mardi 3 juin 2025

Joli cadeau


Voilà,
c'est l'été sur une île paradisiaque, il fait chaud, on est tout à la joie du soleil et de la mer, un jour, une enfant que peu à peu l'on apprend à connaître vous offre son sourire, sa gaîté. Onze années passent comme un battement de paupières, et une adolescente vous envoie un texto pour partager sa joie d'être admise à un cursus universitaire qui lui tient à cœur. La vie fait parfois de jolis cadeaux
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lundi 2 juin 2025

Liesse populaire


Voilà,
donc samedi soir, c'était l'hystérie collective à Paris. Le club de la capitale a enfin gagné (de fort belle façon) la champions league d'Europe de football. Le journal Libération qui ne recule jamais devant un jeu de mots a titré "Paris vaut bien une liesse". 
A partir du début de ce mois, les chômeurs et les allocataires des minima sociaux font l'objet de nouvelles mesures coercitives, mais samedi soir, beaucoup de pauvres gens se sont extasiés devant les exploits de millionnaires en culottes courtes qui bénéficient de faveurs fiscales afin de ne pas succomber à la tentation de jouer dans des clubs étrangers. 
"Les gens" comme dit du côté de chez Mélenchon ont dansé, hurlé, se sont embrassés. Des gamins sur des scooters ont tiré des pétards pour fêter un club sponsorisé depuis quinze ans par le Qatar qui, durant cette période, a injecté presque cinq milliards d'Euros pour lui assurer un standing international. 
Cet argent ne choque personne. En fait tout le monde s'en branle, la victoire est belle. Qatar est écrit sur les maillots. Qatar qui peut acheter le président des États-Unis en lui offrant un avion, qui sponsorise l'islam politique du Hamas et des frères musulmans. Pourtant récemment en France, un rapport gouvernemental a été publié sur l'entrisme de ce mouvement dans de nombreuses associations, mais chut ! c'est la fête. 
Même Macron, qui n'est pourtant pas le maire de la ville a accueilli, à l’Élysée, les nouveaux champions du PSG.  Il est d'ailleurs probable que le club a décidé qu'il n'y aurait aucune rencontre avec la maire de la ville qui n'est pas en bons termes avec les dirigeants qataris.
Bien sûr le président du club était là. Macron était aux anges. Et vas-y que je t'étreins, que je te félicite, que je te prends par l'épaule comme si on était de vieux copains depuis longtemps. Peu importe d'ailleurs que Nasser al-KhelaÏfi se soit, selon un rapport de la DGSI (Service des renseignement français) et de l'IGPN (la police des police), livré à la destruction d'un ensemble de "documents, ordinateurs et téléphones contenant des données compromettantes concernant des informations relatives à l'attribution au Qatar de certaines compétitions sportives", et qu'il soit l'objet d'enquêtes diligentées par la justice française.

 
Le peuple quant à lui n'existe que lors des grandes manifestations sportives. C'est là qu'il descend dans la rue. Pas pour obtenir plus d'argent pour les retraites, l'hôpital, la culture, l'éducation nationale, la justice. Je le constate à chaque grande victoire. Le peuple est non seulement aliéné mais aussi un peu con. Le peuple du foot rassemble — entre autres — des racistes blancs qui applaudissent des joueurs noirs ou maghrébins et de pauvres noirs et maghrébins qui s'extasient devant les exploits de milliardaires dont ils sont les followers sur des réseaux sociaux. Tous crient "ici c'est Paris, on est chez nous"
 
 

Donc, alors que l'équipe parisienne menait déjà trois buts à zéro à un quart d'heure de la fin et que l'affaire était pliée, je suis allé faire quelques photos devant le bar "le Métro". Beaucoup de bruit et de fumée. Je ne suis pas resté bien longtemps. J'ai tendance à me méfier des enthousiasmes populaires. Au premiers feux d'artifices j'ai pris la poudre d'escampette.

dimanche 1 juin 2025

Un grand peintre contemporain

Voilà,
non loin de chez moi rue Didot, se trouve cette peinture murale en hommage à Zao-Wu-Ki, un célèbre peintre abstrait chinois, installé en France depuis 1948 qui vécut longtemps dans le quartier. J'ai découvert ce peintre grâce à la lecture d'Henri Michaux, qui fut mon auteur de chevet entre vingt et vingt-cinq ans. Ils étaient amis, et il lui a consacré de nombreux textes en particulier "jeux d'encres". Il a pu écrire à son propos "il sait montrer en dissimulant, briser et faire trembler la ligne directe, tracer, en musant, les détours de la promenade et les pattes de mouche de l'esprit rêveur ; il est le peintre de l'absence de poids, le sans matière qui ressuscite la matière, la matière en mouvement"..

  
 
Zao Wou-Ki fit aussi en 1955 la connaissance d'Edgard Varèse auquel il dédia un tableau en 1964, année où il obtint aussi d'André Malraux, la nationalité française. Jean Leymarie raconte que le peintre devint « dès sa fondation à l'automne 1954, un des grands habitués du "Domaine musical" régi par Pierre Boulez en 1954 et en décembre de la même année, il assistait à l'exécution tumultueuse de Déserts, le morceau de Varèse où les intervalles de silence ont autant de force que le paroxysme sonore. Le peintre éprouvait pour ce musicien une affectueuse vénération dont l'envergure sonore a retenti sur son œuvre.
A partir des années quatre-vingts il devint mondialement reconnu y compris dans son pays natal. Mort en 2013, il repose au cimetière du Montparnasse.
Quelques unes de ses œuvres ont fait l'objet d'une donation au musée d'art moderne de la ville de Paris. Il existe, le concernant, une biographie en forme de catalogue raisonné écrite par Claude Roy. 
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vendredi 30 mai 2025

Grande-Synthe


Voilà,
Nous étions partis vers le Nord, et pour moi, c'était un truc vraiment étrange et nouveau de prendre cette direction en plein été, et même tout simplement de prendre cette direction. Cette jeune femme allait me présenter à sa famille, apparemment elle y tenait. Auparavant nous avions passé quelques jours à Leffrinckoucke. Il me paraît aussi improbable désormais de retourner à Leffrinckoucke qu'à Karachi, (je me demande si ce n'est pas la première fois que je mets autant de K dans une phrase en français), mais bon j'ai bel et bien passé quelques jours à Leffrinckoucke. Un après-midi nous sommes allés faire un tour à la Grande-Synthe dans la zone industrielle de Dunkerque où j'ai pris ce cliché. J'aimais bien sa façon de s'habiller en ce temps. Ce pantalon d'été à bretelles lui donnait un genre bohème qui lui allait à ravir. Elle avait le corps d'un petit Fragonard et la tête de Bibi Fricotin. Nous avions peu de choses en commun au fond, sauf un intérêt partagé pour le rugby, et que nous travaillions dans des secteurs d'activité voisins. On s'entendait pas mal alors. Comme deux bons copains. Au fond, c'est comme ça qu'on devrait toujours s'aimer, comme deux bon copains, ça serait tellement plus simple. En tout cas je me souviens avec bonheur de ces fois où nous partions ensemble en voyage. Elle était très organisée. Oui, ce sont des doux souvenirs. Et puis peu à peu on a fini par ne plus se comprendre au point qu'aujourd'hui, il est impossible de se parler sans un certain embarras. Tant de choses que nous n'avons su nous dire et qui ont suppuré. Pourtant cette femme, sans doute plus qu'aucune autre, a fait de moi — à mon corps défendant — un autre homme, et de cela je lui serai toujours reconnaissant. Bien sûr, à l'époque où j'ai pris cette photo, je ne l'imaginais même pas. Mais ça c'est une autre histoire.... 
première publication 30/7/2013 à 12:46

mercredi 28 mai 2025

Autrefois

 

  Voilà,
"Autrefois je n'étais pas né, mais depuis je me suis rattrapé"
(Maurice Roche)

lundi 26 mai 2025

Une très étrange procession avec fanfare

 
Voilà,
Samedi dernier, non loin de la place de Catalogne, en haut de la rue du commandant Mouchotte, j'ai croisé une étrange procession. Je n'ai pas eu le temps d'accompagner, mais j'ai pris quelques photos. Après recherche, j'ai découvert que ces gens étaient membres d'une Église indépendante africaine chrétienne de type prophétique, appelée l'église Kimbangiste. 
Tout de même, il s'en passe des choses à Paris
Cette église doit son nom à Simon Kimbangu, son fondateur dont le patronyme signifiait "celui qui révèle les choses cachées". Elle est actuellement surtout présente dans l'actuelle République démocratique du Congo et dans la population congolaise émigrée issue de ce pays.
Le nom officiel de l'Église kimbanguiste est depuis 1987 "Église de Jésus Christ sur la Terre par son envoyé spécial Simon Kimbangu", en sigle EJCSK, anciennement appelée "Église de Jésus-Christ sur la Terre par le prophète Simon Kimbangu".
Depuis les festivités du centenaire qui ont eu lieu le 6 avril 2021, le nom officiel devient "Église de Jésus-Christ sur la Terre par son envoyé spécial papa Simon Kimbangu".
 
Le mouvement Kimbanguiste a été créé le 6 avril 1921. Ce jour-là, Simon Kimbangu déclare que  Jésus Christ lui est apparu, ce qui lui aurait permis d'accomplir une guérison miraculeuse sur une jeune femme nommée Nkiantondo qui était dans le coma depuis plusieurs jours. La nouvelle de ces événements se répand dans le Congo-Central (Bas-Congo), mais également au Congo français (Congo Brazzaville) et au Congo portugais (aujourd'hui Angola). Des pèlerins arrivent alors au village de Nkamba. Simon Kimbangu prétend être l'auteur de nombreux miracles : guérisons de malades voire résurrection des morts. Devant l'ampleur des événements, les autorités du Congo belge se sentent menacées par le mouvement de Kimbangu. Une enquête pour sédition est ouverte, menée par l'administrateur Léon Morel. Après une arrestation ratée le 6 juin 1921, Simon Kimbangu se réfugie à Mbanza Nsanda où il déclare à propos de la décolonisation : "Les Blancs deviendront Noirs et les Noirs deviendront Blancs". Cela confirme pour les Belges les soupçons de sédition, et les recherches reprennent. Le 12 septembre, à la suite des menaces exercées sur ses proches, Simon Kimbangu et tous ceux qui lui étaient fidèles vont se rendre à Nkamba, aux autorités coloniales. Il est aussitôt arrêté et accusé de sédition par l’administrateur Snoeck. Un tribunal militaire le condamne à la peine capitale avant que le roi des Belges ne commue cette peine en prison à perpétuité accompagné de 120 coups de fouet. De 1921 à 1951, il passera donc 30 ans à la prison de haute sécurité d’Élisabethville, actuelle Lubumbashi.
Les autorités, considérant le kimbanguisme comme un mouvement subversif, prennent pendant plusieurs décennies des mesures répressives à l'égard des membres : envoi dans des camps de relégation, puis, à partir de 1940, dans des "Colonies Agricoles pour Relégués Dangereux" (C.A.R.D.).
Les adeptes parviennent cependant à maintenir des activités clandestines. Le plus jeune fils de Simon Kimbangu, Joseph Diangienda Kuntima, s'emploie à regrouper les sympathisants. L'épouse du "prophète", Kimbangu Marie Mwilu, ordonne les premiers pasteurs kimbanguistes en 1955. En janvier 1958, une pétition est adressée au gouverneur général du Congo, en vue d'obtenir la liberté du culte. Cette démarche, dont les auteurs se réclament de la Déclaration universelle des droits de l'homme, de la charte coloniale et de la Constitution belge, aboutit à une première forme de reconnaissance tacite. Le 11 mars 1958, la première constitution de l'Église de Jésus-Christ sur Terre par le Prophète Simon Kimbangu (E.J.C.S.K.) est promulguée. Le 22 juin 1958, lors du premier congrès kimbanguiste, Joseph Diangienda Kuntima est reconnu chef spirituel de l'E.J.C.S.K. Une demande officielle de reconnaissance adressée à la Chambre des représentants et au Sénat de Belgique aboutit enfin à la reconnaissance officielle le 24 décembre 1959.


Du 27 avril 1959 au 8 juillet 1992, l'Église kimbanguiste a été dirigée par Joseph Diangienda Kuntima en sa qualité de chef spirituel (titre qui lui sera attribué quelque temps après), assisté de Charles Daniel Kisolokele Lukelo (chef spirituel, premier adjoint) et Paul Salomon Dialungana Kiangani (chef spirituel, deuxième adjoint). Tous les trois sont fils de Simon Kimbangu et de son épouse Marie Mwilu Kiawanga Nzitani. L'Église kimbanguiste adhère au Conseil œcuménique des Églises (COE) en 1969, et à la Conférence des Églises de toute l'Afrique (CETA) en 1974.
Depuis 1921 Nkamba est considéré par les kimbanguistes comme la nouvelle Jérusalem, selon la révélation de Simon Kimbangu. Aujourd'hui, un grand temple de 100 m de longueur sur 50 m de large comportant 37000 places assises se situe à Mbanza Nkamba, qui est l'unique lieu saint du kimbanguisme. Il est à noter qu'il existe un monastère nommé la nouvelle Jérusalem près de Moscou, qui n'a strictement rien à voir l'Eglise Kimbangiste
Au niveau international, l'Église kimbanguiste est dirigée par un chef spirituel et représentant légal assisté d'un ou plusieurs conseillers directs. Il est spirituellement considéré infaillible. Au niveau national, elle est supervisée par un collège national qui a à sa tête un président. À l'instar de chaque pays, il y a des représentants légaux qui ont la responsabilité d'une ou de régions entières. Paul Salomon Dialungana Kiangani annonce à la veille de l'an 2000 être l'incarnation de Jésus-Christ. Depuis, l'Église kimbanguiste a adopté la date du 25 mai comme jour de Noël, à la place du 25 décembre. Raison pour laquelle ce défilé s'est tenu dans la rue.
Actuellement, c'est Simon Kimbangu Kiangani, petit-fils de Simon Kimbangu, qui dirige l'Église kimbanguiste depuis le 26 août 2001. Il réside à Nkamba et a organisé deux conférences internationales dans le but de mieux faire connaître la personnalité spirituelle de Simon Kimbangu. La révision du procès de son grand-père a eu lieu de 22 juillet 2011, où le Congo actuel annule la condamnation pour sédition.
Par ailleurs, un autre petit-fils de Kimbangu revendique l'héritage spirituel, et a fondé une Église dissidente


L'Église kimbanguiste se réfère à la Bible et se réclame du Credo de Nicée mais elle reconnaît solennellement et proclame universellement Simon Kimbangu, Dieu le Saint-Esprit, Jésus Christ demeurant le Rédempteur de l’humanité. Elle prêche l’amour du prochain, l’obéissance aux lois divines et la pratique des bonnes œuvres, préceptes traduits par la devise "Bolingo - Mibeko - Misala".
Elle prône par ailleurs, aux antipodes de ses origines, l'allégeance aux pouvoirs en place, son premier précepte étant de "Respecter l'autorité de l'État". Elle a donc soutenu tour à tour Mobutu Sese Seko lorsque le Zaïre était une dictature, Laurent-Désiré Kabila après la création du Congo puis son fils Joseph. Depuis la mise à l'écart de ce dernier par Félix Tshisekedi, c'est à lui qu'elle prête désormais allégeance.
Elle proscrit les boissons alcoolisées, la danse, la drogue, l'usage du tabac, la polygamie, l'adultère, la fornication, la consommation de la viande de porc et la viande de singe, le port du pantalon taille basse pour les hommes et de la minijupe voire du décolleté pour les femmes.
La musique par contre est autorisée, et l'Église kimbanguiste dispose d'un orchestre symphonique réputé.
L’Église kimbanguiste est membre du Conseil œcuménique des Églises (COE) à partir de 1969 et de la Conférence des Églises de toute l'Afrique (CETA) à partir de 1974. Toutefois, depuis 2001, le kimbanguisme ne fait plus partie de l'œcuménisme à la suite de l'auto-proclamation du fils de Simon Kimbangu, Salomon Dialungana Kiangani, de "réincarnation du Seigneur Jésus-Christ".
Il existe plusieurs paroisses dans la région parisienne, en particulier à Montreuil et à St-Ouen.
source wikipédia

vendredi 23 mai 2025

Les mains jointes



Voilà,
nous avançons ma fille et moi vers un lieu paraît-il incroyable (j'ai lu certaines choses à ce sujet), mais la réalité sera au-delà de mes espérances. C'est un souvenir merveilleux, parce que ce jour-là, j'ai un peu improvisé notre journée et que tout est tombé juste. Alors que sur le chemin je pensais à la première fois où j'étais venu à Sintra quelques mois auparavant, et au bonheur que j'y avais éprouvé, j'ai aperçu ces mains jointes peintes sur un mur et elles m'ont ému. Et c'est parce qu'une secrète prière a depuis été exaucée que je mets aujourd'hui cette image en ligne. (première publication 5/12/2015 à 00:09)

mercredi 21 mai 2025

Chemtrails

Voilà,
je me suis retrouvé hier dans le jardin Catherine Labouré, situé dans le septième arrondissement derrière l'ancien hôpital Laennec dont on peut apercevoir la chapelle avec son toit en ardoise et un des bâtiments. J'y ai tourné quelques plans avec une caméra 360° pour une plasticienne dont je ne comprends pas grand chose au projet. Un peu bizarre et plutôt perchée, elle travaille de façon assez empirique, mais c'est une gentille personne.
 


C'était tôt le matin il faisait très beau il n'y avait pas grand monde. Je me suis efforcé de réaliser des photos qui excluraient tout signe de modernité urbaine. Mais le ciel nous trahit avec ses chemtrails. Lorsque j'étais enfant, ces traînées aperçues dans le ciel depuis la plage de Biscarrosse stimulaient l'imagination. Elles étaient rares et laissaient espérer un futur fait de voyages de l'autre côté de l'Atlantique, vers l'Amérique, comme on disait alors, une destination qui faisait encore rêver.

 

J'étais content d'être là, au soleil sous ce ciel bleu. J'ai repensé à cette anagramme d'Étienne Klein, réchauffement climatique = ce fuel qui tache le firmament. 

dimanche 18 mai 2025

En traînant dans Draguignan

  

 
Voilà,
alors que je me trouvais il y a quelques jours à Draguignan, je suis passé de bon matin par cette rue qui a la particularité d'être peinte au sol. C'est la rue de Trans. Trans est le nom d'un village en Provence (je crois que c'est là, que je suis allé pour la première fois de ma vie, un matin d'Août 1973 dans une salle de ventes, ou peut-être était-ce au village voisin des Arcs). 
Je n'ai pas pu m'empêcher de penser aux Etats-Unis. Je me suis dit que si l'on était gouvernés par des tarés du même acabit que ceux qui sont aux affaires aux USA, il faudrait peut-être débaptiser ce village dont le nom paraîtrait désormais suspect. 
A propos des États-Unis, il faudrait qu'un cinéaste inspiré réalise, en contrepoint du film de Griffith, un autre qui s'intitulerait "Suicide d'une nation". Car depuis cinq mois c'est bien à cela que nous assistons. Quand je pense que Trump est persuadé que le fait d'avoir échappé à un attentat, est un signe que Dieu l'a désigné pour conduire les destinées de son pays, cela inciterait plutôt à l'apostasie. Il ne se passe pas une journée sans qu'une décision délirante ne soit prise par lui ou un de ses affidés outre-Atlantique. C'en est presque fatiguant. Jamais on aurait imaginé qu'autant de crétins soient aux responsabilités dans ce pays.
 

Sinon les motifs que les hasards de la promenade peuvent parfois offrir constituent une distraction opportune. Pour se reposer du flot incessant et accablant des nouvelles du monde, toutes plus anxiogènes les unes que les autres, le cerveau recompose à partir de menus détails une réalité intersticielle où trouver refuge et apaisement. Il suffit de se tenir comme un idiot devant le mur et attendre que la pression retombe.

vendredi 16 mai 2025

Le bon vermifuge Lune



Voilà,
tous ces objets qui nous survivent c'est tout de même étrange dis-tu
c'est vrai mais du moins n'a-t-on pas besoin de leur consentement pour les photographier.
J'aime ce visage effrayé qui dément le slogan publicitaire
première publication 06/8/2013 à 12:57
linked with signs2- friday face off - the weekend in black and white - sunday smiles

jeudi 15 mai 2025

Une perspective insolite

Voilà,
je me souviens très bien, j'étais plutôt content lorsque j'ai réalisé ce cadre, l'été dernier. La perspective est plutôt insolite, prise sur le Rocher des Dombs où se trouve une modeste vigne. De la ville en contrebas on ne distinguait plus que la tour de l'horloge. Quelqu'un aurait pu, s'il s'était tenu au même endroit, voir la même chose deux siècles auparavant. 
J'ai aimé ce moment de suspension loin de l'agitation festivalière. 
Un moment j'ai oublié la fatigue et la peur.

mercredi 14 mai 2025

Tirage ce soir

 
Voilà
j'ai pris cette photo il y a fort longtemps, non loin du marché des enfants rouges dans le troisième arrondissement de Paris. Là se trouve la boutique "images et portraits" de Fabien Breuvart, photographe plasticien. Il s'est spécialisé dans la revente de photos trouvées, anciennes  et anonymes. J'aime bien, lorsque dans une image, apparaissent d'autres images et aussi lorsqu'il y a de l'écriture ou de la typographie. Je m’étonne de ne l’avoir encore jamais publiée sur ce blog.

lundi 12 mai 2025

Les temps sont flous

 
 
Voilà,
en fait les dirigeants corrompus d'Israël ont, en 18 mois, fait très fort. 80 ans après la libération des camps, ils sont, en devenant à leur tour génocidaires, parvenus d'une part, à insulter la mémoire de toutes les victimes de la Shoah autant que celle des victimes du 7 octobre, à d’autre part légitimer par leur action le Hamas et faire oublier à une bonne partie de la gauche française — et sans doute ailleurs dans le monde —  que c’est une branche armée des frères musulmans organisation radicale et fanatique islamiste dont nombre de groupes affidés ont perpétré ces quinze dernière années des actes terroristes un peu partout en Europe. Ensuite ils ont ravivé l'antisémitisme en France dans les milieux de la gauche dite révolutionnaire où, comme en témoignent certaines publications sur facebook, quelques néo-trotskistes perpétuent la ligne Pierre Guillaume. Enfin, Netanyahou et ses deux tarés Smotrich et Ben-Gvir, sont arrivés, après les avoir invités dans leur pays, à faire passer  les dirigeants de l'extrême-droite française pour des philosémites.
Bien sûr, des voix s'élèvent en Israël et dans la diaspora contre le nettoyage ethnique des palestiniens — qui n'est pourtant pas une nouveauté en soi —. Cela donne ainsi l'occasion aux juifs de montrer que lorsqu'ils ne sont pas d'accord entre eux, ils peuvent se haïr les uns les autres avec une férocité qui égale celle que certains parmi eux destinent aux arabes. A certains, en France, il est reproché leur prise de conscience trop tardive. Les voilà taxés "d'ouvriers de la douzième heure". On les accuse de ne s'occuper que maintenant du destin de Gaza. Au lendemain de la confirmation des dirigeants israéliens du projet d'annexion totale de ce territoire, il s'agirait pour eux de simplement sauver leur image médiatique. 
C’est là, de mon point de vue, une belle manifestation de connerie. Si tu milites pendant longtemps pour une cause — en l’occurrence la défense du peuple palestinien et la reconnaissance du génocide de Gaza —, tu devrais te réjouir de rallier à ton point de vue ceux qui, selon toi, ne cessaient de se tromper, et qui — si tu penses aussi cela — justement bénéficient de relais importants dans l'opinion. Si tu continues de leur reprocher ce qu’ils ont fait ou pensé antérieurement, cela montre simplement que ton action n’est pas si altruiste que ça. Que nous disent au fond ces imprécateurs ? Qu’il sont fiers d’avoir bien pensé avant tout le monde et d'avoir eu raison en premier ? La belle affaire ! Et que ceux qui n’ont pas pensé comme eux et en même temps ne méritent pas de reconnaissance ? C'est peut-être que pour tous ces gens leur ego et leur soif de pouvoir compte plus que la cause défendue. Pour eux, quoi qu’elle fasse, toute personne qui n’a auparavant pas pensé comme eux est porteuse d’une faute originelle. 
Que faire dès lors de ces gens là, qui n'ont pas eu la même clairvoyance ? Faudrait-il les envoyer dans des camps de rééducation idéologique comme au temps de Pol Pot au Cambodge ?  Ces nouveaux ralliés doivent-ils faire leur autocritique et s’humilier publiquement ? 
Sur les réseaux sociaux certaines de ces invectives s'achèvent par "nous n’oublierons pas". Quels règlement de compte ultérieurs cela laisse-t-il augurer si l'occasion se présente. Que signifient ces menaces ? Il me semble pourtant qu'on ne défend pas une cause au nom de la pureté idéologique mais pour la justesse de la cause. 
Ce que je vois là-dedans c’est qu’on n’a pas le cul sorti des ronces. La connerie est quand même bien chevillée à l'humain. C'est même ce qui le singularise.
Il faut lire ou relire "Quelque part dans l'inachevé" ce livre d'entretiens entre Jankélévitch et Béatrice Berlowitz (oui oui ce sont des juifs mais c'est bien quand même, je vous l'assure ). Le chapitre XVII intitulé "le piège de la bonne conscience" et le chapitre XIV intitulé "ces quelques fausses notes" éviteraient, à condition de les comprendre, les jugements hâtifs et péremptoires de certaines bonnes consciences.
Ah oui, pour ceux qui l'ignorent il existe un point d'ironie dans ce texte.
Pendant ce temps-là au Soudan, treize millions de personnes ont été déplacées de force depuis Avril 2023. Huit millions à l'intérieur du pays, et quatre millions dans les pays voisins. Une bagatelle. Mais à la bourse des émotions sur les réseaux sociaux, ce n'est pas une bonne affaire. Pas plus que le sort des ukrainiens qui depuis plus de trois ans résistent à l'impérialisme russe.
Nous vivons une époque formidable et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. 
A part ça, je note qu'à Paris à l’Orangerie des Tuileries une exposition est consacrée au flou, et qu'une rétrospective sur le même thème se tient à la cinémathèque. Faut-il y voir un signe des temps ? Tout se mélange tout est confus on a du mal à faire le point.  "Les gens sont fous, les temps sont flous" chantait déjà Dutronc à une époque qui rétrospectivement paraît bien légère. Cela m'offre en tout cas un prétexte pour sortir cette photo prise fin Juin 2021 (je crois me souvenir qu'il y faisait très chaud certains matins) du côté des jardins du Palais-Royal.
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dimanche 11 mai 2025

Pêle-mêle avec peintures murales

Voilà,
au cours de mes promenades bellevilloises évoquées précédemment, je suis passé par la rue de la Villette où j'ai aperçu ces oiseaux multicolores sur la façade d'un groupe scolaire. C'est un quartier très prisé des muralistes qui s'en donnent à cœur joie un peu partout. 
Rue des cascades, où je suis déjà passé il y a longtemps, j'ai trouvé un autre motif animalier sur le rideau de fer d'un café littéraire.
 

Bien que le quartier ait beaucoup changé depuis, j'ai repensé à ce film de Maurice Delbez intitulé "un gosse de la butte" et rebaptisé "rue des cascades". On y voit en particulier Suzanne Gabriello, cette comédienne pour qui Jacques Brel aurait écrit "Ne me quitte pas" dans un autre café, situé sur la butte Montmartre. L'action du film se passe dans un café épicerie "Le postillon" qui n'a pas survécu, à la différence du Vieux Belleville, rue des envierges.


Le film de Maurice Delbez est disponible en streaming sur le net et je le recommande. Il était particulièrement audacieux pour l'époque.  Il raconte l'histoire d'Hélène, séduisante veuve quadragénaire interprétée par Madeleine Robinson et mère du petit Alain,  qui tient un café-épicerie-crémerie à Ménilmontant, alors en pleine évolution en ce début des années 1960. Lorsqu’elle essaie de refaire sa vie avec Vincent, un Antillais de vingt ans son cadet, Alain témoigne d’abord de l’hostilité à ce dernier avant d’être conquis par sa gentillesse et de devenir son ami. À cause d’un drame de la jalousie où sa voisine et amie Lucienne est assassinée par son mari qui l'a surprise en flagrant délit d'adultère avec son neveu plus jeune, Hélène prend conscience de sa grande différence d’âge avec Vincent et décide de mettre fin à leur liaison.Le film évoque sans détour le désir féminin, montre un couple mixte.  Au début des années soixante, l'histoire d'une mère blanche qui refait sa vie avec un jeune Noir de vingt ans son cadet, dans le décor presque sauvage du Belleville des années 1960, cela devait être trop audacieux. Le film n'a guère séduit les critiques et les directeurs de salles ont refusé de montrer le film. Le réalisateur Maurice Delbez, a du éponger 40 millions de francs de dettes. Il a pu cependant revoir son film ressorti en 2017 dans une copie neuve peu de temps avant sa mort. Il repose à présent dans un charmant petit village de l'Aveyron.

vendredi 9 mai 2025

Énigmes



Voilà,
Est ce que j'avais déjà peur au moment où j'ai pris la photo ? La peur était-elle en train de faire son lent travail ? Est-elle venue un peu plus tard dans l'après-midi sans que je ne m'en rende compte ? À la terrasse du café par exemple ? Pourquoi ai-je pris cet instant ? Qu'est ce qui m'a retenu dans ce cadre ? Ai-je reconnu dans cette attitude quelque chose qui faisait écho à ce que j'éprouvais sur le moment ? Il m'a semblé bien sûr que cela ferait une belle photo. Cela ne m'a pas traversé l'esprit mais j'y songe à présent que j'écris ces lignes, un jour viendra où il y aura une dernière photo. Plus tard – l'après-midi tirait à sa fin –, la panique m'avait saisi sur le boulevard où je n'étais pas venu depuis si longtemps et qui ressemble à un ghetto, puis dans un lieu de passage bondé à cette heure où des  visions d'explosion et de carnage m'ont affolé quelques minutes, alors que j'avançais hébété, à cause de la vue qui baisse (oui peut-être devrais-je changer mes verres). J'ai eu la nette sensation de n'être plus tout à fait de ce monde comme si quelque chose en moi se résignait. Parvenu à destination, j'ai un peu marché. Mon regard a été attiré par la modestie sauvage de ces deux là. J'étais encore capable de les apercevoir, de me rapprocher d'elles. C'était ça la vie. La vie intense et fragile. J'ai songé aux photos de Bill qui célèbre les grands horizons, mais aussi les mousses et les lichens et dont les photos sont un hymne permanent à la nature toujours changeante

première publication 13/4/2016 ) 7:39

jeudi 8 mai 2025

Tourisme à Belleville (1)

Voilà,
il était entendu avec ma fille que je lui laisserais mon appartement début mai pour qu'elle accueille des amies qu'elles avait connues lors de son séjour Erasmus à Barcelone en 2023 et avec lesquelles elle est restée liée.  Mon partenaire de jeu de la pièce "cendres sur les mains" qui profitait du pont du premier mai pour partir en excursion avec sa douce, m'a proposé son logis pour cette période. 
J'ai donc, pendant quatre jours, fait le touriste du côté de Belleville, qui n'est pas un quartier où je viens souvent. C'était formidable. J'en ai profité pour me balader, — parfois tôt le matin — dans les alentours sous une chaleur estivale (un peu inquiétante pour la saison). Mes pas m'ont ainsi mené sur la butte Bergeyre, dont on aperçoit les vignes en premier plan et d'où l'on peut distinguer au loin la butte Montmartre. C'est un îlot résidentiel difficilement accessible habité par des célébrités, des artistes pour la plupart.


Je montrerai d'autres photos de ce bref séjour à l'autre bout de Paris. Belleville est un quartier très attachant avec une grande diversité de populations et de milieux sociaux. Bien sûr, les multiples rénovations urbaines de ces cinquante dernières années l'ont beaucoup transformé, mais il garde toutefois un cachet très particulier et n'a en rien perdu de son âme.

jeudi 1 mai 2025

Sur un rocher, face à la mer

 
Voilà, 
l'orage est passé, le jour décline doucement, bientôt on ne fera plus la différence entre un fil noir et un fil blanc. Ils sont là, au pied de la corniche devant la mer étale. Il est possible que ce paysage magnifique ne les étonne plus guère tant il leur est devenu familier. 
Je ne fais que passer, mais je les vois de loin. Ils me semblent jeunes et — je ne sais pas pourquoi — cela m'émeut, qu'ils soient là, comme ça, tous les deux. Ils sont dans le temps des commencements. Ils ne se doutent pas que ça passe vite, une vie.

lundi 28 avril 2025

Bricolage

Voilà,
45 ans que j'ai réalisé ce collage, réinterprété il y a quelques semaines en estompant les formes et les contours comme j'aime à le faire depuis quelques années. Et pourtant il reste étonnamment présent pour moi. De cela je peux encore dire, comme dans la chanson, "ça c'est vraiment moi". Oui bien sûr, on peut aisément y déceler les influences, les inspirations, et sans doute n'est-il pas si original, mais je m'en fous. L'image me plaît encore. Sa composition, le mélange de courbes et de droites. Je suis content de l'avoir faite. C'était alors mon théâtre intime. Celui que j'avais envie de voir. Qui ne s'encombrait pas de mots. 
 
 
Aujourd'hui, je ne me sens guère différent de celui que j'étais alors. Les formes ont changé. Les outils aussi. La persévérance demeure toujours la même. Et aussi l'étonnement devant ma propre obstination à trouver de formes, à établir des relations entre des volumes. Tant d'années se sont écoulées entre ces deux images. Le monde alentour a tellement changé. C'est pourtant toujours le même bricolage pour tenter de m'en soustraire et me rendre la vie plus supportable. Même si parfois cela ne me semble plus marcher autant qu'autrefois. Je me lasse très vite de ce que je fabrique.

mercredi 23 avril 2025

Sur le toit de la cité radieuse

Voilà,
sur le toit terrasse de la "Cité radieuse" bâtie par Le Corbusier, immédiatement après guerre, — alors que radieuse, l'époque actuelle ne l'est pas vraiment —,  l’énergie et la candeur joyeuse de ces adolescents serrés les uns contre les autres, contemplant sur ce modeste promontoire un horizon lourd de nuages, m'a terriblement ému. Les heures qui suivirent — sans doute en raison de cette image que je ne parvenais à chasser de mon esprit — une insidieuse et trouble sensation de mélancolie m'a peu à peu submergé. J'ai repensé au film de Nicole Védrès "La vie commence demain", dont une partie se passe dans cet édifice en construction. Ce film, sorti en 1950, est, à ma connaissance, le premier dans l'histoire du cinéma français que l'on peut qualifier de documentaire-fiction (à 47:20 sur le film en lien, commence la séquence avec Le Corbusier). C'est l'histoire d'un jeune provincial (interprété par Jean-Pierre Aumont) incité par un mystérieux journaliste à rencontrer les sommités intellectuelles de l'époque afin de connaître leur vision du monde futur. On y croise outre l'architecte suisse, Sartre, Joliot-Curie, Jean Rostand, Picasso, André Gide. Une des personnes qui a le plus compté dans ma vie, y apparaît, jeune sur quelques plans

lundi 21 avril 2025

Une vieille histoire

 
 
Voilà,
dans le journal "Le Monde" du 7 avril 1978, c'est à dire il y a quarante sept ans, Gilles Deleuze signait une tribune intitulée "Les gêneurs". Je la livre telle quelle.
"Pourquoi les Palestiniens seraient-ils des "interlocuteurs valables" puisqu'ils n'ont pas de pays ? Pourquoi auraient-ils un pays, puisqu'on le leur a ôté ? On ne leur a jamais donné d'autre choix que de se rendre sans conditions. On ne leur propose que la mort. Dans la guerre qui les oppose à Israël, les actions d'Israël sont considérées comme des ripostes légitimes (même si elles paraissent disproportionnées), tandis que celles des Palestiniens sont exclusivement traitées de crimes terroristes. Et un mort arabe n'a pas la même mesure ni le même poids qu'un mort israélien.
 
Israël n'a pas cessé depuis 1969 de bombarder et de mitrailler le Sud-Liban. Il a reconnu explicitement que l'invasion récente de ce pays était non pas une riposte à l'action du commando de Tel-Aviv (trente mille soldats contre onze terroristes), mais le couronnement prémédité de toute une série d'opérations dont il se réservait l'initiative. Pour une "solution finale" du problème palestinien, Israël peut compter sur une complicité presque unanime ces autres États, avec des nuances et des restrictions diverses. Les Palestiniens, gens sans terre ni État, sont des gêneurs pour tout le monde. Ils ont beau recevoir des armes et de l'argent de certains pays, ils savent ce qu'ils disent quand ils déclarent qu'ils sont absolument seuls.
 
Les combattants palestiniens disent aussi qu'ils viennent de remporter une certaine victoire. Ils n'avaient laissé au Sud-Liban que des groupes de résistance, qui semblent avoir fort bien tenu. En revanche, l'invasion israélienne a frappé aveuglément les réfugiés palestiniens, les paysans libanais, tout un peuple de cultivateurs pauvres. Des destructions de villages et de villes, des massacres de civils, sont confirmés; l'emploi de bombes à billes est signalé de plusieurs côtés. Cette population du Sud-Liban n'a pas cessé depuis plusieurs années de partir et de revenir, en perpétuel exode, sous les coups de force israéliens dont on ne voit pas très bien ce qui les distingue d'actes terroristes. L'escalade actuelle a jeté sur les chemins deux cent mille personnes sans abri. L'État d'Israël applique au Sud-Liban la méthode qui a fait ses preuves en Galilée et ailleurs en 1948: il "Palestine" le Sud-Liban.
 
Les combattants palestiniens sont issus des réfugiés. Israël ne prétend vaincre les combattants qu’en faisant des milliers d’autres réfugiés, d’où naîtront de nouveaux combattants.
Ce ne sont pas seulement nos rapports avec le Liban qui nous font dire: l’État d’Israël assassine un pays fragile et complexe. Il y a aussi un autre aspect. Le problème Israël-Palestine est déterminant dans les problèmes actuels du terrorisme, même en Europe. L’entente mondiale des États, l’organisation d’une police et d’une juridiction mondiales, telles qu’elles se préparent, débouchent nécessairement sur une extension où de plus en plus de gens seront assimilés à des "terroristes" virtuels. On se trouve dans une situation analogue à celle de la guerre d’Espagne, lorsque l’Espagne servit de laboratoire et d’expérimentation pour un avenir plus terrible encore.
 
Aujourd’hui c’est l’État d’Israël qui mène l’expérimentation. Il fixe le modèle de répression qui sera monnayé dans d’autres pays, adapté à d’autres pays. Il y a une grande continuité dans sa politique. Israël a toujours considéré que les résolutions de l’ONU qui le condamnaient verbalement lui donnaient en fait raison. L’invitation à quitter des territoires occupés, il l’a transformé en devoir d’y installer des colonies. Actuellement il considère que l’envoi de la force internationale au Sud-Liban est excellent… à condition que celle-ci se charge à sa place de transformer la région en une zone de police ou en désert contrôlé. C’est un curieux chantage, dont le monde entier ne sortira que s’il y a une pression suffisante pour que les Palestiniens soient enfin reconnus pour ce qu’ils sont, des "interlocuteurs valables", puisque dans un état de guerre dont ils ne sont certes pas responsables."
 
Je réalise aujourd'hui que toute ma vie durant j'ai entendu parler de cette affaire entre les Israéliens et les Palestiniens et de la violence aveugle qui touche les deux camps. J'ai évidemment repensé à tous les actes terroristes parfois fort horribles (en particulier les derniers) perpétrés par les palestiniens, mais je me suis souvenu que l'état d’Israël s'est aussi bâti sur le terrorisme. J'ai fait quelques recherches et suis tombé sur l'article daté du 22 juin 1946 de Maurice Ferro, toujours dans "Le Monde"
 
"Depuis 1945, une transformation profonde s'est produite dans le terrorisme juif. La méthode anarchiste de l'attentat individuel semblait visiblement dépassée. De l'échelon du meurtre, dont le caractère politique n'altère point l'empreinte criminelle, qu'il s'agisse d'un lord Moyne, d'un préfet de police ou d'un quelconque militaire ou agent administratif, les terroristes passèrent au plan de la lutte ouverte et franche, toutes forces déployées. 
 
Ils décidèrent alors de ne plus s'attaquer aux gens mais aux édifices, aux dépôts d'armes et de munitions, aux parcs d'aviation, aux voies de communication. Car ils ne nourrissent de haine ni à l'égard de l'Anglais, soldat faisant son devoir en service commandé, ni, surtout, envers le peuple arabe. L'objet de leur ressentiment n'est même pas l'empire britannique. Les Juifs, pendant toute la durée des hostilités, l'ont aidé sans mesure à combattre le nazisme et le fascisme. C'est à la "politique britannique impérialiste" que les organismes sionistes de combat ont officiellement déclaré la guerre. La réprobation générale, qui au début stigmatisa les agressions personnelles, a progressivement fait place en Palestine à une atmosphère de sympathie pour ceux que les communiqués officiels nomment encore "terroristes". Il n'est pas, croyons-nous, jusqu'aux Arabes, dont le respect de la force est légendaire, qui ne manifestent à leur endroit une certaine admiration... 
 
Cette guerre contre la "politique impérialiste" du cabinet de Londres, trois groupements la mènent : le "groupe Stern" ou "Lohami Cherut Israël" - "les Combattants pour la libération d'Israël" - dont le chef est aujourd'hui Nathan Yellin-Friedman, d'origine polonaise ; l' "Irgoun Zwai Leumi" - ou "Organisation militaire nationale juive" - à tendances "révisionnistes", ayant à sa tête Menachem Beguin, ancien avocat qui fit partie des forces armées polonaises, et la "Haganah" - "Mouvement de la résistance juive" - dont tous les Juifs de Palestine font maintenant plus ou moins partie.
  
Le "groupe Stern" prit naissance en 1941. L'organisation clandestine de la "résistance" sioniste qui, jusque-là, réunissait les "terroristes" les plus éprouvés était l'"Irgoun", commandée par un certain Arazieh qui avait Stem pour lieutenant - internés tous deux en 1940 comme éléments "dangereux".
  
Pro-britannique sincèrement convaincu, Arazieh ne tarda pas être libéré, prit du service dans l'armée anglaise où il gagna la couronne de "major" et trouva la mort en Irak au moment de la révolte de Rachid Ali. Stern, au contraire, résolument anglophobe, fut indigné de la conduite de son chef. Après s'être évadé des locaux où il était détenu, il entra en "dissidence" et fonda l'association extrémiste qui porte son nom. Il devait par la suite être tué à Tel-Aviv au cours d'un engagement avec la police.
 
 Ces trois groupements, à l'heure actuelle, semblent étroitement collaborer. Il ne serait peut-être pas exagéré de prétendre qu'ils obéissent aux directives d'un commun organe coordinateur, analogue à l'état-major-général d'une armée régulière. On ne peut, en analysant la stratégie et la tactique des terroristes, s'empêcher de les considérer comme des émules de ces combattants de l'intérieur qui contribuèrent si puissamment à la libération de l'Europe.
 Dans une première organisation (un premier bureau), tous les effectifs sont soigneusement fichés. La masse, le réservoir, c'est la "Haganah"; les troupes de choc, composées de jeunes gens - et de Jeunes filles, qui manient la mitraillette avec la même aisance que les garçons - sont fournies par la "bande Stem" ou "l'Irgoun".

Leur "deuxième bureau" est fort bien renseigné. Il doit vraisemblablement connaître l'exacte consistance des troupes britanniques stationnées en Palestine, leurs lieux de cantonnement, leurs mouvements et déplacements, ainsi que leurs dispositifs offensifs et défensifs. On ne comprendrait autrement pas la réussite stupéfiante de certains coups de main terroristes, que la conception générale et la rapidité d'exécution ne sauraient seules expliquer.

Quant au "quatrième bureau", il a fait des miracles. Les armes provenant du pillage de dépôts britanniques paraissent-elles être en quantités insuffisantes pour équiper l'armée secrète ? On s'en procure par contrebande. Les approvisionnements abandonnés dans le "désert occidental" par les Germano-Italiens n'ont pas tous été récupérés par les Britanniques. Les Bédouins nomades en ont "découvert" plusieurs qui ont pris, le plus souvent, le chemin de Jérusalem ou de Tel-Aviv. En ce qui concerne les explosifs, les Juifs fabriquent une gélignite dont la qualité, aux dires des Britanniques eux-mêmes, est bien supérieure  à celle qui sort des usines du Royaume-Uni. Et des camions, ressemblant comme des frères à ceux de l'armée anglaise, assurent les transports et les liaisons de " terroristes " vêtus d'authentiques " battle-dresses ".

Le "troisième bureau" n'est certes pas le moins occupé. Nanti des éléments fournis par les divers services, il monte avec minutie les opérations. Ainsi, quand un débarquement clandestin est tenté, une tête de pont est établie à la plage choisie : deux cordons de troupes isolent une bande de terrain qui forme corridor entre le rivage et la colonie où seront recueillis les "immigrants illégaux", cependant que des unités mobiles patrouillent les alentours et que des groupes " indépendants " se livrent à des attaques de diversion contre des postes de police ou des installations militaires, le plus souvent assez distants du théâtre principal.

Un "cinquième bureau", enfin, groupe les "renseignements généraux" et centralise la propagande. La "Haganah", l'"Irgoun" et "Stern" possèdent un poste de radiodiffusion qui s'intitule - "la voix d'Israël, la voix de la résistance juive" - émettant régulièrement sur 45 mètres de longueur d'ondes. Ce poste, en outre, publie un bulletin quotidien d'informations "ronéotypé", que l'on reçoit à domicile nus enveloppe affranchie...

Aussi bien la Grande-Bretagne multiplie-t-elle les mesures nécessaires au maintien de l'ordre. Le pays est virtuellement en état de siège. Les édifices publics, les bâtiments militaires, les gares, sont protégés par d'épais rouleaux de barbelés. Les principaux carrefours routiers sont gardés militairement. Il est formellement interdit de rouler sur les chemins ruraux passé 18 heures. Et des blindés, chars moyens sur roues ou automitrailleuses, tous équipés de postes de T.S.F. parcourent inlassablement les campagnes et les villes.

Pratiquement "évacuée" l'an dernier à pareille époque, la Palestine est aujourd'hui un camp retranché véritable où s'accumule un matériel de guerre ultra-moderne.

À Gaza, des quartiers, des dépôts et des parcs, qui paraissent devoir être occupés en permanence, sont aménagés avec soin. D'importants crédits, de l'ordre d'un million de livres, ont d'ailleurs été affectés à ces travaux. Et s'il n'est pas tout à fait exact que l'on y emploie des prisonniers allemands, certains spécialistes "panzer" sont soupçonnés d'y mettre la main.

Ainsi, la Palestine — dont il ne faudrait pas, sur le plan militaire, dissocier la Transjordanie — centre névralgique des pétroles du Proche-Orient et du précieux lacis des voies de communication impériales, se trouve graduellement transformée en place d'armes...

À cette patiente riposte du formidable outillage britannique, les "terroristes", sans doute, répliqueront par une cohésion encore plus ferme. Ils ont voulu, m'a-t-on assuré, démontrer que le Juif ne se laissait pas intimider par un simple déploiement de forces et était loin d'être couard comme on l'affirme communément.

Mais ce mouvement, si parfait que puisse être son orchestration, est essentiellement négatif, et ne constitue pas une fin. Les Juifs de Palestine, les "importés" comme les autochtones, tous étroitement solidaires, le considèrent comme un premier pas vers la voie de l'affranchissement. On verra peut-être un jour les animateurs de l'armée de libération proclamer, en marge du pouvoir de tutelle, la constitution d'un État juif véritable, pourvu d'un gouvernement provisoire et de cadres administratifs complets. On dira peut-être, de ce rêve d'Israël, que c'est une utopie. C'est pourtant, me suis-je laissé dire, cette utopie que recouvre le manteau du "terrorisme..."

Cette dernière phrase pourrait exactement s'appliquer aux palestiniens d'aujourd'hui.  
Le 2 janvier 2025, le premier ministre israélien a déclaré que la guerre durerait encore un an. Ainsi le gouvernement d'extrême-droite israélien regroupé autour de colons et de bigots extrémistes qui ne valent pas mieux que les islamistes du Hamas vont probablement de la sorte continuer d'engendrer les monstres qui les ont attaqués début Octobre. Comment pourrait-il en être autrement puisqu'au lendemain du massacre perpétré par le Hamas (et l'on sait que Netanyahou a largement contribué à son édification) le ministre de la défense israélien se proposait de combattre  des "animaux humains" et Nétanyahou a déclaré qu'il allait réduire la population de Gaza à son minimum. Il y a dans cette région — j'avais, il y a plus de dix ans partagé un témoignage à ce sujetune sorte de folie suicidaire et meurtrière qui dure depuis des décennies. Ces derniers temps elle semble s'amplifier jusqu'à un point de non retour. 
Mais ce qui est le plus terrifiant, c'est de réaliser que 80 ans après la libération des camps de concentrations du Reich, les descendants des victimes de l'horreur nazie, deviennent à leur tour bourreaux et commettent des crimes contre l’humanité. 
Au fond en 1967, De Gaulle, qui fut alors taxé d'antisémitisme, s'était révélé, lucide, sinon visionnaire, exposant,  — dans un français qui, soixante ans après, fait rêver —  la situation avec autant de nuances que de clarté.
Hier soir, le ministre d'extrême droite israélien Smotrich (un de ceux qui autrefois a applaudi à l'assassinat d'Itzak Rabin) a déclaré "le temps est venu d'attaquer Gaza, de l'occuper, d'y établir un gouvernement militaire, de prendre le contrôle de Gaza et de mettre en place le plan de Trump de déplacer deux millions de gazaouis de cette terre".
Comme l’a écrit André Markowicz "comment les Israéliens ont-ils pu à ce point oublier qu’ils ont été des juifs ?"
On peut garder un relatif espoir en songeant qu'il a bien fallu cinq ou six cents ans pour que français et anglais cessent de se faire la guerre. 
Bref ainsi vont les choses dans le meilleur des monde possibles
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