mercredi 14 mai 2025

Tirage ce soir

 
Voilà
j'ai pris cette photo il y a fort longtemps, non loin du marché des enfants rouges dans le troisième arrondissement de Paris. Là se trouve la boutique "images et portraits" de Fabien Breuvart, photographe plasticien. Il s'est spécialisé dans la revente de photos trouvées, anciennes  et anonymes. J'aime bien, lorsque dans une image, apparaissent d'autres images et aussi lorsqu'il y a de l'écriture ou de la typographie. Je m’étonne de ne l’avoir encore jamais publiée sur ce blog.

lundi 12 mai 2025

Les temps sont flous

 
 
Voilà,
en fait les dirigeants corrompus d'Israël ont, en 18 mois, fait très fort. 80 ans après la libération des camps, ils sont, en devenant à leur tour génocidaires, parvenus d'une part, à insulter la mémoire de toutes les victimes de la Shoah autant que celle des victimes du 7 octobre, à d’autre part légitimer par leur action le Hamas et faire oublier à une bonne partie de la gauche française — et sans doute ailleurs dans le monde —  que c’est une branche armée des frères musulmans organisation radicale et fanatique islamiste dont nombre de groupes affidés ont perpétré ces quinze dernière années des actes terroristes un peu partout en Europe. Ensuite ils ont ravivé l'antisémitisme en France dans les milieux de la gauche dite révolutionnaire où, comme en témoignent certaines publications sur facebook, quelques néo-trotskistes perpétuent la ligne Pierre Guillaume. Enfin, Netanyahou et ses deux tarés Smotrich et Ben-Gvir, sont arrivés, après les avoir invités dans leur pays, à faire passer  les dirigeants de l'extrême-droite française pour des philosémites.
Bien sûr, des voix s'élèvent en Israël et dans la diaspora contre le nettoyage ethnique des palestiniens — qui n'est pourtant pas une nouveauté en soi —. Cela donne ainsi l'occasion aux juifs de montrer que lorsqu'ils ne sont pas d'accord entre eux, ils peuvent se haïr les uns les autres avec une férocité qui égale celle que certains parmi eux destinent aux arabes. A certains, en France, il est reproché leur prise de conscience trop tardive. Les voilà taxés "d'ouvriers de la douzième heure". On les accuse de ne s'occuper que maintenant du destin de Gaza. Au lendemain de la confirmation des dirigeants israéliens du projet d'annexion totale de ce territoire, il s'agirait pour eux de simplement sauver leur image médiatique. 
C’est là, de mon point de vue, une belle manifestation de connerie. Si tu milites pendant longtemps pour une cause — en l’occurrence la défense du peuple palestinien et la reconnaissance du génocide de Gaza —, tu devrais te réjouir de rallier à ton point de vue ceux qui, selon toi, ne cessaient de se tromper, et qui — si tu penses aussi cela — justement bénéficient de relais importants dans l'opinion. Si tu continues de leur reprocher ce qu’ils ont fait ou pensé antérieurement, cela montre simplement que ton action n’est pas si altruiste que ça. Que nous disent au fond ces imprécateurs ? Qu’il sont fiers d’avoir bien pensé avant tout le monde et d'avoir eu raison en premier ? La belle affaire ! Et que ceux qui n’ont pas pensé comme eux et en même temps ne méritent pas de reconnaissance ? C'est peut-être que pour tous ces gens leur ego et leur soif de pouvoir compte plus que la cause défendue. Pour eux, quoi qu’elle fasse, toute personne qui n’a auparavant pas pensé comme eux est porteuse d’une faute originelle. 
Que faire dès lors de ces gens là, qui n'ont pas eu la même clairvoyance ? Faudrait-il les envoyer dans des camps de rééducation idéologique comme au temps de Pol Pot au Cambodge ?  Ces nouveaux ralliés doivent-ils faire leur autocritique et s’humilier publiquement ? 
Sur les réseaux sociaux certaines de ces invectives s'achèvent par "nous n’oublierons pas". Quels règlement de compte ultérieurs cela laisse-t-il augurer si l'occasion se présente. Que signifient ces menaces ? Il me semble pourtant qu'on ne défend pas une cause au nom de la pureté idéologique mais pour la justesse de la cause. 
Ce que je vois là-dedans c’est qu’on n’a pas le cul sorti des ronces. La connerie est quand même bien chevillée à l'humain. C'est même ce qui le singularise.
Il faut lire ou relire "Quelque part dans l'inachevé" ce livre d'entretiens entre Jankélévitch et Béatrice Berlowitz (oui oui ce sont des juifs mais c'est bien quand même, je vous l'assure ). Le chapitre XVII intitulé "le piège de la bonne conscience" et le chapitre XIV intitulé "ces quelques fausses notes" éviteraient, à condition de les comprendre, les jugements hâtifs et péremptoires de certaines bonnes consciences.
Ah oui, pour ceux qui l'ignorent il existe un point d'ironie dans ce texte.
Pendant ce temps-là au Soudan, treize millions de personnes ont été déplacées de force depuis Avril 2023. Huit millions à l'intérieur du pays, et quatre millions dans les pays voisins. Une bagatelle. Mais à la bourse des émotions sur les réseaux sociaux, ce n'est pas une bonne affaire. Pas plus que le sort des ukrainiens qui depuis plus de trois ans résistent à l'impérialisme russe.
Nous vivons une époque formidable et tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles. 
A part ça, je note qu'à Paris à l’Orangerie des Tuileries une exposition est consacrée au flou, et qu'une rétrospective sur le même thème se tient à la cinémathèque. Faut-il y voir un signe des temps ? Tout se mélange tout est confus on a du mal à faire le point.  "Les gens sont fous, les temps sont flous" chantait déjà Dutronc à une époque qui rétrospectivement paraît bien légère. Cela m'offre en tout cas un prétexte pour sortir cette photo prise fin Juin 2021 (je crois me souvenir qu'il y faisait très chaud certains matins) du côté des jardins du Palais-Royal.

dimanche 11 mai 2025

Pêle-mêle avec peintures murales

Voilà,
au cours de mes promenades bellevilloises évoquées précédemment, je suis passé par la rue de la Villette où j'ai aperçu ces oiseaux multicolores sur la façade d'un groupe scolaire. C'est un quartier très prisé des muralistes qui s'en donnent à cœur joie un peu partout. 
Rue des cascades, où je suis déjà passé il y a longtemps, j'ai trouvé un autre motif animalier sur le rideau de fer d'un café littéraire.
 

Bien que le quartier ait beaucoup changé depuis, j'ai repensé à ce film de Maurice Delbez intitulé "un gosse de la butte" et rebaptisé "rue des cascades". On y voit en particulier Suzanne Gabriello, cette comédienne pour qui Jacques Brel aurait écrit "Ne me quitte pas" dans un autre café, situé sur la butte Montmartre. L'action du film se passe dans un café épicerie "Le postillon" qui n'a pas survécu, à la différence du Vieux Belleville, rue des envierges.


Le film de Maurice Delbez est disponible en streaming sur le net et je le recommande. Il était particulièrement audacieux pour l'époque.  Il raconte l'histoire d'Hélène, séduisante veuve quadragénaire interprétée par Madeleine Robinson et mère du petit Alain,  qui tient un café-épicerie-crémerie à Ménilmontant, alors en pleine évolution en ce début des années 1960. Lorsqu’elle essaie de refaire sa vie avec Vincent, un Antillais de vingt ans son cadet, Alain témoigne d’abord de l’hostilité à ce dernier avant d’être conquis par sa gentillesse et de devenir son ami. À cause d’un drame de la jalousie où sa voisine et amie Lucienne est assassinée par son mari qui l'a surprise en flagrant délit d'adultère avec son neveu plus jeune, Hélène prend conscience de sa grande différence d’âge avec Vincent et décide de mettre fin à leur liaison.Le film évoque sans détour le désir féminin, montre un couple mixte.  Au début des années soixante, l'histoire d'une mère blanche qui refait sa vie avec un jeune Noir de vingt ans son cadet, dans le décor presque sauvage du Belleville des années 1960, cela devait être trop audacieux. Le film n'a guère séduit les critiques et les directeurs de salles ont refusé de montrer le film. Le réalisateur Maurice Delbez, a du éponger 40 millions de francs de dettes. Il a pu cependant revoir son film ressorti en 2017 dans une copie neuve peu de temps avant sa mort. Il repose à présent dans un charmant petit village de l'Aveyron.

vendredi 9 mai 2025

Énigmes



Voilà,
Est ce que j'avais déjà peur au moment où j'ai pris la photo ? La peur était-elle en train de faire son lent travail ? Est-elle venue un peu plus tard dans l'après-midi sans que je ne m'en rende compte ? À la terrasse du café par exemple ? Pourquoi ai-je pris cet instant ? Qu'est ce qui m'a retenu dans ce cadre ? Ai-je reconnu dans cette attitude quelque chose qui faisait écho à ce que j'éprouvais sur le moment ? Il m'a semblé bien sûr que cela ferait une belle photo. Cela ne m'a pas traversé l'esprit mais j'y songe à présent que j'écris ces lignes, un jour viendra où il y aura une dernière photo. Plus tard – l'après-midi tirait à sa fin –, la panique m'avait saisi sur le boulevard où je n'étais pas venu depuis si longtemps et qui ressemble à un ghetto, puis dans un lieu de passage bondé à cette heure où des  visions d'explosion et de carnage m'ont affolé quelques minutes, alors que j'avançais hébété, à cause de la vue qui baisse (oui peut-être devrais-je changer mes verres). J'ai eu la nette sensation de n'être plus tout à fait de ce monde comme si quelque chose en moi se résignait. Parvenu à destination, j'ai un peu marché. Mon regard a été attiré par la modestie sauvage de ces deux là. J'étais encore capable de les apercevoir, de me rapprocher d'elles. C'était ça la vie. La vie intense et fragile. J'ai songé aux photos de Bill qui célèbre les grands horizons, mais aussi les mousses et les lichens et dont les photos sont un hymne permanent à la nature toujours changeante

première publication 13/4/2016 ) 7:39

jeudi 8 mai 2025

Tourisme à Belleville (1)

Voilà,
il était entendu avec ma fille que je lui laisserais mon appartement début mai pour qu'elle accueille des amies qu'elles avait connues lors de son séjour Erasmus à Barcelone en 2023 et avec lesquelles elle est restée liée.  Mon partenaire de jeu de la pièce "cendres sur les mains" qui profitait du pont du premier mai pour partir en excursion avec sa douce, m'a proposé son logis pour cette période. 
J'ai donc, pendant quatre jours, fait le touriste du côté de Belleville, qui n'est pas un quartier où je viens souvent. C'était formidable. J'en ai profité pour me balader, — parfois tôt le matin — dans les alentours sous une chaleur estivale (un peu inquiétante pour la saison). Mes pas m'ont ainsi mené sur la butte Bergeyre, dont on aperçoit les vignes en premier plan et d'où l'on peut distinguer au loin la butte Montmartre. C'est un îlot résidentiel difficilement accessible habité par des célébrités, des artistes pour la plupart.


Je montrerai d'autres photos de ce bref séjour à l'autre bout de Paris. Belleville est un quartier très attachant avec une grande diversité de populations et de milieux sociaux. Bien sûr, les multiples rénovations urbaines de ces cinquante dernières années l'ont beaucoup transformé, mais il garde toutefois un cachet très particulier et n'a en rien perdu de son âme.

jeudi 1 mai 2025

Sur un rocher, face à la mer

 
Voilà, 
l'orage est passé, le jour décline doucement, bientôt on ne fera plus la différence entre un fil noir et un fil blanc. Ils sont là, au pied de la corniche devant la mer étale. Il est possible que ce paysage magnifique ne les étonne plus guère tant il leur est devenu familier. 
Je ne fais que passer, mais je les vois de loin. Ils me semblent jeunes et — je ne sais pas pourquoi — cela m'émeut, qu'ils soient là, comme ça, tous les deux. Ils sont dans le temps des commencements. Ils ne se doutent pas que ça passe vite, une vie.

lundi 28 avril 2025

Bricolage

Voilà,
45 ans que j'ai réalisé ce collage, réinterprété il y a quelques semaines en estompant les formes et les contours comme j'aime à le faire depuis quelques années. Et pourtant il reste étonnamment présent pour moi. De cela je peux encore dire, comme dans la chanson, "ça c'est vraiment moi". Oui bien sûr, on peut aisément y déceler les influences, les inspirations, et sans doute n'est-il pas si original, mais je m'en fous. L'image me plaît encore. Sa composition, le mélange de courbes et de droites. Je suis content de l'avoir faite. C'était alors mon théâtre intime. Celui que j'avais envie de voir. Qui ne s'encombrait pas de mots. 
 
 
Aujourd'hui, je ne me sens guère différent de celui que j'étais alors. Les formes ont changé. Les outils aussi. La persévérance demeure toujours la même. Et aussi l'étonnement devant ma propre obstination à trouver de formes, à établir des relations entre des volumes. Tant d'années se sont écoulées entre ces deux images. Le monde alentour a tellement changé. C'est pourtant toujours le même bricolage pour tenter de m'en soustraire et me rendre la vie plus supportable. Même si parfois cela ne me semble plus marcher autant qu'autrefois. Je me lasse très vite de ce que je fabrique.

mercredi 23 avril 2025

Sur le toit de la cité radieuse

Voilà,
sur le toit terrasse de la "Cité radieuse" bâtie par Le Corbusier, immédiatement après guerre, — alors que radieuse, l'époque actuelle ne l'est pas vraiment —,  l’énergie et la candeur joyeuse de ces adolescents serrés les uns contre les autres, contemplant sur ce modeste promontoire un horizon lourd de nuages, m'a terriblement ému. Les heures qui suivirent — sans doute en raison de cette image que je ne parvenais à chasser de mon esprit — une insidieuse et trouble sensation de mélancolie m'a peu à peu submergé. J'ai repensé au film de Nicole Védrès "La vie commence demain", dont une partie se passe dans cet édifice en construction. Ce film, sorti en 1950, est, à ma connaissance, le premier dans l'histoire du cinéma français que l'on peut qualifier de documentaire-fiction (à 47:20 sur le film en lien, commence la séquence avec Le Corbusier). C'est l'histoire d'un jeune provincial (interprété par Jean-Pierre Aumont) incité par un mystérieux journaliste à rencontrer les sommités intellectuelles de l'époque afin de connaître leur vision du monde futur. On y croise outre l'architecte suisse, Sartre, Joliot-Curie, Jean Rostand, Picasso, André Gide. Une des personnes qui a le plus compté dans ma vie, y apparaît, jeune sur quelques plans

lundi 21 avril 2025

Une vieille histoire

 
 
Voilà,
dans le journal "Le Monde" du 7 avril 1978, c'est à dire il y a quarante sept ans, Gilles Deleuze signait une tribune intitulée "Les gêneurs". Je la livre telle quelle.
"Pourquoi les Palestiniens seraient-ils des "interlocuteurs valables" puisqu'ils n'ont pas de pays ? Pourquoi auraient-ils un pays, puisqu'on le leur a ôté ? On ne leur a jamais donné d'autre choix que de se rendre sans conditions. On ne leur propose que la mort. Dans la guerre qui les oppose à Israël, les actions d'Israël sont considérées comme des ripostes légitimes (même si elles paraissent disproportionnées), tandis que celles des Palestiniens sont exclusivement traitées de crimes terroristes. Et un mort arabe n'a pas la même mesure ni le même poids qu'un mort israélien.
 
Israël n'a pas cessé depuis 1969 de bombarder et de mitrailler le Sud-Liban. Il a reconnu explicitement que l'invasion récente de ce pays était non pas une riposte à l'action du commando de Tel-Aviv (trente mille soldats contre onze terroristes), mais le couronnement prémédité de toute une série d'opérations dont il se réservait l'initiative. Pour une "solution finale" du problème palestinien, Israël peut compter sur une complicité presque unanime ces autres États, avec des nuances et des restrictions diverses. Les Palestiniens, gens sans terre ni État, sont des gêneurs pour tout le monde. Ils ont beau recevoir des armes et de l'argent de certains pays, ils savent ce qu'ils disent quand ils déclarent qu'ils sont absolument seuls.
 
Les combattants palestiniens disent aussi qu'ils viennent de remporter une certaine victoire. Ils n'avaient laissé au Sud-Liban que des groupes de résistance, qui semblent avoir fort bien tenu. En revanche, l'invasion israélienne a frappé aveuglément les réfugiés palestiniens, les paysans libanais, tout un peuple de cultivateurs pauvres. Des destructions de villages et de villes, des massacres de civils, sont confirmés; l'emploi de bombes à billes est signalé de plusieurs côtés. Cette population du Sud-Liban n'a pas cessé depuis plusieurs années de partir et de revenir, en perpétuel exode, sous les coups de force israéliens dont on ne voit pas très bien ce qui les distingue d'actes terroristes. L'escalade actuelle a jeté sur les chemins deux cent mille personnes sans abri. L'État d'Israël applique au Sud-Liban la méthode qui a fait ses preuves en Galilée et ailleurs en 1948: il "Palestine" le Sud-Liban.
 
Les combattants palestiniens sont issus des réfugiés. Israël ne prétend vaincre les combattants qu’en faisant des milliers d’autres réfugiés, d’où naîtront de nouveaux combattants.
Ce ne sont pas seulement nos rapports avec le Liban qui nous font dire: l’État d’Israël assassine un pays fragile et complexe. Il y a aussi un autre aspect. Le problème Israël-Palestine est déterminant dans les problèmes actuels du terrorisme, même en Europe. L’entente mondiale des États, l’organisation d’une police et d’une juridiction mondiales, telles qu’elles se préparent, débouchent nécessairement sur une extension où de plus en plus de gens seront assimilés à des "terroristes" virtuels. On se trouve dans une situation analogue à celle de la guerre d’Espagne, lorsque l’Espagne servit de laboratoire et d’expérimentation pour un avenir plus terrible encore.
 
Aujourd’hui c’est l’État d’Israël qui mène l’expérimentation. Il fixe le modèle de répression qui sera monnayé dans d’autres pays, adapté à d’autres pays. Il y a une grande continuité dans sa politique. Israël a toujours considéré que les résolutions de l’ONU qui le condamnaient verbalement lui donnaient en fait raison. L’invitation à quitter des territoires occupés, il l’a transformé en devoir d’y installer des colonies. Actuellement il considère que l’envoi de la force internationale au Sud-Liban est excellent… à condition que celle-ci se charge à sa place de transformer la région en une zone de police ou en désert contrôlé. C’est un curieux chantage, dont le monde entier ne sortira que s’il y a une pression suffisante pour que les Palestiniens soient enfin reconnus pour ce qu’ils sont, des "interlocuteurs valables", puisque dans un état de guerre dont ils ne sont certes pas responsables."
 
Je réalise aujourd'hui que toute ma vie durant j'ai entendu parler de cette affaire entre les Israéliens et les Palestiniens et de la violence aveugle qui touche les deux camps. J'ai évidemment repensé à tous les actes terroristes parfois fort horribles (en particulier les derniers) perpétrés par les palestiniens, mais je me suis souvenu que l'état d’Israël s'est aussi bâti sur le terrorisme. J'ai fait quelques recherches et suis tombé sur l'article daté du 22 juin 1946 de Maurice Ferro, toujours dans "Le Monde"
 
"Depuis 1945, une transformation profonde s'est produite dans le terrorisme juif. La méthode anarchiste de l'attentat individuel semblait visiblement dépassée. De l'échelon du meurtre, dont le caractère politique n'altère point l'empreinte criminelle, qu'il s'agisse d'un lord Moyne, d'un préfet de police ou d'un quelconque militaire ou agent administratif, les terroristes passèrent au plan de la lutte ouverte et franche, toutes forces déployées. 
 
Ils décidèrent alors de ne plus s'attaquer aux gens mais aux édifices, aux dépôts d'armes et de munitions, aux parcs d'aviation, aux voies de communication. Car ils ne nourrissent de haine ni à l'égard de l'Anglais, soldat faisant son devoir en service commandé, ni, surtout, envers le peuple arabe. L'objet de leur ressentiment n'est même pas l'empire britannique. Les Juifs, pendant toute la durée des hostilités, l'ont aidé sans mesure à combattre le nazisme et le fascisme. C'est à la "politique britannique impérialiste" que les organismes sionistes de combat ont officiellement déclaré la guerre. La réprobation générale, qui au début stigmatisa les agressions personnelles, a progressivement fait place en Palestine à une atmosphère de sympathie pour ceux que les communiqués officiels nomment encore "terroristes". Il n'est pas, croyons-nous, jusqu'aux Arabes, dont le respect de la force est légendaire, qui ne manifestent à leur endroit une certaine admiration... 
 
Cette guerre contre la "politique impérialiste" du cabinet de Londres, trois groupements la mènent : le "groupe Stern" ou "Lohami Cherut Israël" - "les Combattants pour la libération d'Israël" - dont le chef est aujourd'hui Nathan Yellin-Friedman, d'origine polonaise ; l' "Irgoun Zwai Leumi" - ou "Organisation militaire nationale juive" - à tendances "révisionnistes", ayant à sa tête Menachem Beguin, ancien avocat qui fit partie des forces armées polonaises, et la "Haganah" - "Mouvement de la résistance juive" - dont tous les Juifs de Palestine font maintenant plus ou moins partie.
  
Le "groupe Stern" prit naissance en 1941. L'organisation clandestine de la "résistance" sioniste qui, jusque-là, réunissait les "terroristes" les plus éprouvés était l'"Irgoun", commandée par un certain Arazieh qui avait Stem pour lieutenant - internés tous deux en 1940 comme éléments "dangereux".
  
Pro-britannique sincèrement convaincu, Arazieh ne tarda pas être libéré, prit du service dans l'armée anglaise où il gagna la couronne de "major" et trouva la mort en Irak au moment de la révolte de Rachid Ali. Stern, au contraire, résolument anglophobe, fut indigné de la conduite de son chef. Après s'être évadé des locaux où il était détenu, il entra en "dissidence" et fonda l'association extrémiste qui porte son nom. Il devait par la suite être tué à Tel-Aviv au cours d'un engagement avec la police.
 
 Ces trois groupements, à l'heure actuelle, semblent étroitement collaborer. Il ne serait peut-être pas exagéré de prétendre qu'ils obéissent aux directives d'un commun organe coordinateur, analogue à l'état-major-général d'une armée régulière. On ne peut, en analysant la stratégie et la tactique des terroristes, s'empêcher de les considérer comme des émules de ces combattants de l'intérieur qui contribuèrent si puissamment à la libération de l'Europe.
 Dans une première organisation (un premier bureau), tous les effectifs sont soigneusement fichés. La masse, le réservoir, c'est la "Haganah"; les troupes de choc, composées de jeunes gens - et de Jeunes filles, qui manient la mitraillette avec la même aisance que les garçons - sont fournies par la "bande Stem" ou "l'Irgoun".

Leur "deuxième bureau" est fort bien renseigné. Il doit vraisemblablement connaître l'exacte consistance des troupes britanniques stationnées en Palestine, leurs lieux de cantonnement, leurs mouvements et déplacements, ainsi que leurs dispositifs offensifs et défensifs. On ne comprendrait autrement pas la réussite stupéfiante de certains coups de main terroristes, que la conception générale et la rapidité d'exécution ne sauraient seules expliquer.

Quant au "quatrième bureau", il a fait des miracles. Les armes provenant du pillage de dépôts britanniques paraissent-elles être en quantités insuffisantes pour équiper l'armée secrète ? On s'en procure par contrebande. Les approvisionnements abandonnés dans le "désert occidental" par les Germano-Italiens n'ont pas tous été récupérés par les Britanniques. Les Bédouins nomades en ont "découvert" plusieurs qui ont pris, le plus souvent, le chemin de Jérusalem ou de Tel-Aviv. En ce qui concerne les explosifs, les Juifs fabriquent une gélignite dont la qualité, aux dires des Britanniques eux-mêmes, est bien supérieure  à celle qui sort des usines du Royaume-Uni. Et des camions, ressemblant comme des frères à ceux de l'armée anglaise, assurent les transports et les liaisons de " terroristes " vêtus d'authentiques " battle-dresses ".

Le "troisième bureau" n'est certes pas le moins occupé. Nanti des éléments fournis par les divers services, il monte avec minutie les opérations. Ainsi, quand un débarquement clandestin est tenté, une tête de pont est établie à la plage choisie : deux cordons de troupes isolent une bande de terrain qui forme corridor entre le rivage et la colonie où seront recueillis les "immigrants illégaux", cependant que des unités mobiles patrouillent les alentours et que des groupes " indépendants " se livrent à des attaques de diversion contre des postes de police ou des installations militaires, le plus souvent assez distants du théâtre principal.

Un "cinquième bureau", enfin, groupe les "renseignements généraux" et centralise la propagande. La "Haganah", l'"Irgoun" et "Stern" possèdent un poste de radiodiffusion qui s'intitule - "la voix d'Israël, la voix de la résistance juive" - émettant régulièrement sur 45 mètres de longueur d'ondes. Ce poste, en outre, publie un bulletin quotidien d'informations "ronéotypé", que l'on reçoit à domicile nus enveloppe affranchie...

Aussi bien la Grande-Bretagne multiplie-t-elle les mesures nécessaires au maintien de l'ordre. Le pays est virtuellement en état de siège. Les édifices publics, les bâtiments militaires, les gares, sont protégés par d'épais rouleaux de barbelés. Les principaux carrefours routiers sont gardés militairement. Il est formellement interdit de rouler sur les chemins ruraux passé 18 heures. Et des blindés, chars moyens sur roues ou automitrailleuses, tous équipés de postes de T.S.F. parcourent inlassablement les campagnes et les villes.

Pratiquement "évacuée" l'an dernier à pareille époque, la Palestine est aujourd'hui un camp retranché véritable où s'accumule un matériel de guerre ultra-moderne.

À Gaza, des quartiers, des dépôts et des parcs, qui paraissent devoir être occupés en permanence, sont aménagés avec soin. D'importants crédits, de l'ordre d'un million de livres, ont d'ailleurs été affectés à ces travaux. Et s'il n'est pas tout à fait exact que l'on y emploie des prisonniers allemands, certains spécialistes "panzer" sont soupçonnés d'y mettre la main.

Ainsi, la Palestine — dont il ne faudrait pas, sur le plan militaire, dissocier la Transjordanie — centre névralgique des pétroles du Proche-Orient et du précieux lacis des voies de communication impériales, se trouve graduellement transformée en place d'armes...

À cette patiente riposte du formidable outillage britannique, les "terroristes", sans doute, répliqueront par une cohésion encore plus ferme. Ils ont voulu, m'a-t-on assuré, démontrer que le Juif ne se laissait pas intimider par un simple déploiement de forces et était loin d'être couard comme on l'affirme communément.

Mais ce mouvement, si parfait que puisse être son orchestration, est essentiellement négatif, et ne constitue pas une fin. Les Juifs de Palestine, les "importés" comme les autochtones, tous étroitement solidaires, le considèrent comme un premier pas vers la voie de l'affranchissement. On verra peut-être un jour les animateurs de l'armée de libération proclamer, en marge du pouvoir de tutelle, la constitution d'un État juif véritable, pourvu d'un gouvernement provisoire et de cadres administratifs complets. On dira peut-être, de ce rêve d'Israël, que c'est une utopie. C'est pourtant, me suis-je laissé dire, cette utopie que recouvre le manteau du "terrorisme..."

Cette dernière phrase pourrait exactement s'appliquer aux palestiniens d'aujourd'hui.  
Le 2 janvier 2025, le premier ministre israélien a déclaré que la guerre durerait encore un an. Ainsi le gouvernement d'extrême-droite israélien regroupé autour de colons et de bigots extrémistes qui ne valent pas mieux que les islamistes du Hamas vont probablement de la sorte continuer d'engendrer les monstres qui les ont attaqués début Octobre. Comment pourrait-il en être autrement puisqu'au lendemain du massacre perpétré par le Hamas (et l'on sait que Netanyahou a largement contribué à son édification) le ministre de la défense israélien se proposait de combattre  des "animaux humains" et Nétanyahou a déclaré qu'il allait réduire la population de Gaza à son minimum. Il y a dans cette région — j'avais, il y a plus de dix ans partagé un témoignage à ce sujetune sorte de folie suicidaire et meurtrière qui dure depuis des décennies. Ces derniers temps elle semble s'amplifier jusqu'à un point de non retour. 
Mais ce qui est le plus terrifiant, c'est de réaliser que 80 ans après la libération des camps de concentrations du Reich, les descendants des victimes de l'horreur nazie, deviennent à leur tour bourreaux et commettent des crimes contre l’humanité. 
Au fond en 1967, De Gaulle, qui fut alors taxé d'antisémitisme, s'était révélé, lucide, sinon visionnaire, exposant,  — dans un français qui, soixante ans après, fait rêver —  la situation avec autant de nuances que de clarté.
Hier soir, le ministre d'extrême droite israélien Smotrich (un de ceux qui autrefois a applaudi à l'assassinat d'Itzak Rabin) a déclaré "le temps est venu d'attaquer Gaza, de l'occuper, d'y établir un gouvernement militaire, de prendre le contrôle de Gaza et de mettre en place le plan de Trump de déplacer deux millions de gazaouis de cette terre".
Comme l’a écrit André Markowicz "comment les Israéliens ont-ils pu à ce point oublier qu’ils ont été des juifs ?"
On peut garder un relatif espoir en songeant qu'il a bien fallu cinq ou six cents ans pour que français et anglais cessent de se faire la guerre. 
Bref ainsi vont les choses dans le meilleur des monde possibles
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dimanche 20 avril 2025

Encore la Butte-aux-Cailles

 
Voilà,
il y a quelques semaines, je me suis promené du côté de la Butte aux cailles, un petit quartier du treizième arrondissement de Paris, non loin de la place d'Italie, dont j'ai déjà souvent parlé ici ou bien . C'est un spot pour les muralistes et chaque fois que je m'y rends je ne peux m'empêcher d'y prendre quelques photos. 
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mardi 15 avril 2025

En pensant à Moholy-Nagy

Voilà, 
parfois l'espace n'est plus que géométrie. 
L'instant impose sa forme.
Des idées germent alors 
qui plus tard deviennent des images
 

lundi 14 avril 2025

Quelque chose d'organique



Voilà
je ne sais pas c'est quelque part dans les tissus dans les chairs dans la moiteur des organes dans le frémissement de la matière c'est un léger remuement une pulsation un battement c'est vivant depuis longtemps vivant se transforme se métamorphose s'éparpille se répand se contracte ça bat ça pulse c'est comme un souffle une effervescence et puis s'opacifie change de densité aussitôt devient fluide et furtif bientôt presque transparent puis de nouveau fibres filaments feuille aussi peut-être à la fois espace et temps où quelque chose de sensible se modèle sans parole mais non sans devenir comme une impalpable mémoire qui ne cesse de se recomposer c'est un univers invisible à travers les choses infra-réel dans lequel respire toute la mémoire du monde c'est le jardin des équations, la forêt des énigmes, la jungle des possibles et des virtualités inaccomplies

dimanche 13 avril 2025

Pêle-mêle avec jardins parisiens

 

Voilà,
un jour de mai 2023, j'avais fait une longue promenade en compagnie de Sophie. notre périple nous avait mené du jardin des Tuileries, à la place Vendôme, et passant devant cet immeuble, — appartenant je crois à Vuitton mais je n'en suis pas certain — il y avait eu cette façade joyeusement décorée.  Plus tard nous avions humé des parfum Diptyque dans leur boutique de la rue St Honoré. Je me souviens que pour moi c'était une époque pleine d'illusions et agrémentée de quelques perspectives qui ne furent hélas pas confirmées
 
*
 

 
Il y a quelque jours, au téléphone, alors que je traînais au jardin du Luxembourg, m'étonnant qu'à plus d'un siècle d'écart les mêmes jeux attirent les enfants autour du grand bassin, un ami me parle d'un nouveau traitement qu’on lui administre. Je crois comprendre que c’est cette thérapie révolutionnaire imaginée par Michel Sadelain dont j’ai entendu parler pour la première fois il y a quelques mois. Mon ami me dit qu’on appelle "carticèles" le produit qu'on lui injecte. Je note ce mot étrange et beau sur un papier. Je ne percute pas immédiatement. En fait il s’agit de CAR-T cells. L'histoire de cette avancé thérapeutique est tout à fait surprenante. Elle a germé dans la tête d'un chercheur dont personne pendant dix ans ne prenait les travaux au sérieux. Lorsqu'il a émis l'idée qu’il serait intéressant d'aider les cellules immunitaires à combattre les tumeurs en leur donnant une instruction génétique, ses pairs oncologues et immunologistes ont jugé ses travaux "saugrenus", "inutiles", "sans avenir", et "stupides". Sadelain nommera « récepteur chimérique à l’antigène » (CAR) le produit de cette instruction génétique, qui donne à certaines de nos cellules immunitaires, les lymphocytes T, la mission de débusquer, cibler et éliminer le cancer qui se propage masqué. Des lymphocytes T prélevés chez le patient, génétiquement éduqués en laboratoire, puis réinjectés à ce même patient, chez qui ils traqueront et détruiront leurs cibles cancéreuses, tout en grossissant leurs rangs. Pendant que des idiots patentés comme l'agent orange et sa clique de crétins décérébrés s'acharnent à tout détruire (la recherche, l'éducation la culture le droit international et l'on n'est pas au bout de nos surprises), – enfin à quoi bon reparler de ça tout le monde en voit les ravages depuis des semaines –, il y a des gens dont le but est d'améliorer le bien-être de l'humanité. Ils sont ce que notre espèce peut produire de mieux. Mais s'ils sont précieux, ils demeurent aussi bien trop rares.

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Sinon, au Jardin des plantes les cerisiers et le prunus shirotae sont en fleurs. Dimanche dernier cela a attiré une foule considérable. J'ai réussi à isoler cette jeune femme avec sa jolie robe printanière qui tentait de fixer son portable sur une branche pour un selfie. J'ai repensé à ce poème de Kobayashi Issa
Puisqu’il le faut
Entraînons-nous à mourir
À l’ombre des fleurs.

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À part ça je continue mes explorations abstraites quand j'ai le courage de travailler. La plupart du temps, j'ai envie de dormir et tout me prend un temps considérable, en particulier les tâches ménagères, mais aussi ce blog. Je crois que ces dernières semaines j'ai pris un coup de vieux.  

vendredi 11 avril 2025

Autos tamponneuses

Voilà,
cette photo prise à Saint-Gengoux-le-National, Bourgogne en mai 2022 n'est certes pas d'une actualité brûlante, mais les manèges déserts dans les fêtes foraines de province dégagent une mélancolie teintée d’ennui. Cela me fait penser à cette réflexion de Pessoa : "L’ennui… C’est peut-être, au fond, l’insatisfaction de notre âme intime, à laquelle nous n’avons pas donné de croyance, l’affliction de l’enfant triste que nous sommes, intimement, et auquel nous n’avons pas acheté son jouet divin. […] Oui, l’ennui c’est cela : la perte, pour l’âme, de sa capacité à se mentir, le manque, pour la pensée, de cet escalier inexistant par où elle accède, fermement, à la vérité." 

jeudi 10 avril 2025

J’aime / je n’aime pas (18)

 
 
Voilà,
j’aime la deuxième face de "yellow submarine" des Beatles avec les morceaux de Georges Martin orchestrés par lui et que je trouve délicieusement british. Ils ont le charme désuet de certains salons de thé peuplés de vieilles anglaises aux cheveux bleus sentant des parfums poudrés, ils évoquent des images d’Alice au pays des merveilles. Il me semble que Pepperland était aussi le générique (on disait alors indicatif musical) d’une émission de radio de Françoise Dolto ou de Ménie Grégoire.

Je n’aime pas, et c’est peu de le dire, tous ces "reels" avec leurs commentaires dits par une voix synthétique cheap (souvent la même) qui polluent les réseaux sociaux

J’aime réécouter des vieilles chansons de Robert Charlebois, surtout celles écrites par Réjean Ducharme, le célèbre romancier québecois

Je n’aime pas que les acteurs ou les actrices fassent des clics de langue ou tapent de la main sur la table lors d'une lecture par exemple pour appuyer leurs intentions. Je trouve cela atrocement ringard.

J’aime la photo de ce jeune couple prise à la fin de l'année dernière à la Fondation Vuitton lors de l'exposition consacrée à Tom Wesselman qui m'avait beaucoup plu

Je n’aime pas mais vraiment pas du tout que des artistes s’emparent de chansons populaires sur le mode lyrique comme par exemple les feuilles mortes chantées par Benjamin Bernheim, Robero Alagna. Il n’y a que Jessye Norman chantant des blues qui ne trahissait rien. Peut-être parce qu’en tant qu’afro-americaine elle avait le blues à la fois dans l’âme et chevillé au corps.

J’aime faire parfois la grasse matinée et profiter de journées où je ne m'assigne aucun objectif prédéfini, aucune contrainte. En fait je suis un gros paresseux et j'y trouve du plaisir

Je n’aime pas que les gens dans les expositions surpeuplées se posent devant une toile et continuent à tailler le bout de gras sans se préoccuper des gens autours d'eux et surtout derrière eux.

J’aime l'allegro du "Concerto pour violon et hautbois BWV 1060," de Jean-Sebastien Bach. Il a le pouvoir de me transporter bien des années en arrière, dans l'immense salon de l'appartement parisien de Philippe et Dominique. Il passait souvent le dimanche en fin d'après-midi lorsque nous arrivions pour le repas dominical en famille et avec des amis servi parfois à la grande table du salon avec ses deux bancs, quand il y avait du monde, mais le plus souvent dans la cuisine, parfois en comité restreint avec juste les parents les filles et leurs petits copains respectifs

Je n’aime pas quand les gens vous sollicitent et font des propositions remplies de restrictions qui laissent sous entendre qu'en fait ils n'ont aucune envie de vous associer à leur demande. Cette façon de faire miroiter une possibilité et de l'annuler dans le même temps et une forme de perversité mentale insupportable. J'ai connu un metteur en scène spécialiste de ce genre de pratique. 

J'aime regarder les matches de pré-saison du super rugby pacific qui opposent au cœur de l’été austral des équipes néo-zélandaises dans des petits stades de province devant des spectateurs assis sur des pelouses

Je n’aime pas que les gens descendent de la rame de métro ou bien y montent l’œil rivé sur leur smartphone

J’aime regarder le foot ou le rugby à la télé avec ma fille, confortablement vautré sur le canapé et gentiment persifler ensemble sur les joueurs ou les commentateurs 

Je n’aime pas lorsque les gens vous répondent "c’est une excellente question"  à celle que vous leur posez. C’est une formule prétentieuse, vaguement offensante, qui laisse supposer que toutes les questions précédentes étaient stupides ou médiocres, ou que l'on présume que vous puissiez en poser de mauvaises.

J'aime marcher dans de vieilles bonnes chaussures bien à mon pied que je n'ai pas utilisées depuis longtemps

Je n'aime pas ces gens qui, tant qu'on est d'accord avec eux vous témoignent de l'estime mais vous déconsidèrent dès que l'on l'on émet la moindre objection sur un de leurs propos

J'aime entendre chanter les oiseaux dans une ville juste avant l'aube

je n'aime pas devoir m'occuper de papiers administratifs

J'aime l'odeur de la pinède lorsque le ciel est gris et que l'air est doux

je n'aime pas, lorsque l'on photographie la mer, que la ligne d'horizon soit oblique sur l'image

J’aime savoir qu'en Suisse il y a encore des gens qui cultivent le safran selon des méthodes ancestrales

Je n'aime pas le fait que je doive prendre autant de médicaments chaque jour.

j'aime ce proverbe africain qui dit "c’est quand le fou n’est pas de ta famille que sa danse te fait rire"
 
Je n'aime pas succomber à des crises de boulimie
 

J'aime lorsque l'inspiration me visite et que le résultat me satisfait, comme c'est le cas pour cette image réalisée récemment
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