Voilà,
pourquoi
je tiens encore ce blog. Parce qu’il me permet d'écrire comme ci ou
comme ça, sans contrainte de style de genre ou de sujet. Parce que je
peux y proposer des images de nature et de facture différentes. Parce
qu'il m’offre la possibilité de ne pas m’en tenir à une seule identité
ou une seule forme d’expression. Parce qu’il est un terrain
d’expérimentation où je peux raisonnablement m'extérioriser en étant
relativement protégé. Parce qu'il y est loisible d’être indifféremment grave ou futile. Parce
qu'il me contraint à formuler ce qui me passe par la tête (d'autres font
des sports cérébraux comme les mots croisés). Parce qu'il m'offre en
outre l’opportunité d’échanger parfois avec des inconnus. Parce qu'il renvoie une image multipliée fragmenté de ce que je suis. Parce que cela me donne l'illusion d'être encore en lien avec ce monde.
"Les poèmes sont des bouts d’existence incorruptibles que nous lançons à la gueule répugnante de la mort" écrivait René
Char. Il en va de même pour ces photos et aussi ces images dessinées ou
trafiquées que j’accumule depuis quinze ans sur ces pages. Elles
transforment le rapport que j’ai avec le monde. Elle ne racontent rien
de particulier. Elles ponctuent des moments de réflexion, parfois, mais
aussi des moments de vide, de songerie.
Ceci dit, je suis de moins en moins inspiré, et les brouillons qui s’accumulent n'offrent pas grand chose de nouveau. J’ai beaucoup ressassé. Ce sont toujours les mêmes obsessions, les mêmes terreurs et je me lasse de tout ça. En outre l’humour et la dérision semblent m'avoir quitté. Toutefois, je constate aujourd’hui que nombre de lecteurs ou de personnes de mon entourage qui me trouvaient autrefois pessimiste — quand il me semblait n’être que lucide —, écrivent à présent des choses bien plus sombres que je ne l'ai fait. Je ne devais pas être tout à fait à côté de la plaque. Il est vrai que le futur immédiat est plus anxiogène que jamais pour ceux de ma génération. Que ce soit sur le plan politique, géostratégique, ou écologique. On s'apprête vraisemblablement à vivre des temps étranges.
Au lendemain des élections américaines David Lynch avait constaté dans une vidéo "what a great time to be alive if you like the theater of absurd. La mort l'a pourtant surpris avant le lever de rideau. On se rappellera simplement ce proverbe turc "when a clown moves into a palace he doesn't become a king, the palace becomes a circus". Nous en savons déjà un peu quelque chose dans ce pays où je vis.
En fait j'envie l'ami Pierre toujours prompt à imaginer une histoire ou Christine qui chaque jour agence avec délicatesse un nouveau poème et une image apaisante, ou bien encore Bill qui quotidiennement dépose une vision enchanteresse de paysage. Tous regardent le monde avec sollicitude et soin y ajoutant un peu de beauté. Comme Agathe qui dans son paradis, fait dialoguer entre eux les objets et crée d'oniriques compositions. Mais pour ce qui me concerne l'imagination me fait de plus en plus défaut.
Tout me paraît flou, incertain. J'essaie de composer des images qui rendent compte de cet état. Cependant ces tentatives me satisfont moyennement. Pas grand chose pour me stimuler ces derniers mois. Je subis le contrecoup de tout ce que j’ai du refouler entre Octobre et Avril. En fait ce qui est désagréable, c'est que désormais la mort approche. Et qu'elle se précise dans un monde tourmenté, traversé d'idées sales et d'affects troubles et malsains qui ne manquent pas de m'éclabousser. Bon, je ne suis pas complètement dépressif, ça ne m'empêche pas d'être futile, d'aller au cinéma, aux expositions, de regarder le rugby à la télévision et parfois au stade avec ma fille. Pendant ce temps là, je ne pense pas aux douleurs nouvelles.
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New angles and new perspectives are always important in art creation
RépondreSupprimerContinue to fight to have faith, mon ami. It's always darkest before the dawn. Kind thoughts to you, xo
RépondreSupprimerNaviguer, louvoyer entre le désespérant et ce qui nous console, c'est ce que tu écris, ce que j'aime lire et voir ici.
RépondreSupprimerProbablement nos vies à tous....
Incredible ! Thanks so much for playing in my challenge :)
RépondreSupprimerYour rendition of the orange clown's "portrait" is perfect. As I've said before, without the words and images of both you and Pierre every night, I would find it harder to make any sense of things.
RépondreSupprimerreally interesting images. Thankyou. Enjoy your week. i am joining you at Mosaic Monday.
RépondreSupprimerC'est mercredi, l'après-midi pour écrire mes commentaires. Le sujet semble clair, même si j'ai des problèmes de traduction aujourd'hui (mon français n'est malheureusement pas suffisant, ou plutôt il y a trop longtemps...). Les images parlent d'elles-mêmes.
RépondreSupprimerMais je me réjouis aussi d'une autre magnifique contribution à MosaicMonday.
Merci beaucoup pour ta participation, cher ami du blog. ... intéressant à lire ! Salutations de Heidrun
PS : J'ai également apprécié votre gentil commentaire. Merci pour cela !
Our palace is not only a circus, but this circus is dominated by clowns.
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