lundi 23 novembre 2020

Dormir pour oublier (30)


Voilà,
le Général de Villiers, ancien chef d'Etat-Major des armées qui fut — le premier dans l'histoire de la Vème République — humilié publiquement par le nouveau président Macron alors démangé par un soudain prurit d'autoritarisme, au prétexte que ce général, avait, dans ce langage un peu fleuri qui se pratique souvent dans les casernes (preuve que notre zézayant président est fort peu au courant des mœurs soldatesques), contesté le budget des armées, de Villiers donc, après avoir démissionné suite à cet épisode, a mis à profit sa retraite pour commettre trois livres en quatre ans. "Servir" en 2017, "Qu'est ce qu'un chef ?" en 2018, et "l'Équilibre est un courage" en 2020.  On est en droit de se demander ce que cache cette année sabbatique de 2019. Peut-être Notre Général, l'a-t-il employée à travailler à l'élaboration du titre de son dernier opus. Je dois humblement avouer que je n'ai lu aucun de ses livres — un précédent billet peut en justifer la raison —. D'ailleurs peut-être ai-je tort. Les deux premiers semblent possiblement des ouvrages consacrés à la restauration ou à l'art culinaire. Pour ce qui concerne le troisième j'avoue que son titre m'intrigue. Il me paraît maladroit, recèle en très peu de mots, plusieurs incongruités, et finalement s'avère dépourvu de sens. D'abord "l'équilibre" : l'équilibre est un état. Ensuite le courage. Le courage est une vertu. Une vertu est une qualité définie et singulière. Elle ne peut donc s'accompagner d'un article indéfini. Comment un état peut-il s'apparenter à une vertu ? Mais peut-être cet énigmatique intitulé se révèle-t-il, après études de marchés, potentiellement vendeur je l'ignore. Quoi qu'il en soit, je serais éditeur, j'aurais honte d'avoir publié une telle offense à la langue française
Sinon, j'ai pu apercevoir dans la presse (dans la revue économique Challenges) un article selon lequel, devant l'absence de perspectives et la persistance d'inégalités profondes, une partie des gilets jaunes, pourrait se laisser séduire par la figure du général Pierre de Villiers en 2022. "Le côté Père Fouettard pourrait plaire", alerte le sociologue Jean Viard. Il paraît même qu'un des porte-parole de ce mouvement par ailleurs assez hétéroclite bordélique et idéologiquement très confus (et donc en cela bien français) aurait, au printemps dernier suggéré que  le général remplace Edouard Philippe au poste de premier ministre, ce qui prouve l'ignorance de ce Christophe Chalençon, concernant les rapports qu'entretient Macron avec ce militaire. Comme si les gilets jaunes n'avaient pas assez morflé avec les forces de l'ordre, ils en redemandent encore. Mais la presse réactionnaire n'est évidemment pas hostile à ce genre de perspective. "Je sens que ça pourrait bien lui trotter dans la tête", confie par ailleurs un artisan du village où a grandi la fratrie de Villiers. Et d’ajouter : "Ça bouillonne des fois quand il vient me voir avec sa vieille 2 CV bleue, et peste contre les excès des écolos, les politiques et les médias sur leur nuage. Des paroles, des paroles... avec Pierre, on aurait du concret." Si le mystère sur ses intentions réelles dans la course à l’Élysée plane toujours, Pierre de Villiers a toujours "esquivé" le sujet, ajoute l'article de Valeurs actuelles. Mais d'autres journaux, commencent à faire monter la mayonnaise autour de ce monsieur. Il semblerait que l'oligarchie, qui finance aujourd'hui la presse, ait besoin d'un homme à poigne à la place de son petit valet. "Le Figaro", "L'Opinion", "Sud-Ouest", BFMTV, Europe 1, s'y collent eux aussi. Le syndrome Boulangiste. La France a toujours eu depuis Bonaparte, une fascination pour les généraux qu'elle imagine souvent comme des sauveurs.
Cela dit, toutes les dispositions législatives sont d'ores et déjà adoptées pour qu'advienne un état autoritaire, militariste et policier. Notre général n'aurait pas grand chose à changer.
Décidément, nous vivons des temps déraisonnables et à bien des égards, sinistres. Ce n'est pas simplement la bêtise des gouvernants et la crétinisation des masses, alimentée par les medias mainstream, qui inquiète. C'est que tout cela advient sur fond d'une omniprésente misère, qui va croissant, et ne se peut confiner. En voilà, un exemple, photographié au printemps dernier pendant le premier "lockdown". J'ai toujours quelques scrupules à faire de telles images, mais Atget, Izis, Doisneau, Cartier-Bresson, Kertész, et bien d'autres en ont aussi fait de semblables dans cette ville. Alors....

3 commentaires:

  1. Bravo pour la photo. Et pour compléter le billet, on peut lire, et voir ceci : https://www.acrimed.org/General-nous-voila-les-editocrates-avec-Pierre-de

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  2. Je comprends ces scrupules, ne sont-ils pas dans nos yeux qui se détournent parfois involontairement, égoïstement ? Ne sont-ils pas dans cette lassitude qui nous envahit et dans nos bras lourds du monde que l'on vit ?

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  3. i agree there's a time to take these photos but these are indeed unreasonable and sinister times so...

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