dimanche 29 septembre 2019

En sortant de l'école


Voilà,
cet été à Avignon, non loin des remparts, il y avait cette fresque sur un mur à proximité d'une école, et j'ai alors repensé à ce poème de Jacques Prévert que chantaient si merveilleusement Yves Montand mais aussi les Frères Jacques (shared with Monday mural)




En sortant de l'école
nous avons rencontré
un grand chemin de fer
qui nous a emmenés
tout autour de la terre
dans un wagon doré
Tout autour de la terre
nous avons rencontré
la mer qui se promenait
avec tous ses coquillages
ses îles parfumées
et puis ses beaux naufrages
et ses saumons fumés
Au-dessus de la mer
nous avons rencontré
la lune et les étoiles
sur un bateau à voiles
partant pour le Japon
et les trois mousquetaires
des cinq doigts de la main
tournant la manivelle
d'un petit sous-marin
plongeant au fond des mers
pour chercher des oursins

Revenant sur la terre
nous avons rencontré
sur la voie de chemin de fer
une maison qui fuyait
fuyait tout autour de la Terre
fuyait tout autour de la mer
fuyait devant l'hiver
qui voulait l'attraper
Mais nous sur notre chemin de fer
on s'est mis à rouler
rouler derrière l'hiver
et on l'a écrasé
et la maison s'est arrêtée
et le printemps nous a salués
C'était lui le garde-barrière
et il nous a bien remerciés
et toutes les fleurs de toute la terre
soudain se sont mises à pousser
pousser à tort et à travers
sur la voie du chemin de fer
qui ne voulait plus avancer
de peur de les abîmer
Alors on est revenu à pied
à pied tout autour de la terre
à pied tout autour de la mer
tout autour du soleil
de la lune et des étoiles
A pied à cheval en voiture
et en bateau à voiles.
shared with digital whisper

jeudi 26 septembre 2019

Longtemps après, un autre Septembre


Voilà,
tout au bord du lac, ce bar avec son palmier et son toboggan, se donne des airs de tropiques. On se croirait sur un lagon. Cela n’existait pas autrefois. Mais cela aurait pu. Port-Maguide, sur le lac de Cazaux, pour moi, c’était le bonheur paisible, la joie de mes jeudi après-midi, la récompense après dix kilomètres de pédalage sur ces routes qui traversaient la forêt puis longeaient la rive. C’était l’enchantement de vivre non loin de là tout au long de l’année, et de pouvoir me rendre au lac, parfois en bande, mais le plus souvent seul, avec le sentiment de vivre une grande aventure. L’enchantement de vivre tout simplement. Là tout à ma solitude, allongé sur le sable fin, submergé par l’odeur des pins, je rêvassais, j’espérais du monde qu’il puisse toujours être harmonieux, et juste comme ce paysage. C’était ma Californie, mes îles Marquises, c’était un paradis. Ce temps est passé, quant à cet espace je ne m’y suis pas enraciné. D’ailleurs, je ne me suis enraciné nulle part. Tout au plus ai-je été greffé ici ou là. N’étant de nulle part, je cherche toujours un ailleurs. Cette photo ne capte pas le Réel, elle redonne forme et matière à ce qui a disparu, mais demeure encore vif. Non pas photo-souvenir, mais photo d’un souvenir. 
(shared with the weekend in black and white)

dimanche 22 septembre 2019

Au bord du cercle de famille


Voilà,
je me tenais au bord du cercle de famille. Il ne pouvait en être autrement puisque ce n'était pas la mienne. D'ailleurs de famille je n'en avais plus depuis longtemps. Je pouvais enfin mettre parfois des visages sur des noms. Ou bien des visages m'évoquaient une possibilité de nom mais sans pour autant que je parvienne à trouver lequel. On me reconnaissait parfois sans que je sois néanmoins capable de rendre la pareille. Il arrivait qu'on me demandât la raison pour laquelle j'étais là, et je ne savais trop quoi répondre ne sachant pas quelle place prendre ni même si une place m'était vraiment assignée. (shared with Monday murals)

vendredi 20 septembre 2019

Près du bord



Voilà,
Ils disparaissent peu à peu ceux qui, parce qu'ils en étaient les voix les visages, ont enchanté ta jeunesse. Les refrains qu'ils chantaient, les films où ils apparaissaient, accompagnaient tes joies tes inquiétudes autant que tes espérances et tes chagrins. Ils agrémentaient ton quotidien et coloraient une époque. Tu ne soupçonnais pas leur puissance émotionnelle qui à bas bruit déjà commençait à propager son onde secrète vers ce futur incertain où tu te tiens à présent. Au fur et à mesure que disparaissent tes vieilles idoles c'est aussi quelque chose de toi qui s'arrache, pareil à un bout de chair laissant la plaie à vif. Et comme s'aiguise alors la conscience que toi aussi tu approches dangereusement du bord, tu retournes, vers les lieux que tu as toujours connus plus ou moins semblables. et où tant d'objets qui survivent depuis si longtemps à ceux qui les ont conçus ou possédés sont si harmonieusement disposés. La beauté qui s'en dégage, chaque fois retrouvée quand tu passes dans les parages te rassure alors. Sans doute parce qu'elle te donne, une illusoire sensation de  pérennité.
 (linked with weekend reflections)

mercredi 18 septembre 2019

Tu le connais toi Ralph Vaughan Williams ?



Voilà,
tu le connais toi Ralph Vaughan Williams ? Tu en as déjà entendu parler ? Parce que moi jamais. Bon c'est vrai j'ai de grandes lacunes en musique classique en dépit de tous les efforts que je pourrais faire (j'ai écrit un post il y a longtemps au sujet de mon rapport à la musique classique mais je ne l'ai jamais publié — un jour peut-être, il y en a tant qui attendent...) mais je ne suis pas sûr que beaucoup le connaissent. C'est un anglais. Si tu veux en savoir plus, tu fais comme moi, tu cherches sur internet. Je te mets même pas le lien parce que j'ai la flemme. Bill peut-être il doit connaître, parce qu'il touche sa bille apparemment question musique. Ce matin, j'ai entendu ça, à 6h 45. Je me suis souvenu qu'il fallait que je le retrouve. C'est la surprise du jour. Ça me réjouit toujours de découvrir quelque chose que j'ignorais surtout à l'orée d'une journée où je dois consacrer le peu d'énergie qu'il me reste pour une activité stupide et absolument pas culturelle et à une période où j... mais bon passons à autre chose. C'est dommage que les anglais pauvres imposent au reste de leur pays de quitter l'Union européenne. Revenez les anglais, on vous aime parce que vous n'êtes pas comme nous, parce que vous avez inventé des tas de sports avec des règles toutes plus absurdes les une que les autres, parce que vous êtes excentriques, parce que c'est si bon de voir une autre équipe vous battre au rugby, parce que c'est vous qui retapez le mieux les bicoques en Dordogne (même si vous y cachez dans votre garde-manger des boîtes de baked beans), parce qu'il n' y a que vous pour inventer un truc aussi stupidement drôle et délirant que le Portsmouth symfonia orchestra  parce que les monthy python et le ministère des marches ridicules, parce que Shakespeare parce que l'accent so délicieusement british de Francis Bacon, parce que c'est le seul pays où les vendeuses de cigarettes t'appellent "darling", parce que les tenues vestimentaires de la reine qui te confiment qu'être daltonien n'est pas un handicap, parce que les Beatles les Stones et les Sex Pistols et Vera Lynn aussi, parce que Ralph Steadman, and so on and so on vous pouvez continuer la liste moi je vais me coucher je suis trop fatigué. Bref tout ça pour dire qu'il y a encore plein de choses qu'on ignore des Anglais et qui sont tout à fait valables, et que voilà, c'est trop con de se séparer, on a encore des tas de choses à se raconter. En attendant je vous envoie, aux anglais et à tous les autres, une petite carte postale de Paris prise hier, alors qu'il faisait beau et chaud. D'ailleurs j'étais en short, comme un parfait touriste. Le saule du bout de l'île de la Cité que je n'avais pas vu depuis longtemps m'a paru magnifique (Linked with skywatch friday)

lundi 16 septembre 2019

Le Doute


Voilà,
parfois au contraire de ceux qui passent indifférents et pressés à proximité de ces trop nombreux corps inanimés gisant sur l'asphalte, il arrive que, déconcerté par une telle immobilité, quelqu'un se rapproche, inquiet peut-être à l'idée de se retrouver en présence d'un cadavre.

dimanche 15 septembre 2019

Au coin d'une rue



Voilà,
Il mord ses doigts, gratte ses croûtes, mange ses peaux mortes. Mâchoire serrée il avance à pas lents dans les rues sales et répugnantes de cette ville perpétuellement en chantier qu'il ne reconnaît plus. Des questions l'assaillent comme des flèches. Voudrait somnoler. Dans certains pays paraît-il existent des bars à sieste, pas ici, dommage. Car, de plus en plus souvent cotonneuse, la réalité. Ou bien poreuse friable transparente peuplée de figurants sans épaisseur ni densité. À cause de la fatigue son rayon d'action s'amenuise. Plus goût à rien. N'avance pourtant pas les bras ballants. Conserve encore quelque maintien. Observe à droite à gauche respecte les feux tricolores traverse au passage-piétons. Même si dedans délabré. Se souvient de cette lointaine époque où  transporté de ci de là, sans avoir à décider de quoi que ce fût, il n'avait qu'à regarder. Premiers temps de la vie où tout n'était que contemplation sans projet. Sans nécessité aucune de formuler, de rendre des comptes. De se justifier. C'était bon. Aurait pu tout aussi bien s'arrêter de vivre alors. Bien sûr n'aurait pas connu les plaisirs de la chair. Ni ses démons. Ah ! Jours sans fantômes et sans autre désir que chier manger dormir et pour le reste simplement voir entendre. Sûrement les choses n'étaient-elle pas aussi simples. C'est fou comme on enjolive. Finalement ne restent que les bons moments. Bonne nature tout de même. Optimiste, oui. Presque joyeux drille en dépit de la mélancolie cette méduse qui remonte sournoisement des profondeurs de l'être, c'est joli ça, les profondeurs de l'être. Il devait y avoir de la souffrance c'est pas possible autrement. Mais oui les dents les boyaux et tout plein d'autres trucs. De la sensation d'abandon aussi, de la méduse déjà. Aujourd'hui n'a plus envie de responsabilité. Sent bien qu'il lâche l'affaire. N'aura finalement pas su conduire sa barque. On dit conduire ou mener sa barque ? Épuisé de toujours donner le change, de sauver les apparences. Parfois les mendiants lui demandent la monnaie qu'il n'a pas. À quoi bon se lever se laver sortir marcher il pourrait tout aussi bien rester dans son lit dormir se branler écouter la radio procrastiner peu importe l'ordre, mais il s'obstine encore à marcher. C'est donc qu'il y a de l'insurgé en lui, du résistant. Il lui reste encore un peu de révolte. D'ailleurs, la fugitive vision d'un vieillard crispé sur trottinette électrique suffit amplement à justifier un telle rébellion. Le ridicule ne tue pas, mais l'on en vient parfois à se réjouir du danger des carrefours. Qu'il crève ! Et puis il y a les murs aussi. Bien énigmatiques parfois les murs, au détour d'une rue. 
(Shared with Monday murals)

jeudi 12 septembre 2019

Liste des bonnes nouvelles



Voilà,
Un soir, dans une gare au milieu de nulle part, en attendant un train qui me ramènerait sur Paris j'ai songé qu'il me fallait répondre au défi lancé par Francis J. en commentaire d'une de mes publications du mois d'Août. Je me suis donc efforcé d'écrire une liste de bonnes nouvelles.

Un particulier vietnamien invente des pailles faites d'herbes sauvages et emballées dans des feuilles de bananiers.

L’association Faire Avec, fondée par trois femmes architectes récupère les déchets de chantiers du secteur du bâtiment qui en produit plus de 50 millions de tonnes chaque année, pour rénover les logements des personnes en situation de précarité.

Développé avec l’institut de microbiologie de Guangzhou en Chine, le Cleansebot est un petit robot qui se glisse sous vos draps pour nettoyer votre lit des acariens et bactéries récalcitrants avec une technologie baptisée « désinfection par rayonnement ultraviolet ». Il se faufile partout dans la maison et peut même nettoyer votre clavier d’ordinateur, nid à bactéries par excellence (400 fois plus que dans vos toilettes !).

Une start-up danoise invente des sous-vêtements qui ne se lavent que toutes les quatre semaines… Un réflexe écologique dans des conditions d’hygiène parfaitement pensées. .Les sous-vêtements sont recouverts d’une formule à base d’argent. Cette fine couche d’argent a des propriétés antibactériennes et va détruire au fur et à mesure plus de 99.9% des bactéries présentes dans le tissu. Les bactéries sont responsables des odeurs et donc si les bactéries sont éliminées, les odeurs le sont aussi. Il suffira de laver en machine les sous-vêtements toutes les quatre semaines pour les porter de nouveau. 

Des gens optimistes nous délivrent des messages d'optimisme (bah oui logique !!!) comme par exemple Mitchell Joachim, professeur de pratique à l’Université de New York (États-Unis) qui considère que « L’humanité a créé la majeure partie des problèmes de notre société et, par conséquent, l’humanité a le pouvoir d’apporter des solutions. » ou bien Giulio Prisco, écrivain, expert en technologie, futuriste, cosmiste et transhumaniste (Italie) qui pense que "L’humanité a fait des choses merveilleuses sur Terre et peut continuer à faire des choses encore plus merveilleuses parmi les étoiles, à condition que nous conservions une saine réserve d’optimisme sans bornes, irrévérencieux et déraisonnable." et puis aussi "La thèse de l'effondrement peut nous aider à construire un monde meilleur" (Pablo Servigne) 

Mise au point en 2012 par deux chercheuses promises au prix Nobel, la Française Emmanuelle Charpentier et l’Américaine Jennifer Doudna, la méthode “CRISPR Cas9” permet de couper, de remplacer ou de modifier un gène dans l’ADN d’un être vivant. Une technique extrêmement prometteuse, qui sera très utile dans la thérapie génique. On pourra mieux combattre les maladies en intervenant directement dans l’ADN.

Des chercheurs de l’Université du Wisconsin ont réussi à écrire un message sur Twitter uniquement par la pensée, en se concentrant sur des lettres apparaissant sur un écran. Objectif : concevoir des « prothèses neurales », qui permettront à des personnes handicapées de communiquer par ordinateur ou de piloter leur fauteuil roulant au moyen de la pensée.

Des Américains ont fabriqué deux enzymes artificielles d’une complexité sans précédent, qui pourraient s’avérer utiles pour détruire le pétrole lors d’une marée noire ou créer des bioplastiques. La fabrication d’enzymes artificielles progresse à grands pas. Les enzymes que fournit le corps humain ou d’autres êtres vivants ont beau être capables de prouesses qu’aucun produit de synthèse ne parvient encore à imiter, elles sont parfois instables et longues à produire. 

Ce sont les chiens eux-mêmes qui éclairent depuis peu un parc canin de Cambridge, au Massachusetts, grâce à un biodigesteur qui transforme leurs excréments en méthane, lequel alimente un réverbère à gaz. Un outil simple et efficace pour convertir directement des déchets en source d’énergie.

Des Japonais ont inventé la machine qui au lieu de broyer les documents les transforme en un doux papier toilette qui ne vous martyrisera pas plus la pastille. Bon ça coûte encore à peu près 100 00 dollars, mais souvenons nous qu'au début un lecteur DVD ça coûtait 4000 francs

Donc je devrais pouvoir chanter comme Maurice Chevalier "dans la vie faut pas s'en faire" 

shared with skywatch friday

mardi 10 septembre 2019

Une image paisible


Voilà,
vers la fin Aout 2019 au bois de Vincennes. Une journée paisible et ensoleillée. Mon frère est reparti de chez moi le matin même. J'ai lavé les draps les ai fait sécher. Ensuite je vais voir l'exposition "Paris-Londres music migrations 1962-1989" au Musée National de l'Histoire de l'Immigration. Puis je loue un vélo et me balade autour du lac de Minimes à Vincennes où ça canote pas mal. Paris ne s'est pas repeuplé car il reste encore une semaine entière de vacances. L'image donne une impression paisible. Bon évidemment la fille allongée tapote sur un écran. Sans doute au moment où je déclenche, ai-je envie que le monde ressemble à cela, à cette illusion. Verdure et azur limpide. Farniente. La simple beauté des choses et l'acceptation sereine du temps qui passe. Oui je voudrais tant y croire. (Linked with Our world tuesday)

jeudi 5 septembre 2019

We're the one to the sun


Voilà,
lors de ce lointain séjour à New York, j'ai souvent réalisé des photos volées, dans le métro, dans la rue où il pleuvait souvent. J'errais essayant d'oublier. Il me semblait que ma vie s'écroulait. J'avais tout le temps envie de pleurer. Évidemment, la plus belle et la plus métaphorique du séjour, je ne l'ai pas prise. Quand j'y pense encore aujourd'hui, je réalise à quel point j'étais perdu. Mon ami Pascal m'avait offert le voyage, et organisé à la hâte tout le séjour, pour ne pas me laisser dans cet état à Paris. Ce jour-là, j'ai trouvé que ce type ressemblait à William Burroughs, alors j'ai déclenché en espérant que le métro ne se transforme pas en machine molle.
Shared with the weekend in black and white

mardi 3 septembre 2019

De quelques piscines



Voilà,
celle de Djelfa, dont il reste une photo quelque part et qui fut sans doute la première où je suis allé
celle de Saumur où à douze à treize ans je sautais du plongeoir de dix mètres
celle de Draguignan où nous allions après les courses avant de remonter sur Châteaudouble
celle de Malakoff avec sa pelouse où nous passions des après midi entières avec Jacques Nolot
les Bains Deligny sur la Seine que nous fréquentâmes beaucoup l'été 1979 avec Thierry, Mimi, Jacques et Didier
celle de cet hôtel en Tunisie où Constance, infatigable et fière me montrait comme elle savait plonger
celle toute petite de l'École Polytechnique à Paris qui sentait le chlore
celle de la rue de Sèvres avec ses cabines à l'étage et qu'on voit dans "les bonnes femmes" de Chabrol
celle de Parentis en Born où j'ai appris à nager
celle de la porte de Vincennes où j'ai passé l'épreuve de natation du brevet
celles de ces gens aux Arcs qui ne cessaient de parler de leurs amis les Martin-Chauffier
celle de la maison d'Aline où nous avons passé tant d'étés et en particulier celui caniculaire de 2003
celle du bateau qui nous a conduit de Travenmüde à Helsinki lors de la tournée des Zeppelins en 1979
celle du Hilton de Manille au bord de laquelle on prenait le soleil et des cocktails avec Didier avant d'aller donner nos cours 
celle de l'île de la Barthelasse à Avignon où je ne suis pas retourné depuis 1996, c'était avec Christelle et Beatrice Catry
celle de Mussidan un peu vétuste et guère ombragée à laquelle je pense pourtant assez souvent
celle un peu sale du Luxury beach hôtel de Karachi
la piscine Joséphine Baker en bord de Seine dont le toit ne s'ouvre jamais vraiment, même l'été
celle de cet Hôtel de Madère avec une vue plongeante sur la mer
celle de la villa de Villeneuve-lez-Avignon louée par Sophie et ses copines au milieu des cyprès et des pins
et la plus récente celle de la maison des parents d'Elsa, enserrée dans un jardin
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lundi 2 septembre 2019

Entre deux mondes



Voilà,
ta langue passe et repasse derrière la dent qui bouge un peu. Tu es intrigué par ce légère ébranlement. Tu traînes sur les berges du fleuve qui scintille sous le soleil de midi. Tourmenté cependant par de lancinantes pensées dues à ce message découvert le matin même sur ton portable alors que tu étais à peine réveillé. Ces mots sobres et pudiques publiés par une lointaine connaissance sur un réseau social qui ne te lâchent pas "Comment écrire l’impensable...Mon amour, mon ami, mon amant, le père de mes enfants, mon *** s’en est allé, trop tôt. Assis face à la mer, son cœur a lâché... Grande est notre douleur mais nous tiendrons le cap."
Tu ne cesses de penser à elle, que tu connais depuis des années sans vraiment la connaître, toujours souriante, toujours aimable, simple et solaire, et dont tu as des nouvelles régulières par ce réseau social qui donne l'illusion d'une proximité. Et tu te souviens l'avoir croisée cet été un soir au festival. Elle était toujours aussi jolie.
À présent tu marches à côté de tes pas. Tu regardes les passants. Les joggers qui transpirent dans l'effort. Les lourds cumulus immobiles dans le bleu du ciel semblent presque artificiels. C'est le premier jour de Septembre. Tout semble pourtant paisible, en suspens. Dans un coin de ta tête une bluette qui te rappelle ton enfance. Tu n'as plus envie de regarder tes mails. D'entendre les actualités. Tu veux juste marcher seul, sachant pourtant combien la solitude te coûte. Ne plus vivre que dans un monde futile de musique et de refrains. Être encore plus improductif. Jouir du temps présent. Tu voudrais que la mort ne te trouve pas maussade si elle devait te prendre par surprise.


(...)

Le lendemain, tu marches encore. Cette fois dans ce quartier où tu as tant et tant de fois déambulé depuis tant et tant d'années. Comme souvent tu reviens vers la boutique des songes, celle qui a toujours été là, devant laquelle sans jamais oser en franchir le seuil, tu t'es si souvent attardé depuis que tu habites cette ville. Une jeune femme t'en ouvre la porte, affirme qu'elle te reconnaît et c'est vrai puisqu'elle articule ton prénom. Elle t'accueille avec une bienveillance inattendue. Bientôt, elle te raconte l'histoire de ce lieu qui appartenait autrefois à une aïeule, t'explique qu'elle y a grandi. Elle te confie ce qu'elle imaginait qui s'y passait la nuit quand tout était fermé, elle te montre des objets, t'indique leur provenance. Tu te sens vaguement embarrassé de ton corps tu voudrais n'être qu'un pur esprit ça serait tellement plus simple tu as peur de casser quelque chose tu ressens un léger vertige dans ce cabinet de curiosités où certains hivers tu aurais voulu te réfugier comme dans une maison de poupée tu ne te la figurais pas si jeune la bergère du troupeau des rêves mais il faut la laisser il faut t'en aller et tu la quittes à regret. Tes pas te mènent vers le grand jardin que tu traverses en somnambule et sur lequel se répand une tendre et douce lumière de fin d'été. Les ombres commencent à s'allonger. Tu n'entends pas les bruits de la ville. Juste le chant des oiseaux dans l'air tiède et les cris joyeux des enfants qui traînent après leur premier jour de classe, et profitent des derniers rayons de soleil. Et tu tiens frêle entre deux mondes, étonné, pensif, surpris d'être là encore, parmi tant de questions irrésolues, mais vaguement détaché aussi, comme si au fond, plus rien n'avait vraiment d'importance. Ni ce qui a été accompli, ni ce qui reste à faire.



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dimanche 1 septembre 2019

L'Instaurateur


Voilà,
dans son livre "Au bonheur des morts", Vinciane Despret, rapporte cette réflexion de Souriau dans "Le mode d'existence de l'œuvre à faire" qui, à la fin des années cinquante, pensait que l'artiste n'est jamais le seul créateur, mais plutôt "l'instaurateur" d'une œuvre qui vient à lui, et qui sans lui ne procèderait jamais vers l'existence". Plaisir de découvrir que cette intuition constatée il y a quelques mois, et partagée dans un précédent billet, qui d'ailleurs, bien que l'image qui s'y trouve soit plutôt réussie, ne suscita alors aucune réaction, a préalablement été ressentie et formulée par d'autres. (Linked with monday murals)

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