jeudi 11 août 2016

De la peur et des images


Voilà 
que je m'interdis la publication de certaines images. Des photos par exemple qui m'engagent trop auprès des personnes qui s'y trouvent et qui me sont chères. Ou bien des peintures digitales aussi, des dessins des collages des techniques mixtes dont je crains qu'ils soient trop choquants ou violents. D'ailleurs quelques images bien que je les ai conçues me foudroient. Sans trop m'expliquer pourquoi, je leur attribue une intention maléfique, non qui viendrait de moi, mais dont elles seraient porteuses en quelque sorte à mes dépens, comme si elles m'avaient échappé. C'est étrange une image. Tant qu'elle se fabrique, elle se laisse regarder d'une certaine façon. On est occupé par des problèmes bien techniques, de contraste de définition, de densité de couleurs, de transformation, de calques etc... Mais achevée, il arrive qu'une sorte d'effroi gagne. Car il semble à présent que ce soit l'image qui fixe, regarde scrute celui qui tout à coup ne peut plus observer tant il se sent à la merci d'un mystérieux pouvoir de persuasion qu'il ne peut s'empêcher de lui attribuer. Oui l'image regarde convoque d'insoutenables fictions que l'on voudrait aussitôt chasser de la pensée. Mais trop tard, le mal est fait. Sournoisement l'image a déjà commencé son lent travail de sape.
Certaines images il ne faut pas trop se laisser capter par elles. Il faut les tenir à l'écart. Les reléguer. Faut-il pour autant les détruire ? Je ne suis pas certain.
Est ce qu'une image peut porter malheur ? Pourquoi une image apparaît elle ? Les images ont-elles un pouvoir ? Peut on faire de la magie malgré soi ? Ai-je des heures où je suis sorcier ?  Parfois les images captivent et suscitent du bien-être, suis-je alors un bon chaman ? Comment tenir à distance les images ? Certaines formes génèrent elles des angoisses particulières ? N'est il pas stupide de charger une image d'intentions alors que ce n'est rien d'autre qu'une surface optique composée de pixels ? L'image provoque-elle un effet de dédoublement ? Est-il possible qu'on puisse être prisonnier d'une image comme l'enfant dont on raconte l'histoire dans "La Jetée", de Chris Marker  —  je mets en lien le film en version anglaise spécialement pour toi Bill au cas où tu ne le connaîtrais pas —. Suis-je d'ailleurs à jamais prisonnier de l'émotion que suscita ce film lorsque je le vis pour la première fois ? Mais ça c'est une autre histoire.
Donc, l'imagination enfante parfois des monstres. Ma propre imagination. Aujourd'hui je ne suis plus en mesure d'y faire face. Il arrive que je me détourne de ma propre production. Mais bon, pour ce qui est de cette photo, elle me plaît sans me faire peur. Et je suis parvenu à disparaître du reflet

1 commentaire:

  1. Thanks for this, my friend. I had not encountered this film or Chris Carter before.

    When I was a child-- especially in the early 50's--- I would see nuclear bomb tests on television-- buildings blown away like tissue paper, islands disappearing. And I was even aware of the craziness of some people in power over there, and even here. I had no hope for the future. Occasionally I am surprised to have made it this far. It seems we have our own horrors for this time, but the total effect seems the same. I watched this, but I need to watch it more closely, and without distraction.

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