Voilà
Il
n'a pas choisi. S'est débrouillé pendant des années. A tenté de
résister, de s'adapter. A bien fait semblant dans la mesure de ses
moyens. Peu à peu les distractions s'étaient réduites. Il ne trouvait
plus le moyen de donner le change. Et puis sa façade de rires a fini par
se lézarder. Trop d'usure, trop de fatigue. Tout était
devenu insipide. Emilio Tempranillo a senti ses forces décliner. Peu à
peu il a fini par renoncer. Sans vraiment s'en rendre compte il s'est
lentement laissé déchoir. L'espace étriqué de la petite chambre qu'il
avait acquise pour ses vieux jours l'oppressait. Afin d'y échapper et de
ne pas rester des heures allongé sur son lit, il s'est mis à voyager
dans le métro, passant ses journées sur ce réseau qui n'était pas
virtuel. Mais il n'y avait personne à qui parler. Ou plus exactement,
personne qui voulait lui répondre lorsqu'il parlait. Alors de plus en
plus souvent il a commencé à s'assoupir sur les banquettes. A se laisser
transporter comme un vieux paquet abandonné. Le soir il retournait chez
lui. Puis il a fini par rentrer de plus en plus tard. Un soir, c'était au cœur de l'été, il eut
du mal à se souvenir de l'endroit où il demeurait. dans la journée il y
avait eu comme un petit claquement dans son œil. Il avait éprouvé une
certaine gêne. Tout paraissait un peu plus flou. Il s'est tassé sur lui lui-même, sans s'en rendre compte il s'est pissé dessus. A un moment il a cru entendre quelqu'un lui faire une remarque. Ou peut-être un reproche. Ou bien une menace. C'était une langue qu'il ne comprenait pas. Un enfant pleurait. Fini pensa-t-il. Et en effet il était déjà mort.
Un’immagine molto toccante, una storia di tristezza e solitudine.
RépondreSupprimerOh that was so sad Kwarkito, even more sad because it happens more often than we like to believe ✨
RépondreSupprimerDurant mes dernières années de résidence à Paris (autour du soi-disant prometteur an 2000), j'en croisais de temps en temps des Emilio Tempranillo. Et puis récemment lors de mon dernier séjour à Paris, j'en ai tellement vu que, par lâcheté, j'ai dit à mon épouse : je ne reviendrai plus jamais dans cette ville.
RépondreSupprimerRefus de croire que ça peut nous arriver à tous, et que c'est impensable.
RépondreSupprimerTes mots sont si vrais qu'on/ que j'en tremble. Tant d'inhumanité, de solitude, de peurs....
Si bien décrit, si bien écrit.
RépondreSupprimer·.
RépondreSupprimerVous avez écrit une histoire magnifique. Aussi bon que triste. Peut-être que notre société pousse de plus en plus de gens à être des sujets de votre histoire.
La photo illustre très bien vos mots.
Un câlin
.·
LMA · & · CR