dimanche 29 novembre 2020

To be a collage of magazine dust

 
 
Voilà, 
To be a collage of magazine dust
Scratched on foreheads of walls of trust 
this is just jail for those who must
get up in the morning & fight for such
unusable standards  
while weeping maidens  
show-off penuries & pout 
Jim Morrison in "An american Prayer" 
Linked with Monday murals 

vendredi 27 novembre 2020

Through the window

 
Voilà,
j'ignore tout de ces deux types photographiés à l'auberge des étangs de Comelle courant Octobre. Peut-être l'un des deux conseille-t-il à l'autre un bon bouquin au cours de leur conversation. Comme promis lors d'un précédent post je continue, pêle-mêle, la liste de ceux et celles qui m'ont orienté dans mes lectures : Sophie m'a encouragé à lire "D'acier" de Silvia Avallone et "Réparer les vivants" de Mayliss de Kerangal, il y a Laurent Perroud, qui avant de partir s'installer aux États-Unis, m'avait, parce qu'il vidait sa bibliothèque, donné "Les Béatitudes bestiales de Balthasar B" de J.P Donleavy. C'est lui aussi qui m'avait fait découvrir John Irving,. "Ce qu'aimer veut dire" de Matthieu Lindon, ce fut Ariane M. (fallait-il y voir un message ?), "Gilles" de Drieu la Rochelle, c'est Manuel Flèche, "Le sang noir" ce chef d'œuvre de Louis Guilloux, ainsi que "Lourdes, lentes" écrit par André Hardellet, c'est grâce à Daniel Isoppo. Mylène Wagram, quant à elle m'a fait connaître "Banal Oubli" de Gary Victor, et aussi le génial "Pays sans chapeau" de Dany Laferrière. Grâce à Colo, j'ai trouvé "Le Chasseur d'histoires" d'Eduardo Galeano. "Epreuves, exorcismes" de Michaux, c'est Didier Flamand  et son spectacle "Ecce Homo" à partir d'un poème extrait de ce recueil. Philippe Tiry fut la seule personne à me parler de Pius Servien, un philosophe difficilement trouvable aujourd'hui, mais dont j'ai lu "Science et hasard" et à propos duquel Paul Valéry a écrit un article intitulé "Le cas Servien". En ce qui concerne les livres de Jerzy Kosinski, pour qui j'ai nourri une véritable passion littéraire au début des années 80, je crois que c'est Ariane Pick. Louis-Ferdinand Céline, c'est mon ami Jean-Jacques G, — nous étions si jeunes alors —.... Nul doute que je poursuivrai cet inventaire. un de ces jours... là j'ai trop sommeil.
(Linked with weekend reflection

mardi 24 novembre 2020

Christophe Dominici

 
Voilà,
aujourd'hui Christophe Dominici a mis fin à ses jours. C'était un joueur de rugby, talentueux, un marqueur d'essais, un feu follet rapide élégant, lumineux sur le pré et toujours aimable et souriant dans ses interviews. C'était un être fragile aussi, qui au sommet de sa carrière, avait traversé une longue dépression. Il a enchanté certains de mes weekends tant il était beau à voir jouer. Son style, sa classe irradiaient sur le terrain. Ses fulgurances donnaient à ce jeu cette dimension d'imprévisibilité qui en fait tout le charme. Il a réalisé bien des miracles dans le XV de France. Il fut un des artisans de cette incroyable victoire contre les All Blacks durant la coupe du monde de 1999. Dans les jours sombres que ce pays traverse (crise du Covid, marasme économique, restriction des libertés, atteinte aux droits de l'Homme, état policier qui s'installe doucement) cette détresse et cette solitude qui l'ont mené au suicide accroissent ma tristesse en même temps qu'elles ravivent les souvenirs d'un temps où la vie était plus légère, et les joies simples, partagées.

lundi 23 novembre 2020

Dormir pour oublier (30)


Voilà,
le Général de Villiers, ancien chef d'Etat-Major des armées qui fut — le premier dans l'histoire de la Vème République — humilié publiquement par le nouveau président Macron alors démangé par un soudain prurit d'autoritarisme, au prétexte que ce général, avait, dans ce langage un peu fleuri qui se pratique souvent dans les casernes (preuve que notre zézayant président est fort peu au courant des mœurs soldatesques), contesté le budget des armées, de Villiers donc, après avoir démissionné suite à cet épisode, a mis à profit sa retraite pour commettre trois livres en quatre ans. "Servir" en 2017, "Qu'est ce qu'un chef ?" en 2018, et "l'Équilibre est un courage" en 2020.  On est en droit de se demander ce que cache cette année sabbatique de 2019. Peut-être Notre Général, l'a-t-il employée à travailler à l'élaboration du titre de son dernier opus. Je dois humblement avouer que je n'ai lu aucun de ses livres — un précédent billet peut en justifer la raison —. D'ailleurs peut-être ai-je tort. Les deux premiers semblent possiblement des ouvrages consacrés à la restauration ou à l'art culinaire. Pour ce qui concerne le troisième j'avoue que son titre m'intrigue. Il me paraît maladroit, recèle en très peu de mots, plusieurs incongruités, et finalement s'avère dépourvu de sens. D'abord "l'équilibre" : l'équilibre est un état. Ensuite le courage. Le courage est une vertu. Une vertu est une qualité définie et singulière. Elle ne peut donc s'accompagner d'un article indéfini. Comment un état peut-il s'apparenter à une vertu ? Mais peut-être cet énigmatique intitulé se révèle-t-il, après études de marchés, potentiellement vendeur je l'ignore. Quoi qu'il en soit, je serais éditeur, j'aurais honte d'avoir publié une telle offense à la langue française
Sinon, j'ai pu apercevoir dans la presse (dans la revue économique Challenges) un article selon lequel, devant l'absence de perspectives et la persistance d'inégalités profondes, une partie des gilets jaunes, pourrait se laisser séduire par la figure du général Pierre de Villiers en 2022. "Le côté Père Fouettard pourrait plaire", alerte le sociologue Jean Viard. Il paraît même qu'un des porte-parole de ce mouvement par ailleurs assez hétéroclite bordélique et idéologiquement très confus (et donc en cela bien français) aurait, au printemps dernier suggéré que  le général remplace Edouard Philippe au poste de premier ministre, ce qui prouve l'ignorance de ce Christophe Chalençon, concernant les rapports qu'entretient Macron avec ce militaire. Comme si les gilets jaunes n'avaient pas assez morflé avec les forces de l'ordre, ils en redemandent encore. Mais la presse réactionnaire n'est évidemment pas hostile à ce genre de perspective. "Je sens que ça pourrait bien lui trotter dans la tête", confie par ailleurs un artisan du village où a grandi la fratrie de Villiers. Et d’ajouter : "Ça bouillonne des fois quand il vient me voir avec sa vieille 2 CV bleue, et peste contre les excès des écolos, les politiques et les médias sur leur nuage. Des paroles, des paroles... avec Pierre, on aurait du concret." Si le mystère sur ses intentions réelles dans la course à l’Élysée plane toujours, Pierre de Villiers a toujours "esquivé" le sujet, ajoute l'article de Valeurs actuelles. Mais d'autres journaux, commencent à faire monter la mayonnaise autour de ce monsieur. Il semblerait que l'oligarchie, qui finance aujourd'hui la presse, ait besoin d'un homme à poigne à la place de son petit valet. "Le Figaro", "L'Opinion", "Sud-Ouest", BFMTV, Europe 1, s'y collent eux aussi. Le syndrome Boulangiste. La France a toujours eu depuis Bonaparte, une fascination pour les généraux qu'elle imagine souvent comme des sauveurs.
Cela dit, toutes les dispositions législatives sont d'ores et déjà adoptées pour qu'advienne un état autoritaire, militariste et policier. Notre général n'aurait pas grand chose à changer.
Décidément, nous vivons des temps déraisonnables et à bien des égards, sinistres. Ce n'est pas simplement la bêtise des gouvernants et la crétinisation des masses, alimentée par les medias mainstream, qui inquiète. C'est que tout cela advient sur fond d'une omniprésente misère, qui va croissant, et ne se peut confiner. En voilà, un exemple, photographié au printemps dernier pendant le premier "lockdown". J'ai toujours quelques scrupules à faire de telles images, mais Atget, Izis, Doisneau, Cartier-Bresson, Kertész, et bien d'autres en ont aussi fait de semblables dans cette ville. Alors....

dimanche 22 novembre 2020

Étrange coïncidence


Voilà,  
cette peinture murale prise à Chartres début Septembre représente Jean Moulin, qui dirigea le Conseil national de la résistance durant l'occupation nazie, avant de mourir sans avoir parlé sous la torture de la Gestapo. Il fut, avant-guerre, préfet à Chartes, et dans ce portrait son regard est dirigé vers son bureau d'alors. Vendredi dernier, Robert Cordier, son secrétaire pendant la guerre, est mort à l'âge de 100 ans. Une fois la paix revenue, il devint un grand collectionneur et marchand d'art. Par une étrange coïncidence. la mort de ce grand résistant qui fut un des premiers à rejoindre De Gaulle à Londres, coïncide avec la volonté de l'actuel gouvernement de faire passer une loi dite de Sécurité globale qui prévoit la pénalisation de la diffusion d’images de membres des forces de l’ordre (police ou gendarmerie) agissant dans le cadre de leurs missions d’ordre public. Cette loi porte atteinte à la nécessaire transparence de ces opérations. Elle préconise aussi des sanctions très lourdes (un an d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende), ce qui empêcherait tout contrôle citoyen, favoriserait l’impunité des auteurs de violences policières, voire permettrait aux forces de l’ordre de «cacher leurs dérapages ».
Le ministre de l'intérieur a même fait valoir que les journalistes devraient demander l'autorisation de couvrir des manifestations auprès de la préfecture. En allant à l’encontre de la liberté de la presse, ce texte sape aussi le droit d’informer et de s’informer, ainsi que la liberté d’expression. Pour Amnesty International, cette proposition de loi conduirait la France à ne pas être en conformité avec ses engagements internationaux en matière de droits humains. Ainsi, peu à peu, notre pays, dont les dirigeants sont toujours enclins à donner des leçon de démocratie au reste du monde, prend peu à peu la forme d'un état policier, où le droit de manifester est sans cesse restreint et pénalisé.
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vendredi 20 novembre 2020

Vieux Fichiers


Voilà,
parfois je fais ça, je parcours les vieux fichiers. Je comprends alors pourquoi je n'ai pas jeté certaines photos qui a priori auraient pu me sembler ratées. Sans doute voulais-je voir, si, à l'épreuve du temps, elles perdraient de leur attrait de leur mystère ou de leur enchantement. Il n'en est rien et longtemps après certaines continuent de m'intriguer : ainsi de ce reflet tremblé dans la vitre d'un train de banlieue, avec ces visages déformés évoquant des masques ou des fantômes. Avais-je pressenti que ce serait un jour la façon dont je percevrais pour de bon la réalité ? Avec une soudaine précipitation. (Linked with weekend reflections)

mardi 17 novembre 2020

Try again.Fail again. Fail better

 
Voilà, 
récriminer contre l'état du monde, le cynisme des dirigeants, la bêtise de la doxa etc... me fatigue autant sans doute que cela doit lasser mes quelques lecteurs. Si je le fais si souvent, c'est probablement  pour mettre ça hors de ma tête, pour que ça ne macère pas. D'ailleurs je ne raconte pas non plus que des conneries. Mais à quoi bon, tout ça n'a aucune utilité. Si ce n'est que l'exercice  consistant à rédiger par écrit un point de vue et tenter ainsi de mettre de l'ordre dans ses pensées peut s'avérer, tout aussi salutaire que le verbicrucisme le cruciverbisme et le scrabble.
"La meilleure philosophie, relativement au monde, est d’allier, à son égard, le sarcasme de la gaîté avec l’indulgence du mépris" écrivait Chamfort. C'est à cela qu'il faudrait se tenir. Pas facile tout de même.
Je ne devrais pas non plus me répandre sur mes inquiétudes et mes chagrins. La mort guette, frappe indifféremment alentour. Pour tout un tas de raisons. Parfois fort injustement. De plus en plus souvent et de plus en plus près. Je perds des amis de jeunesse, des compagnons de route. Il faut s'habituer. C'est dans l'ordre des choses. Ça n'ira pas en s'améliorant de toute façon. 
Il faudrait donc se préparer aussi à l'idée de sa propre disparition. Il paraît que ça sert d'abord à ça la philosophie.même si rien n'a plus beaucoup de sens et que l'on se trouve peu d'utilité à mesure que s'égrènent les années. C'est quoi déjà cette phrase de Nietzsche que De Gaulle aurait paraît-il inscrite sur le livre d'Or de l'ambassade de France à Dublin le 18 Juin 1969  ? Ah oui  "Rien ne vaut rien, il ne se passe jamais rien et cependant tout arrive, mais cela est indifférent". On croirait du Beckett. Celui-là même qui écrivait "Ever Tried. Ever Failed. No Matter. Try again. Fail again. Fail better"
Alors je continue malgré tout. C'est juste un passe-temps comme ces sculptures naïves que les bagnards taillaient au couteau sur des noix. Mais un passe-temps nécessaire. D'ailleurs dans ces périodes de confinement  — où, ne l'oublions pas, il est tout de même plus facile d'éviter la mort que si des bombes nous tombaient sur la gueule —, la conscience soudaine du temps peut parfois nous submerger et nous perturber autant que la présence du virus dans les parages.
Alors "faire" tant qu'on le peut. Agir, profiter de cette fenêtre pour montrer des images et raconter des choses à des inconnus. Créer du lien, même virtuel. Produire, parce que c'est tout de même encore une forme de lutte, dérisoire bien sûr, mais qui témoigne qu'un reste de vitalité subsiste encore.  
J'espère être en mesure de voir au printemps prochain, le prunus shirotae du jardin des plantes en fleurs. Je promets que je le photographierai alors.

dimanche 15 novembre 2020

Bar & Cantina

  

Voilà,
cet établissement, est situé entre la place Saint Michel et le boulevard St Germain rue Hautefeuille qui abrite aussi un petit restaurant que j'adore pour la simplicité de sa carte et son cadre rustique. J'y suis souvent venu avec ma fille. S'y trouve aussi un cinéma que je fréquente depuis mes dix-sept ans.
Je ne sais de quand date cette peinture murale d'inspiration mexicaine, ni si elle a été commanditée par les propriétaires de ce bar de nuit, autrefois fréquenté par la jeunesse. Il est probable que ces endroits risquent de ne pas réouvrir de sitôt en raison du confinement causé par la crise du covid et des implications économiques afférentes. Ce nouveau monde en train d'advenir, je sens bien qu'il est difficile de s'y résoudre. Ici la plupart des gens sont comme tétanisés, plus ou moins dans l'attente de quelque chose qu'on n'ose se formuler, essayant de se persuader qu'un vaccin suffira pour que l'on puisse retrouver la vie d'avant. Mais ce qui guette, c’est surtout une crise économique et de l'emploi qui risque d'être terrible. Pour le moment des mesures compensatoires et provisoires, maintiennent certains commerces à flot, mais pour combien de temps. C'est toute notre organisation sociale qui va s'en trouver bouleversée. Tout cela sur fond d'urgence climatique et de menace terroriste croissante en Europe. Plus que jamais, comme le faisait remarquer Annie Clément-Perrier, en introduction à un article consacré à la photographie chez Claude Simon, "toute photographie rend sensible la dimension mélancolique du temps, atteste la vulnérabilité de l'existence, de ce qui a été, dont il reste l'empreinte lumineuse, la trace visible laissée par la chose désormais absente". Cette chose qui risque de s'absenter d'ici peu, c'est une certaine forme d'insouciance voire d'inconséquence de légèreté et de frivolité, si caractéristiques de ce pays. Et qui sait si d'ici peu nous n'en viendrons pas à ressembler à ces deux personnages aux regards vides. Je plaisante, bien évidemment.


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vendredi 13 novembre 2020

St Jean Baptiste

 
Voilà,
j'ai souvent témoigné sur ce blog de mon intérêt pour l'art contemporain autant que d'une certaine défiance à son égard. Selon Marcel Duchamp "c'est le regardeur qui fait l'œuvre". L'œuvre présentée ici est une authentique œuvre d'art tangent. Comme l'a fait remarquer Benjamin Tardillon "ce sont les œuvres qui sont tangentes, non les artistes, et tout le monde peut participer à l’émergence d’une œuvre tangente car souvent l’œuvre tangente est là, à côté de nous ; il suffit de la regarder pour la voir." Celle-ci par exemple, avec son air de momie : un "St Jean Baptiste" de Rodin revisité sous le triple patronage de Joseph Beuys connu pour ses sculptures en feutre, de Christo célèbre pour ses emballages, et de Daniel Buren réputé pour l'utilisation des bandes :-)
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mardi 10 novembre 2020

Dévastation


Voilà,
cette nuit j'ai rêvé que j'étais en proie à des hallucinations. Chaque fois que j'entrais dans les toilettes de mon appartement, elles offraient un état de dévastation toujours différent qui m'angoissait aussitôt un peu plus. La première fois j'en étais aussitôt sorti stupéfait et en quelque sorte effrayé par ce que je venais de constater. Mais y retournant j'avais compris que le décor ne pouvant aussi vite changer, c'était mon imagination qui produisait ces transformations. Pourtant touchant les murs répugnants d'où la peintures s'écaillait en vaguelettes, j'avais au bout de mes doigts la sensation physique de la dégradation des lieux. Cela se mélangeait confusément à une vague information qu'il m'avait semblé voir où entendre selon laquelle un décret avait drastiquement durci le confinement, de sorte que je me retrouvais sans réserve alimentaire. J'étais si intensément englouti dans le sommeil, qu'à aucun moment je n'avais conscience de rêver.

lundi 9 novembre 2020

Monstres

 
Voilà,
c'était gare du Nord début Octobre et le hasard m'avait offert l'étonnante juxtaposition de cette femme agrippée à son smartphone et de ces grandes reproductions de pages du livre d'Emil Ferris "My favorite thing is monsters", traduites en français. En dérobant subrepticement cet instant, je savais qu'il y avait probablement quelque chose d'insolite. Je n'avais pourtant pas eu le temps de lire le texte ni de remarquer le jeu des visages dessinés autour du sien, pas plus que la croix au-dessus d'elle. (Linked with our world tuesday)

dimanche 8 novembre 2020

Onze ans


Voilà
onze ans que j'ai commencé ce blog. C'était aussi un dimanche. Je repense à cette réflexion de Pessoa :"Tout ce que nous savons est une impression ressentie par nous-mêmes, et tout ce que nous sommes une impression ressentie par les autres, étrangère à nous-mêmes". Mais je ne suis plus certain de ce que je sais ni de ce que je sens. Je m'efforce de croire que j'écris est au plus près de ce que je suis. Mais je ne sais pas ce que je suis. Je me dérobe à mesure que je pense me trouver. Je sais juste que je fuis. Comme une vieille chambre à air. Je fatigue. Je n'ai plus d'idées. C'est ainsi : toute sa vie on cherche l'inspiration, puis on finit par expirer. Mais quand même je me serais lié à d'invisibles présences et depuis ce monde d'ombres évoqué au premier jour, des signes m'auront malgré tout été adressés.
Sinon, il semblerait que le monde soit devenu peut-être un peu moins fou. Je l'espère de tout cœur.
(Linked with Monday murals)

jeudi 5 novembre 2020

Je connais de grandes stagnations



Voilà,
 Je connais de grandes stagnations. C'est dans mon âme même que je stagne. Il se produit en moi une suspension de la volonté, de l'émotion, de la pensée, et cette suspension dure des jours interminables ; seule la vie végétative de l'âme – la parole, le geste, l'allure – peut encore m'exprimer aux autres et, à travers eux, à moi-même. ( Fernando Pessoa in " Le Livre de l'Intranquillité)
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mercredi 4 novembre 2020

Mes nouveaux copains


Voilà,
l’automne est un peu frais, mais lumineux. Sur la première photo on peut apercevoir mes deux nouveaux copains qui me permettent, dans le cadre légal de l'heure de sortie que je suis en droit de m'octroyer, d’accomplir un effort physique bref et intense. Sur le vélo elliptique je peux observer le bleu du ciel entre les frondaisons et contempler ce petit hêtre tortillard (tel est son nom) en me rappelant quelques enfants riches qui peuvent profiter d'une telle présence dans le jardin de leur propriété familiale, et pour lesquels l'été, il est bien agréable d'y trouver un abri sous le feuillage, et de s'y faire une cabane naturelle. 
Pour accompagner ce laborieux exercice, j'écoutais ce matin une de ces vieilles playlists dont j'ai déjà parlé, me laissant emporter dans des divagations que favorise le mouvement répétitif. Je songeais aux possibilités demeurées virtuelles, aux occasions qui ne furent pas saisies, aux fausses routes et au contingences qui m'ont mené là, doutant d'avoir maîtrisé grand chose dans ma vie.

lundi 2 novembre 2020

Rue des Thermopyles


Voilà, 
j’y repense chaque fois que je passe dans cette rue voisine que j'ai souvent photographiée. Donc début mars 1986, nous tournons à l’INA un court métrage sous la direction de François Pain à partir de quelques séquences du spectacle "Rêves de Kafka" mis en scène par Philippe Adrien. Un des techniciens qui a le même prénom que moi possède une voiture et habite rue des Thermopyles. Je rentre tous les soirs avec lui et quelques autres participants du film. Un soir l’un d’entre eux s’excuse de ne pas pouvoir finir le tournage avec nous. Il est vraiment désolé mais il a une super proposition, il va devoir nous quitter. Une semaine au Liban pour un reportage. C’est bien payé. Cela ne se refuse évidemment pas et tout le monde comprend. Simplement voilà, une fois sur place l’équipe est enlevée le 8 Mars par une milice armée. Deux journalistes seront libérés au bout de quatre mois, le troisième au bout de 9 mois. Lui, Jean-Louis Normandin passera plus de 18 mois prisonnier dans d’effroyables conditions. Juste se rappeler que la notion de confinement est très relative.

dimanche 1 novembre 2020

Un vague malaise, un léger embarras


Voilà,  
le téléphone une fois raccroché, je me suis demandé pourquoi il avait éprouvé le besoin de parler autant. S'était-il ainsi répandu depuis son lit d'hôpital parce que la mort était passée très près ? Le matin même je lui avais envoyé un SMS, pour lui témoigner mon soutien et lui adresser mes vœux de rétablissement, parce que la veille, il avait annoncé, son hospitalisation à ses abonnés Whatsapp.
Je l'avais laisser s'exprimer — il semblait en avoir besoin — sans rien objecter aux phrases définitives à propos de l'actualité politique, littéraire, sociale qu'il assénait d'un ton péremptoire. Rarement non plus, il n'avait auparavant dressé un tel inventaire de toutes les personnes célèbres et réputées qu'il avait rencontrées. J'attribuai cette soudaine exaltation dont il est ordinairement peu coutumier aux corticoïdes qu'on lui avait administrés, et dont l'effet peut se comparer, m'avait-t-il expliqué, à celui des amphétamines. Au passage il en profita pour évoquer cette époque du Palace où il prenait des cocktails d'amphétamines et de coke pour baiser toute la nuit dans de ce qui était alors le temple populaire de la luxure et du libertinage.
Mais quand même, il m'avait aussi raconté ce que le médecin lui avait dit. Apparemment il avait eu de la chance. 
Je me fais donc à présent du souci pour mon ami, en même temps que je ne peux m'empêcher d'éprouver un vague malaise que je ne parviens pas à dissiper. Son monologue trahissait une sorte d'hystérie mêlée de fausse désinvolture, qui ne lui ressemblent vraiment pas. J'espère qu'il va promptement se rétablir. 
C'est curieux comme ces derniers jours j'ai pu recevoir d'étranges messages. Certains m'ont laissé vraiment perplexe. Mais ces temps sont si incompréhensibles et parfois tellement effrayants. Et qui sait ce que moi-même je pourrais faire d'ici peu.
Histoire de m'aérer les neurones, j'ai donc résolu de m'accorder un petit tour dans le périmètre autorisé. Après avoir rempli le formulaire adéquat, ça va de soi. J'ai emprunté un raccourci par le cimetière, en évitant les grandes allées, car en ce jour de Toussaint, c'était l'affluence. J'ai traîné de-ci de-la, une heure durant, puisque c'est le temps qui m'est imparti. 
Cependant je ne suis pas repassé par l'Avenue du Général Leclerc. Voilà quelques temps déjà j'y ai photographié cette fresque étrange, peinte par l'artiste evazeSir nrc. Une sorte de collage mural, assez destructuré.
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