dimanche 30 novembre 2025

Café du centre

  

Voilà,
récemment, pour des raisons professionnelles j'ai séjourné non loin de Cruas, commune ardéchoise sur les bords du Rhône, où se trouve une centrale nucléaire, dont j'ai parlé il y a quelques années. Dans le bourg j’ai repéré cet attendrissant trompe-l'œil témoignage d’une forme de vie communautaire qui n’existe plus.
 

 
On dit qu’un village sans bistrot est un village sans cœur, Et pourtant leur nombre a considérablement baissé en France. Ils sont en train d’être rayés de la carte. De 200.000 en 1968, ils sont passés à 30.000 aujourd’hui. En cause, la diminution du nombre d'ouvriers — lesquels aimaient à se retrouver en groupe au "troquet" avant ou après le travail —, la concurrence des fast-food, qui font de l'ombre aux établissements anciens, ainsi que la dévitalisation des zones rurales où ils représentaient souvent les derniers lieux de vie de ces petites communes. Espaces de rencontres et de convivialité, ils servaient aussi parfois de dépôt de pain, d'épicerie.
 

 
Il est d'ailleurs tout à fait possible que le commerce fermé que l'on aperçoit sur la droite du bâtiment fut réellement le bistrot qui existait autrefois, et que l'artefact sur le mur ne soit là que pour en raviver le souvenir.

jeudi 27 novembre 2025

Un temps à capuche



Voilà,
il y avait eu ça aussi : comme un grand vent de plaine. Pareil à une rumeur, ce frémissement balayant les joncs. Et puis au loin, encore séduisante à cette distance, la ville. Désertes, ses larges avenues froides et humides ruisselaient cependant du morne ennui des dimanches. première publication 4/2/2013 à 00:17)

mardi 25 novembre 2025

Joie de la couleur


Voilà,
j'ai pris cette photo en février 2015, Rua da Bica de Duarte, où passe le funiculaire de Bica. J'étais fasciné par les vêtements si colorés de cette fille et par son look. Elle fumait je crois contre ce mur jaune sous l'enseigne d'un boutique qui s'appelle WIP-Hairport.
j'ai fait une recherche. Il paraît que, si l'on souhaite prendre soin de ses cheveux, WIP-Hairport s'affiche à Lisbonne comme une adresse incontournable. Les coupes, qu'on y réalise sont à la pointe de la technologie. WIP-Hairport, situé dans un entrepôt centenaire constitue non pas un simple salon de coiffure, mais "une interface de transfert culturel" dans un cadre international créatif. C'est ce que prétend le site internet de l'entreprise. Honnêtement je ne sais pas ce que cela signifie. Toujours est-il que selon le même site, Sabine Pawlik et ses stylistes veillent à ce que les clients quittent le Hairport détendus et l'esprit libre ! D'ailleurs, si vous manifestez quelque compétence en piloctomie elle recrute : "Vous en avez assez de couper toujours les mêmes têtes ? Vous vous ennuyez dans la ville où vous vivez ? Vous êtes un styliste créatif et avant-gardiste qui souhaite travailler dans un environnement alternatif et indépendant, dans une ambiance internationale, et vivre dans un endroit ensoleillé dans le sud de l'Europe ?"
C'est vrai que, jusqu'au prochain tremblement de terre, Lisbonne demeure encore une ville très douce à vivre.

mardi 18 novembre 2025

Là encore


 Voilà
désormais je ne suis plus certain du retour
des saisons je regarde les gens et les lieux
étonné bien souvent je n'en crois pas mes yeux
je suis là encore et je marche dans le jour 

dimanche 16 novembre 2025

Encore traîner à la Butte-aux-Cailles

Voilà,
il y a quelques mois, me promenant à la Butte-aux-Cailles, j'ai photographié ces deux façades décorées par Louyz cette muraliste qui a beaucoup travaillé dans ce quartier. Pour ceux qui sont intéressés par son travail je recommande ce lien.
 

Sinon, la récente lecture du livre d'Éric Hazan, "L'invention de Paris" m'a fourni quelques informations sur cette fameuse Butte-aux-Cailles qui tient son nom de Pierre Caille, qui en fait l'acquisition en 1543. À l'origine, c'était une colline recouverte de prairies, de vignes et de bois surplombant de 28 mètres la rivière Bièvre qui fut entre 1820 et 1910 progressivement recouverte.  Plusieurs moulins à vent  y avaient été bâtis. Il reste d'ailleurs une rue du nom de moulins-des-prés. C'est aussi là que le eu lieu l'atterrissage du premier vol avec équipage d'une montgolfière sur laquelle avaient embarqué le marquis d'Arlandes et Pilâtre de Rozier.
Dans son livre de proses intitulé "Les Ruines de Paris", le poète Jacques Réda évoque souvent ce quartier. Par exemple : L'ombre monte à la Butte-aux-Cailles. Mais une seule lame de verre ou de jade illumine l'horizon, sur quoi les nuages posent un mur qui tient comme par miracle. Toujours je pense au front bas d'une tête que l'esprit visiterait. Deux étoiles déjà scrutent dans la brèche. Il fait humide et froid. Du côté de la Place d'Italie, un tout autre ciel, en touches de pastel rose et bleu dans la rouille d'arbres lithographiques. Je quitte la rue de Tolbiac. Et là, tout de suite, rue du Moulin-des-prés, comme on dit petit jour glisse un petit soir qui pourrait être d'émeute, car on se sent haut et retranché, familier d'un dédale (rue Samson, rue Jonas) où si les silhouettes qui se défilent supposent une épaisse touffe de peuple encore ici concevable, opiniâtre dans sa façon furtive de se cramponner. Il ne manque peut-être que des armes. On en trouverait. De quoi tenir plusieurs jours sous l'effondrement amorcé des façades (rue Vandrezanne, passage Boiton), et sans nécessité d'avoir à défendre une cause : rien que cette fureur, comme le ciel glacial calcinant au loin des forêts de grues."
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samedi 15 novembre 2025

Miroirs temporels

 
 
 
Voilà,
on n'a pas beaucoup l'occasion de rêver, mais des nouvelles comme celle-ci rendent la réalité plus poétique. Selon des scientifiques des "miroirs temporels" existeraient, révélant ainsi la dimension cachée de la lumière. Depuis des générations, le temps est considéré comme une voie à sens unique, avançant sans fin. Mais récemment des physiciens ont constaté un phénomène étonnant qu'ils ont nommé "miroirs temporels" : les ondes lumineuses peuvent être réfléchies non pas dans l'espace, mais dans le temps lui-même.
Cette découverte ne remet pas seulement en question notre conception de la physique, elle ouvre une fenêtre entièrement nouvelle sur la nature de la réalité. Dans les miroirs ordinaires, la lumière rebondit lorsqu'elle frappe une surface réfléchissante, créant ainsi l'image que nous voyons. Un miroir temporel, en revanche, réfléchit une onde vers l'arrière dans sa ligne temporelle, modifiant ses propriétés comme si le passé était brièvement réécrit. À l'aide de matériaux soigneusement conçus et d'impulsions électromagnétiques, les chercheurs ont réussi à créer ces réflexions temporelles insaisissables en laboratoire, prouvant ainsi ce qui semblait autrefois relever de la science-fiction. Les implications sont stupéfiantes. Les miroirs temporels pourraient permettre des avancées dans le domaine des communications, en permettant de restructurer et de transmettre les signaux avec une précision bien supérieure. Ils pourraient également nous aider à percer les mystères de la mécanique quantique, où les règles de cause à effet sont floues. Concrètement, la capacité à manipuler les ondes dans le temps pourrait transformer des technologies telles que le radar ou l'imagerie médicale, nous offrant ainsi des outils plus précis pour observer et comprendre le monde.
Par rapport aux concepts physiques traditionnels, qui traitent le temps comme un flux fixe, cette découverte suggère que, dans des conditions appropriées, le temps peut être courbé et remodelé tout comme l'espace. Elle nous rappelle que l'univers est bien plus étrange et flexible que ne le suggère notre expérience quotidienne. 
Je ne suis bien évidemment pas en mesure de confirmer la validité scientifique de telles spéculations qui apparaissent depuis peu sur le net, mais je les trouve néanmoins très séduisantes et stimulantes ; elles m'encouragent à continuer ces explorations graphiques que j'entreprends depuis quelques mois,  comme celle-ci  ou bien encore celle-là. Souvent d'ailleurs je me sens obligé de les associer à d'autres images plus conventionnelles ;  seules elles ne suscitent pas beaucoup de réactions. Je ne le fais pas pour cela, mais c'est, à mes yeux ce que je publie tout de même de plus intéressant et ce dont je suis le plus fier. Mais qu'importe, tout cela n'a guère d'importance. Il convient de traiter ces choses là avec légèreté.

mardi 11 novembre 2025

Mais il y a toujours quelque chose qui m’échappe (20)

 

 
Voilà,
ça me revient
la mélancolie de ce matin d'hiver au Havre en 2009, quand j'y répétais un spectacle qui ne m'a pas laissé un grand souvenir. A l'époque j'avais enchaîné deux créations et une reprise et j'étais vraiment au taquet, mais ma vie privée quant à elle pas au top. Quoi qu'il en soit, je suis reconnaissant à l'existence de me permettre encore de collecter et formuler toutes ces remembrances.
 
ça me revient
Olivia Granville avec sa combinaison rayée dansant dans "Strange days", la chorégraphie de Dominique Bagouet créée à partir du disque éponyme des Doors

ça me revient
les tartes tropéziennes que j’ai découvert grâce à Philippe et Dominique et que l'on achetait parfois à Draguignan

ça me revient
le CIDJ (Centre d'Information et de Documentation Jeunesse) qui se trouvait quai Branly non loin de la tour Eiffel

ça me revient
Agnès adorait le film "Le Viager" de Pierre Tchernia. C'est elle qui m'en a parlé la première fois et me l'a fait découvrir. Et c'est en effet un film très réjouissant, magnifiquement interprété et d'une drôlerie absolue. Michel Serrault y est formidable, ainsi que tous les autres acteurs. Gérard Depardieu jeune y interprète un petit rôle.
 
ça me revient 
Les assiettes que Gérard fabriquait lui-même et l’étonnement qui fut le mien en 1973, lorsque je découvris qu’il avait intégralement conçu au service de table. Je me suis souvenu qu’il avait appris la poterie avec une femme réputée en son temps pour son savoir-faire. Je ne me souvenais plus de son nom, j’ai appelé Agnès qui m’a dit, qu'il s’agissait de Suzanne Dauliach. J’ai fait des recherches sur le Net. Ses œuvres se caractérisaient par leur émail moucheté oscillant entre beige sableux et ocre brûlé, ainsi que par l’utilisation de couleurs chaudes comme l’orange à l’intérieur. Elle a produit divers objets, notamment des pichet, des vases, des assiettes, et autres pièces décoratives, souvent signées de son nom ou d’un monogramme, avec une signature incisée sous la base. Les assiettes de Gérard s’inspiraient de cette technique. Je crois me souvenir qu’on se demandait si Gérard n’avait pas eu une liaison avec elle.
 
ça me revient
avec ma cousine Cathy, lors d'un de ses passages à Paris, nous étions allés voir ensemble Uccellacci e uccellini avec son générique chanté composé par Ennio Morricone, mon film préféré (pour son humour et sa poésie) de Pier Paolo Pasolini dont l'histoire est la suivante : Innocenti Totò (Totò) et son fils Innocenti Ninetto (Ninetto Davoli) errent dans la périphérie et les campagnes qui entourent Rome. Faisant chemin, ils rencontrent un corbeau. Le film précise dans un sous-titre : « Pour qui aurait des doutes ou aurait été distrait, nous rappelons que le corbeau est un intellectuel de gauche, disons ainsi, d'avant la mort de Palmiro Togliatti. »
Le corbeau leur raconte l'histoire de frère Ciccillo et de frère Ninetto (eux aussi interprétés par Totò et Ninetto Davoli), deux moines franciscains à qui Saint François d'Assise ordonne d'évangéliser les faucons (les puissants) et les passereaux (les humbles). Si les deux moines réussissent à évangéliser les deux "classes" d'oiseaux, ils échouent à mettre fin à leur rivalité, les faucons continuant à tuer les passereaux : Saint François leur explique la guerre dans une perspective marxiste et les invite à reprendre leur évangélisation.
La parenthèse du récit du corbeau étant refermée, le voyage de Totò et Ninetto continue. Le corbeau les suit en continuant à pérorer. Les personnages rencontrent successivement des propriétaires terriens dans le champ desquels ils se soulagent et qui les chassent à coup de fusil, une famille vivant dans la misère et à qui Totò ordonne de le payer ou de quitter la maison, un groupe d'acteurs itinérants à bord d'une Cadillac, un congrès de "dentistes dantesques", un propriétaire à qui, cette fois, c'est au tour de Totò de devoir de l'argent. Enfin, ils se retrouvent aux funérailles du dirigeant communiste Togliatti et finalement rencontrent une prostituée.
À la fin du film, les deux, fatigués du bavardage du corbeau, le tuent et le mangent.
 
ça me revient
les premiers disques du groupe "Chicago" étaient des double-albums. Je me souviens aussi que Jimi Hendrix considérait que Terry Kath était le meilleur guitariste de sa génération 
 
ça me revient 
les derniers vœux de François Mitterrand le 31 Décembre 1994 lorsqu'il a dit "je crois aux force de l'esprit et je ne vous quitterai pas". Tout le monde savait qu'il était très malade.

ça me revient
les cigarettes des années soixante-dix, les "look" mentholées, les "Rothmans" et les "Dunhill",  qui étaient très classe et chères, les parisiennes, les "Craven A" très fortes et sans filtre, les "Chesterfield" qui avaient ma faveur
 
ça me revient  
ces quelques semaines durant lesquelles je photographiais les menus détails, tout ce qui me paraissait étrange saugrenu, comme si je voulais prélever des fragments de cette réalité qui me dépassait, où je n'avais plus la place d'agir, dans cet espace aseptisé devenu si vite familier, et où désemparé, mais sans rien en laisser paraître j'accompagnais mon enfant 
 
ça me revient
ce moment si émouvant que l'on voit dans ce film où les Beatles pendant les sessions de l'album "Get back" qui deviendra "Let it be" reprennent "You really got a hold on me" pour se ressouder
 
ça me revient 
de fil en aiguille l'album des Flying Lizards que j'écoutais en boucle en faisant, plus ou moins sous influence des collages  au format 13x18 fin 1979 début 80. C'est à Noël 79 qu'Agnès m'a offert un appareil photo Polaroïd
 
ça me revient
cette période de travail plutôt intense où non seulement il fallait dire tous les mots dans le bon ordre — avec un peu de travail, ça c'est sûr ça pouvait se faire c'est la moindre des choses et c'est la règle du jeu —, mais les gestes et les déplacements adéquats il fallait aussi les trouver. On essayait, on recommençait ce n'était jamais ça. On rechangeait le texte. Quand on parvenait à trouver une piste on faisait une pause. Au bout d'un moment on ne se souvenait plus. On avait tellement tricoté et détricoté sans jamais rien fixer on ne savait plus où on en était. Les intentions non plus ne correspondaient pas d'ailleurs. On se demandait parfois pourquoi on était là. D'autres apparemment auraient pu mieux correspondre. Elle, devant nous, passait son temps à regarder. Elle ne disait rien ne proposait rien pour restituer cette histoire qui semblait pourtant lui tenir à cœur. Peut-être croyait que nous étions dans sa tête. Des mois passèrent, le projet semblait en friche. Un jour elle a proposé de s'y remettre, mais au bout d'un moment sa mollesse d'intellectuelle petite bourgeoise a fini par me dégoûter. En plus elle n'avait guère fait évoluer son texte
 
ça me revient 
mon géniteur alors qu'il regardait Brassens à la télévision chanter "Les passantes" s'exclama un soir "il ne va pas très fort Brassens".
 
ça me revient
à une certaine époque, à la fin des années quatre-vingts ou au début des années quatre-vingt-dix, je me suis pris de passion pour les romans policiers de Stuart Kaminski, narrant les aventures du détective Toby Peters dans les milieux du cinéma hollywoodien.
 
ça me revient 
rue Littré, à Paris au milieu des années 70 il y avait une libraire qui moyennant une modique somme, organisait un système de prêt pour lire des livres plus ou moins récemment publiés. C'est ainsi que j'ai lu "terra amata" de Le Clézio, "le voyage à Naucratis" de Jacques Almira, "L'œuvre au noir" de Marguerite Yourcenar et quelques autres dont je ne me souviens pas
 
ça me revient
"Le comptoir de l'Orient et de la Chine" où dans les années soixante-dix on pouvait acheter des produits chinois fabriqués en Chine populaire, théières en argile, tasses, encensoirs, mais aussi pyjamas et vestes et casquettes bleues 

ça me revient 
à la fin des années 70, j'avais vu le premier film d'un certain Jean-Louis Daniel, très réussi, dont j'aimais beaucoup le titre "Trottoir des allongés" qui hélas fut en suite modifié par le distributeur en "La bourgeoise et le loubard"
 
ça me revient
enfant j'avais paraît-il un rythme cardiaque très lent. Mon géniteur trouvait ça très bien, parce que c'était le rythme qu'avaient les marathoniens et les coureurs de fond. J'ignore d'où il tenait cette information, et en quoi c'était bien pour moi.

ça me revient  
mon premier médecin fut Jacques Chautemps, le père de Dominique, Bien des années plus tard j'ai appris que c'est lui qui assista le poète Roger Gilbert-Lecomte dans ses derniers moments.

ça me revient
Lors de mon premier séjour là New-York un peintre nommé Kostabi dont j’avais vu quelques toiles à New York avait suscité ma curiosité

ça me revient 
Lorsque j’étais en troisième ou en seconde au collège, Saint-Sulpice, Monsieur Brunel, le professeur de français et Monsieur Paulin celui d’anglais animaient un ciné club. C’est là que j’ai vu pour la première fois "Le voyage fantastique" de Richard Fleischer, "Pas de printemps pour Marnie" d’Alfred Hitchcock, et "les Cheyennes" de John Ford.. Je me souviens aussi que mes camarades évoquaient aussi souvent le film "Cat Balou", qui avait dû être projeté à une séance à laquelle je n’avais pu assister, film que je n'ai d'ailleurs toujours pas vu.
 
ça me revient, mais il y a toujours quelque chose qui m'échappe 

dimanche 9 novembre 2025

COP 30

 

 
Voilà,
le trentième sommet de la terre s'ouvre à Bélèm. Tous ces colloques certes nous rappellent régulièrement l’importance des enjeux écologiques, mais il n'en sort que des promesses qui ne sont jamais tenues. Sept des neuf limites planétaires — ces seuils que l'humanité ne devrait pas dépasser non seulement pour ne pas compromettre les conditions favorables dans lesquelles elle a pu se développer  mais aussi pour pouvoir durablement vivre dans un écosystème sûr — ont déjà été franchies. En 2022, on n'en était qu'à quatre. A part la République populaire de Chine qui programme des plans d'État à trente ans, et peut-être les Norvégiens, le reste de la planète n'anticipe rien. L'humanité préfère s'en remettre aux dogmes de l'économie de marché plutôt qu'aux lois scientifiques et continue de croire à la possibilité d'une croissance infinie dans un monde fini. 
Autant dire que les conditions de vie sur terre vont continuer de considérablement s'amenuiser pour la majorité des espèces vivantes. Je ne vais pas insister ; il suffit de consulter le libellé "Planète"  de ce blog ; je recommande en particulier ces deux articles qui sont toujours d'actualité : d'une part l'interview de Meadows en 2012 mais aussi l'article de Thibaud Sardier paru dans Liberation en Novembre 2018, et puis aussi celui-ci, assez édifiant qui explique le fonctionnement des COP.
On a beau tenter d'être optimiste, de s'efforcer de noter chaque jour sur un petit carnet — suivant ainsi les préconisations du maître de Kopan, cinq menus plaisirs quotidiens,  parfois on ne peut empêcher les idées noires de vous submerger, tant l'état de la planète semble chaque jour plus accablant. Et pourtant, on ne pourra pas dire que nous n'avions pas été prévenus. Désormais, selon les experts "l'ampleur des réductions nécessaires, le peu de temps disponible pour les mettre en œuvre et un contexte politique difficile font qu'un dépassement des +1,5 °C de réchauffement est désormais probable, très vraisemblablement au cours de la prochaine décennies. Même des réductions drastiques des émissions à court terme ne pourraient pas l'éviter". Je ne peux que déplorer cette situation. Je quitterai vraisemblablement ce monde sans grand espoir pour les générations futures. J'espère juste que la vie pourra quand même continuer de se propager sous une forme ou une autre, et que même si l'humanité vient à s'autodétruire, certaines espèces vivantes développeront un autre cycle
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mercredi 5 novembre 2025

Sous le ciel incertain

 
Voilà,
ce matin-là de lents troupeaux de nuages traversaient le ciel d'automne. On eût dit que la lumière elle-même s’était éteinte comme si la ville entière, vidée de ses passants, n’avait conservé qu’un seul signe de vie, mais une vie déjà retenue, contenue, immobilisée. Un scooter, garé là évoquait dans son attente muette, un animal condamné à ne jamais bouger. Non loin, sur un pan de mur il y avait cette peinture de Seth représentant une petite fille de trois quarts dos, le cou légèrement incliné, absorbée dans la contemplation d’une petite maison de poupée ou peut-être d’un abri d’oiseau. Objet dérisoire pour l’adulte que j’étais, cette fresque suggérait que pour la fillette il constituait tout un monde.
Ce refus muet qu’elle semblait opposer à mon regard, réveilla en moi, sans que je l’aie convoqué, un souvenir ancien, trop longtemps enfoui. Je n’aurais su dire s’il m’appartenait en propre, ou si je l’avais rêvé. Je me revis, enfant, à la campagne dans le jardin étroit de mon grand-père, accroupi devant une cabane improvisée que j’avais construite de planches disjointes et de pierres branlantes. Inutile et fragile, pour l’enfant que j’étais, cette cabane représentait l’espace d’une souveraineté totale, un royaume secret, où je pouvais accueillir l’attente d’un oiseau, ou simplement la secrète promesse d’un mystère pour lequel je n’avais pas de mots. Je revis le vert pâle de l’herbe humide, l’odeur de la terre qu’un crachin d’octobre avait assombrie. Surtout je retrouvais ce sentiment alors éprouvé dans cette position accroupie, que le temps, ne m’entourait plus de sa contrainte mais se dilatait à l’infini, comme si chaque seconde contenait un monde.
Et ce souvenir, enfoui depuis des années, s'offrait avec une netteté d’autant plus poignante qu’il ne surgissait pas juste sous la forme d’une image isolée. Il avait aussi la densité d’un état de disponibilité absolue propre à l’enfance : celui où toute chose ne prend sens que par sa seule présence parce que l'on n’attend rien d’autre que ce qui est là, et que chaque chose – le moindre bruissement d’aile, une goutte tombée d’une feuille – semble chargée d'une infinité de possibles. La petite fille de la fresque, dans son silence obstiné, me signifiait que ce que nous appelons le passé ne s’éteint pas mais qu'il se tient tapi, prêt à se relever au moindre signe, pareil à un oiseau blessé, qui reprend soudain son vol au premier appel, alors que le ciel lui semblait à jamais interdit.
Sous le jour incertain et changeant, je restai longtemps immobile. Debout dans cette rue déserte, rempli de gratitude pour le moment présent, je ne songeai plus à ce que j’avais perdu, ni même à ce que je pouvais encore espérer. C'était comme si le temps  s'étirait et s'effaçait à la fois. Vaguement hagard, un peu étourdi, je réalisai, que tout ce qui fut jamais, tout ce que nous avons cru retenir, toutes les années et les gestes et les instants que nous pensions achevés, tout cela ne cesse jamais vraiment de flotter, impalpable et léger comme une invisible brume, dans l’air que nous respirons.

samedi 1 novembre 2025

Atlas d’anatomie

Voilà,
l'esprit carabin s'affiche assez volontiers dans les devantures des librairies médicales et des magasins d'articles de médecine. A l'occasion de la  parution de l'édition 2007, de l'atlas d'anatomie des Dr Frank H. Netter et  Carlos A. G. Machado, les vendeurs de la librairie Vigot Maloine, Rue de l'école de médecine s'en étaient donné à cœur joie. 
Dès sa 1ère édition en 2007, le "Netter" s'est affirmé comme un ouvrage remarquable grâce à la qualité et à la beauté de son graphisme. Les planches présentées sont à la fois fidèles à l'anatomie qu'elles illustrent et agréables au regard. Peints et réalisés à la main, ces dessins d'une exactitude stupéfiante, permettent au lecteur de découvrir des structures anatomiques sous un angle que seule une illustration peut fournir. C'est un ouvrage inspirant pour tous les médecins ostéopathes kinésithérapeutes, mais aussi pour les artistes qui travaillent sur les représentations du corps. Puisque désormais l'on célèbre Halloween en France, cette photo m'a semblé de circonstance.  
Sinon je continue mes déambulations dans Paris, autant par hygiène — parce que, même si c'est de plus en plus difficile, il faut bien marcher n'est-ce pas ? — que par désœuvrement. J'erre souvent sans but dans un état de distraction permanent. 

 
Souvent je suis perdu dans mes pensées et j'ai du mal à me concentrer sur le moment présent ; cela peut s'avérer périlleux lorsque l'on marche en ville où il y a des feux rouges, des voitures, des vélos des trottinettes et des feux de circulation pas toujours synchronisés. Parfois il m'arrive d'apercevoir des images sur les murs. La juxtaposition de ces deux- là rue du Renard m'a paru étrange.
Celle de gauche a été réalisée par Heber Fleitas, un street artiste  argentin. Il est connu pour réinterpréter des œuvres classiques, en leur donnant une touche moderne et colorée. La formation artistique de Fleitas est ancrée dans la scénographie. Il considère les murs de la ville et les espaces publics comme des scènes urbaines, où son art peut devenir une  "scénographie urbaine ». Ses fresques murales ne sont pas simplement décoratives ; il les considère comme de puissants outils de communication et d'éducation", est il écrit sur un site qui lui est consacré. Je n'ai pas pu trouver d'informations sur l'auteur des peintures couvrant l'autre mur.
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