Voilà,
le téléphone une fois raccroché, je me suis demandé pourquoi il avait éprouvé le besoin de parler autant. S'était-il ainsi répandu depuis son lit d'hôpital parce que la mort était passée très près ? Le matin même je lui avais envoyé un SMS, pour lui témoigner mon soutien et lui adresser mes vœux de rétablissement, parce que la veille, il avait annoncé, son hospitalisation à ses abonnés Whatsapp.
Je l'avais laisser s'exprimer — il semblait en avoir besoin — sans rien objecter aux phrases définitives à propos de l'actualité politique, littéraire, sociale qu'il assénait d'un ton péremptoire. Rarement non plus, il n'avait auparavant dressé un tel inventaire de toutes les personnes célèbres et réputées qu'il avait rencontrées. J'attribuai cette soudaine exaltation dont il est ordinairement peu coutumier aux corticoïdes qu'on lui avait administrés, et dont l'effet peut se comparer, m'avait-t-il expliqué, à celui des amphétamines. Au passage il en profita pour évoquer cette époque du Palace où il prenait des cocktails d'amphétamines et de coke pour baiser toute la nuit dans de ce qui était alors le temple populaire de la luxure et du libertinage.
Mais quand même, il m'avait aussi raconté ce que le médecin lui avait dit. Apparemment il avait eu de la chance.
Je me fais donc à présent du souci pour mon ami, en même temps que je ne peux m'empêcher d'éprouver un vague malaise que je ne parviens pas à dissiper. Son monologue trahissait une sorte d'hystérie mêlée de fausse désinvolture, qui ne lui ressemblent vraiment pas. J'espère qu'il va promptement se rétablir.
C'est curieux comme ces derniers jours j'ai pu recevoir d'étranges messages. Certains m'ont laissé vraiment perplexe. Mais ces temps sont si incompréhensibles et parfois tellement effrayants. Et qui sait ce que moi-même je pourrais faire d'ici peu.
Histoire de m'aérer les neurones, j'ai donc résolu de m'accorder un petit tour dans le périmètre autorisé. Après avoir rempli le formulaire adéquat, ça va de soi. J'ai emprunté un raccourci par le cimetière, en évitant les grandes allées, car en ce jour de Toussaint, c'était l'affluence. J'ai traîné de-ci de-la, une heure durant, puisque c'est le temps qui m'est imparti.
Cependant je ne suis pas repassé par l'Avenue du Général Leclerc. Voilà quelques temps déjà j'y ai photographié cette fresque étrange, peinte par l'artiste evazeSir nrc. Une sorte de collage mural, assez destructuré.