vendredi 6 mai 2022

Face à l’avenir


Voilà,
au bord du monde qui vient nous nous trouvons à présent bien désemparés. Nous ne nous étions pas préparés. Nous n’avions pas su ou voulu voir. Nous nous étions laissés bercer par l’illusion que nos problèmes, toujours, trouveraient une solution qui irait dans le sens de l’intérêt général. Et puis ne nous avait-on pas persuadés que nous serions toujours capables de faire face, que nous étions protégés, que nulle adversité ne saurait nous résister, que tout était sous contrôle, que ce qui n’était pas encore résolu serait en passe de l’être d’ici peu ? Qu’il fallait faire preuve d’optimisme, que le scepticisme n’était qu’une forme de frilosité, que de toute façon on s’en était toujours sortis. Nous étions la Civilisation. Certains même avaient inconsidérément clamé que l'Histoire était finie. Et cette niaiserie avait trouvé un écho favorable dans les gazettes de la Puissance Dominante d'alors. 
Les années ont passé, nous avons changé de siècle, et imperceptiblement l’ordre ancien s’est désagrégé. Des guerres locales se sont multipliées générant des zones de chaos toujours plus nombreuses. Des états se sont affaissés, des nations se sont fracturées. D’autres se sont consolidées gagnant en influence et en prospérité. L’intelligence a déserté certains empires et des armes de destruction massives sont désormais entre les mains de tyrans qui ne veulent pas que le monde leur survive. Pendant ce temps les conditions physiques et matérielles qui rendent possible la vie sur terre s’amenuisent. Des ressources se tarissent, des incendies se propagent toujours plus gigantesques et meurtriers, des canicules s’intensifient, des pluies torrentielles engloutissent des populations, des espèces animales et végétales disparaissent, des zones sont submergées, d’autres deviennent irrespirables, des sols autrefois durs et gelés fondent et se transforment en une boue d’où s’échappent des virus millénaires conservés dans le froid et des nuées de méthane toxiques. J’arrête là cette énumération, chacun peut la compléter à son gré, puisque chaque jour apporte sont lot de nouvelles alarmantes sur les écrans qui nous lient à ce qui autrefois nous demeurait lointain et ignoré et qui désormais nous éclabousse de sa permanente proximité. 
De ce point de vue nous avons progressé de façon fulgurante. Mais ce réseau d’information fait de nous des mouches prises au piège d’une toile d’araignée. Penchés sur eux ou cramponnés a nos smartphones, nous sommes comme  tétanisés, sidérés devant ce qui se révèle progressivement, à la façon de ces effets d’optique quand, au milieu d’une image confuse, émerge un motif clair. Mais notre cerveau ne veut s’y résoudre et nomme illusion l’effroi qui prend forme. Et nous demeurons pareils à des rêveurs qui dans leur paisible et confortable maison songeraient à changer les rideaux du salon quand déjà autour d’eux ne cesse de s'étendre un paysage de ruines et de désolation.

12 commentaires:

  1. No Future, dixit les Sex Pistols...

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  2. ...civilization seem to have gone down the toilet!

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  3. that's a great street photograph!

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  4. It's hard to pinpoint the future unless it's glaring at you in the face, just have to go along for the ride and flow with it.

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  5. Rainy days are perfect for street photography, if you can keep your camera dry.

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  6. I translated most of your writing. I think the umbrellas talks for what you say.

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  7. You are absolutely correct. All that was behind us. Things were always getting better--- and many things reall have. Umbrellas do little good in a sh*t storm.

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  8. Wow the image you paint with your words is frightening because it is so true!

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  9. Super photo! Je trouve que la vie est plus simple sans l'influence des medias.

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  10. Il y a deux ou trois ans, The Guardian publiait un article à propos d'une étude (très fouillée, en l'occurrence) qui tentait de comprendre quels pays seraient les gagnants et les perdants suite au dérèglement climatique en cours. Pas de suspense : le grand gagnant sera la Russie, le grand perdant les États-Unis. Les arguments étaient très nombreux pour expliquer ce résultat. Je laisse à chacun le soin d'y réfléchir ou de rechercher l'article en question.

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