Voilà,
les choses n'arrivent jamais comme on l'imagine et rien ne sert de faire des prédictions, mais, vraisemblablement des temps fort obscurs sont devant nous. Des temps de grande confusion. Les rancœurs accumulées favorisent les bas instincts, et nul ne peut dire ce que seront les prochaines semaines sous nos latitudes. Pourtant, il arrive cependant qu’au détour d’une de ces rues d’Avignon, où je traîne mon spleen, je puisse être ému, sans trop comprendre pourquoi. Ou plus exactement sans
vouloir m'avouer pourquoi. Depuis huit mois, je suis en quelque sorte totalement désaccordé. Je suis en totale inadéquation avec cette réalité. Mais la réalité elle-même a depuis quelques semaines pris un tour délirant. On ne p(v)oulait imaginer que la folie, l’incompétence l’immaturité d’un homme persuadé de son destin et de la pertinence de ses décisions, et peu enclin à tenir compte de l’avis des autres, enchaîne autant de choix absurdes qui ébranlent à ce point nos institutions. C’est comme un temps suspendu. Un temps de sidération. Les choses, les lieux sont là, mais plus rien n’a la même saveur. Je m'étonne d'être de nouveau, dans l'insupportable microcosme du théâtre qui tient ici son rendez-vous annuel. J'y suis un peu malgré moi, car mes partenaires tenaient à ce que nous y retournions ensemble cette année. J'ai cédé à la pression du groupe. J'ai du plaisir à jouer ce spectacle, certes, mais je n'aime pas cette ambiance. Toutefois cette année, le contexte est si étrange, que cela rend l'affaire un peu plus piquante.
Quel paradoxe, ce festival qui se tient dans une région chaque année un peu plus gangrénée par l'extrême droite nationaliste.
Quoi qu'il en soit, hors du festival officiel, chacun est là pour
vendre son produit. C'est le règne de l'ultralibéralisme culturel. On
retrouve les réflexes habituels, chacun cherche à contacter spectateurs,
programmateurs, tourneurs. Mais cela n'a aucun sens désormais. Ce
secteur d'activité va être un des premiers à subir les foudres de ceux
qui s'apprêtent à nous gouverner. On le sait depuis longtemps, ce ne
sont pas vraiment des amis de la culture. Ils s'efforceront très vite de
mettre au pas nombre de ces gens qu'ils considèrent comme de dangereux
perturbateurs.
photo Guillaume Samama
Ce genre d'image et de propos n'aura sans doute plus cours d'ici quelques temps. Il faudra juste distraire le public, et surtout ne pas lui donner en même temps, matière à réflexion. De tels spectacles deviendront tout simplement indésirables. Alors, profitons, tant que c’est encore possible du peu de liberté qu'il nous reste, et partageons cette pièce de Laurent Gaudé, « Cendres sur les mains » qui donne un peu à rire de notre misérable condition. Er gardons en mémoire ces mots de Kafka né un 3 Juillet : “Quand une fois on a accueilli le Mal chez soi, il ne demande plus qu'on lui fasse confiance. ”
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