Voilà,
il y a quelques années, le publiciste Jacques Séguela, proclama dans un interview que "si à cinquante ans tu n'avais pas une rolex, tu avais raté ta vie". J'ai donc raté la mienne. C'est le même qui avait conçu pour François Mitterrand lors de la campagne électorale de 1981, cette affiche devenue célèbre vantant la force tranquille. L'affiche, bien que destinée à promouvoir un candidat socialiste, s'inspirait de l'iconographie pétainiste enracinant le futur président dans la France profonde et rurale, pour qu'il apparaisse comme le rassembleur de tous les français.
"Je hais ces mensonges qui vous ont fait tant de mal, la terre, elle ne ment pas. Elle demeure votre recours. Elle est la patrie elle-même" avait déclaré Pétain le 25 juin 1940, "Elle", s'opposant probablement à ceux qui mentent : politiciens de la IIIe République, intellectuels dégénérés et bientôt les Juifs.
Comme l'Histoire est parfois une farce, on rappellera que ce discours — celui de la reddition — avait été écrit par l'un d'eux : Emmanuel Berl. Et comme on admet aussi que l'histoire bégaye — en l'occurrence elle bafouille plutôt —, rappelons qu'aujourd'hui une grande partie de l'extrême-droite et de la droite bourgeoise et conservatrice, n'a d'yeux que pour un polémiste de télévision dont la presse capitaliste et les média main-stream ont fait leur nouvelle idole en propageant ses idées nauséeuses à l'indiscutable relent vichyste. L'individu vante même le bilan du vieux maréchal, arguant, au mépris de toutes les études historiques à ce sujet, qu'il a protégé les juifs français alors que lui, avec sa gueule et son patronyme il aurait sûrement été un des premiers à être raflé et déporté.
Les gauchistes révolutionnaires de mai 68 scandaient dans les rues "Nous sommes tous des juifs allemands" pour soutenir leur leader Daniel Cohn Bendit, qui, au fil de sa vie, s'est peu a peu droitisé jusqu'à devenir un soutien de Macron. Peut-être que les néo-fascistes d'aujourd'hui qui comptent apporter leurs suffrages à l'homoncule qui, dit-on se rêve un destin national, gueuleront "nous sommes tous des juifs sépharades". Ça serait plutôt cocasse. Quoi qu'il en soit, l'étalage de toute cette connerie au grand jour, a de quoi consterner. Mais ce pays où la bêtise se répand aussi vite que la misère, n'en est pas à une incohérence près. L'indigence intellectuelle qui caractérise ses élites, l'inculture de la plupart des journalistes, la complaisance de ces derniers et leur asservissement à l'égard des puissances de l'argent, a quelque chose de consternant. Heureusement que "Le canard enchaîné", exception notoire dans la presse française, nous rappelle de quoi Zemmour se fait l'écho. Doriot, de sinistre mémoire, transfuge du Parti communiste, qui devint fasciste et collabo et bien sûr antisémite, a lui aussi écrit un "Destin Français".
Souhaitons
à notre infatigable prêcheur du "grand remplacement", qu'il ne connaisse pas la même
fin que son prédécesseur. Il serait dommage pour lui que "l'Histoire se venge"
vraiment. Quoique... Si un suprémaciste blanc, furieux de voir ses
idées xénophobes représentées par un "métèque", s'en prenait à lui, ça serait
plutôt tordant et même, comme l'a une fois écrit Proust tout à fait
"épastrouillant".
On peut divaguer bien sûr.
D'ailleurs je ne m'en prive pas comme en témoignent ces lignes. De plus en plus souvent — mais je ne postule pas à de hautes responsabilités —, je m'abandonne à l'association
libre, au coq à l'âne, à la digression, aux errements. J'espère que ce n'est pas une séquelle du covid. Selon un article de Futura science, SARS-CoV-2 a "un effet direct sur le fonctionnement du cerveau. À partir de son propre
matériel génétique, il fait fabriquer des ciseaux moléculaires par les
cellules endothéliales qu'il infecte, transformant les vaisseaux
sanguins en vaisseaux "fantômes", (qui n'ont rien de wagnérien). Les conséquences majeures de
cette mort cellulaire sur l'irrigation du cerveau pourraient prédisposer certaines personnes ayant contracté la maladie à développer des troubles cognitifs, neuro-dégénératifs, voire des démences". Comme en ce moment, je suis confronté à des symptômes nouveaux qui me déconcertent, je ne sais s’il faut les mettre sur le compte de l’hypocondrie cette névrose qui ne m’appartient pas, ou bien si ils sont vraiment significatifs d’autre chose de bien réel. Alors j'attends de voir comment ça évolue, tout en me demandant si je n'ai pas tort d'agir ainsi.
Bon. Comme disait Roger, tant que j'arrive encore à pisser tout seul...
shared with the weekend in black and white
Etre riche, c'est réussir sa vie.... Déplorable, et je pèse mes mots. Et le sieur Zemmour me débecte.
RépondreSupprimerAmazing and telling photo! The Rolex shop stands for a lot of money - and there's the figure on the ground ...
RépondreSupprimer..I'm a lot older that 50 and I don't have Rolex and that's fine with me!
RépondreSupprimerI have 8 wrist watches, non of ém is Rolex. But 2 of ´em are Rolex homages. :)
RépondreSupprimerWhen I was young I had a dream of living in a house designed by Bernard Maybeck
RépondreSupprimerhttps://en.wikipedia.org/wiki/Bernard_Maybeck
in the Berkeley Hills, with a separate room as a library, and money enough to actually own prints of some of my favorite films. Instead I live in a small 100 year old bungalow in the hills above our little town. I have a separate room that is my library and a viewing room for about hundreds of great films that I own on discs. I don't need a watch. Funny how things work out.
A great example of how much story a seemingly simple photo can contain.
RépondreSupprimerGreat
RépondreSupprimerThe picture says it all.
RépondreSupprimerEvery political leader of every colour has his/her own tagline, unfortunately far from reality, just a marketing ploy.
lol, I am much more then 50. I still don´t have a Rolex. :)
RépondreSupprimerThe pandemic has exacerbated the divide. In Auckland I have been chased by the bouncers guarding the entries of these sanctuaries of posh. A terrifically framed telling image!
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