Voilà,
il faut s'enfoncer dans ce mois de mars froid et sans attrait avec les séquelles d'une maladie qui ne se laisse pas oublier et le cortège des morts plus ou moins proches qui ne cesse de grossir, parce que c'est comme ça, c'est une loi de la nature, désormais je suis bien plus souvent convié aux enterrements (même s'il est impossible de s'y rendre) qu'aux mariages. Il me faut donc faire avec les gestes encore peu assurés, la fatigue, les invitations SMS à la con envoyés par l'assurance maladie "participez à une visioconférence Digit'alz" quand Alzheimer touche les jeunes. Quoi ! Alzheimer était pédophile et on ne m'a rien dit. Ou alors j'ai peut-être oublié... Digit'alz. On paye vraiment des gens pour écrire de telles conneries ?
Faire avec le peu d'enthousiasme et quoi qu'on en veuille, le peu de désir que suscite le monde. Il est loin le plaisir de traîner dans un musée pour laisser divaguer la pensée au contact du génie des autres. Ou celui de s'oublier dans un cinéma se laisser transporter dans le rêve et les paysages d'un(e) autre... Se faire une toile, profiter de de la soirée, du printemps naissant.
Apparemment ce n'est pas pour tout de suite.
Il y a un mois et demi, début février, les scientifiques incitaient à un confinement dur en raison du variant anglais au taux de propagation ultrarapide (j'en sais quelque chose). Les courbes étaient prévisibles, on pouvait faire des projections. Le durcissement était nécessaire, inéluctable. Il eût été judicieux de profiter de l'hiver pour reconfiner. Ce d'ailleurs à quoi tout le monde s'attendait plus ou moins.
Notre président, cela n’échappe désormais a personne est sous l'emprise d'un hubris démesuré.
Ce grand phare de la pensée néo-libérale, chantre de la start-up nation, mais dirigeant d'une puissance nucléaire
incapable de créer un vaccin pas plus que d’en produire, avait une autre idée sur la question. Agacé, il se serait alors emporté contre ceux qui étaient autrefois ses
conseillers. "J’en ai marre de ces scientifiques qui ne répondent à mes
interrogations sur les variants que par un seul scénario : celui du
reconfinement," avait-t-il lancé au cours d'un récent Conseil de défense
sanitaire. Il trouvait que les scientifiques ça commençait à bien faire. Désireux de reprendre la main, son choix, bien que considéré par
beaucoup de commentateurs comme un pari périlleux, — notons au passage que ce sont les joueurs qui font des paris, pas les stratèges — fut cependant très vite présenté par la propagande officielle
comme "une victoire du politique sur le scientifique". C'est intéressant : face à un accident industriel on peut d'ores et déjà imaginer que la réponse politique, serait une fois de plus mensonge et dissimulation, comme il y a un an d'ailleurs, lorsque nous ne disposions ni de masques, ni de tests. La réponse politique était "cela ne sert à rien".
Mais revenons à ce qui se disait il y a à peine trois semaines : "Un jour, il pourra briguer l’agrégation d’immunologie », s’émerveillait le président de l’Assemblée Nationale Richard Ferrand. Deux semaines après un article très commenté de France-Inter, c’est « le Parisien » qui, en amont du conseil de défense sanitaire de ce mercredi 24 février, relaie les louanges de la macronie sur l’étonnante expertise scientifique accumulée par le chef de l’Etat ces derniers mois. "Il va finir épidémiologiste", commentait déjà un ministre auprès de France-Inter début février, vantant sa décision de ne pas reconfiner le pays malgré la pression des experts sanitaires, et bien sûr sans consulter les institutions républicaines de la représentation citoyenne (Assemblée nationale, Sénat...). "Macron s’est tellement intéressé au Covid qu’il peut challenger les scientifiques", renchérissait un conseiller élyséen auprès de la radio publique. À se demander si la France des années 2020 ne ressemble pas à la Roumanie des années quatre-vingts. Le culte de la personnalité c'est bien mais il faudra dire un jour combien de morts sont directement liées aux caprices de notre autocrate en herbe, et à l'arbitraire de ses décisions. Pourtant selon les instituts de sondages —tous propriétés d'oligarques qui ont soutenu Macron, il est vrai —, notre président recueillerait la confiance de 40% des français. Sommes nous vraiment un peuple de veaux, ou veut on nous en convaincre ?
Seulement aujourd'hui, rien n'apaise la pression subie par de nombreux centres hospitaliers. Les services de réanimation des hôpitaux sont aussi saturés qu'en Novembre dernier, en raison de cette épidémie. Une fois de plus on a traité ceux qui y travaillent, et qui sont au plus près du terrain avec le plus grand mépris sans aucune considération pour la pénibilité de leur tâche. Et durant tout ce temps le pouvoir n'a cessé de mentir, continuant de supprimer des lits d'hôpitaux.
Mais si ce virus a, depuis un an, rendu obsolète la vision du réel de ceux qui nous dirigent, ces derniers n'en continuent pas moins de nous infantiliser, dissimulant leurs échecs, et essayant à la faveur de cette nouvelle maladie de nous imposer un nouveau système de contrainte, un nouvel ordre que Barbara Stiegler a bien décrypté. (Pour ceux qui sont allergiques à Ruffin, il y a aussi cet entretien fait à la librairie Mollat, vénérable et respectable institution bordelaise)
Eh oui… On ne négocie pas avec un virus, on ne gruge pas un virus, on ne fait pas du nudge avec un virus, on ne temporise pas en présence d'un virus, on ne calcule pas en fonction d’une stratégie électorale quand on est confronté à un virus. On fait face, ou bien on est submergé. C'est donc ça l'élite éclairée, qui s'autoproclame "premiers de cordée" ? des pauvres nazes prétentieux incapables d’intégrer une notion simple : face au covid, il n’est de stratégie dilatoire qui vaille, tout retard de décision entraîne une aggravation inéluctable de la situation dans les quinze jours. Il s'agit simplement d'écouter ceux qui savent ce qu'est une courbe exponentielle. Angela Merkel par exemple. On ne peut être sans cesse dans le déni et l'entêtement. Ça Jessica Arden, par exemple, la première ministre de Nouvelle-Zélande l’a bien compris, et a été capable de s'adapter à cette nouvelle situation au contraire de notre petit prétentieux qui reproduit les mêmes erreurs depuis un an. Et l'on s'aperçoit que ces gens qui ne cessent de nous exhorter à "sortir de notre zone de confort", à "changer notre logiciel" à "nous adapter", sont bien moins souples qu'ils veulent bien le prétendre, et disposent d'assez peu de plasticité intellectuelle.
Donc on va rester coincés à Paris pour quelques temps encore selon des modalités à peu près aussi difficiles à comprendre que "Finnegans wake" de Joyce. Nous allons donc "reconfiner mais sans confiner tout en confinant, une sorte de confinement déconfiné en quelques sorte", comme j'ai pu le lire sur un réseau social. Une sorte de confinement de Schrödinger. Tu confines et ne confines pas à la fois.
Si j'ai bien compris, on aura quand même le droit d'aller dans les jardins les parcs et les bois, et de marcher dans les rues avec une auto-attestation dérogatoire, cette forme d'humiliation de plus en plus insupportable.
linked with the weekend in black and white)
Jacinda Arden, amie de mon ex beau-frère à Auckland
RépondreSupprimerPoliticians in general (though maybe not all of them) are more concerned with their public image than their public!
RépondreSupprimerI like your photo.
Unfortunately Covid has now obscured all beacons of enlightenment. Thoughtful writing, striking photograph!
RépondreSupprimer...will it ever end?
RépondreSupprimerAnother lock down in Parks sounds terrible. In The Guardian, I read that the trains and roads are overflowing with those who hope to escape before it’s too late. Somehow over here, we are producing and distributing vaccine at a much greater rate, though the disease is also resurgent. What next?
RépondreSupprimergood luck... mae at maefood.blogspot.com
OOPS, autocorrect wrote PARKS for PARIS
RépondreSupprimerNew poll: 47 percent of those who voted for Trump say they will not get the vaccine. More than politicians it is the Murdoch family I hate. Just when I thought the worst was over, Fox News spreads the slimiest BS yet.
RépondreSupprimerc'est un bon titre. tête en bas, les mortels.
RépondreSupprimerAs we sink we clutch at straws.
RépondreSupprimers'enfoncer avec Macron ou s'enfoncer avec Le Pen, voilà à quoi le Pouvoir soi-disant magique veut nous réduire. saurons-nous échapper à ce dilemme ?
RépondreSupprimerSors de ta zone de confort ! :-)) Je l'entends de plus en plus. Avant il y avait : je gère.
RépondreSupprimerEntre les discours, les faits, la réalité et le réel, tu sais le gouffre...
Le vocabulaire managérial est en train d'envahir les esprits, c'est horrible.
I can´t help but feeling sorry for him.
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