jeudi 31 décembre 2015

Le Jour du brunch


Voilà,
cette photo, je l'aime bien. Je l'ai prise cette année le premier dimanche de février, au commencement de l'après-midi ; c'est la gare de Pantin ; j'y passe assez souvent en train depuis deux ans et demie, sans jamais m'y arrêter et et là j'avais l'occasion de prendre un peu de hauteur. 
Les paysages ferroviaires me fascinent. Enfant j'ai cru à une promesse ; un jour on installerait un train électrique dans un grenier ; il n'y a jamais eu de grenier. 
Je ne traîne pas souvent dans ces parages. Je me suis retrouvé là parce que j'étais invité non loin, chez une amie, jeune et brillante professeure d'Université qui organise de temps à autre des brunches le dimanche. C'est sympathique. Il y a ses amis, ses voisins. Parfois je connais certains d'entre eux. D'autres fois j'ai du mal à les reconnaître (je ne suis pas très physionomiste et de plus en plus miro). Il suffit de venir avec quelques victuailles pour socialiser...
C'était plutôt joyeux convivial et détendu. Il y avait du vin bio, des huîtres, des délicieux chocolats de chez Auger dont la boutique est à Lodève et assez de sièges pour s'asseoir.

Et puis à un certain moment la conversation a pris un tour étrange.

Il a été question de viande halal, puis très vite du "prophète", de l'islam, des arabes athées, des juifs, de Dieudonné de "nous sommes ou nous ne somme pas Charlie", du frère de quelqu'un qui vivait avec une musulmane assez rigoriste, de bouffer du porc, de Vergès, de l'antisémitisme de la guerre d'Algérie, du ressentiment, d'Aubervilliers le 7 janvier dernier où paraît-il bien des gens se sont réjouis des attentats. J'ai essayé de faire de l'humour là-dessus, façon Charlie-hebdo, de l'humour noir et parfois trivial comme j'aime bien, mais il y avait trop de passions dans ces conversations et ça ne passait pas trop. Comme tout ça était plutôt déprimant quelqu'un a demandé s'il pouvait allumer la télévision pour voir le match de hand avec le son coupé. Je crois que c'était la finale du championnat du monde et que c'est la France qui a gagné.

Au retour je me rappelle avoir eu un coup de mou, parce que j'avais été étonné par la violence de certains propos. J'ai commencé à écrire ce post et puis je l'ai laissé en plan. C'est étrange aujourd'hui de repenser à tout cela, après tout ce qui s'est passé depuis....

Jamais je n'aurais autant publié sur ce blog au cours d'une année. Je ne sais pas quelle conclusion en tirer. Vraisemblablement cela ne se reproduira plus. Enfin ça ne devrait pas. Il faudrait que je me calme avec ça. Que je passe à autre chose. 2015 à bien des égards n'aura pas été une année fameuse.  On ne va pas s'exalter sur la suivante. Franchement il n'y a pas de quoi. Rien n'incite à l'optimisme. Parce que vraiment la bêtise gagne partout du terrain. On va vers des temps difficiles c'est sûr. Souhaitons nous quand même d'heureuses surprises, du bonheur partagé, de l'inspiration, de l'amour.
(link the weekend in black and white)

lundi 28 décembre 2015

Reflets dans un train


Voilà,
dans le train à étage, debout dans l'escalier, alors que nous nous approchions du terminus je songeais face aux reflets, à cette affirmation de Xavier Mauméjean "la vérité est une possibilité du réel, en aucun cas sa mesure" que j'avais entendue dans une émission consacrée à Philippe K Dick. Si je trouvais la formule assez jolie, j'aurais toutefois été bien en peine de disserter dessus au cas où on me l'aurait demandé. Mais qui d'ailleurs aurait pu me demander une chose pareille ? J'étais seul, grippé, sans consistance, incapable de penser. Je voulais rentrer chez moi au plus vite. Et dormir, dormir, ne plus avoir de compte à rendre..

vendredi 25 décembre 2015

mardi 22 décembre 2015

Une étrange coïncidence


Voilà,
je connais une femme qui immédiatement après la mort de sa mère a rompu une longue liaison pour se mettre en ménage avec un homme qui réunissait deux traits distinctifs de ses parents à elle. En effet l'homme portait le même prénom que cette mère et son jour anniversaire coïncidait avec celui de son père. J'ignore si c'était de sa part un choix conscient et je n'ai d'ailleurs jamais osé le lui demander. 

dimanche 20 décembre 2015

Une Découverte


Voilà,
Je viens de découvrir Jeanne Lee et Ran Blake que je ne connaissais pas. J'adore sa voix à elle, et son jeu de piano à lui froid et sec m'évoque celui de Thelonious Monk. L'image me rappelle une jolie ballade que j'ai faite récemment à Amiens. Je lui trouve les même tonalités que cette interprétation de "Laura". Bah oui c'est comme ça. Je fais les associations que je veux. D'ailleurs nul autre que moi n'aurait pu imaginer ce lien.



vendredi 18 décembre 2015

Grande Roue


Voilà,
un soir, il n'y a pas si longtemps j'ai vu cela. J'étais sans mot sans perspective. 
je me souviens avoir envié ces personnes dans le cadre
qui prenaient le temps de s'attarder à la buvette pour boire du vin chaud

jeudi 17 décembre 2015

Dormir pour oublier (20)

 

Voilà,
ce matin redescendant la rue St-Denis vers les Halles, j'aperçois l'impasse St-Denis que je n'avais jamais auparavant remarquée. Il me semble apercevoir une peinture murale au fond et je décide d'aller y voir de plus près, car je n'en perçois pas bien le motif.


Ce n'est qu'à quelques mètres que je distingue la masse informe au pied du dessin. Un corps sans doute emmitouflé, dissimulé sous les couvertures. Quelqu'un que je suppose en train de dormir, mais qui pourrait aussi bien être mort. Il fait un temps excessivement doux sur Paris pour la saison. 13° centigrades à midi. (Linked with Monday mural)

mercredi 16 décembre 2015

Angle de la rue Riquet


Voilà
à l'angle de la rue Riquet et de la rue d'Aubervilliers existe une peinture en trompe-l'œil tout à fait réussie. Jamais je ne l'avais remarquée avant ce jour où je suis allé visiter une exposition d'art contemporain non loin, au Centquatre. C'était le 12 Novembre, la veille du massacre du Bataclan. Je me rappelle que le soir, invité par une amie de longue date que je n'avais pas vue depuis longtemps, j'ai ensuite, au même endroit, assisté à un spectacle de danse intitulé "Les sept planches de la ruse" conçu et chorégraphié par Aurélien Bory.  (Linked with monday murals)

lundi 14 décembre 2015

Dans les lieux de commerce homologués


Voilà,
cette photo date de l'année dernière à la même époque. Cette silhouette me fait penser au paroles du client de "La solitude dans les champs de coton" de Bernard-Marie Koltès : "Mon commerce à moi, je le fais aux heures homologuées du jour, dans les lieux de commerce homologués et illuminés d'éclairage électrique. (...) Qu'attendez vous d'un homme qui ne fait pas un pas qui ne soit homologué et timbré et légal et inondé de lumière électrique dans ses moindres recoins ?"
(Shared with weekend reflection)

dimanche 13 décembre 2015

Enghien-les-Bains


Voilà,
pour la première fois samedi dernier, Enghien-les-Bains et son lac. Évidemment, des gens se photographiaient et d'autres regardaient leurs photos. C'est dingue comme ce type de cliché (car c'en est forcément devenu un), est symptomatique des années dix de ce siècle.
Sinon, ici, banlieue très riche, villas cossues, hôtels particuliers. Un doux parfum de fraude fiscale flotte dans l'air. Une petite Suisse à un quart d'heure de Paris. Mais autrement plus polluée. Et ce n'est pas l'accord de Paris de la COP 21 que l'on présente ici comme un succès qui permettra des progrès suffisants. À l'issue de cette mascarade aucune inflexion majeure et concrète. Une fois encore, la pression des lobbies industriels aura eu raison des bonnes intentions. (linked with skywatch friday)

vendredi 11 décembre 2015

Décorations de Noël rue Daguerre


Voilà
hier soir rue Daguerre. Vu une belle exposition, passé un agréable repas au restaurant avec l'artiste la galeriste et leurs amis, et fini la soirée à discuter avec un tireur de photos qui a tenu à me montrer dans son atelier un tirage alternatif d'une des œuvres exposées dans la galerie. Discussion jusque tard dans la nuit, de technique de papiers de regard et puis ensuite du monde en général en buvant du beaujolais. C'était sympathique de rencontrer de nouvelles personnes dans mon voisinage. Pourtant ce matin je me réveille légèrement angoissé. Me sens tellement vulnérable. Les nouvelles du monde toujours aussi absurdes. Pourquoi les politiciens sont-ils si peu inspirés, si peu visionnaires ? Pourquoi l'humanité prend elle si peu soin de la vie ? Je me sens démuni. Je n'ai que des images et de l'amour à donner.

mercredi 9 décembre 2015

Prostitution


Voilà,
au musée d'Orsay se tient une exposition (très réussie d'ailleurs) intitulée "Splendeur et misère de la prostitution au XIX ème siècle", regroupant de nombreux tableaux de grands peintres modernes. Il s'y trouve aussi deux salles interdites aux moins de 18 ans, où sont exposées des photos et des films pornographiques datant de la fin du XIX ème siècle. C'est assez amusant de voir des bourgeoises assez élégantes plutôt seizième ou septième arrondissement qui ont l'âge d'être grand-mère s'attarder devant ces vieux films ou ça suce gamahuche partouze et s'emmanche par tous les trous avec une allégresse qui frise le délire, et aussi, avec des pilosités évidemment plus abondantes que dans la pornographie contemporaine. On a l'impression de voir des versions hardcore de pièces de Feydeau. Cela dit, si elles avaient vingt ans en soixante-huit, il doit bien s'en trouver parmi elles quelques délurées qui ont bien du s'encanailler dans leur jeunesse.

mardi 8 décembre 2015

A distance


Voilà,
hier soir, en repassant près du restaurant "Casa Nostra" toujours fermé et devant lequel sont disposés des bouquets de fleurs ainsi que quelques bougies que des passants continuent d'allumer pour honorer la mémoire des victimes fauchées en terrasse, j'ai croisé le regard de cet enfant qui se tenait à distance du lieu du massacre. Je n'ai pas photographié son visage où semblaient se mêler peur tristesse et incompréhension, mais sa silhouette j'ai voulu la retenir. Oui la silhouette de l'enfant qui découvre à quel point il est effrayant le monde des adultes. C'est avec cela désormais qu'il lui faudra grandir.

lundi 7 décembre 2015

Gueule de bois


Voilà,
Ce matin il me semblait que ces fleurs n'étaient pas simplement là pour honorer les victimes des attentats du 13 novembre.
Je me suis aussi souvenu qu'en Janvier il y avait eu des défilés pour défendre les valeurs de la République.
Cela n'a pas empêché ce qui était malheureusement prévisible.

dimanche 6 décembre 2015

samedi 5 décembre 2015

Les mains jointes


Voilà,
nous avançons ma fille et moi vers un lieu paraît-il incroyable (j'ai lu certaines choses à ce sujet), mais la réalité sera au-delà de mes espérances. C'est un souvenir merveilleux, parce que ce jour-là, j'ai un peu improvisé notre journée et que tout est tombé juste. Alors que sur le chemin je pensais à la première fois où j'étais venu à Sintra quelques mois auparavant, et au bonheur que j'y avais éprouvé, j'ai aperçu ces mains jointes peintes sur un mur et elles m'ont ému. Et c'est parce qu'une secrète prière a été exaucée que je mets aujourd'hui cette image en ligne.

vendredi 4 décembre 2015

Paris, ville lumière


Voilà,
j'avance dans cette ville, sans but réel ou pour des destinations frivoles. J'arpente ma fatigue avec des envies de sieste, refaisant des chemins que je tricotais autrefois d'un pas plus allègre. Je passe. J'aperçois ce qui souffre, ce qui sombre et ce qui brille. Je prends ce qui s'offre à mon regard. Les choses adviennent. Les jours raccourcissent de plus en plus. Je tiens.

jeudi 3 décembre 2015

Avenue de La Bourdonnais


Voilà,
Hier après midi, Avenue de La Bourdonnais, où il est vrai je ne viens que rarement, il me semblait n'avoir jamais vu cette perspective auparavant. Ce que j'aime surtout c'est l'étroite maison avec son double étage en bois et son balcon qui lui donne un petit air alsacien. C'était un répit d'être là. Un moment j'ai oublié les temps confus et tourmentés que nous vivons.

mercredi 2 décembre 2015

Mendicité et Patriotisme

 

Voilà,
dimanche dernier. Le vélo appartient au vieil homme qui fait la manche. Je n'ai pas osé le photographier. En général j'ai du mal à saisir les gens autrement qu'à la dérobée. Sur le guidon sont agrégées des dizaines de peluches. Mais ce qui me paraît plus étrange encore c'est le drapeau. Tout le monde pavoise en ce moment. Tout le monde se reconnaît dans les valeurs de la République Française. Pourtant dimanche prochain, il est probable que moins de 50% des inscrits sur les listes électorales iront voter, et que parmi ceux qui se rendront aux urnes un bon tiers votera pour un parti fasciste. La réalité dans ce pays est totalement incohérente. Aujourd'hui par exemple, le responsable du Patronat Français qui est un homme d'un autre siècle a critiqué le parti d'extrême droite en disant que ses propositions (démagogues) sociales sont en fait d'extrême-gauche et mauvaises pour l'économie. Aussitôt le premier ministre (officiellement de gauche, mais chez qui l'on sent souvent poindre quelques tendances mussoliniennes) l'a félicité pour sa prise de position. Parfois j'ai l'impression, tant tout me semble absurde et stupide, que tout le monde ici, chez nos journalistes, hommes d'état, politiciens prend de la drogue.

mardi 1 décembre 2015

Tu vois un jour


Voilà,
plus tard, si tant est que plus tard veuille encore signifier quelque chose au moment où j'écris ces lignes...
Non 
pas "plus tard". 
"Plus tard" ne veut rien dire. "Plus tard" est prétentieux. Se projeter dans le futur, même le futur proche avec des sensations d'aujourd'hui est absurde présomptueux et intellectuellement dénué de pertinence. 
Plus tard je me souviendrai de ce mois de Novembre à Paris, voulais-je écrire c'est quoi ces conneries. 
Peut-être pas. 
Peut-être me souviendrai-je de rien. Peut-être serai-je complètement gâteux. Peut-être mon corps m'aura-t-il transformé en quelqu'un d'autre. Peut-être n'aurais je plus conscience de mon identité. Peut-être ne serais-je qu'une épave
Et puis c'est quoi plus tard ?
dans trois mois dans cinq ans dans dix ans ?
Plus tard 
signifie aussi cela  : je ne sais pas quand mais cela ne tardera plus beaucoup désormais (peut-être même suffisent-ils les doigts de mes mains pour compter les années) il viendra bien le moment où je n'aurai plus ni corps ni voix ni rien pour dire je. Il est passé l'âge où l'on se fabrique des souvenirs alors "plus tard" on oublie
J'écris pour m'accrocher au présent. 
Pour donner  aussi un relief singulier à ce qui insiste du passé
J'écris pour donner forme à ce qui se dérobe.
J'écris pour épaissir solidifier ce qui tend à se dissiper
Oui m'accrocher au présent je n'ai plus que ça désormais car ce qui doit me guérir me tue autrement.
J'écris parce que j'ai peur.
J'écris parce que j'ai du chagrin. 
J'écris sur la brèche sur le bord à la limite pour me recomposer quand trop se décompose
J'écris pour ne pas hurler
J'écris pour maquiller la plaie
J'écris pour cicatriser
J'écris à tort et à travers à tort ou à raison 
J'écris autant pour nommer que pour cacher ce qui manque
Alors Novembre donc 
les faits juste les faits
Novembre qui commence avec
la joie enfantine au premier jour du mois après la victoire des All Blacks en coupe du monde de rugby  la veille. Un mois et demi de compétition, mais moi tout ce temps pour d'autres raisons, ne suis que l'ombre de moi-même. Alors, les meilleurs qui gagnent, le sourire de Dan Carter, Sonny Bill Williams qui donne sa médaille à un enfant ça me va, 
Le monde n'est pas fameux pourtant, un attentat fait plus de 40 morts à Beyrouth
la rupture d'un barrage au Brésil propage des produits toxiques dans un fleuve et empoisonne sa flore pour des années, c'est un désastre mais on en parle peu ici
À Paris
la température des trois premières semaines anormalement douces pour la saison
Les gens aux terrasses et soudain
l'effroyable et aveugle violence qui aura meurtri cette ville un certain vendredi 13.

Sidération.

Les jours qui suivent, angoisse, chagrin terreur. Il devient  "dangereux de passer, dangereux d'être en chemin, dangereux de se retourner, dangereux de trembler et de rester sur place". comme disait Nietzsche
les heures pleurées sur des visages inconnus, sur des vies jusque là ignoréeset durant lesquelles j'aurai songé à tant de rêves et de projets saccagés, tant de désirs anéantis, 
les larmes parce que certains peut-être parmi ceux-là auront été arrachés à la vie, avec des pensées amères, des malentendus restés en suspens, des déceptions dont la perspective, d'un repas entre amis, d'un concert pensaient-ils alors, atténuerait un peu le tourment. 
À ce moment là je ne pense pas qu'il peut y avoir aussi des gros cons parmi eux, ou de ces jeunes bourgeois arrogants méprisants et imbus d'eux mêmes - l'horreur des carnages incite à une compassion sans discernement -
Novembre
les "Marseillaise" entonnées dans les stades, les rue pavoisées franchouillantes, le vieux patrouillotisme qui refait surface, état d'urgence, grandes déclarations guerrières, découverte des autres projets meurtriers du réseau, la peur pour les enfants, les sirènes les sifflets qui font à chaque fois sursauter, les déclarations absurdes les "même pas peur" les "résistance !!!", les fleurs les bougies devant les lieux de massacre
et puis le froid des dix derniers jours, la fin brutale de Jonah Lomu aux antipodes, le pouvoir qui n'attend pas les obsèques des victimes pour sournoisement instaurer un état policier, l'extrême droite à qui l'on prête la possibilité de prendre trois régions sur treize, un avion russe abattu par la Turquie, les trajets angoissés vers le quartier d'affaires, le voyage à Bruxelles reporté sine die, la mort prématurée de Luc Bondy un grand metteur en scène, les marches pour le climat annulées en France et toutes ces voix qui disent que les tueries ne peuvent que recommencer et pour finir un beau concert d'Hélène Grimaud à la Philarmonie de Paris mais quatre ou cinq fois au cours de la soirée des images d'attentat, de foule paniquée de bains de sang s'interposent, malgré Bach et Mozart oui un vrai Novembre de merde

lundi 30 novembre 2015

Quai Branly

Installation lumineuse de Yann Kersalé

Voilà,
aujourd'hui un jardin de lumière à la nuit tombante

dimanche 29 novembre 2015

COP 21


Voilà,
on peut espérer que les participants de la conférence de Paris sur le climat se feront cette injonction. Mais je crains plutôt que le mot d'ordre demeure "il est urgent d'attendre" pour ne pas froisser les lobbies industriels qui saccagent la planète et les pétromonarchies auxquelles les économies occidentales sont tant liées. Voici d'ailleurs la liste des sponsors de la COP 21



vendredi 27 novembre 2015

Fenêtre sur rue, écran du monde


Voilà,
tout juste arrivé dans l'île, j'étais venu profiter de la fraîcheur de ce café où l'on servait aussi à midi des plats copieux et peu onéreux. Tout y était simple et ordinaire, contribuant ainsi à la grâce singulière de ce lieu et de ce moment en dépit de l'étrangeté de l'actualité locale. Fatigué du voyage, mais soulagé d'être là, je songeais cependant à un être aimé parti vers d'autres rivages. 

jeudi 26 novembre 2015

Rue Saint André des Arts


Voilà,
Hier devant le cinéma Saint André des Arts, où j´ai vu dans ma jeunesse tant de films d'art et d'essai comme on disait autrefois, j'ai réalisé qu'il me semblait avoir toujours connu cette boutique. J'en ai profité pour faire un autoportrait dans la boule. Lorsque je suis dans les parages, je me sens relié à mon passé, à mon histoire. J'ai tellement flâné dans ces rues dès que j'ai habité à Paris à l'âge de 14 ans, et quand j'avais vingt ans, c'était encore le quartier à la mode. Mes premiers disques je les ai achetés dans le coin, j'ai découvert l'art contemporain dans les galeries de la rue de Seine, rue Dauphine et rue Mazarine. A l'heure où j'écris ces lignes je réalise aussi que c'est ici, au Saint André des Arts que je suis allé au printemps 1973 pour la première fois au cinéma avec Agnès. Nous y avions vu "Family Life" de Ken Loach, sur la recommandation de son père. Cela avait été un choc pour moi. Je n'imaginais pas alors qu'on pût réaliser des films faisant à ce point écho à ce que je vivais. Je ne l'ai pas revu depuis. 

mercredi 25 novembre 2015

mardi 24 novembre 2015

L'Inconnu de l'Aéroport


Voilà
j'ai croisé deux fois cet homme à une semaine d'intervalle dans deux aéroports différents et à chaque fois je lui ai trouvé une parfaite tête de con. Bon je sais il ne faut pas juger sur la mine, mais parfois il faut se fier à son intuition. Je crois aussi que je l'associais inconsciemment à un homme que je ne connais pas et qui a fait souffrir une femme que j'ai trop peu connue. Déjà je l'avais aperçu à l'aller dans la file d'enregistrement, il était juste derrière moi avec sa gonzesse, une grande comme lui, et la façon qu'il avait de lui parler me déplaisait. Mais elle, ça n'avait pas l'air de la choquer. Dans ces cas là je me dis que peut-être l'exultation des corps est si intense qu'elle atténue les comportements irrespectueux. Ou peut-être qu'elle était vraiment amoureuse de ce type, qu'il incarnait un fantasme, qu'il avait une singularité physique irrésistible, de la thune, un capital social des talents secrets ou je ne sais quoi d'autre, à moins qu'une peur panique de la solitude l'incitait à rester avec lui ou qu'elle ne fût simplement juste un peu conne. Bref il était de nouveau là, à tripoter son portable, bronzé (pas moi) il avait du passer ses vacances entre la plage et la piscine d'un hôtel, ou bien chez des riches amis. En fait ce qui m'intéressait vraiment dans le cas présent c'était la silhouette au fond bord cadre. Je trouvais rigolo sa présence qui me faisait penser au type au lointain dans les Ménines de Velasquez, le visiteur dans l'encadrement de la porte qui ne fait que passer mais qui s'attarde un peu quand même, par curiosité.

lundi 23 novembre 2015

Bonne nuit les petits


Voilà,
jeudi dernier, à la sortie des bureaux
j'ai repensé à "Bonne nuit les petits" à cause des immeubles illuminés.
Enfant, j'habitais à la campagne. Ces paysages urbains et nocturnes me faisaient rêver.
Parce que le marchand de sable n'est pas venu,
j'écris ces lignes au milieu de la nuit en écoutant une émission sur la poésie objectiviste américaine. 
Froid dans la chambre. J'ai rempli la première bouillotte de l'hiver.
Douleurs en différents endroits de mon corps.
Demain est un autre jour. 
Je n'ai pas d'obligation.
Je prendrai mon temps pour me lever



samedi 21 novembre 2015

Transformer, bricoler


Voilà,
pour ne pas y penser, pour oublier tout ce que la réalité a d'anxiogène, pour occuper ces soirs où je ne trouve pas le sommeil, où je suis incapable de me concentrer sur la moindre lecture, où les mots ne font qu'ajouter à la confusion et l'incertitude où même le visionnage d'un film nécessite une énergie qui me manque, 
pour chasser les noires pensées les inquiétudes et les phobies ressuscitées par les menaces qui planent sur cette ville, il faut que je m'occupe, absolument, de traits de lignes, de pixels de tâches qu'importe, que je me concentre en tout cas sur une chose simple et répétitive, obsessionnelle pourquoi pas, mais dans laquelle je puisse m'absorber jusqu'à ce que la fatigue me gagne me terrasse et m'engloutisse dans l'opacité d'un sommeil sans rêve 

vendredi 20 novembre 2015

Casa José


Voilà,
juste besoin d'une image paisible.
Mais si l'on regarde de plus près, l'homme a sûrement un portable collé à l'oreille

jeudi 19 novembre 2015

L'Ombre des arbres


Voilà,
le chemin que je prenais parfois certains soirs... Après avoir longé le parc, qui toujours m'évoquait l'ambiance d'un tableau de Delvaux, je pressais le pas. Est-ce que prenant l'ombre des arbres se dessinant sur les murs des pavillons je me fabriquais des souvenirs ? Je ne sais pas. Ils me semblaient si mystérieux alors que j'allais au devant d'un plus grand mystère.

mardi 17 novembre 2015

Hypothèse


Voilà,
j'ai retrouvé cette jolie citation, mais je ne sais plus de qui elle est. Les philosophes se sont demandé pourquoi il y avait quelque chose plutôt que rien ; la réponse semble être que nous sommes tout simplement l'une des formes possibles du rien.

lundi 16 novembre 2015

Erhalte mich


Voilà,
je ne suis pas très inspiré, mais il faut que je m'occupe
je n'arrive pas à dormir, j'ai envie de pleurer
l'obscurantisme, la bêtise, la cruauté, la sauvagerie
qui ressurgissent un peu partout m'affectent
il y a tant de cynisme dans ce monde et si peu d'amour



dimanche 15 novembre 2015

Le Jour d'après


Voilà,
hier, je suis sorti en début de soirée, histoire de prendre l'air de ne pas macérer dans une solitude toxique et morbide. Les rues étaient vides, cinémas et théâtres fermés, terrasses de cafés et restaurants déserts. La rue de la Gaîté ordinairement si animée avec ses nombreuses salles de spectacles avait son apparence du lundi, jour de relâche. Place St Sulpice, au café de la Mairie où il est d'habitude si difficile de trouver une table il n'y avait personne. Sur le chemin du retour, je suis passé par le Lucernaire, où les compagnies ont quand même joué pour la plupart devant un public clairsemé. J'ai pris un verre avec les filles du spectacle "Tabou". L'une d'elle Mia, avait passé la journée à l'hôpital au chevet d'un ami gravement blessé lors du concert du Bataclan. Récits d'horreur. Faire le mort pendant que l'on entend les meurtriers exécuter froidement et un à un les otages avant l'assaut des policiers du RAID. De retour à la maison, je m'attarde sur Facebook. Apparaissent de plus en plus de visages de jeunes gens insouciants, beaux, jeunes venus se distraire un soir d'automne à Paris. Morts désormais. Vendredi soir. J'étais trop fatigué pour sortir. J'avais un peu honte de rester tout seul chez moi. J'ai vaguement regardé le foot à la télé mais pas très longtemps (tout m'ennuie) et puis je suis monté lire dans la chambre et me suis assoupi. J'ai vaguement entendu mon portable vibrer. Il y avait quelques sms de gens me demandant si j'allais bien, un message très inquiet doublé d'un texto me pressant de donner de mes nouvelles au plus vite, ce qui m'a déconcerté, et là j'ai compris qu'il se passait quelque chose. La suite de la soirée s'est passée entre les actualités à la télévision, les appels téléphoniques, les réseaux sociaux. Vers trois heures je me suis endormi. Samedi matin, une sorte d'hébétude qui ne me quitte guère depuis. De nouveaux les réseaux. Les réactions, les commentaires. Les photos en bleu blanc rouge, ceux qui disent qu'ils n'ont pas peur, les carrés noirs ceux qui refont la politique étrangère de la France, les vidéo live de la tuerie, les poèmes de Victor Hugo où il est écrit qu'il faut s'aimer, les "je suis Paris", les dessins, les extraits du New-York Times égrenant les clichés sur l'art de vivre à la française ordinairement si décrié parce qu'on est des branleurs-à-trente-cinq-heures-par-semaine, les visages des victimes, ceux de Metz, le couple de Liège, la cousine de l'un, l'ami de l'autre, photos de gens souriants que l'on cherche, dont on est sans nouvelles, déclarations politiques obscènes et indécentes, les envolées qui se veulent lyriques et qui ressemblent à des slogans de pub. Grande fatigue tout à coup.



Aujourd'hui c'est une belle journée avec un ciel sans nuage. Toujours ce temps anormalement doux qui dure depuis trois semaines. j'ai même arrosé les plantes sur le balcon car je me suis aperçu que la terre était sèche. Je suis allé faire des courses rue Daguerre. Quelques fenêtres pavoisées. Beaucoup de monde dans la rue. Les larmes me sont venues comme ça. J'ai pensé à ceux qui s'étaient quittés sur un malentendu, un peu fâchés, avec des pensées aigres, et que la mort a séparés.

samedi 14 novembre 2015

L'Effroi, de nouveau



Voilà,
parfois certaines personnes me reprochent d'être sombre, trop souvent inquiet, me disent, avec une pointe d'ironie, que cela doit être difficile de vivre ainsi, toujours plus ou moins en mode guerre. Comme si j'y pouvais quelque chose, comme si je ne portais pas cela depuis longtemps en moi. Je l'ai déjà évoqué ici ou là, cette angoisse. Je l'éprouve souvent dans les transports, où d'effrayantes visions s'insinuent entre la réalité et moi. Ce n'est pas simplement la lecture précoce de Cioran qui me rend pessimiste, ça a commencé avec l'enfance. La guerre a toujours été là. Dans les faits, puis ensuite dans les propos qui se tenaient en famille, très vite je l'ai intériorisée. L'angoisse est revenue lors des attentats de la rue de Rennes et du RER à Saint Michel fin des années 80, début 90. Je pense aujourd'hui à tous ces gens fauchés par surprise, au hasard qui sont morts, ceux qui survivent dans la douleur et qui ont soudain découvert l'horreur, celle que subissent ou ont subi quotidiennement pendant des années les Syriens, les Irakiens, les Libyens, les Afghans, les Israéliens et les Palestiniens les Libanais, celle qui fut le lot des Algériens dans les années 90, et qui désormais risque de gagner l'Europe. Petit à petit nous nous faisons à cette idée. On aura beau se voiler la face, la guerre est là, sur notre sol aussi. Notre nation et nos gouvernants l'ont déclarée à plusieurs pays sans que les citoyens n'aient été consultés à ce sujet. Et tout jusqu'à présent s'est passé comme si nous n'étions pas au courant, comme si ça n'existait pas. Eh bien voilà, maintenant c'est clair. Comme le dit si bien Eric Chevillard "Nous nous disposions à mourir du cancer comme tout le monde, d'autres issues se font jour".  Aujourd'hui nous ne sommes même pas en mesure de défendre notre territoire. Il est probable que d'autres actions semblables vont se reproduire. Ça sera la loterie. L'affiche d'un film qui devrait sortir la semaine prochaine, racontant l'histoire de jihadistes français, est d'ailleurs d'une triste actualité.  

vendredi 13 novembre 2015

Incipit


Voilà,
comme une sorte d'incipit pour instruire le procès de toute une vie : "Qu'est ce que j'ai fait au bon dieu pour mériter un empoté pareil, quand je pense à tout ce que j'ai sacrifié pour toi", hurlait-Elle en levant les bras au ciel, car elle avait l'emphase facile. Ces phrases hideuses comme des pigeons morts se décomposant sur un trottoir, l'assignant en quelque sorte d'emblée au ban des vivants n'auront, dans la mémoire d'Antoine Bonarda, cessé de propager leur écho à bas bruit. Pour cette raison sans doute, se sera-t-il efforcé sa vie durant d'être, serviable, attentionné avec ses proches et ses amis, généreux, bon père et bon mari, mais cependant impitoyable en affaires et parfois même cruel si l'occasion lui en était offerte. Il ne faisait pas bon être son ennemi et ses proches le savaient. Aussi était-il craint et respecté. Pourtant certains soirs, en d'autre lieux d'autres pays où le menaient ses activités, cette ancienne et secrète honte, il la changeait en folie. Il aimait à se perdre dans les quartiers chauds des villes où il se rendait, traînant dans de minables bouges et des bordels sordides pour subir les humiliations de femmes laides qu'il implorait de le gifler et de le fouetter, ou se délecter des moqueries de gitons cupides et moqueurs qui l'enfilaient sans ménagement, lui crachant lui pissant dessus et comme il l'avait réclamé, l'insultant quand il les suçait. Au matin il regagnait sa luxueuse chambre d'hôtel, d'un pas léger. Par delà les années il payait ainsi son tribut, sa dette à cette femme qui l'avait mis au monde et que la démence avait peu à peu ensevelie, alors qu'il était encore enfant, dans un mutisme dont elle n'était jamais sortie. On disait qu'il était un parfait exemple de résilience. Lui seul en connaissait le prix.

mercredi 11 novembre 2015

Maternité


Voilà
Sur le réseau social il y a ce message laissé par cette jeune femme très belle sur la photo avec son ventre arrondi. Elle évoque son émotion devant le mystère de sa propre maternité. Il y est question d'être à la fois homme et femme, et aussi à la fois la femme et l'enfant de quelqu'un. Elle se demande aussi qui de l'un attend l'autre. Et c'est une braise incandescente dans la gorge de Jennifer Lagrein. Comme si le monde entier soudain oubliait ce que chaque jour elle endure, comme si cela ne comptait pour rien. Elle se souvient qu'elle aussi se posait ces questions et combien elle se sentait pleine, épanouie. Remontent toutes les images qui la traversaient alors quand elle imaginait la vie à venir avec l'enfant qu'elle portait. Et soudain elle en veut à cette femme là d'étaler son bonheur et sa joie de vivre aussi complaisamment. De mauvaises pensées la traversent. Dans la chambre à côté elle entend geindre son enfant avec lequel désormais elle vit seule, car les hommes sont lâches. Jamais il ne dépassera l'âge mental de cinq ans. Son corps à elle est usé, prématurément vieilli. Son sexe où son enfant est resté trop longtemps coincé, lors de ce difficile accouchement, si bien que le sang irriguait mal son cerveau, elle y songe comme à une tombe ouverte. Elle voudrait en finir parfois, dormir, oublier cette culpabilité qui la ronge, oublier les jours où le médecin lui expliqua la situation, et les nuits fréquentes passées par la suite à l'hôpital, les alertes, l'inquiétude permanente... Elle va dans la chambre, prend l'enfant devenu lourd dans ses bras, le serre fort, lui fredonne une chanson, et lui dit qu'elle l'aime qu'elle l'aime qu'il n'y a que lui. Elle n'a que ça à lui donner, un amour qui toujours ressemblera à une excuse. Et pourtant souvent cette idée la traverse : s'il pouvait mourir.

mardi 10 novembre 2015

Cauchemar climatisé


Voilà
le cauchemar climatisé dont parlait Henry Miller. Impersonnelle et rigoureuse géométrie des lignes, implacable ordonnancement de produits alignés sur leurs étagères. Un écran affiche des slogans publicitaires mensongers invitant à consommer des marchandises sûrement frelatées. Y défile aussi à intervalles réguliers le cours des bourses occidentales sans cesse réactualisé. Parfois un œil inquisiteur y apparaît. Au petit matin dans le hall de cet immeuble de bureaux du quartier d'affaires, c'est la perte de se substance de l'individu qui apparaît là."Certaines époques disent qu'elles n'ont rien à faire de l'homme, qu'il faut l'utiliser comme des briques ou du ciment, qu'il faut construire à partir de lui et non pour lui" (Ossip Mandelstam). Tout à coup je me fais l'effet d'un fantôme. (Linked with Signs2)

lundi 9 novembre 2015

Journal d'un bourgeois de Paris sous la révolution


Voilà,
un été à Chateaudouble, j'ai lu avec plaisir ce "Journal d'un bourgeois de Paris sous la révolution" qui était dans la bibliothèque de Philippe et Dominique. Je l'ai retrouvé récemment sur le net et en ai fait l'acquisition. Relisant certains passages je crois me souvenir que Roland Barthes a écrit quelque part que durant mai 68, il jouait du piano, mais je n'en suis plus très sûr. Cela me fait aussi penser à un texte de Benchley dans "Le supplice des weekend" où il est question de ces gens qui passent à côté des événements historiques sans même s'en rendre compte.

dimanche 8 novembre 2015

Comme tous les Rêveurs


Voilà
"comme tous les rêveurs, j'ai toujours senti que mon métier, c'était de créer. Comme je n'ai jamais su faire aucun effort, ni actualiser aucune intention, créer a toujours coïncidé pour moi avec le fait de rêver, de vouloir ou de désirer, et accomplir un geste, avec le rêve du geste que je souhaiterais pouvoir accomplir." Je ne sais pas pourquoi je songe à cette phrase de Pessoa en réalisant que cela fait maintenant six ans qu'un soir j'ai commencé ce blog. Je voulais assembler un texte et une ou plusieurs images, parce que j'ai plaisir à en fabriquer et qu'il me semblait que néanmoins, pas plus que les mots, elles ne se suffisaient à elles-mêmes. Je voulais sans doute aussi m'éprouver face aux mots et à la chose écrite. L'idée d'être lu n'allait pas de soi, alors. Depuis je me suis un peu désinhibé sur ce point. J'ai exploré des possibilités. Mais tout de même l'usage des mots me semble toujours aussi difficile et problématique. Je ne parviens pas à trouver la juste distance entre eux et moi. Je ne les maîtrise pas assez pour qu'ils reflètent ce que je pense ou ressens aussi justement que je le souhaiterais. J'essaie de m'y retrouver mais souvent ils me perdent. J'ai essayé de m'y rassembler, ils m'ont éparpillé. D'eux, je me sens prisonnier comme de mon corps. Je m'en méfie aussi. Ils sont tellement sujets à interprétation. Bien sûr ces lignes de Paul Ricœur devraient m'apaiser mais il n'en est rien. J'ai toujours ce fantasme d'une identité que je pourrais enfin trouver dans l'écriture, et qui tiendrait à un style. C'est un tel effort. J'aimerais être plus désinvolte avec eux, moins entravé. Les écrire me pose souvent plus de problème que de les prononcer. Il en a toujours été ainsi. Et pourtant voilà six ans que je me suis fait leur esclave. Sans doute comme le suggère Pessoa ne suis-je encore après tout que dans le rêve d'un geste que je souhaiterais accomplir. 

vendredi 6 novembre 2015

Rassembler ses idées


Voilà,
j'ai aperçu cet homme sur la promenade qui longe la mer. Et soudain il y a eu ce geste. Il s'est posé comme ça, dans cette attitude de profonde réflexion qui me semblait aussi exprimer un certain désarroi. Je me suis demandé comment il en était arrivé là. Peut-être venait-il de très loin. Il me paraissait perdu, désemparé. J'ai imaginé qu'il avait dû, à un moment de son existence, fuir son pays au péril de sa vie, traversant peut-être déserts et flots hostiles après avoir été rançonné par des passeurs peu scrupuleux et qu'il se trouvait là, à cet instant précis en proie à des questions existentielles évidemment plus considérables et dramatiques que les miennes, que lui était vraiment égaré, vraiment seul, fatigué d'errer depuis trop longtemps ne sachant plus quoi faire ni où aller, et qu'il essayait d'ordonner ses idées, et que cela, dans la confusion qui peut-être était la sienne, exigeait un effort considérable. Bien sûr cela n'était que pure spéculation. Il pouvait aussi bien adresser une prière à son dieu qui semblait l'avoir abandonné. (linked to The Weekend in Black and White)

mercredi 4 novembre 2015

Barques et Palmiers dans la nuit


Voilà,
L'Afrique est en face, pas si loin. De Malaga où cette photo a été prise, des ferries relient l'enclave espagnole de Ceuta à la péninsule. Reviennent ces images de migrants d'Afrique subsaharienne accrochés au fil de fer barbelés supposés protéger ce bout de territoire européen de possibles intrusions clandestines. Et comment ne pas songer à tous ces hommes ayant quitté de nuit les alentours de Tanger sur des barques de fortune, et qui se sont noyés dans le détroit de Gibraltar ? Il est d'ailleurs vraisemblable que le dernier rivage incrusté dans leur regard ne devait guère différer de celui-ci. (linked with Mersad's through my lens)

mardi 3 novembre 2015

Inquiétant


Voilà,
Ce soir, regardant par hasard une émission sur les rapports entre les différents Présidents et leur Premier Ministre sous la Cinquième République, je me suis aperçu que je ne me souvenais absolument plus du nom ni du visage de l'actuel locataire de l'hôtel de Matignon qui n'était pas évoqué dans ce documentaire. Pendant une demi-heure, j'ai essayé de me concentrer, j'ai cherché et absolument rien ne venait à mon esprit. J'ai fini par trouver sur internet. (Linked with Monday mural)

lundi 2 novembre 2015

Ce Manque


Voilà,
il y avait eu en cette fin d'après-midi la terrible et soudaine pesanteur du manque après quelques jours de répit. Cette absence au corps qui prenait la place, tant de place et bien sûr l'ombre portée des semaines accablantes et confuses qui avaient précédé. Bien sûr aussi la joie et le sourire de celle qui marchait tout près de moi et qui était comme une récompense. Je songeais "c'est dans ce sourire qu'il me faut puiser la force, c'est pour ce sourire et ces moments qu'il ne faut pas faillir et faire bonne figure". 
première publication 2/11/2015 à 6:58

samedi 31 octobre 2015

Boire un verre avec un bon copain


Voilà,
parfois j'ai du mal à réaliser que cela ne fait même pas une décennie que cet objet que j'utilise d'ailleurs pour écrire ces lignes et avec lequel j'ai obtenu cette image s'est insinué dans la vie de la plupart d'entre nous au point de devenir une sorte d'extension de nos corps et de considérablement modifier les attitudes physiques et les comportements sociaux. Je crois que c'est en 2007 que les premiers smartphones Apple ont, en France, été intégrés à un abonnement téléphonique. La première personne en possédant un que j'ai rencontrée était un régisseur de théâtre qui, un soir, à la table d'un restaurant de Nancy où j'étais de passage en tournée, en fit la démonstration auprès du metteur en scène qui m'avait engagé. J'avais suivi cela d'un œil distrait, et l'objet m'avait semblé intéressant mais superflu. Je fis cependant l'acquisition d'un de ces appareils dans le courant du printemps 2009, et cela modifia d'abord considérablement mon rapport à la photographie et à l'image en général. Je l'utilisais surtout comme un outil me permettant de réaliser des photos que je considérais alors comme des croquis, des esquisses, des réalisations mineures et ludiques, un peu comme des Polaroïds SX70 dans les années 80. Il commençait à y avoir des applications permettant de modifier les images et cela me plaisait. Bien sûr, que l'appareil pût aussi combiner les avantages d'un Walkman, d'un téléphone d'un agenda et permette d'accéder à internet n'était pas négligeable. Je me souviens de ce mois de février 2010 ou sur la plage de Gosier j'écoutais "les histoires de  peintures" de l'historien d'art Daniel Arasse enregistrées sur mon smartphone et que la nuit j'occupais mes insomnies en notant ce qui me passait par ola tête et en transformant des photos en d'autres images énigmatiques et abstraites. Ce fut alors dans une période trouble et instable une sorte d'objet transitionnel qui avait aussi valeur d'outil, d'instrument, et je crois sincèrement qu'il eut pour moi une fonction réellement thérapeutique. À cette époque peu de gens disposaient de cet appareil et les réseaux sociaux n'étaient pas aussi développés qu'ils le sont à présent de sorte que la manipulation compulsive de cet objet ne s'était pas encore répandue. Je ne sais plus très bien à quel moment j'ai moi aussi sombré dans la dépendance à cette machine dont j'ai la paradoxale impression qu'elle existe depuis bien longtemps comme si je l'avais toujours eu à disposition. Je me sens de plus en plus aliéné par cette chose. Ce que montre cette photo, m'est aussi arrivé. Un couple à une table, chacun affairé à régler ses affaires personnelles en présence de l'autre, (quel genre d'affaires d'ailleurs, parfois il vaut mieux ne pas savoir) il m'est arrivé d'en être Ainsi désormais vit-on dans l'illusion d'être partout à la fois sans vraiment être présent à proximité. L'espace s'est rétréci mais aussi le temps du lien qui a cédé au temps de l'aliénation et de l'illusion du lien. (Linked to The weekend in Blanck and White)

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