. Etait-il lié à cela le malaise lancinant que je ne cessais d'éprouver, ou bien à ce tournant que ma vie s'apprêtait à prendre contre mon gré ? Parfois il me semblait que des âmes en déshérence me frôlaient. Quelque chose en moi aussi était à l'agonie sans que je ne fus pour autant capable de m'y résoudre. Un vent froid et humide balayait les rues les rendant plus sinistres encore...
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