Voilà,
parfois des choses anodines me sautent aux yeux, comme ces lignes de failles sur le bitume d'un trottoir du quai Louis Blériot dans le seizième arrondissement. C'était il y a quelques mois. Un endroit de Paris sans grâce où je ne vais jamais. Je me rappelle très bien ce jour là. Déambulations dans un paysage industriel du bord de Seine. Méditation fugace sur le temps historique. Ce jour là je réalise que soixante années seulement se sont écoulées entre la traversée de la Manche par l'aviateur français défoncé au vin Mariani, et le moment ou Armstrong a posé le pied sur la Lune (j'y pense alors parce que j'ai vu "First man" de Damien Chazelle avec ma fille peu de temps auparavant), et que les cinquante années qui ont suivi ont consisté en un saccage organisé de la planète pour en exploiter les richesses afin de satisfaire notre artificiel besoin de consommation et d'enrichir quelques multinationales. Je ne nie pas qu'il y a eu aussi de grandes avancées technologiques depuis. Mais hélas elles nous servent essentiellement à évaluer avec précision à quel point nous nous sommes fourvoyés sans que nous puissions pour autant trouver de solution aux ravages commis depuis par l'humanité. Plus particulièrement par une part de l'humanité, la part européenne, judéo-chrétienne qui a essaimé jusqu'aux Amériques avec les conséquences que l'on sait. L'homme blanc quoi. Et voici que désormais cette ivresse de consommation se propage sur tous les continents avec une allégresse suicidaire. L'année dernière, le 2 août toutes les ressources annuelles de la terre avaient été consommées. Il ne fait guère de doute que cela adviendra cette année avant la fin Juillet. Pareillement à chaque époque on s'en émeut, puis on oublie jusqu'à l'année suivante. D'ailleurs au passage je recommande la lecture du billet de Natacha intitulé sidération environnementale qui analyse très finement notre attitude face au désastre en cours.
Après ces deux lectures, faudrait sans doute que j'éteigne mon ordinateur et ne l'emploie plus jamais...la folie destructrice ne semble avoir en effet aucune limite. Consciences endormies, bénéfices immédiats. Jusqu'à en mourir.
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