Voilà,
Selon de nouvelles recherches les rétroactions du système climatique augmentent les émissions de méthane provenant de sources naturelles, en particulier des zones humides tropicales. Même les régions froides et sèches de l'Arctique contribuent bien plus qu'on ne le supposait à la pollution par le méthane qui réchauffe le climat. Une autre étude récente, a prouvé que le méthane persiste dans l'atmosphère plus longtemps que ne l'estiment la plupart des modèles climatiques. Pour chaque degré Celsius, l'atmosphère peut contenir environ 7 % d'humidité en plus. Cette vapeur d'eau supplémentaire absorbe une partie de la lumière ultraviolette, nécessaire à la création de radicaux hydroxyles, ces molécules clés qui décomposent le méthane. Les émissions de méthane pourraient ainsi atteindre un niveau qui, dans un passé géologique récent, a marqué le passage de longues périodes glaciaires froides à des périodes interglaciaires plus chaudes. La température du Groenland avait alors augmenté d'environ 10 degrés Celsius en quelques décennies seulement.
D'autres faits indiquent que la Terre se trouve à un point de basculement. La récente vague de chaleur hivernale en Antarctique constitue un autre signe possible d'un dérèglement climatique majeur en cours. Ce qui s'est passé auparavant, c'est que les courants océaniques et les vents se sont réorganisés. Aujourd'hui aussi les courants océaniques se déplacent. L'AMOC, — l’un des principaux courants océaniques présents sur la Terre, dont la
circulation contribue notamment à réguler la température de l’hémisphère
Nord — se modifie, et c'est l'un des véritables marqueurs d'un changement climatique majeur. Ça c’est la situation objective. Elle suppose un changement radical de comportement de l’humanité entière vis à vis de son environnement.
Mais ceux qui tirent les ficelles de l’économie mondiales ne peuvent se résoudre à cette évidence qu’il n’y a pas de croissance infinie dans un monde aux ressources limitées. Ils préfèrent conserver le modèle de société actuel, et surtout préserver leurs intérêts. Pour cela tous les coups sont bons. Quitte
à nier les crises et précipiter l'humanité dans le gouffre, en
promettant monts et merveilles aux masses manipulées. Depuis plus de trente ans certains s'emploient à nier les effets de l'activité humaine
sur l'environnement et le climat. Trente ans de communication, de
lobbying, de pressions, de blablas politique, de fausses promesses, de
théories du doute. Trente ans que, chaque année sont battus des records
en matière de pollutions : CO2, plastiques, déforestation, acidification
des océans, extinction des espèce,...
Pourtant le directeur du Potsdam Institute for climate impact research (PIK)
vient récemment de publier pour la première fois son “Planetary Health Check”.
Ce bilan de santé, qui sera désormais actualisé chaque année revient sur l’état des neuf limites planétaires régulant la stabilité terrestre, sa capacité de résilience et son habitabilité. Les résultats sont alarmants. Sous l’effet des activités humaines, depuis Août 2024 six
de ces seuils ont déjà été franchis ces dernières années. (en février 2022 on en était seulement à quatre. Un septième,
l’acidification des océans, s’apprête à l’être “dans un avenir proche”. Un processus “inévitable”
selon les chercheurs inquiets des nombreuses conséquences qui y
sont associées. Liée à l’absorption du dioxyde de carbone par les
océans, l’acidification entraîne en effet la diminution du pH de l’eau. Celle-ci devient alors nocive pour de nombreux organismes. Altération
des récifs coralliens, détérioration des coquilles des mollusques et
des crustacés etc., toute la chaîne alimentaire marine s'en trouve
menacée. En outre, l’acidification réduit “la capacité des océans à piéger le carbone, ce qui affaiblit leur capacité à atténuer le réchauffement de la planète”, alertent les auteurs du rapport. “Même
en réduisant rapidement les émissions, un certain niveau
d’acidification est inéluctable du fait du CO2 déjà émis et du temps de
réponse du système océanique”, explique Boris Sakschewski, un des auteurs principaux du Planetary Health Check. Le franchissement de ce nouveau seuil n’est pas synonyme de changements “radicaux” immédiats. Il marque cependant “l’entrée dans un périmètre de risque croissant” puisque il s'ajoute à l’ensemble des limites planétaires d’ores et déjà
dépassées. Ces dernières concernent le changement climatique, la
déforestation, la perte de biodiversité, la quantité de produits chimiques synthétiques (dont les plastiques), la raréfaction de l’eau douce
et l’équilibre du cycle de l’azote (intrants agricoles). Leur situation
continue de se dégrader, soulignent les chercheurs du PIK. Combinés, ces “sept
phénomènes montrent une tendance à l’augmentation de la pression, de
sorte que nous verrons bientôt la majorité des paramètres du bilan de
santé planétaire dans la zone à haut risque”, avance dans un communiqué Johan Rockström. Or plus un grand nombre de limites est franchi, plus “le risque s’accroît de porter atteinte de façon permanente aux fonctions terrestres de soutien à la vie”, et de voir se déclencher des points de bascule irréversibles, alertent les chercheurs Ils ajoutent que.“pour garantir le bien-être humain, le développement économique et la
stabilité des sociétés, il faut adopter une approche globale où la
protection de la planète occupe une place centrale”. Car le bilan pourrait encore s’alourdir. Dans un rapport dévoilé en mai 2023, des chercheurs ont identifié des limites planétaires “sûres et justes”
en ajoutant des critères concernant la justice sociale et les impacts
négatifs sur les communautés. Selon cette analyse, sept de ces huit
seuils seraient déjà dépassés. Mais c'est bien connu, l'avis des scientifiques tout le monde s'en branle plus ou moins. À commencer par la plupart des dirigeants politiques. Ils ont d’autres chats à fouetter.
Il leur faut avant tout perpétuer le mythe du développement : croissance, pognon,
consommation. Un seul mot d'ordre : le libéralisme total. Laisser les
acteurs économiques puiser dans les ressources jusqu'à la dernière
goutte d'eau, la dernière souche d'arbre.
En
dépit de ce capitalisme mondialisé et exacerbé, de l'extrême droite
progressant un peu partout dans le monde, de l'enterrement définitif des
idées sociales et d'une austérité bien installée, une large part des
commentateurs et du monde politique continue de fustiger les "méchants écologistes" qui veulent légiférer pour éviter le suicide collectif. On
brandit le "spectre de l’extrême gauche", la menace de la mise en commun et de tout ce qui se rapproche d'un idéal social. Réfléchir,
c'est mal. C'est anxiogène, ça sape le moral. La seule pensée autorisée, c'est
l'asservissement généralisé au nom du dogme économique.
Et comme si cela ne suffisait pas, dans ce contexte se déroulent des guerres majeures. En Ukraine, grenier à blé de l'Europe, au Moyen-Orient, au Soudan où sévit la famine, en Afrique centrale, en Afrique de l'Ouest. J'en oublie sûrement. On parle rarement du fait que les guerres polluent ni que, bien souvent elles favorisent des épidémies, comme c'est le cas au Congo et aussi dans la bande de Gaza. Bref, à l'heure où une conscience planétaire s'avère plus que nécessaire, les dirigeants de grandes et petites nations continuent avec une frénésie suicidaire à se livrer aux mêmes jeux sanglants que jadis, pour des territoires ou des fictions religieuses. Mais rappeler tout cela est de fort mauvais goût. Il faut absolument être optimiste n'est-ce pas ? Alors, buvons un coup de Saint-Emilion, ce vin délicieux qui fait la renommée de ce bourg charmant que j’ai photographié il y a peu. Et même deux car, comme l'a écrit, il y a fort longtemps, et sous d’autres latitudes Wang Han "une coupe pour voir et mes soucis ont disparu, une autre et aussitôt même le ciel est oublié". Vidons même la bouteille, après tout, et bourrons nous la gueule puisque c'est du bon.
Tout ne va-t-il pas pour le mieux dans les meilleur des mondes possibles ?
sources Novethic