Voilà,
en regardant cette image, on peut presque penser qu'elle rappelle des
jours heureux, des jours paisibles, des jours insouciants. C'était bien
avant le confinement. C'était un temps où l'on pouvait profiter du
premier soleil printanier sur les berges de la Seine, faire comme si le
monde alentour n'existait pas. S'abandonner à un plaisir archaïque,
animal, auquel nos ancêtres à peaux de bêtes, lorsqu'ils se sentaient à
l'abri du danger, devaient aussi s'adonner, comme le font nos chats nos
chiens et tant d'autres animaux. Profiter avec gourmandise de l'offrande
de la lumière. Savourer cette joie paisible et solaire. Fermer les
yeux, et entre œil et paupière s'immerger dans la couleur orange.
J'enviais, cette capacité d'abandon. Car ce jour-là quelque chose me
tourmentait. Une effroyable et silencieuse catastrophe venait d'avoir eu
lieu, et personne ne semblait en prendre la mesure. Peut-être parce que
c'était loin. Peut-être parce qu'on ne peut prendre sur soi tous les
malheurs du monde. Peut-être parce que le déni nous permet de survivre.
Pourtant quelques heures auparavant il y avait eu cela qui était arrivé.
C'est
une catastrophe lente qui pourtant continue. On n'en parle plus. Un
désastre chasse l'autre. S'efforce-t-on de croire qu'elles ne font que
se remplacer quand au contraire elles s'additionnent ? Depuis quelques
années l'humanité doit payer la note. Mais ceux qui détiennent les
cordons de la bourse ne peuvent s'y résoudre. Cette réfutation obstinée a
quelque chose de pathétique. Elle caractérise notre espèce qui s'entête
à se mesurer à la nature. A fabriquer des situations critiques qu'elle
se refuse d'anticiper en s'en remettant à la providence, en pariant sur
la quasi improbabilité du risque. Il y a peu l'épidémie de Covid, nous a
démontré qu'en cas d'accident industriel majeur en France, au contraire
de ce qu'affirment les pouvoirs publics nous ne sommes pas en mesure de
faire face. Nos infrastructures hospitalières sont inadaptées. L'armée
est incapable de défendre la population. L'État a depuis longtemps
abandonné les citoyens au profit des intérêts privés. A la faveur de
cette épidémie, on a pu constater combien l'argent de la fraude fiscale,
qui devrait servir au bien commun et aux infrastructures du pays a pu
manquer. Mais on continue, cependant, comme si de rien n'était. Business
as usual serait-on tenté de dire.
Et puis, on continue aussi à nous prendre pour des cons, et d'une certaine façon pourquoi s'en priver puisque ça marche. Ça marche pour tout. A croire que les gens raffolent de ça. Ainsi peut-on lire et entendre, qu'aucun cancer, aucune maladie n'est due à une contamination nucléaire à Fukushima. Qui peut raisonnablement croire ça ? Mais c'est la fiction que Tepco et les pouvoirs publics japonais ont mis en place et relayent de façon permanente par des médias qui leur sont acquis. Heureusement il existe d'autres sources d'information. Toute façon c'est là. On n'y peut rien. On ne peut contenir ce désastre. Il est désormais un des éléments constituants de notre condition humaine. Il nous reste la musique
Le ruissellement des eaux des forêts contaminées coule sur nos cerveaux.
RépondreSupprimerL'intelligence ne se partage pas, elle se cultive.
RépondreSupprimerMon amie japonaise qui vit ici mais a toute sa famille au Japon me raconte que les habitants continuent à vivre en ayant peur de tout ce qu'ils mangent: légumes, poissons, tout est encore contaminé. Bien sûr les autorités mesurent et contrôlent le taux de...et de...mais comment faire confiance?
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