Voilà,
la défaite de l'Occident est vraiment consommée dans la mesure où 48% de la population des États-Unis envisage d'accorder une fois encore ses suffrages à un type dont, durant la crise du covid, on a pu constater la bêtise crasse, et qui prétend dans un débat présidentiel que des immigrés haïtiens mangent les animaux domestiques. En Argentine, le président Milei, qui ne s'est jamais marié et n'a pas d'enfants, a décrit son chien mort Conan comme son ami le plus proche et son confident et prétend être en relation télépathique avec lui.
Donc on a encore de la marge chez les gringos.
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Je me sens de plus en plus en plus impuissant à écrire quoi que ce soit sur le monde où je vis. Il est tellement sordide le monde, de façon générale. Cela n'a aucune utilité. Aucun sens. À quoi bon s'insurger, maugréer. Je serais amené à répéter ce que j'ai déjà écrit. C'est pour cela qu'il m'arrive de plus en plus souvent de republier des vieux posts ou de surligner des liens avec des publications passées, écrites il y a bien des années. Il faudrait juste pouvoir en rire. Mais ça serait
forcément de l'humour noir. Ça ne passe pas bien sur les réseaux,
l'humour noir, le second degré, l'ironie. Et puis il n'est pas certain
que j'aie beaucoup d'humour en ce moment. Enfin pour écrire. Je suis
plus drôle à regarder qu'à lire.
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C'est à cela que je ressemble en ce moment. Mon état intérieur. Effaré. Soulagé depuis quelques temps mais pas rassuré pour autant. Conscient d'avoir échappé à un grand malheur. Il y a un peu moins d'un an, je redoutais de perdre ma fille. La mort est passée près. C'est, après un long et pénible traitement une rescapée désormais. Une miraculée peut-être. Pour ma part je suis encore sonné. Ce n'est pas le lieu pour en parler. Ce n'est en fait le lieu nulle part je crois.
Tout déconne dans ce monde, mais elle est vivante. Je peux la voir, la serrer dans mes bras, l'entendre, passer du temps avec elle, la faire rire, sourire. La laisser vivre. S'éloigner à nouveau et reprendre sa liberté. Je l'admire secrètement pour la façon dont elle a traversé cette épreuve. Je ne sais pas comment ça l'a changée. Je n'ose pas lui demander. Peur d'être intrusif. Peut-être que ça ne me regarde pas.
Je dois garder pour moi les inquiétudes. Essayer de revivre. Je n'y parviens pas bien. Me laisse glisser. Je ne peux pas chasser le vieux moi, sceptique sarcastique désabusé. J'ai vu des comportement de merde durant cette période. Quand on a un enfant malade, des gens que l'on croyait fiables peuvent se révéler dénués d'empathie. Certains même très minables. Chacun ses problèmes n'est-ce pas. Il y a eu quelques bonnes surprises tout de même. Et les vieux amis.
Parce que les circonstances l'exigeaient, moi qui ne suis pas très optimiste j'ai espéré. Et mon espoir a été exaucé. Je ne crois pas en Dieu, en la providence. Je ne peux que dire "merci la science". Merci la chance dans cette adversité. Merci le système de santé français pourtant si menacé. Merci les médecins, les infirmiers et infirmières qui ont pris ma fille en charge.
Je devrais sourire à la vie. M'émerveiller. Mais je suis cassé. Quelque chose en moi s'est cassé. J'avance dans un perpétuel étourdissement. Je n’ai plus de repères. je sens bien que je devrais penser autrement, changer ma grille de lecture. Mais je ne sais quoi mettre à la place. Je suis épuisé. Je me traîne.
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cependant je regarde toujours les murs. L'autre jour passant devant un "jardin maternel" rue du Moulinet dans le treizième arrondissement, j’ai été intéressé par cette reproduction en mosaïque de dessins d'enfants. Évidemment j'ai cherché ce qu'est un jardin maternel car je n'avais jamais entendu ni lu cette expression. La
spécificité du jardin maternel est d’accueillir en priorité des enfants de 2 à
3 ans n’ayant jamais bénéficié d’un lieu d’accueil collectif avant leur 2 ans comme une crèche par exemple. Il s’agit d’un
lieu de socialisation avant l’entrée à l’école maternelle. Ce qu'on appelait autrefois un jardin d'enfants. Je me suis souvenu des dessins de ma fille, et de celui-ci que j'aime particulièrement.
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