Voilà,
nous sommes rentrés dans l'automne. Le soleil dispense toujours ses rayons. Les feuilles s'accrochent encore aux arbres. Le fond de l'air est juste un peu plus frais. Entre midi et deux, le jardin du Luxembourg s'est repeuplé de collégiens de lycéens et d'étudiants. Les joggeurs courent et trottinent pour en faire le tour.
Ici je me sens un peu hors du monde, dans une sorte de temps suspendu. Je musarde, je traîne. J'ai aimé apercevoir cette scène, insolite dans cet arrondissement bourgeois. C'était une autre douceur, un autre rythme, dans les gestes et les intonations des voix. C'était doux.
Ailleurs la vie continue, plus âpre. Et souvent même la lutte pour la survie. Comme par exemple en Inde. Bien sûr, en France, les chaînes d'actualités mainstream ne s’attardent pas sur ce qu'il s'y passe. Après tout ce n’est qu’un huitième de la population mondiale, et accessoirement la plus grande démocratie parlementaire du monde, même si elle est aux mains de dirigeants ultranationalistes hindous.
Cela fait dix mois que les paysans se sont soulevés. Ce 27 Septembre, Le SKM, la coordination qui anime le mouvement, a, pour la troisième fois en dix mois, appelé au blocage général de l'Inde, afin d'obtenir le retrait des lois anti-paysannes et anti-ouvrières, de rétablir la démocratie, de mettre fin aux divisions entre castes, religions et sexes et enfin pour libérer l'Inde du gouvernement BJP de Modi et des griffes d'un capitalisme de plus en plus sauvage.
Cet appel a été soutenu par l'ensemble des organisations syndicales ouvrières, d'employés, de commerçants, pécheurs, étudiants, enseignants, de transports, les organisations féministes, celles de jeunesse, des Intouchables, des tribus et des gouvernement de plusieurs Etats opposés au BJP : le Kerala, le Tamil Nadu, l'Andhra Pradesh, le Chhattisgahr, le Jharkhand et le Pendjab que la plupart des occidentaux sont incapables de repérer sur une carte. Partout, voies ferrées, aéroports, marchés, transports, routes, autoroutes, entreprises, commerces, administrations, écoles, universités ont été totalement paralysés.
Dans ces Etats, le blocage a été colossal mais également dans les Etats dirigés par le BJP, ce parti de la droite nationaliste hindoue, malgré leurs violences policières, l'Uttar Pradesh, l'Haryana, le Bihar, le Gujarat et Tripura. Le mouvement a été également suivi comme cela n'était jamais arrivé dans le reste du pays, au Telangana, dans le Rajasthan, l'Odisha, le Bengale Occidental, le Maharashtra, l'Uttarakhand, le Madhya Pradesh, le Jharkhand, l'Assam, le Karnataka, l'Himachal Pradesh et Manipur.
C'est la première fois que l'appel des paysans qui était traditionnellement suivi jusque là dans les États du nord, l'a été avec autant d'ampleur et d'intensité dans le reste du pays et que les paysans ont réussi à entraîner derrière eux l'ensemble des organisations populaires, syndicales, politiques et associatives du pays et même un certain nombre d'Etats dirigés par l'opposition. Cette journée a marqué un nouveau et immense succès du soulèvement paysan face à un gouvernement ultra réactionnaire et violent qui cependant, devient de plus en plus impuissant face à cette vague populaire qui s'amplifie.
J'ai eu de la chance de vivre jusqu'à présent dans une région relativement prospère, dans une période historique et sous des latitudes préservées du chaos. Rien ne dit que cela durera encore longtemps. Je veux dire, la vie, la paix civile. Vraisemblablement les désordres climatiques auront des répercussions sur nos organisations sociales et, d'ici quelques années nos existences risquent d'être fort bouleversées. De plus, savoir tout ce qui se passe dans le monde, constitue un poids supplémentaire. Peut-être suis-je sujet à ce qu'on appelle la solastalgie — j'ai découvert ce mot il y a peu — qui définit une forme de souffrance et de
détresse psychique ou existentielle causée par exemple par les
changements environnementaux passés, actuels et attendus, en particulier
concernant le réchauffement climatique et la biodiversité. Peut-être s'agit-il d'autre chose que j'ignore encore ou que je me refuse à admettre. Quoi qu’il en soit je joue le soir au théâtre trois fois par semaine. Ça me fait du bien. J'oublie le reste. Le reste. Ce dont on ne peut peut parler. Et qu'il faut taire, selon la célèbre formule.
linked with the weekend in black and white - blue Monday
You're in my favourite season here, we are going into spring so we have more sunshine and the days are longer.
RépondreSupprimerIndia will never work out its problems-- political and otherwise. I'm glad you are involved in theater. My experience with show biz of any kind is that while there is infighting, jealousy, etc, there is also a sense of belonging-- of safety. Stay safe.
RépondreSupprimerYou have caught a perfect moment in the park. A fine street photo.
RépondreSupprimerLovely photo - full of peace and friendship!
RépondreSupprimerA fun peaceful moment beautifully captured
RépondreSupprimerJe ne pense pas qu'il faille taire ou ne pas dire. Tu dis et réagis à ta façon. Chacun habite le monde à sa façon. Mais, je suis d'accord avec toi, il est tout de même hallucinant et difficilement compréhensible tant de disparité et tant de misère encore.
RépondreSupprimerGreat street candid.
RépondreSupprimerBeautiful blog
RépondreSupprimerJ'ai vécu en Inde, j'y ai de la famille, je suis l'actualité indienne de près
RépondreSupprimerBeautiful pic
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