mercredi 28 août 2019

Dormir pour oublier (28)



 Voilà,
donc, pour nous enjoindre de jeter nos détritus dans la poubelle, le publiciste a choisi l'expression "ça ne mange pas de pain" qui signifie  — je le précise pour mes lecteurs étrangers — que cela n'exige pas d'effort particulier. Mais le sans-domicile que la société réduit à l'état de déchet, et qui a posé son carton à proximité de la poubelle, lui non plus ne mange pas de pain. Que le publiciste, puisse, vraisemblablement parce qu'il ne prend jamais le métro, imaginer un slogan aussi con, peut à la rigueur se concevoir, mais que les responsables de la RATP qui eux ne doivent pas ignorer le nombre croissant de sans-abri qui s'épavent dans le métro n'aient même pas songé que leur campagne pouvait relever de l'obscénité laisse un tantinet perplexe. Mais, peut-être finalement, ce message n'exprime-t-il rien d'autre que le cynisme plus ou moins conscient de ceux qui inventent et diffusent les mots d'ordre supposés nous édifier.

3 commentaires:

  1. Pathétique et révoltant.
    Le manque de réflexion sur la portée des mots est si généralisé.

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  2. It is a sad state of affairs Kwarkito, when the slight of a homeless person sleeping in the street is less important than offending someone passing by.

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  3. Au Brésil, on dit des SDF qu'ils sont invisibles. Je ne me souviens plus quel est le sociologue, peut-être français, qui a compris l'invisibilité des SDF. Cette invisibilité n'est pas seulement une métaphore. Pour les publicistes et les responsables de la RATP, les SDF sont "réellement" invisibles. C'est tragique, c'est révoltant, c'est pathétique. Comment rendre visible les invisibles ? En publiant des photos de ces personnes, de ces êtres à part entière humains.

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