Voilà,
en terrasse au buffet de la gare de Béziers entre deux trains. Les grillons stridulent dans les platanes. Je me souviens avoir été là il y a presque (...)ante années jour pour jour. Et d'un certain danger auquel j'ai alors échappé - mais j'étais déjà un être très méfiant -. Je ne pensais pas à cette époque atteindre l'âge que j'ai à présent, et si j'imaginais le vingt-et-unième siècle c'était bien autrement. Plus proche des bandes dessinées de mon enfance, vraisemblablement. Je me rêvais voyageur. C'est assez comique quand je songe à l'angoisse qui me saisit à la constitution d'une simple valise. Je crois que si je rencontrais le jeune homme que j'étais à ce moment-là j'aurais envie de lui coller une grande beigne. Le souvenir d'avoir été celui-là me file encore la honte. Depuis, des paysages m'ont traversé j'en ai traversé d'autres, des êtres rencontrés m'ont changé - pas suffisamment à mon goût (il est difficile de se quitter tout à fait et ce blog d'une certaine façon en témoigne). J'ai toujours autant de doutes, peut-être d'une autre nature. En dépit de mon pessimisme et même si ce qu'est devenu ce monde ne me réjouit guère, j'aime la vie. Parfois une grande angoisse me saisit quand je pense a tout ce que l'Espèce a entrepris pour la rendre plus fragile. Hier soir, à Avignon, dans la foule des festivaliers, la fugitive vision d'un rougeoiement embrasant le ciel nocturne m'a presque transi, malgré la lourde chaleur qui sévit sur la région. Oui il faut vivre avec cette menace et dans son déni entretenu par les médias les gouvernants et les puissances industrielles, comme si rien n'avait changé depuis Tchernobyl et Fukushima, comme si ce qui est arrivé ailleurs n'était pas possible ici. Mais Il faut vivre cependant, pour la part de rêve de mystère et de fantaisie que certains - parfois sans même en avoir conscience - portent en eux comme un don de la providence - et qu'une simple rencontre peut soudain révéler.
Bien sûr en vieillissant on rencontre de moins en moins de vraies surprises et on est plus conscient des dangers, mais quand même...Tu dis "il faut vivre cependant", moi je pense: quelle chance, je suis encore là, voyons ce qui peut me faire rire ou rêver aujourd’hui.
RépondreSupprimerLe nucléaire fait moins peur je trouve que tous les pesticides et autres produits chimiques que nous avalons tous et partout...
Près de 37º en ce moment dehors, il est difficile d'apprécier la beauté de la nature, l'air est trouble. Je pense plutôt à ta boisson bleue....