Mais tout paraît bien futile, tant les nouvelles ici sont alarmantes. La guerre semble inéluctablement s’approcher. C'est une question de mois. Aujourd'hui une base militaire en Ukraine située à vingt kms de la frontière polonaise a été pilonnée. Du jour au lendemain tout peut s'embraser. Rien ne paraît pouvoir arrêter Poutine, qui multiplie les provocations sauf un accident de santé ou un coup d’état. C’est la même folie meurtrière que Bachar el Assad, mais avec en plus le feu nucléaire et l’assurance d’une quasi impunité.
En d’autres temps on aurait, sur les écrans, parlé en boucle de Jean-Pierre Pernault ce célèbre présentateur de télévision français qui vient de disparaître. Ou l'on se serait hystérisé à propos de la campagne électorale. Au lieu de quoi, passent sur les chaînes d'information continue des images de colonnes de civils fuyant des ville ukrainiennes bombardées qui, vont s'ajouter à la longue liste des villes martyres de ce début de siècle. Évidemment, on parle beaucoup moins du Yémen où une autre catastrophe humanitaire est en cours. Mais bon, pour les occidentaux, ce n’est qu'une affaire d’arabes qui se font massacrer — avec des armes françaises — par d’autres arabes.
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Un détail qui en dit long : dans les salles d’attente d’hôpital, on n’allume plus les télévisions tant les nouvelles du monde sont anxiogènes.
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Je n’ai pas trop le goût d’écrire. Je suis comme anesthésié. Je suis sidéré par ce qui arrive, et par les conséquences à long terme pour la planète des événements actuels. Bien sûr, j'ai souvent évoqué le tropisme suicidaire de l'espèce humaine. Mais j'écrivais sans doute cela pour exorciser mes propres peurs. Il faut s'y résoudre, l'humanité est définitivement prédatrice. Je crains que dans les années qui viennent, on parle moins d'écologie que de stratégie militaire, de décisions d'états- majors, de mesure de rétorsion, de gaz, de pipe-line, et de famines.
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Même, regarder les highlights du super Rugby Pacific me laisse mélancolique. Je me prends à envier les gens qui vivent sous ces latitudes lointaines, loin des zones de turbulences. Ce qui faisait le sel de la vie, les secrets rituels, le retour du printemps (avec les beaux jours on change de parfum, je délaisse "L'Autre" de dyptique pour "Cédrat intense" de Nicolaï, je bois du"thé des moines"), les sorties, le théâtre le cinéma, les dimanche matin à écouter France-Musique quand se succèdent de formidables émissions, tout cela désormais a le goût d'une eau saumâtre. Le peu d'avenir qu'il me reste ne sera pas très lumineux . Je m'inquiète pour ma fille.
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Avant les matches du tournoi des 6 nations les spectateurs applaudissent en solidarité avec les Ukrainiens. Cela semble si dérisoire, si infantile. Contre l’aviation russe, ce n'est sûrement pas de cela dont ils ont besoin. Je me sens tellement impuissant.
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Je n'ai plus trop le goût de la photo. Je ne suis pas très inspiré. Il y a quelques mois à peine, je pouvais m'émerveiller d'un mur peint découvert par hasard, comme celui-ci, du côté de Ménilmontant, où il y en a de nombreux autres. Aujourd'hui, je crains de me retrouver un jour coincé dans cette ville sans possibilité de m'en échapper.
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Il ne m'est pas très facile de me conformer à ces recommandations d'un personnage de la pièce de Peter Handke, "Par les villages" publiées hier dans un post en fait rédigé, comme tant d'autres, il y a plusieurs semaines. Je ne suis d'ailleurs pas certain, à l'heure qu'il est, d'avoir encore la force, l'envie, la nécessité de proposer de nouvelles pages. Je ne sais pas. Il y en a une cinquantaine, plus ou moins terminées, mais dont le texte ne me satisfait guère, qui attendent sagement dans mon ordinateur. On verra. Peut-être les idées viendront-elles. Ou pas. Ou bien je me contenterai de citations, sous des images. Le mieux serait de parvenir à une description strictement phénoménologique de la réalité telle que je la constate, de m'abstenir de tout jugement, mais je n'ai pas les dispositions intellectuelles pour cela. Et puis il est probable que ce que l'on perçoit, retient de la réalité constitue déjà en-soi, une forme de jugement.
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What if we don't accept the suicidal mode of the world today? How will that work? I refuse.
RépondreSupprimerbest... mae at maefood.blogspot.com
Personally, I agree with Mae. She nailed it. I will, instead, focus on viewing this gorgeous mural with the cats.
RépondreSupprimerI´m with you as well as with Mae and Elizabeth.
RépondreSupprimerChildish, well. Dr Vitali Klitscho explicitly asked people to help morally, and many do. It keeps the people to stay strong.
And yes, there are other place where war hits, dumb wars with weapons delivered by others.
"Mankind" seems to want this, somehow, somewhere... but we must see the good things, like that mural and thyme that regains life after winter.
Tribalism, nationalism... I am like you-- worried. But I mentally survived the bad craziness that went on in the 40 or so years after WWII. I am made hopeful by the speed and uniformity of the "western" response. I'm glad I'm not in charge.
RépondreSupprimerI too sometimes feel a bit guilty that life carries on and we go out and enjoy ourselves when some people are at war, going hungry, being bombed... Not sure we as single people can do anything to stop the war, but we can some moral support to the Ukranian people. I hope that some world governments are able to stop that Russian madman soon!!
RépondreSupprimerThe mural is quite pretty, thanks for participating in Monday Murals Kwarkito.
Stop the world, I want to get out. Pensée du jour. Putin, you lying piece of shit, fuck you!
RépondreSupprimernos commentaires sont dérisoires. en revanche, penser la guerre relève d'une nécessité peut-être absolue. l'illusion dans laquelle nous vivions, nous Européens, cette illusion selon laquelle nous serions épargnés par la guerre a pris fin. et ce n'est probablement pas plus mal.
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