Voilà,
Est ce que j'avais déja peur au moment où j'ai pris la photo ? La peur était-elle en train de faire son lent travail ? Est-elle venue un peu plus tard dans l'après-midi sans que je ne m'en rende compte ? À la terrasse du café par exemple ? Pourquoi ai-je pris cet instant ? Qu'est ce qui m'a retenu dans ce cadre ? Ai-je reconnu dans cette attitude quelque chose qui faisait écho à ce que j'éprouvais sur le moment ? Il m'a semblé bien sûr que cela ferait une belle photo. Cela ne m'a pas traversé l'esprit mais j'y songe à présent que j'écris ces lignes, un jour viendra où il y aura une dernière photo. Plus tard l'après-midi tirait à sa fin, la panique m'avait saisi sur le boulevard où je n'étais pas venu depuis si longtemps et qui ressemble à un ghetto, puis dans un lieu de passage bondé à cette heure où des visions d'explosion et de carnage m'ont affolé quelques minutes, alors que j'avançais hébété, à cause de la vue qui baisse (oui peut-être devrais-je changer mes verres). J'ai eu la nette sensation de n'être plus tout à fait de ce monde comme si quelque chose en moi se résignait. Parvenu à destination, j'ai un peu marché. Mon regard a été attiré par la modestie sauvage de ces deux là. J'étais encore capable de les apercevoir, de me rapprocher d'elles. C'était ça la vie. La vie intense et fragile. J'ai songé aux photos de Bill qui célèbre les grands horizons, mais aussi les mousses et les lichens et dont les photos sont un hymne permanent à la nature toujours changeante
Dandelions and drunks--- For whatever reasons, your images tell stories. And thanks.
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