dimanche 27 mars 2022

Dans une rue d'Amiens

Voilà,
en me promenant, jeudi matin dans les rues ensoleillées d'Amiens, songeant comme il était étrange que je me retrouve là, dans cette ville au charme si singulier dès que les beaux jours apparaissent, je suis tombé par hasard sur ce mur. C'était malheureusement une journée de travail, et je me suis dit qu'il faudrait que je revienne ici juste pour musarder. Un instant les soucis, les angoisses, les craintes, la sensation de délabrement physique, tout ça s'est dissipé, peut-être grâce à la surprise de ce motif en relief, réalisé par Gunter et intitulé le Batofar, accroché à un modeste mur de briques.  (shared with Monday mural   -   aww monday

jeudi 24 mars 2022

Sensation


Voilà,
comme si
lentement, à bas bruit 
je passais du côté obscur de la faiblesse

lundi 21 mars 2022

Le Visage du Printemps


Voilà,
c'est donc le début du printemps. Je me demande si l'année dernière en Ukraine des gens redoutaient que cela soit leur dernier printemps paisible. Je pense à mon oncle aussi. Imaginait-il fin mars qu'il ne verrait pas le mois de Septembre ? Certainement pas, puisqu'il avait pris des grandes décisions et s'était même emballé pour une nouvelle maison qu'il comptait acheter. Le monde tel qu'il ne va pas, m'inspire des pensées maussades. Pourtant, il y a des choses qui ne changent pas. Mon appartement est toujours aussi agréable dès que viennent les beaux jours avec le salon inondé de lumière qui invite à se lever tôt. Les voix joyeuses de l'émission du milieu de matinée sur France Musique m'apaisent. Le ciel bleu, même s'il fait encore frais, donne envie de sortir. Hier, j'ai eu envie de revoir le prunus shirotae en fleurs du Jardin des Plantes. Je n'étais pas le seul et il constituait là-bas la grande attraction d'un public qui se pressait autour de lui. J'ai volé cette image exprimant si bien la beauté, la grâce et la légèreté associées à  cette saison que l'on aurait espéré plus insouciante cette année. Elle était là, comme une apparition, fleur parmi les fleurs, se faisant photographier par son amie. J'ai profité d'un moment où elle ne prenait pas encore la pause. Cette jeune femme est l'image même de tout ce qui est aujourd'hui menacé

dimanche 20 mars 2022

Nails


Voilà,
ces commerces qu'on appelle ongleries, ont, ces dernières années, proliféré dans les rues de Paris. Certes j'avais bien remarqué que nombre de filles et de femmes étaient affublées de faux ongles, ou d'ongles décorés, mais je n'imaginais pas que cela pût à ce point constituer une niche commerciale, comme les salons de coiffure, par exemple. Je pensais que les histoires d'ongles se réglaient dans les salons de beauté, qu'une manucure s'en chargeait. Quoi qu'il en soit, une de ces échoppes est apparue dans le voisinage. J'aime bien sa devanture et surtout  sur ce visage dessiné, la coiffure constituée de fleurs (artificielles sans doute) situées à l'extérieur, au-dessus de la vitrine. 
Pour combien de temps encore, l'Epoque nous accordera-t-elle l'illusoire privilège de la futilité ?
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lundi 14 mars 2022

Pipes en tous genres


 
Voilà, 
n'allez pas imaginer un contenu érotique à cette publication en raison de son titre. C'est juste qu'il existe un curieux magasin place du Palais Royal, non loin de la Comédie Française, qui ne vend que des pipes, de toutes formes et de toutes matières. Nombre d'entre elles sont entassées dans une vitrine. Je n’arrive pas à imaginer qu’on puisse en acheter une d’occasion qui a déjà été machouillée, têtouillée. Mais peut-être après tout ce magasin n'est-il finalement destiné qu'aux collectionneurs.
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dimanche 13 mars 2022

Divagations


 
Voilà
depuis le 9 mars, sur le balcon le forsythia est éclos. Le romarin s'est aussi paré de fleurs bleues. Et encore le thym qui, depuis la fin de l’été dernier en est, je crois, à sa troisième floraison.
 

Cette semaine, pour cesser de creuser ma tombe avec mes dents, j'ai commencé un régime alimentaire. Une nutritionniste me conseille. Je suis incapable de me débrouiller seul.
 
*
 

Mais tout paraît bien futile, tant les nouvelles ici sont alarmantes. La guerre semble inéluctablement s’approcher. C'est une question de mois. Aujourd'hui une base militaire en Ukraine située à vingt kms de la frontière polonaise a été pilonnée. Du jour au lendemain tout peut s'embraser. Rien ne paraît pouvoir arrêter Poutine, qui multiplie les provocations sauf un accident de santé ou un coup d’état. C’est la même folie meurtrière que Bachar el Assad, mais avec en plus le feu nucléaire et l’assurance d’une quasi impunité. 

En d’autres temps on aurait, sur les écrans, parlé en boucle de Jean-Pierre Pernault ce célèbre présentateur de télévision français qui vient de disparaître. Ou l'on se serait hystérisé à propos de la campagne électorale. Au lieu de quoi, passent sur les chaînes d'information continue des images de colonnes de civils fuyant des ville ukrainiennes bombardées qui, vont s'ajouter à la longue liste des villes martyres de ce début de siècle. Évidemment, on parle beaucoup moins du Yémen où une autre catastrophe humanitaire est en cours. Mais bon, pour les occidentaux, ce n’est qu'une affaire d’arabes qui se font massacrer — avec des armes françaises — par d’autres arabes. 


*


Un détail qui en dit long : dans les salles d’attente d’hôpital, on n’allume plus les télévisions tant les nouvelles du monde sont anxiogènes.

 

*

 

Je n’ai pas trop le goût d’écrire. Je suis comme anesthésié. Je suis sidéré par ce qui arrive, et par les conséquences à long terme pour la planète des événements actuels. Bien sûr, j'ai souvent évoqué le tropisme suicidaire de l'espèce humaine. Mais j'écrivais sans doute cela pour exorciser mes propres peurs. Il faut s'y résoudre, l'humanité est définitivement prédatrice. Je crains que dans les années qui viennent, on parle moins d'écologie que de stratégie militaire, de décisions d'états- majors, de mesure de rétorsion, de gaz, de pipe-line, et de famines.


*

 

Même, regarder les highlights du super Rugby Pacific me laisse mélancolique. Je me prends à envier les gens qui vivent sous ces latitudes lointaines, loin des zones de turbulences. Ce qui faisait le sel de la vie, les secrets rituels, le retour du printemps (avec les beaux jours on change de parfum, je délaisse "L'Autre" de dyptique pour "Cédrat intense" de Nicolaï, je bois du"thé des moines"), les sorties, le théâtre le cinéma, les dimanche matin à écouter France-Musique quand se succèdent de formidables émissions, tout cela désormais a le goût d'une eau saumâtre. Le peu d'avenir qu'il me reste ne sera pas très lumineux . Je m'inquiète pour ma fille.


*


Avant les matches du tournoi des 6 nations les spectateurs applaudissent en solidarité avec les Ukrainiens. Cela semble si dérisoire, si infantile. Contre l’aviation russe, ce n'est sûrement pas de cela dont ils ont besoin. Je me sens tellement impuissant.


*


Je n'ai plus trop le goût de la photo. Je ne suis pas très inspiré. Il y a quelques mois à peine, je pouvais m'émerveiller d'un mur peint découvert par hasard, comme celui-ci, du côté de Ménilmontant, où il y en a de nombreux autres. Aujourd'hui, je crains de me retrouver un jour coincé dans cette ville sans possibilité de m'en échapper.


*

Il ne m'est pas très facile de me conformer à ces recommandations d'un personnage de la pièce de Peter Handke, "Par les villages" publiées hier dans un post en fait rédigé, comme tant d'autres, il y a plusieurs semaines. Je ne suis d'ailleurs pas certain, à l'heure qu'il est, d'avoir encore la force, l'envie, la nécessité de proposer de nouvelles pages. Je ne sais pas. Il y en a une cinquantaine, plus ou moins terminées, mais dont le texte ne me satisfait guère, qui attendent sagement dans mon ordinateur. On verra. Peut-être les idées viendront-elles. Ou pas. Ou bien je me contenterai de citations, sous des images. Le mieux serait de parvenir à une description strictement phénoménologique de la réalité telle que je la constate, de m'abstenir de tout jugement, mais je n'ai pas les dispositions intellectuelles pour cela. Et puis il est probable que ce que l'on perçoit, retient de la réalité constitue déjà en-soi, une forme de jugement.


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vendredi 11 mars 2022

Passe par les villages


Voilà,
"Évite les arrière-pensées. Ne tais rien. Sois doux et fort. Sois malin, interviens et méprise la victoire. N’observe pas, n’examine pas, mais reste prêt pour les signes, vigilant. Sois ébranlable. Montre tes yeux, entraîne les autres dans ce qui est profond, prends soin de l’espace et considère chacun dans son image. Ne décide qu’enthousiasmé. Échoue avec tranquillité. Surtout aie du temps et fais des détours. Laisse-toi distraire. Mets-toi pour ainsi dire en congé. Ne néglige la voix d’aucun arbre, d’aucune eau. Entre où tu as envie et accorde-toi le soleil. Oublie ta famille, donne des forces aux inconnus, penche-toi sur les détails, pars où il n’y a personne, fous-toi du drame du destin, dédaigne le malheur, apaise le conflit de ton rire. Mets toi dans tes couleurs, sois dans ton droit et que le bruit des feuilles devienne doux. Passe par les villages, je te suis."
Peter Handke in  "Par les Villages" 

mardi 8 mars 2022

Sous le regard des passants


Voilà,
sous le regard des passants, dans son magasin du côté de la butte Montmartre, ce type dessinait des chats et des natures mortes au vu de tous. Cela se passait il y a deux ou trois ans, j'ignore s'il le fait encore. J’avais alors repensé à ce présentateur de télévision français des années soixante, Georges De Caunes. J'aimais le timbre de sa voix, grave et sa diction à la fois élégante et désinvolte, un brin blasée, teinté d'un soupçon d'impertinence. Dans les années quatre-vingts, il s'était exposé dans un zoo pendant une quinzaine de jours. L'idée lui était venue alors qu'il avait, en compagnie de personnalités et d'hommes politiques traversé un jardin zoologique. On rapporte que le regard énigmatique des grands singes sur le cortège lui avait alors donné envie de les rejoindre et d'adopter leur point de vue.
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lundi 7 mars 2022

Un souvenir d'Avignon

Voilà,
c'était l'été 2019, la dernière fois où je suis allé à Avignon. Je jouais là-bas. Jamais je n'étais resté durant toute la durée du festival. Je me souviens de ce trompe-l'œil sur cette palissade qui devait dissimuler les travaux de réfection d'un magasin. J'avais pris la photo par un de ces soirs où j'avais du déambuler, comme dans une légère ivresse, vaguement hébété à cause de la foule. A dire vrai, toute cette ambiance me fatiguait, et cette grand messe du théâtre me paraissait elle aussi comme un trompe-l'œil. Nous ne savions ou feignions de ne pas savoir que nous vivions dans une sorte d'illusion, dans un équilibre précaire. Et puis six mois plus tard il y a eu la pandémie qui s'est répandue dans le monde, et maintenant c'est la folie d'un autocrate qui contamine l'Europe, avec cette guerre qui se rapproche. Et ces jours d'alors, qui certes pour ma part n'étaient pas insouciants, me paraissent rétrospectivement, d'une enviable légèreté au regard de ce qui nous attend désormais. Ils ont le charme que l'on trouve parfois aux objets anciens et comme rescapés d'un monde révolu. (Linked with Monday mural)

mercredi 2 mars 2022

Florilège


Voilà,
j'ai constaté avec un étonnement à la fois amusé et légèrement dépité que, pour un site avec lequel je souhaitais me mettre en lien, ma publication d'hier était suspectée de contenir un message inapproprié à caractère politique. Que dire alors de celui d'aujourd'hui ! Je me contente  cette fois-ci de relayer une information que j'ai vu passer sur le net et qui en dit long sur la bêtise de certains commentateurs et correspondants de presse, et sur le racisme ordinaire qui les caractérise. Ces vidéos ont été collectées par AlanRMacLeod sur son compte Twitter, on peut vérifier de visu.
1. La BBC
"C'est très émouvant pour moi parce que je vois des Européens aux yeux bleus et aux cheveux blonds se faire tuer" - David Sakvarelidze, le procureur en chef adjoint de l'Ukraine
 
2. Nouvelles de CBS
« Ce n'est pas l'Irak ou l'Afghanistan... C'est une ville relativement civilisée et relativement européenne" - Charlie D'Agata correspondant étranger de CBS

3. Al-Jazeera (de toutes les chaînes)
« Ce qui est fascinant, c'est de les regarder, la façon dont ils sont habillés. Ce sont des gens prospères et de classe moyenne. Ce ne sont pas évidemment des réfugiés qui essaient de s'éloigner du Moyen-Orient... ou l'Afrique du Nord. Ils ressemblent à n'importe quelle famille européenne à côté de laquelle vous vivriez"

4. BFM TV (France)
« Nous sommes au 21e siècle, nous sommes dans une ville européenne et nous avons des tirs de missiles de croisière comme si nous étions en Irak ou en Afghanistan, vous imaginez !? "

5. Le Daily Telegraph
Cette fois-ci, la guerre est fausse parce que les gens nous ressemblent et ont des comptes Instagram et Netflix. Ce n'est plus dans un pays pauvre et reculé. - Daniel Hannan

6. ITV (UK)
"L'impensable est arrivé... Ce n'est pas une nation du tiers monde en développement ; c'est l'Europe ! "

7. BFM TV (France) (encore)
« C'est une question importante. On ne parle pas ici des Syriens qui fuient... On parle des européens. "
. « Pour le dire franchement, ce ne sont pas des réfugiés de Syrie, ce sont des réfugiés d'Ukraine... Ce sont des chrétiens, ils sont blancs. Ils sont très semblables [à nous]" - *expliquant pourquoi la Pologne accepte les réfugiés. *
 
Édifiant, n'est-ce pas ? Ne reste qu'à se souvenir de ces moments où le regard pouvait se tourner vers le ciel sans trop songer au malheur.

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