Voilà,
autrefois, avant la deuxième guerre mondiale, on pouvait avoir l'excuse de l'ignorance. Tout paraissait plus lointain, dans le temps et dans l'espace. Le tout-venant, en dehors des zones concernées, pouvait vraiment ne pas savoir ni même imaginer la mesure de l'horreur qui existait. Les vérités étaient alors locales.
Aujourd'hui, nous voyons tout, sommes au courant de tout. En temps réel.
Et franchement il n'y a pas de quoi pavoiser.
j'aimerais être plus léger, mais c'est difficile
Les massacres, les catastrophes écologiques, les délires des autocrates, tout est à vue, comme un grand spectacle pornographique mettant à nu la laideur de l'humanité. C'est encombrant.
tout cela m'atteint. Je ne peux pas m'empêcher d’y songer.
Par exemple, on voit que Gaza est devenu un gigantesque camp de concentration où la famine est planifiée, organisée. Comment pouvait on imaginer qu'après tout ce que ce peuple avait traversé, il massacrerait des enfants innocents. Ce que Hérode n'avait pas accompli — au contraire de ce que l'évangile de Matthieu a voulu nous persuader, (et ce mensonge s'est propagé à travers des siècles) — Netanyahu et ses complices le réalisent.
David Grossman une des voix importantes d'Israël, une de ses consciences, reconnaît que ce qui se passe à Gaza relève d'un génocide. Ceux qui l’exprimaient auparavant étaient taxés d'antisémitisme, voire de complicité idéologique avec le Hamas. Aujourd'hui l'évidence est trop flagrante. Le plus déplorable, dans ces tragique événements c'est de constater que les descendants des victimes de l'holocauste, profanent la mémoire de six millions de juifs européens martyrisés, en ressemblant quatre vingts ans plus tard à leurs bourreaux. Je sais, je l'ai déjà écrit, mais ce constat me sidère. Cela me semble une des plus grande défaite de l'humanité. Cela signifie que les "plus jamais ça", les "devoirs de mémoire", les voyages organisés à Auschwitz pour des scolaires, les livres, les films, tout cela est sans effet.
Est-ce pour autant dépourvu de sens de le rappeler ?
Ce peuple qui affirmait avoir été choisi par le dieu qu'il avait inventé pour devenir une nation sainte dont la responsabilité était de conserver et transmettre un message de paix, s'est totalement parjuré. Comment à travers le pays qui le représente peut-il encore désormais prétendre à l'exception ? Exception qui se manifeste par le fait qu'Israël bafoue depuis sa création le droit international. Entre 1948 et mars 2024, cette nation a fait l'objet de 229 résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU sur la colonisation, le statut de Jérusalem et le
retour des réfugiés palestiniens. Elles sont demeurées sans effet.
Tout l'Occident une fois de plus est complice et a encouragé cette barbarie.
" D’un bout à l’autre, il s’agira de faire comme si le peuple palestinien, non seulement ne devait plus être, mais n’avait jamais été. Les conquérants étaient de ceux qui avaient subi eux-mêmes le plus grand génocide de l’histoire. De ce génocide, les sionistes avaient fait un mal absolu. Mais transformer le plus grand génocide de l’histoire en mal absolu, c’est une vision religieuse et mystique, ce n’est pas une vision historique. Elle n’arrête pas le mal ; au contraire, elle le propage, elle le fait retomber sur d’autres innocents, elle exige une réparation qui fait subir à ces autres une partie de ce que les juifs ont subi (l’expulsion, la mise en ghetto, la disparition comme peuple). Avec des moyens plus « froids » que le génocide, on veut aboutir au même résultat.
Les USA et l’Europe devaient réparation aux juifs. Et cette réparation, ils la firent payer par un peuple dont le moins qu’on puisse dire est qu’il n’y était pour rien, singulièrement innocent de tout holocauste et n’en ayant même pas entendu parler. C’est là que le grotesque commence, aussi bien que la violence. Le sionisme, puis l’Etat d’Israël exigeront que les Palestiniens les reconnaissent en droit. Mais lui, l’Etat d’Israël, il ne cessera de nier le fait même d’un peuple palestinien. On ne parlera jamais de Palestiniens, mais d’Arabes de Palestine, comme s’ils s’étaient trouvés là par hasard ou par erreur. Et plus tard, on fera comme si les Palestiniens expulsés venaient du dehors, on ne parlera pas de la première guerre de résistance qu’ils ont menée tout seuls. On en fera les descendants d’Hitler, puisqu’ils ne reconnaissaient pas le droit d’Israël. Mais Israël se réserve le droit de nier leur existence de fait. C’est là que commence une fiction qui devait s’étendre de plus en plus, et peser sur tous ceux qui défendaient la cause palestinienne. Cette fiction, ce pari d’Israël, c’était de faire passer pour antisémites tous ceux qui contesteraient les conditions de fait et les actions de l’État sioniste. Cette opération trouve sa source dans la froide politique d’Israël à l’égard des Palestiniens.
Israël n’a jamais caché son but, dès le début : faire le vide dans le territoire palestinien. Et bien mieux, faire comme si le territoire palestinien était vide, destiné depuis toujours aux sionistes. Il s’agissait bien de colonisation, mais pas au sens européen du XIX° siècle : on n’exploiterait pas les habitants du pays, on les ferait partir. Ceux qui resteraient, on n’en ferait pas une main-d’œuvre dépendant du territoire, mais plutôt une main-d’œuvre volante et détachée, comme si c’étaient des immigrés mis en ghetto. Dès le début, c’est l’achat des terres sous la condition qu’elles soient vides d’occupants, ou vidables. C’est un génocide, mais où l’extermination physique reste subordonnée à l’évacuation géographique : n’étant que des Arabes en général, les Palestiniens survivants doivent aller se fondre avec les autres Arabes. L’extermination physique, qu’elle soit ou non confiée à des mercenaires, est parfaitement présente. Mais ce n’est pas un génocide, dit-on, puisqu’elle n’est pas le « but final » : en effet, c’est un moyen parmi d’autres.
La complicité des États-Unis avec Israël ne vient pas seulement de la puissance d’un lobby sioniste. Elias Sanbar a bien montré comment les Etats-Unis retrouvaient dans Israël un aspect de leur histoire : l’extermination des Indiens, qui, là aussi, ne fut qu’en partie directement physique. il s’agissait de faire le vide, et comme s’il n’y avait jamais eu d’Indiens, sauf dans des ghettos qui en feraient autant d’immigrés du dedans. A beaucoup d’égards, les Palestiniens sont les nouveaux Indiens, les Indiens d’Israël. L’analyse marxiste indique les deux mouvements complémentaires du capitalisme : s’imposer constamment des limites, à l’intérieur desquelles il aménage et exploite son propre système ; repousser toujours plus loin ces limites, les dépasser pour recommencer en plus grand ou en plus intense sa propre fondation. Repousser les limites, c’était l’acte du capitalisme américain, du rêve américain, repris par Israël et le rêve du Grand Israël sur territoire arabe, sur le dos des Arabes."
Est-ce parce qu’ils sont cyniquement conscients que nous sommes entrés dans une ère de chaos irréversible, que les dirigeants actuels des "démocraties occidentales", continuent de fermer si complaisamment les yeux, sinon d'encourager ce qui se passe là-bas ? Ou pressentent-ils que d'ici peu ils agiront de semblable façon, avec d'autres populations ? Du reste ne le font-ils pas déjà un peu — plus timidement certes — en laissant se noyer les migrants dans la Méditerranée ou dans la Manche ? Et lorsqu'ils les réexpédient vers la Tunisie la Libye ou l'Albanie, ne monnayent-ils pas avec ces pays, une procuration pour se donner bonne conscience ?
S’il est vrai que l’histoire future est déjà toute entière en germe dans l’histoire présente, alors ce que nous voyons aujourd’hui ne laisse rien augurer de bon. Le Mal semble se répandre frénétiquement à la surface de la planète. Est-ce dû au fait que celle-ci devient de plus en plus difficilement habitable en raison des perturbations climatiques qui s'y manifestent avec une intensité croissante ? Les décennies qui restent vont elles voir l'humanité, comme déjà résignée à sa perte, se vautrer dans l'abjection ?
*
J'écoute la radio. Je voudrais soudain que le monde entier soit ramassé, contenu dans cette chanson si belle si tendre si douce et tellement irréelle au regard des temps que nous vivons. Elle parle d'amour.
Je donne la traduction approximative en anglais pour mes lecteurs étrangers
Tell me it half-heartedly with tip of your lips / I hear it with my heart/ Not so loud, calm that fever / Yes, I'm listening / Oh, tell me softly / Just whisper it to me / I'll listen to you better / No doubt
If you speak half-heartedly with the tip of yout lips / I hear very well with the tip of my heart / And I can continue my dream / My dream /
May love be in my ear / Sweet as the song of bees / In summer, one day, in the sun / In the sun.
Look, in the evening that is leaning / Over there, the sailboat swaying / How pretty it is, its white sail / Dancing. / I tell you with the tip of my lips / You annoy me with the tip of your heart / Your cries disturb me, I dream / I dream.
Come and talk to me about love / In a low voice, in this backlight / And please, make me /Silence.
Let's take the evening instead / Over there, that rocking sailboat / How pretty it is, its white sail / Dancing/ I'll tell you with the tip of my my lips / ‘I love you with all my heart.’ / And we can live my dream / My dream...