samedi 31 août 2019

Les jardins de Cormatin


Voilà,
les étés en compagnie de ma fille se feront de plus en plus rares. Elle aura sans doute dans les années qui viennent d'autres envies que celle de voyager l'été avec son vieux père, et c'est bien normal. Les moments passés avec elle me sont d'autant plus précieux. Ces menus partages en dehors de la vie quotidienne, les visites, les promenades, les découvertes faites ensemble, tout cela aura compté parmi les bonheurs les plus doux de mon existence. Nous aurons par exemple marché dans le parc du château de Cormatin ensemble un été. Rien de bien spectaculaire, et les choses qui nous seront apparues au même moment n'auront pas le même poids, se recomposeront différemment dans son esprit, ou bien s'évanouiront peut-être dans l'oubli car d'autres événements d'autres expériences auront occupé sa pensée. Pourtant, ces bouts d'existence, ces instants dérobés ont pour moi la grâce singulière des apparitions. Comme cette statue de pierre au milieu de cette végétation, semblant contempler la sculpture végétale qui lui fait face.(shared with our world tuesday)

jeudi 29 août 2019

mercredi 28 août 2019

Dormir pour oublier (28)



 Voilà,
donc, pour nous enjoindre de jeter nos détritus dans la poubelle, le publiciste a choisi l'expression "ça ne mange pas de pain" qui signifie  — je le précise pour mes lecteurs étrangers — que cela n'exige pas d'effort particulier. Mais le sans-domicile que la société réduit à l'état de déchet, et qui a posé son carton à proximité de la poubelle, lui non plus ne mange pas de pain. Que le publiciste, puisse, vraisemblablement parce qu'il ne prend jamais le métro, imaginer un slogan aussi con, peut à la rigueur se concevoir, mais que les responsables de la RATP qui eux ne doivent pas ignorer le nombre croissant de sans-abri qui s'épavent dans le métro n'aient même pas songé que leur campagne pouvait relever de l'obscénité laisse un tantinet perplexe. Mais, peut-être finalement, ce message n'exprime-t-il rien d'autre que le cynisme plus ou moins conscient de ceux qui inventent et diffusent les mots d'ordre supposés nous édifier.

lundi 26 août 2019

L'Été 2019


Voilà,
donc l'été s'achève, enfin je veux dire l'été social, celui des vacances.
Cet été beaucoup de célébrités que j'aimais seront mortes. Pas mal de connaissances professionnelles aussi
Cet été, les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis auront aggravé la crise financière.
Cet été, en France, le climat social sera resté tendu en dépit des vacances, sans que les médias tous plus ou moins à la solde de l'oligarchie financière et de son pantin n'en parlent vraiment.
Cet été, j'aurais revu Peggy qui fut une des bonnes surprises de l'année et fait la connaissance de Leah sa fille.
Cet été, j'aurai fréquemment emprunté le train.
Cet été, j'aurai pris beaucoup de plaisir à entendre la voix et les propos de Céleste Albaret la gouvernante de Marcel Proust dans une série d'entretiens rediffusés sur France Culture, et j'aurai alors songé que c'était un privilège lié au fait de vivre dans un vieux pays en paix
Cet été, je l'aurai traversé avec une canine provisoire.
Cet été, j'aurai vécu de merveilleux moments de détente avec ma fille, de promenades à bicyclette, et elle sera aussi souvent venue se blottir dans mes bras pour que je la câline, et cet amour et cette confiance auront constitué de doux moments de félicité.
Cet été, j'aurai passé un mois au festival d'Avignon retrouvé le goût de jouer et n'aurai eu nulle part mal dans mon corps durant cette période.
Cet été, j'aurai souvent éprouvé le besoin autant que le désir d'être ailleurs.
Cet été, j'aurai découvert les visages solaires et souriants de Chloé, d'Ingrid et d'Héloïse et cela m'aura fait beaucoup de bien et j'aurai déploré d'avoir la physionomie que j'ai qui me fait un visage plutôt fermé.
Cet été, il aura, comme l'été précédent, souvent été question de la pollution humaine du changement climatique et de leurs incidences sur l'état de la planète et peut-être qu'un peu plus de gens auront pris conscience du danger qui nous guette.
Cet été, j'aurai revu "Insiang" le film de Lino Brocka magnifiquement restauré et j'aurai retrouvé intacte l'émotion de mes vingt ans lorsque je le vis pour la première fois.
Cet été, les moustiques m'auront beaucoup piqué, je n'aurai pas beaucoup lu, j'aurai espéré des choses qui ne sont pas venues.
Cet été, les réseaux sociaux m'auront néanmoins réservé de jolies surprises.
Cet été, la Suze-Perrier aura été mon apéritif favori. J'aurai même émis le désir que plus tard si son absorption doit s'avérer nécessaire, le cocktail létal que j'absorberai soit associé à ces deux ingrédients.
Cet été, j'aurai songé qu'il faudrait donner une nouvelle forme à ce blog mais je ne sais pas laquelle.
Cet été, bien qu'il m'en coûte j'aurais fait le point sur quelques impasses (enfin je crois) et cessé de me voiler la face pour enfin admettre certaines évidences.
Cet été, j'aurai découvert sur le net un enregistrement où  John Lennon chante la première partie de "I've got a feeling" et j'aurai regretté qu'il n'en fut pas ainsi pour la version finale.
Cet été, une fois encore je ne serai pas allé à la piscine de Mussidan.
Cet été, j'aurai ingéré des gouttes de CBD+ et aurai constaté son effet déstressant mais aussi émollient.
Cet été, je me serai un peu désintoxiqué de mon ordinateur, des réseaux sociaux, mais pas encore suffisamment.
Cet été j'aurai rédigé et publié beaucoup de listes
Cet été, je serai allé pour la première fois à Moret-sur-Loing, un charmant village médiéval situé à une heure à peine de Paris par train, où nombre d'impressionnistes sont venus peindre et en particulier Alfred Sisley qui vécut là et y mourut.
Cet été, tout comme l'année dernière, de vastes et incontrôlables incendies auront fait des ravages. Cette fois-ci dans forêt sibérienne, la forêt amazonienne la forêt sub-tropicale africaine et aussi sur une île de l'archipel des Canaries.
Cet été, mon plus jeune frère de passage à Paris pour assister à un concert de Cure, m'aura fait quelques confidences le concernant et une fois encore j'aurais trouvé qu'il ne respire pas vraiment la santé.
Cet été, j'aurais découvert le dernier album de Carlos Santana que j'aurais trouvé ma foi fort bon
Cet été je me serai demandé s'il y en aura beaucoup d'autres après celui-là, en me rappelant qu'autrefois, c'est à dire il y a trente ans, chaque fois que je partais en vacances, je mettais "see you in september" des happenings en fond sonore sur mon répondeur téléphonique.
Cet été je ne me serai pas assez reposé.
(Linked with weekend reflections)

samedi 24 août 2019

La Presse du Jour


Voilà,
donc si j'ai bien lu, le journal "Investir" nous informe des valeurs qui vont flamber : "Libération" évoque Bolsonaro l'incendiaire de l'Amazonie et "Le Parisien" titre sur notre poumon qui brûle. Quant au journal "Madame", ce qui l'intéresse, c'est le gang du style.

So if I read it correctly, the newspaper "Investir" informs us of the values that will flare up: "Libération" evokes Bolsonaro the arsonist from the Amazon and "Le Parisien" title on our burning lung. As for the newspaper "Madame", is interested by the style gang.

vendredi 23 août 2019

Aujourd'hui tout va bien


Voilà,
aujourd'hui ou un autre jour pour tout le réseau banlieue et Paris un forfait est vendu à prix réduit pour cause de pollution.
Tout va bien.
Aujourd'hui ou un autre jour dans l'état de l'Alabama une femme enceinte noire qui a pris une balle dans le ventre est jugée responsable de la mort de son fœtus au motif qu'elle aurait provoqué son agresseur.
Tout va bien
Aujourd'hui ou un autre jour je lis que dans certaines entreprise du freeworld les salariés privés de pause toilettes se trouvent contraints de porter des couches,
Tout va bien
Aujourd'hui ou un autre jour, après un épisode caniculaire, le nord de la Grèce a subi le passage d'une tornade, phénomène inédit sous ces latitudes, qui a causé la mort de six touristes,
Tout va bien.
Aujourd'hui ou un autre jour le New-York Times a décidé de cesser de publier des caricatures politiques.
Tout va bien.
Aujourd'hui ou un autre jour au Japon, un million de personnes sont déplacées en raison d'inondations causées par des pluies torrentielles.
Tout va bien.
Aujourd'hui ou un autre jour en Pologne, en Sibérie ou au Canada le permafrost poursuit son dégel. Cette couche de sol renferme d'énormes quantités de carbone et des virus potentiellement dangereux pour l'Homme.
Tout va bien.
Aujourd'hui ou un autre jour, des navires pétroliers sont attaqués dans le détroit d'Ormuz, et les bellicistes sont au pouvoir en Iran et aux Etats-Unis.
Tout va bien.
Aujourd'hui ou un autre jour un rapport d'une Organisation internationale constate que l'exploitation du sable dans le monde est un désastre écologique qui n'est pas prêt de finir.
Tout va bien.
Aujourd'hui ou un autre jour j'ai envie de pleurer chez le marchand de pâtes à cause d'une fort parfum de lavande dans la boutique adjacente qui me rappelle ces étés  de ma jeunesse que je passais en Provence.
Tout va bien.
Aujourd'hui ou un autre jour j'ai lu que "Un être humain ingère en moyenne 5 grammes de plastique chaque semaine, soit l’équivalent du poids d’une carte de crédit”.
Tout va bien.
Aujourd'hui ou un autre jour on se demande si les démocraties sont en mesure de faire face au péril écologique.
Tout va bien.
Aujourd'hui ou un autre jour, on dit que le Groenland a atteint un point de basculement.
Tout va bien.
Aujourd'hui ou un autre jour on a, dans l'arctique russe, aperçu un ours famélique et fatigué à 800 kms de son habitat.
Tout va bien.
Aujourd'hui ou un autre jour on a constaté dans la Loire un taux de Tritium trois fois supérieur au seuil d'alerte.
Tout va bien.
Aujourd'hui ou un autre jour on rappelle que de nombreux ponts en France sont dans un état de vétusté alarmant.
Tout va bien.
Aujourd'hui ou un autre jour, les océans continuent de se réchauffer et de gagner en acidité pendant qu'une partie de l'Amazonie grande comme la péninsule ibérique n'en finit pas de brûler.
Tout va bien.
Aujourd'hui ou un autre jour, je tente de faire comme si tout cela n'existait pas et je vais au musée.
Tout va bien.
J'y pense et puis j'oublie disait une géniale chanson de mon enfance.
mais là j'ai quand même du mal.
(Linked with week-end reflections)

jeudi 22 août 2019

C'est là notre seule monnaie



Voilà,
je me réveille la nuit et je m'attarde sur des pages écrites par des inconnus aux quatre coins du monde. Ce sont pour la plupart de parfaits étrangers qui pour l'immense majorité le demeureront à tout jamais. Nous faisons la même chose, nous partageons nos histoires, nos sensations, nous montrons des images, mus par le besoin de nous exprimer autant que par celui de communiquer et d'ouvrir notre monde à celui de tous ces partenaires inconnus pour lesquels nous alimentons une certaine curiosité. Nous sommes comme ces navigateurs qui de temps en temps donnent leur position. Et même ceux qui ont renoncé à cette pratique, laissent malgré eux la trace de leur passage, témoignant du fait qu'ils continuent de porter un vague intérêt à ce qui émane de nous. En retour il arrive que nous furetions parmi les vestiges de leur production passée. Nous nous reconnaissons dans nos questions et nos incertitudes, dans nos angoisses et nos indignations, dans les intérêts que nous partageons, dans les étonnements que nous ne voulons pas garder simplement pour nous, dans les détails qui nous intriguent, dans les pensées les phrases où les images produites par d'autres qui nous stimulent et dont il nous semble nécessaire de faire entendre ou de montrer la singularité. Nous échangeons des émotions, des réflexions, c'est là notre seule monnaie. Nos corps sont par la force des choses distants, mais nous nous étreignons en pensée, sans plus aucune distinction de race de sexe ou d'âge ou plus précisément nos pensées sont la manifestation d'une quête pour atteindre l'autre, et qui sait si parmi ces lointains ne se trouve pas le si-proche le presque-semblable orphelin ou orpheline d'une langue enfouie que nous aurions pu secrètement partager et dont nous gardons la même nostalgie. Il suffit parfois d'un reflet, d'un poème, d'une évocation furtive, pour que notre solitude trouve dans l'espace infini des messages qui se croisent, l'écho de sa propre intimité. Dans ce chaosmos virtuel, se tissent les liens, les correspondances d'un peuple fantôme qui n'existe plus que par ses projections dématérialisées rendues toutefois tangibles par le truchement de ces petits écrans que nous tapotons à longueur de journée et dont nous sommes devenus les esclaves consentants afin d'exprimer notre inextinguible besoin de reconnaissance sinon de consolation.

mardi 20 août 2019

Liste des étonnements (2)


Voilà,
je m'étonne que des intellectuels ou soi-disant tels jugent bon de faire des remarques d'un autre âge sur les footballeuses où les arbitres féminines.
Je m'étonne du mépris manifeste du gouvernement à l'égard de gens qui exercent des professions difficiles, pénibles et d'une nécessité indiscutable pour la collectivité
Je m'étonne de la bêtise de la prétention et de l'arrogance de la plupart des gens qui travaillent dans la communication
Je m'ėtonne du fait que tant de personnes soient aujourd'hui tatouées
Je m'étonne de la désertification de certains centre-ville de petites agglomérations de province et la sensation d'abandon qu'on y ressent ; je comprends mieux ce qui fonde la révolte des Gilets-jaunes
Je m'étonne de l'apparition de toutes ces nouvelles douleurs dans mon corps
Je m'étonne, chaque fois que j'en vois, de la qualité des matches du super Rugby Championship opposant des équipes de l'hémisphère sud
Je m'étonne d'être aussi angoissé, quinze jours avant le départ à l'idée de faire une valise.
Je m'étonne que la loi dite de l'emmerdement maximal se vérifie aussi souvent
Je m'étonne de ce que je peux voir quelquefois dans la rue sans que je m'y attende
Je m'étonne que tant d'idiots qui ont le Q.I. d'une huître avariée dirigent de grands pays occidentaux (ce qui doit être le signe d'une réelle décadence)
Je m'étonne de l'aptitude à toujours sourire sur les photos qui caractérise certaines personnes
Je m'étonne du nombre croissant de fautes de frappe et d'orthographe que je commets
Je m'étonne que tant d'acteurs aient avant tout le souci de plaire plutôt que celui d'éclairer le sens d'une œuvre et de le partager
Je m'étonne qu'il me soit encore aussi difficile de me débarrasser de choses sans intérêt
Je m'étonne que la laideur ait à ce point envahi le monde
Je m'étonne du sang-froid dont font preuve certaines personnes dans l'adversité, et j'envie cette qualité
Je m'étonne de l'obstination d'une personne de ma connaissance à entreprendre des projets irréalisables au regard de son âge et de ses compétences
Je m'étonne avec bonheur chaque fois que je découvre une musique que je ne connais pas comme aujourd'hui le"Stabat Mater" de Rossini
Je m'étonne d'avoir encore besoin,  pour trouver le sommeil, que des voix me parlent dans la nuit
Je m'étonne qu'il soit aujourd'hui si difficile de communiquer avec des êtres dont je me suis senti autrefois intimement proche
Je m'étonne que tant de gens se complaisent dans leur médiocrité et soient si peu curieux des choses nouvelles qu'ils pourraient découvrir
Je m'étonne d'avoir été si peu capable de m'adapter à la vie sociale.
Je m'étonne de ne toujours pas savoir conjuguer correctement le verbe conclure à la troisième personne du présent (mais qui est donc la troisième personne du présent ?)

(linked with the weekend in black and white)

dimanche 18 août 2019

Brodequin


Voilà,
devant la vieille grange, je me suis souvenu de ce jour où chez le cordonnier, il m'avait fallu un certain temps avant de retrouver le mot précis désignant la chaussure pour laquelle je voulais acheter de nouveaux lacets. Soudain, bien malgré moi "brodequin" avait surgi. C'était il y a plusieurs mois. Et soudain ce mot m'est revenu littéralement à la bouche sans aucune raison. Et donc sous le ciel nuageux, face à la vétuste bâtisse en bois, j'ai articulé "brodequin" comme ça plusieurs fois de suite. Je me suis évidemment demandé si je n'étais pas en train de virer dingue, de battre la campagne comme on dit. Brodequinbrodequinbrodequinbrodequin. Quel mot étrange. Je n'ai connu qu'une seule personne l'utilisant. Ainsi, par surprise, mon défunt géniteur est sournoisement venu s'immiscer dans mon présent et dans le paysage. Il ne s'est jamais attardé ici de son vivant, et pourtant il a fallu qu'il pollue ce moment en se rappelant à mon souvenir. Tout le reste de la journée j'ai eu mal au dos.
(Linked with the barn collective - skywatch friday)

jeudi 15 août 2019

Chats et fenêtre


Voilà,
cet été là, (c'était quand déjà ?) je me souviens avoir été attendri par le soin qu'elle prenait à décorer la chambre de sa fille
(linked with the weekend in black and white)

mercredi 14 août 2019

Du bleu de l'orange


Voilà,
prise il y a plusieurs années déjà, cette photo  qui a d'ailleurs une petite sœur plus vieille de quelques secondes, me permet de prendre la mesure du temps qui passe. Désormais, le périmètre de la Tour Eiffel est ceint d'un mur de verre très épais, des militaires en armes patrouillent par crainte des attentats. Depuis cette image, Paris a basculé dans une autre dimension. Ce pays aussi. Mais il n'est pas le seul à avoir changé. Ailleurs, un fou entouré de bellicistes furieux gouverne la plus grande puissance occidentale. Son clone, depuis quelques jours a été porté au pouvoir au Royaume-Uni, l'Italie semble lentement sombrer dans un fascisme qui ne dit pas son nom. L'occident devient totalement dément, renie ses valeurs, ses principes démocratiques. Se précipite dans l'abîme. Et nous sommes là, impuissants. Notre avis compte pour si peu dans un monde devenu chaque jour plus dangereux, incertain, irrationnel, absurde, et où des dictateurs patentés asservissent leurs peuples comme en Chine ou en Russie.

C'était donc en juin 2014. Cinq ans. Même moi qui ne brille guère par mon optimisme, je n'imaginais pas que cela prendrait aussi vite une telle tournure. 
En attendant je vis hors ou à côté du temps en écoutant les rediffusions de France-Culture, la nuit. 


Parfois une douleur me rappelle à quel point mon corps lui aussi se dégrade et comme je deviens hostile à moi-même. "Á mon corps défendant" se révèle soudain une expression totalement dénuée de sens.



Je pense pourtant à cette femme croisée, il y a peu, sous un grand arbre à une terrasse de café, si digne si courageuse face à tous les malheurs qui l'accablent et qui ne renonce pas. 
Je devrais prendre exemple, mais j'en suis incapable.
J'envie les gens qui croient en un Dieu qui les console de leurs épreuves. Qui pensent même qu'elles sont un don que ce dieu leur accorde. J'envie ceux qui, dans les puanteurs qu'exhale leur corps délabré croient qu'un paradis les accueillera quand ils ne seront plus de ce monde.



le jour, je dors, je m'anesthésie.




Comment se mettre au mieux ? Sur le ventre ? Sur le dos ? Sur le côté ?





J'essaie d'oublier. Le détachement adviendra quoi qu'il arrive.
Même si je n'en jamais possédé les vertus.
J'acquiesce déjà à certains renoncements. C'est tout de même pas si mal.

linked with skywatch friday

mercredi 7 août 2019

Reflets lointains et messages perdus


Voilà,
Il est des messages dont le destin est la perte,
des mots antérieurs ou postérieurs à leur destinataire,
des images qui viennent de l'autre côté de la vision,
des signes qui pointent plus haut ou plus bas que leur cible,
des signaux sans code,
des messages enrobés dans d'autres messages,
des gestes qui butent contre la paroi,
un parfum qui régresse sans retrouver son origine,
une musique qui se déverse sur elle même
comme un escargot définitivement abandonné.
Mais toute perte est le prétexte d'une rencontre.
Les messages perdus
inventent toujours qui doit les trouver
(Roberto Juarroz)

Linked with weekend reflections

lundi 5 août 2019

Pas très fort




Voilà, 
un petit moment déjà que j'avais envie de m'essayer à un strip en trois cases
- Hi, how are you?
- Oh not so good.
- What's the matter with you?
- I dream that I'm in orgies and that every time I have premature ejaculations
- Oh, yeah, bad luck.
- Uumph. 

vendredi 2 août 2019

Dans l'indifférence générale

 

Voilà,
la France est en vacances. Le peuple, les citoyens, les gens. Je ne sais pas où ils sont d'ailleurs, il paraît que le niveau de vie baisse. Séjours pas chers en clubs à l'étranger. Plus vraisemblablement en famille en province, chez les cousins les cousines. Au camping peur-être. Il y en avait plein, du "français moyens" sur les routes du Tour de France. En tout cas, en ce moment à Paris, il n'y a plus grand monde. Les émeutes en Juillet, la nuit du 4 Août c'est dans la mythologie révolutionnaire. Le populo maintenant il a ses congés payés. Il en profite. Toute l'année il se fait chier, au bord du burn out, là il en profite. Il glande, il se la coule douce. Il pastisse, il pétanque, il touriste. il fait l'Espagne, l'Italie, le Maroc ou la Grèce, que sais-je il vaque. il se dit qu'il l'a bien mérité. Le pouvoir lui n'est pas vacant. Il continue ses entourloupes de plus belle pendant l'été. Scandaleuse réforme des retraites. Nouvelles réglementation du chômage qui mettra plus encore de gens à la rue. Ratification du CETA, qui est un traité pourri et climaticide. Bon là, ça rechigne du côté des agriculteurs. Ça s'insurge même. Quelques permanences de députés sont murées, ou taguées. Parfois du fumier est déposé devant leur maison. Les médias s'insurgent. "Ah c'est mal ! On insulte la démocratie !". Ce n'est pas bien méchant pourtant. Ces députés ne défendent pas l'intérêt national. Ils sont traîtres à la nation. Ils trahissent leurs concitoyens au profits des lobbies divers. Ils ne prennent pas en compte les nécessités écologiques que notre temps exige. Ils s'en sortent plutôt bien, je trouve.
Sinon le pouvoir se fout ouvertement de notre gueule. Un mois après sa disparition, on repêche dans l'estuaire de la Loire à Nantes, le corps découvert par hasard et qu'on ne s'est pas empressé de chercher, de Steve Caniço, noyé à la suite d'une charge de police nocturne lors de la fête de la musique. Des vidéos témoignant de la brutalité de cette intervention tout à fait disproportionnée, avec jet de grenades LBD. Malgré ça le premier ministre et le ministre de l'intérieur citent un rapport de l'inspection générale de la police selon lequel il n'y a aucun relation avec la charge des flics. Bientôt on nous dira que ce mec qui ne savait pas nager s'est jeté dans le fleuve parce qu'il était en état d'ébriété. Quelques jeunes dans les villes ont manifesté pour cela. Sinon, les médecins urgentistes et les personnels hospitaliers continuent leur lutte, mais semble-t-il dans l'indifférence générale.
On vit dans un état policier ultralibéral au service de l'oligarchie des banques, des multinationales de l'agroalimentaire, de l'industrie pétrolière, des fabricants et des marchands d'armes. Putain c'est dingue, j'ai l'impression de parler comme un gauchiste des années 70. Jamais je n'aurais imaginé que la réalité m'emmènerait à cet endroit du discours. Je repense à cette réflexion de Bernie Sanders, je crois : "While you were so worried Socialism would take your freedom, capitalism stole your pensions, took your savings send your jobs overseas, robbed you of health care, dismantled the educational system, and put you in debt, leaving you only your racism, xenophobia, hate and guns"
Aujourd'hui la casse progressive du service public entraîne la dégradation des conditions de vie. La destruction progressive du code du travail crée plus de chômage. La réduction des retraites entraîne la misère des seniors. La répression policière arrache les mains, crève les yeux. L'usage systématique de la violence par le pouvoir tue des innocents. Mais peut-être sommes nous en train de nous habituer à l'intolérable. Oui peut-être choisissons nous la résignation par lâcheté, préférant nous accommoder du mal tétanisés que nous sommes par la crainte que cela puisse être pire. Après tout, il y a encore des restaurants bondés, des rooftops onéreux fréquentés, des expositions et des cinémas, la possibilité de weekends à la campagne, des opportunités d'escape games entre amis, des spectacles et des concerts, des espaces nudistes dans les villes, des bordels masculins, des salons de massage chinois, des clubs de jazz, des magasins pleins, des scooters électriques faciles à louer depuis son smartphone, des salons de beautés où l'on peut tremper ses pieds dans des aquariums et se faire brouter les peaux mortes par des poissons chatouilleurs, des cinémas en plein air, des jardins sauvages des friches industrielles, des festivals de théâtre, de poésie, de musique baroque, d'art modeste, brut, ou contemporain, de nostalgiques de l'Apple II,  etc etc j'arrête là cette énumération mais vous pouvez toujours la continuer si le cœur vous en dit

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jeudi 1 août 2019

Everybody has got something to hide, except me and my monkey


Voilà,
cette photo je l'ai prise fin juin, rue Raymond Losserand, l'après-midi du dernier samedi du mois. J'étais un peu angoissé à cause de cette sieste, quelques heures auparavant, dans le salon de S. durant laquelle j'avais éprouvé d'étranges sensations physiques, comme souvent ces derniers temps, impression de mort imminente dans un état intermédiaire entre veille et sommeil, sensation que le cœur est sur le point de cesser de battre. 
Sur le chemin du retour j'avais craint de ne pas être prêt à temps pour la première au festival d'Avignon : il me semblait que je serais incapable de tout mémoriser. Et puis, avant de rentrer chez moi j'étais passé par le bureau de tabac de ma rue, un des rares qui n'a pas encore été racheté par un chinois. J'avais aperçu l'homme à la peluche et, après être sorti, j'étais revenu lui demander l'autorisation de le photographier, et il avait accepté.
À l'heure où je publie ces lignes, me voici parti vers d'autres horizons. Avignon s'est achevé. J'ai une petite dépression post spectacle, parce que cette affaire m'aura finalement occupé deux mois et demi, avec cette phase d'apprentissage du texte qui se révéla fort pénible, laborieuse et peu excitante, de sérieux moments de doute, et même d'inquiétude mêlée de déception, sinon de découragement. Finalement tout se sera plutôt bien passé ; la canine provisoire aura tenu tout le mois de juillet,  j'aurais fini par prendre mes marques, et même un certain plaisir à cette affaire. Constaté aussi que j'aimais toujours jouer la comédie au théâtre et que j'avais encore de bonnes dispositions pour cela, et le cerveau pas trop détraqué. J'aurais aussi un peu plus appris sur la nature humaine. Et puis ce séjour avignonnais m'aura en outre permis de perdre trois kilos ce qui n'est pas mal non plus.

Publications les plus consultėes cette année