mardi 2 juillet 2024

Tant que c'est encore possible


 

Voilà,
les choses n'arrivent jamais comme on l'imagine et rien ne sert de faire des prédictions, mais,  vraisemblablement des temps fort obscurs sont devant nous. Des temps de grande confusion. Les rancœurs accumulées favorisent les bas instincts, et nul ne peut dire ce que seront les prochaines semaines sous nos latitudes. Pourtant, il arrive qu’au détour d’une de ces rues d’Avignon, où je traîne mon spleen, je puisse être ému, sans trop comprendre pourquoi. Ou plus exactement sans vouloir m'avouer pourquoi. Depuis huit mois, je suis en quelque sorte totalement désaccordé. Je suis en totale inadéquation avec cette réalité. Mais la réalité elle-même a depuis quelques semaines pris un tour délirant. On ne pouvait, ne voulait imaginer que la folie, l’incompétence l’immaturité d’un homme persuadé de son destin et de la pertinence de ses décisions, et peu enclin à tenir compte de l’avis des autres, enchaîne autant de choix absurdes qui ébranlent à ce point nos institutions. C’est comme un temps suspendu. Un temps de sidération. Les choses, les lieux sont là, mais plus rien n’a la même saveur. Je m'étonne d'être de nouveau, dans l'insupportable microcosme du théâtre qui tient ici son rendez-vous annuel. J'y suis un peu malgré moi, car mes partenaires tenaient à ce que nous y retournions ensemble cette année. J'ai cédé à la pression du groupe. J'ai du plaisir à jouer ce spectacle, certes, mais je n'aime pas cette ambiance. Toutefois cette année, le contexte est si étrange, que cela rend l'affaire un peu plus piquante. 
Quel paradoxe, ce festival qui se tient dans une région chaque année un peu plus gangrénée par l'extrême droite nationaliste. 
Quoi qu'il en soit, hors du festival officiel, chacun est là pour vendre son produit. C'est le règne de l'ultralibéralisme culturel. On retrouve les réflexes habituels, chacun cherche à contacter spectateurs, programmateurs, tourneurs. Mais cela n'a aucun sens désormais. Ce secteur d'activité va être un des premiers à subir les foudres de ceux qui s'apprêtent à nous gouverner. On le sait depuis longtemps, ce ne sont pas vraiment des amis de la culture. Ils s'efforceront très vite de mettre au pas nombre de ces gens qu'ils considèrent comme de dangereux perturbateurs. 
  

 photo Guillaume Samama

Ce genre d'image et de propos n'aura sans doute plus cours d'ici quelques mois. Il faudra juste distraire le public, et surtout ne pas, en même temps, lui donner matière à réflexion. De tels spectacles deviendront tout simplement indésirables. Alors, profitons, tant que c’est encore possible du peu de liberté qu'il nous reste, et partageons cette pièce de Laurent Gaudé, « Cendres sur les mains » qui donne un peu à rire de notre misérable condition. Et gardons en mémoire ces mots de Kafka né un 3 Juillet qui sonnent si étrangement depuis peu : “Quand une fois on a accueilli le Mal chez soi, il ne demande plus qu'on lui fasse confiance. ”

6 commentaires:

  1. That tree is so erect and large sitting in that front yard

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  2. Peut-être un programmateur de Pau Oloron Sainte-Marie Serres-Castets Jurançon Mourenx Monein Hendaye se saisira-t-il de Restons soudés ? pour une soirée et le temps d’une communauté éphémère se sentir plus forts.

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  3. Sad--- In the meantime, shine a light!

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  4. Je te fais confiance pour garder longtemps un peu de cendre sur tes mains !

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  5. Times of great confusion for sure. That house is so full of character and appears to have stood the test of time!

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