nous faisons une chose pour la dernière fois
- regarder une étoile,
passer une porte,
aimer quelqu'un,
écouter une voix -
si quelque chose nous prévenait
que jamais nous n'allons la refaire,
la vie probablement s'arrêterait
comme un pantin sans enfant ni ressort.
Et pourtant, chaque jour
nous faisons quelque chose pour la dernière fois
- regarder un visage,
- regarder un visage,
nous appeler par notre propre nom,
achever d'user une chaussure,
éprouver un frisson -
comme si la première fois ou la millième
pouvait nous préserver de la dernière.
Il nous faudrait un tableau
où figureraient toutes les entrées et les sorties,
où, jour après jour, serait clairement annoncé
avec des craies de couleur et des voyelles
ce que chacun doit terminer
jusqu'à quand on doit faire chaque chose,
jusqu'à quand on doit vivre
et jusqu'à quand mourir.
(Roberto Juarroz Quinzième poésie verticale, traduction Jacques Ancet)
Cool capture.
RépondreSupprimerPerfect moment!
RépondreSupprimerProfonde réflexion, il est parfait ce poème. Peu de mots, tout est dit. Merci!
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