Voilà,
il y a de la contestation dans l'air. En dépit de l'épidémie de covid, des gens se rassemblent ou manifestent. La direction du théâtre de l'Odéon tolère à contrecœur une occupation partielle et pacifique du bâtiment depuis bientôt un mois. Le mouvement a fait tâche d'huile et désormais une centaine d'autres théâtres en France ont été investis. Aux revendications corporatistes, se mêlent d'autres plus générales, en particulier le retrait de la réforme de l'assurance chômage, particulièrement pénalisantes pour les travailleurs précaires aux emplois discontinus. Comme c'est le 150ème anniversaire de la Commune de Paris, dont il n’y a bien évidemment pas de commémoration officielle, certains, souvent ignorant de l'Histoire, mais démangés par le prurit de l'insurrection s'exaltent. De même qu'Hamlet était fou par vent de Nord-Nord Ouest, il en est qui sentent monter en eux la fièvre révolutionnaire à partir de 18° centigrades sous abri. Mais qui vient là sur le parvis ? la plupart du temps un attroupement clairsemé de quelques intellectuels petits-bourgeois bohèmes, peu de jeunes, peu de prolétaires — je sais c'est un mot hors d'usage, mais qui désigne pourtant une réalité bien réelle et grandissante —, en tout cas, peu de ceux qui sont concernés par ce terrible projet de loi qui passera par décret à l'assemblée nationale si les syndicats et le patronat ne trouvent pas d'accord. Ceux qui ont un CDI et ne se sentent pas menacés par le chômage et ne s'intéressent pas à la question, ceux qui sont précarisés et à la merci d'un licenciement ne mesurent pas encore l'ampleur du danger. Pourtant des gens travaillent à rendre information claire. Quand aux vrais pauvres, ils sont trop occupés à survivre — il suffit de constater le nombre d'Uberistes opérant en Vélib — et généralement peu politisés.
Pendant ce temps là, non loin, au jardin du Luxembourg, d'autres, sans trop respecter les distanciations sociales et le port du masque, profitent du grand air et du soleil qui perce derrière les nuage d'un printemps encore timide. On ne pense hélas plus guère aux soignants qui, au risque de leur santé triment dans les hôpitaux. Il y un an on les applaudissait chaque soir à vingt heures depuis nos fenêtres. Mais la série "Covid" à moins de succès que "game of thrones". À la deuxième saison on se lasse. Il faut bien admettre que nous sommes une nation de crétins. Chaque heure, chiffres à l'appui, sont assénées les mêmes nouvelles aussi alarmistes qu'à l'heure précédente ; des professionnels de la santé et de l'éducation nationale expliquent leur détresse, et pourtant la plupart des gens continuent à demeurer incrédules.
Donc, en raison de la saturation des hôpitaux et de la recrudescence des cas dans les écoles on évoque de plus en plus un reconfinement prochain, semblable à celui de l'année dernière. Je raconte cela pour mes lecteurs étrangers, mais ici le virus continue de se propager et l'on ne vaccine pas encore assez. La politique du gouvernement, ou plutôt de notre président qui a tendance à décider tout seul, est assez incohérente. Sans doute a-t-il misé sur une vaccination intensive, mais il n'y a pas assez de vaccins. Et comme fin janvier il n'a pas voulu écouter les scientifiques qu'il trouvait trop alarmistes (alors qu'ils anticipaient juste ce qui est précisément en train de se produire) nous voici, en ce qui concerne la gestion des malades dans une situation plus critique qu'en Mars dernier. Celui qui fanfaronnait alors, "nous sommes en guerre avec le virus, et nous allons le vaincre", s'est révélé un piètre stratège. On reconnaît là un autre tropisme bien français : une certain goût pour la forfanterie et une grande aptitude à la débâcle.
Fin Juillet, de gros ours en peluche étaient disposés pour maintenir la distanciation sociale si l'on souhaitait boire un verre en terrasse devant le théâtre. Les optimistes espéraient des jours meilleurs. On se pensait être sortis de l'auberge comme on dit. Force est de constater qu'on est loin du compte. Une certaine morosité, de la résignation et beaucoup de rancœur infusent parmi certaines franges de la population. Pour la plupart des gens l'avenir s'assombrit. Les ours eux s'en fichent.
Linked with Our world tuesday - my corner of the world
Yes...
RépondreSupprimerI like the idea of stuffed bears to distance.
RépondreSupprimerThose teddy bears are cute. Only France know how to beautify it this way. Hope you all get the vaccine soon.
RépondreSupprimerWorth a Thousand Words
Great idea, you can drink beer with bear :)
RépondreSupprimerLove seeing the Teddybear's Picnic. They seem to be enjoying the sunshine.
RépondreSupprimerWhat do teddybears drink?
RépondreSupprimerPeople are good about social distancing and wearing masks here in Toronto. That is not to say that we don't have protests but they are small and peaceful.
RépondreSupprimerIt has been too long for you Kwarkito, and for many countries in the world. The price of individual 'rights' has a high price to pay.
RépondreSupprimerI am totally gobsmacked that such a large part of the world is still in such sad condition due to the pandemic.
RépondreSupprimerThank you for being a part of 'My Corner of the World' this week!
La lecture des commentaires peut paraître surprenante. Pour ma part, je suis assez d'accord avec toi, l'incompétence française me semblant devoir être soulignée, l'incompétence expliquant sans doute la forfanterie.
RépondreSupprimerEt puis il n'est pas surprenant que mon dernier article de blog et la photo en regard fassent écho à ton texte et ta première photo.