Voilà,
les
réveils ne sont jamais fameux. Trop de terreurs macèrent dans la nuit.
Les anciennes suintent, de plus récentes suppurent. Le tout bien fétide.
C'est cela sans doute vieillir. On ne s'y fera jamais, à cette réalité, et
aux désagréments qu'elle suscite. Évidemment il faut bien finir, c'est
dans l'ordre de la nature. Mais rien ne dit qu'on finira paisiblement, c'est cela
qui taraude. Et toutes ces douleurs qui deviennent le noyau du monde. La fulgurante qui surgit
parfois partant de la cheville et remontant dans le mollet. Celle comme
un poing enserrant le cœur. L'autre comme une boule d'épingles appliquée
à la surface de la peau. Et puis le nœud de fil de fer barbelé qui
bouge tout seul à la racine du pouce. Le minuscule et dense brasier de
feu froid irradiant dans le biceps. Et aussi la térébrante qui telle un canif fouaille dans l'entraille. Et celle pareille à un nid de guêpes au creux de l'aisselle. Et
encore l'urticante et vive comme un jet de venin qui remonte le
long de la moelle épinière. Sans compter ce minuscule caillou irradiant
la mâchoire de ses piqûres. Ou ce vide étourdissant parfois
dans la tête comme si le cerveau n'était plus qu'un grand courant d'air. La plus récente, irradiant depuis l'aine qui endolorit la jambe au point de rendre la marche pénible. Alors tenir le mur, s'accrocher à la rampe. Du vacillement permanent,
faire une aventure. Et toutes les autres infimes innombrables, les
fugitives, étoiles filantes, météorites... Parfois cette peur d'être
malade sans le savoir. Parce que tout de même ce n'est pas possible ce n'est pas ça être en
bonne forme. Se rassurer, penser à tous ceux qui n'ont cessé de se
plaindre, tiens Michaux par exemple, qui malgré tout avait une mauvaise
santé de fer. C'est aussi que, il n'est plus de semaine qui n'instruise de la maladie de l'un, du décès de l'autre. Le réseau social devient une putain de
gigantesque rubrique nécrologique. Le téléphone un pourvoyeur de sinistres nouvelles... On passe plus de temps à rédiger des condoléances que des billets d'humeur. Et ce qui n'était qu'une abstraction une vague idée qu'on repousse à plus tard, encombre désormais. On a du mal à trouver la légèreté. Particulièrement au cœur de l'été. On voudrait bien pourtant. On se dit qu'il faudrait mettre des couleurs un peu plus chaudes dans la maison. On écoute de la disco des années soixante dix. On dansotte tout seul mais le souffle se fait court et le cœur n'y est pas. D'ailleurs il fatigue, lui aussi.
Et désormais, cette épidémie qui relègue aux oubliettes tout le reste. C'est masqué que nous allons à notre fin.
Quel rapport avec la photo ?
J'ai lu, il y a peu, que l'écrivain Charles Dantzig avait déjà pensé à son épitaphe : "Un taxi m'attend".
Et désormais, cette épidémie qui relègue aux oubliettes tout le reste. C'est masqué que nous allons à notre fin.
Quel rapport avec la photo ?
J'ai lu, il y a peu, que l'écrivain Charles Dantzig avait déjà pensé à son épitaphe : "Un taxi m'attend".
Cette sculpture intitulée 'Taxi' de J Seward Johnson Jr représente un "city businessman
hailing a cab au coin de la 47me rue et de Park Avenue.
Linked with the weekend in black and white
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A couple of days ago this thought occurred to me: I am waiting to die while everything I took for granted is changed or gone. No, no, I am not ready for the end. I am well, but with some cranky parts. I still have old friends, and so many new friends thanks to blogs like this one. I take great comfort in that. I don't know what awaits me, but I still have my music, my pictures, and my friends-- And now I am a great-grandfather. Sheesh.
RépondreSupprimerbon, disons le tout net, le texte est génial. "fouaille dans l'entraille", une sacrée trouvaille ! j'espère tout de même que ton corps ne souffre pas vraiment de pareille liste de douleurs. quant à l'épitaphe de CD, je trouverai peut-être l'occasion de la sortir en taxi...
RépondreSupprimerAh oui ça t’inspire le cocktails des vieilles douleurs (:
RépondreSupprimer"Du vacillement permanent, faire une aventure." Et observer d'un oeil curieux et parfois rageur toutes ces fissures des corps, surtout en ces jours torrides, mollesses. Confinés par la chaleur et l'appréhension...pourtant des rires, jaunes parfois.
RépondreSupprimerUn besito.
...he may have a harder time hailing a taxi.
RépondreSupprimerA fine photo! I'm not ready to call that taxi just yet ...
RépondreSupprimerLoved the pic
RépondreSupprimerExcellent photo !
RépondreSupprimerQuelqu'un a dit que l'art de vieillir est un art malaisé.
J'ai décidé de progresser au lieu de vieillir. - Grégoire Lacroix
Moi j'ai peur de vieillir.
interesting shot. Calling a cab??
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