dimanche 31 décembre 2017

Bon bout d'an et à l'an qué vèn


Voilà,
l'usage et la bienséance supposent une forme d'allégresse dans la formulation des vœux tandis que la lucidité n'incite guère à l'enthousiasme et commande la retenue. On n'est jamais trop prudent, par les temps qui courent. Malgré tout, dans cette grande confusion qui caractérise notre monde, je ne peux que souhaiter aux uns et autres d'être résolument modernes. "Être moderne, écrivait Cioran, c'est bricoler dans l'Incurable". Quoiqu'il en soit, "bon bout d'an et à l'an qué vèn" comme on disait autrefois du côté de Marseille. Puissions-nous l'année qui vient, tout de même nous épanouir comme les fougères géantes du Monte Palace Tropical Garden de Funchal

mercredi 27 décembre 2017

Dormir pour oublier (25)


Voilà,
hors champ, à gauche rue Cujas, il y a un autre homme qui gît sur l'asphalte, à cinq mètres de celui-ci qui a trouvé, rue Saint Jacques une bouche d'aération où se réchauffer. Bien sûr c'est bientôt le Nouvel an tout ça la fête, la trêve des confiseurs et tout le tintoin, mais je ne peux m'empêcher de songer à cet article lu récemment."Il nous faut donc exposer jour après jour en pleine lumière les vampires hypocrites au pouvoir pour qu'ils s'effondrent ("nous expulserons, mais humainement" - tu parles, Collomb ! tentes lacérées, duvets confisqués, squatters jetés à la rue en plein hiver, chaussures confisquées, harassement permanent par la police de gens déjà épuisés, nourriture aspergée volontairement de gaz donc inconsommable etc -   ou  encore le mémorable (nous aimerions en tout cas qu'on s'en souvienne) :  "Je ne veux plus personne dans les rues d'ici la fin de l'année", du président Emmanuel Macron, prononcé devant la presse le 27 juillet à Orléans, lors d'une cérémonie de naturalisation (!!!) - la vraie réalité quelques jours avant la fin de l'année ? deux SDF morts dans la rue à Marseille rien que la semaine dernière... Jupiter est un menteur impuissant, entraîné par sa logique qui adore, respecte et s'incline bien bas devant le pouvoir formidable des riches, les dieux d'aujourd'hui (un prince saoudien vient d'acheter 200 millions d'euros et plus un château, il avait dû beaucoup travailler pour ça, et bien le mériter, forcément, d'après Macron et Trump et les banques on ne peut même pas le discuter, ce serait remettre en cause la sacro-sainte propriété privée, naturellement... Notre sentiment, c'est plutôt qu'on devrait tout prendre à ces gens, absolument tout, comme on reprend aux voleurs ce qu'ils ont volé, sous les applaudissements de tous... Où est la différence ? qu'est-ce qui la justifie dans ce cas ? la naissance avec une cuillère d'or dans la bouche, fils et petit fils de tyrans obscurantistes et esclavagistes ?)  et regrette l'existence (triste, déplorable, hélas réelle) des pauvres, ces créatures regrettables mais de trop, de plus en plus nombreuses dans nos pays riches, comme un à côté inévitable du progrès et de la libre circulation des capitaux". in L'Autre Quotidien

mardi 26 décembre 2017

Shoe Repairs


Voilà,
on est donc aux alentours de Noël. C'est une période où j'ai tendance à faire l'ours, à sortir le moins possible pour échapper à l'hystérie mercantile. D'ailleurs en général je me chope toujours un genre de bronchite qui me fait traverser cette période dans un état semi-comateux et ce n'est pas plus mal. C'est l'occasion de régresser de traîner au lit, de faire de menues choses. Je pose une guirlande quelque part dans la maison, et du moment que ça clignote hein! c'est la fête. Et puis j'écoute les vêpres de Rachmaninov, les oratorio de Noël de Bach, les christmas carols avec leurs chœurs d'enfants de Benjamin Britten, et bien sûr des enregistrements de Peter Skellern avec là aussi des chœurs d'enfants. Peter Skellern, j'adore, c'est si délicieusement british, il arriverait à nous faire croire que le jazz a été inventé dans le Devon ou le Lancashire pour des vieilles ladies un peu excentriques prenant le thé dans leur jardin. Les anglais sont tricheurs et roublards au rugby, et retors dans leur diplomatie, mais je les aime pour tout un tas de raisons et en particulier Peter Skellern. Il faut dire qu'en ce moment je suis très britichisé puisque je regarde enfin cette série "Downton Abbey" qui me réjouit à chaque plan, ne serait-ce que pour toutes cette palette d'accents anglais qu'on y entend, et pour cet humour distancé qui n'appartient qu'à ce peuple qui a inventé le Nonsense — le rugby pourrait d'ailleurs être assimilé à cette catégorie puisqu'il s'agit dans ce jeu d'avancer en se passant la balle en arrière —, Nonsense dont l'une des plus belles illustrations est cette réponse faite par George Harrisson  lorsque on l'avait interrogé sur la reformation des Beatles survivants : "Les Beatles ne se reformeront pas tant que John Lennon sera mort". Et puis il y a ce gag de ce dernier dans le film "A hard day's night" ou John coupe avec une paire de ciseaux la cravates d'un de ses copains en disant "je déclare cette cravate inaugurée". Bref, je digresse mais c'est bien aussi parce que je suis un peu en roue libre ces temps-ci. J'en ai aussi profité pour me replonger dans le merveilleux livre "Narcisse et Goldmund" d'Hermann Hesse, que j'avais lu, il y a bien longtemps. Cela avait été un moment de lecture très fort. Mais les détails de l'histoire se sont évanouis au cours de toutes ces années, si bien que je le redécouvre. Il en va d'ailleurs de même pour la plupart des livres qui se trouvent dans ma bibliothèque. je m'aperçois que j'ai oubliés pour la plupart ce qu'ils racontent. C'est là, mais ce n'est plus là, et c'est plus difficile à reparcourir et à réinterpréter qu'une vieille photo. Je regarde plus facilement mes anciennes photos que je ne relis les livres de ma bibliothèque. Celle-ci date de mon dernier passage à Londres, il y a plus de deux ans.
Sinon, je remercie tous ceux qui m'ont envoyé leur vœux ; j'en suis très touché. Je leur adresse les miens en retour. (The Weekend in black and white)

lundi 25 décembre 2017

Vierge à l'Enfant


Voilà,
j'avais promis début octobre une vierge à l'enfant. C'est aujourd'hui plus que jamais d'actualité. "Un Noël encore a passé sur ma tête, une année encore est tombée au gouffre sans m'avoir apporté la solution de rien, ni l'espérance de rien." écrivit autrefois Pierre Loti dans "Figures et choses qui passaient."  

vendredi 22 décembre 2017

Désarroi


Voilà,
ces moments étranges où la sensation de solitude vous mange. Où, malgré les lumières artificielles, on se sent égaré dans la nuit, comme un enfant qui ne reconnaît pas son chemin. Pour conjurer ce moment de désarroi on capte une image banale qui n'a de sens et de valeur que pour soi. On voudrait tant être ailleurs autre et autrement. Un instant on hésite à rebrousser chemin. (The weekend in black and white)

mercredi 20 décembre 2017

J'ai rêvé ma vie (Oblomoverie)


Voilà
J'ai rêvé ma vie
Les yeux grand ouverts
Me suis réveillé
Quand c'était l'hiver

La neige était là
Le ciel était gris
Le vent était froid
Je n'ai pas compris

Mes beaux soirs d'Avril
Que j'avais rêvés
Où donc étaient-ils
J'en aurais pleuré

Faites moi plaisir
Commencez sans moi
Laissez moi dormir
J'étais fait pour ça

(Francis Blanche)

dimanche 17 décembre 2017

Histoires de mots


Voilà,
Il y a quelques mois, Serge Volle, a envoyé à une vingtaine d'éditeurs une cinquantaine de pages du roman de Claude Simon "Le Palace", paru en 1962 aux éditions de Minuit. Le Huffington post rapporte ce résultat édifiant : 12 d'entre eux ont dit non, 7 n'ont même pas répondu. Serge Volle a raconté dans une radio publique qu'un éditeur avait justifié son refus en expliquant que "les phrases sont sans fin, faisant perdre totalement le fil au lecteur". "Le récit ne permet pas l'élaboration d'une véritable intrigue avec des personnages bien dessinés", a ajouté cet éditeur. Serge Volle constate que ces 19 refus attestent que les créations littéraires exigeantes ne visant pas à établir des records de ventes sont délaissées. Paraphrasant Proust, il a rappelé qu'avant d'écrire il fallait être "célèbre". ajoutant que "Aujourd'hui c'est le concept de livre jetable qui fait fureur". Claude Simon, mort en 2005, considéré comme un auteur difficile, y compris par ses admirateurs, demeure malgré son Nobel, obtenu en 1985, encore un écrivain plutôt confidentiel. Je profite de l'occasion pour rappeler ce très passionnant entretien avec Denis Roche où il aborde son activité de photographe. De nombreuses reproductions de son travail sont visibles. C'est un peu long mais vraiment intéressant, car évidemment il met tout cela en relation avec l'écriture, il y évoque aussi la notion de distance. Il existe aussi cet autre entretien concernant la relation entre le présent et le souvenir, la représentation par l'image, la perception de la réalité et son rapport à l'imaginaire en particulier au cinéma. Plus ancien, datant des années soixante, il mérite qu'on s'y attarde. Je ne sais pas pourquoi, en lien (très lointain) avec ce billet j'ai eu envie d'une photo bougée, imprécise, tremblée. Je devrais en réaliser de semblables plus souvent. Le bougé restitue la vie, et la dimension incertaine de la réalité lorsqu'elle passe au filtre du souvenir, il contribue à donner à l'image une dimension plus spectrale plus fantomatique. J'arrivais à faire cela très bien avec un autre appareil il y a quelques années. D'ailleurs au passage dans ce genre, il y a cette remarquable photo prise dans le grand ouest américain  dont je jalouse l'auteur.
Sinon hier j'ai aussi lu que la plus haute administration américaine en matière de santé publique devra désormais réduire son vocabulaire, au moins le temps du vote de son budget. Le gouvernement a en effet interdit aux Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC, qui forment ensemble une agence du Département américain de la santé) d'utiliser sept mots dans les documents officiels destinés à l'élaboration du budget de l'année prochaine. D'après une information du Washington Post publiée vendredi 15 décembre, lors d'un rendez-vous d'une heure et demi avec les directeurs des CDC en charge du budget, il a été demandé aux analystes de cet organisme de bannir de leurs notes et rapports  "fœtus", "transgenre", "diversité", "vulnérable", "prestation sociale", "fondé sur des données concrètes" et "fondé sur la science".
Dans certains cas, les analystes se sont vus proposer des formulations alternatives. Au lieu de dire "d'après des données concrètes" ou "d'après la science", ils leu est fermement suggéré par exemple d'écrire: "les CDC basent leurs recommandations sur la science en tenant compte des normes et des souhaits de telle communauté". La question du vocabulaire à utiliser pour parler d'orientation sexuelle, d'égalité des sexes ou d'avortement a refait surface avec l'élection de Donald Trump alors que ces sujets avaient une visibilité importante sous les mandats d'Obama, rappelle le quotidien américain. Le président américain se montre régulièrement hostile à l'évolution des droits des personnes transgenres et au mariage homosexuel. Le département américain de la santé et des services sociaux a même supprimé de son site internet les informations à destination des personnes LGBT. En octobre, l'administration Trump avait étendu à toutes les entreprises commerciales une exemption accordée à des institutions religieuses leur permettant, au nom de leurs convictions religieuses et morales, de refuser de proposer des moyens de contraception gratuits à leurs salariées. Le décret a été suspendu temporairement vendredi par une juge fédérale. D'après l'analyste interrogé par le Washington Post, les réactions de la salle lors de la réunion étaient "incrédules". "Vous êtes sérieux?", "Vous rigolez?", pouvait-on entendre.
"Brave new world"
Allez que ce dimanche ne soit pas maussade. Il y a Ella et Louis, pour le rendre plus doux, plus serein. J'ai découvert que cette interprétation a le même âge que moi.


vendredi 15 décembre 2017

Falafel


Voilà
la jeune touriste japonaise qui, dans le quartier juif a commandé un falafel, en filme la confection par le vendeur qui le lui prépare

mercredi 13 décembre 2017

Insomnie encore


Voilà,
chaotiques elles fièvrent les pensées, ils tumultent les souvenirs, et si les noms tohubohutent de-ci de là, je ne reconnais pourtant plus rien, ne retiens plus rien, ne suis plus rien. Des moments passés s'agrègent, mais peut-être n'ont ils été que rêvés. Je ne sais pas qui est cette danseuse arrivée des Etats-unis, que j'étais supposé attendre dans un aéroport et dont j'ai aperçu  – c'était où déjà – le visage triste à travers une vitre. Je suis l'hôte du vertige et de la confusion. Parfois tout semble aller à une vitesse folle et quelques temps après tout paraît s'engluer dans l'épaisseur d'un présent sans relief. Je suis dans le frottement, dans tout ce qui vibre et s'effrite, dans le temps grumeleux de l'incertitude, dans le froissement du silence où trébuchent les fantômes. Mon sommeil agité tousse des songes informes. Des obsessions grattent, en bourdonnant comme des mouches, au fond du terrier de l'épuisement dont j'espérais pourtant quelque répit. Alors comme dit le poème d'Aragon,"on veille on pense à tout à rien / on écrit des vers, de la prose / on doit trafiquer quelque chose / en attendant le jour qui vient"

dimanche 10 décembre 2017

Les "Funérailles populaires"


Voilà....
il y a bien des années lors de l'enterrement de Tino Rossi où fut prise la photo pathétique de l' homme au petit sac, et celle plus tendre de l'enfant au pied des barrières sous les jupes de sa mère, j'avais envisagé la possibilité des funérailles de Johnny Hallyday. Donc hier matin je ne pouvais faire autrement que d'aller traîner du côté des Champs-Elysées et de la place de la Concorde, pour prendre quelques photos. C'était comme un vieux contrat que j'avais avec moi-même. Il faisait froid, un grand soleil, une lumière crue et il y avait bien plus de monde que pour Tino Rossi, ça c'est sûr. Une France assez peu métissée, une France bien blanche se trouvait là, avec sans doute pas mal d'électeurs du Front national dedans. Des familles, des vieux rockers avec leur cuir, des motards, des gens modestes, ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts. Nombre d'entre eux semblaient avoir fait le déplacement de province pour rendre hommage à leur idole. Mais aussi des gens plus aisés aux vêtements chics. Beaucoup de gentillesse, de fraternité. De la tristesse mais aussi des chansons que certains fans connaissaient par cœur. J'ai ainsi de nouveau entendu pour la première fois depuis des années "Pour moi la vie va commencer" qui m'a rappelé mes sept ans. Quand sont arrivées les bikers sur leurs Harley-Davidson et leurs Triumph, je me suis tiré. Trop de dioxyde de carbone à ce moment là ; je sais bien que Johnny est mort d'un cancer du poumon, mais quand même... J'ai pensé que les bonnes résolutions de la COP21 étaient déjà loin, et les priorités écologiques de notre petit pharaon de la foutaise. Et puis j'ai encore plus la phobie des foules depuis les attentats. Je suis assez vite rentré à la maison. J'ai un peu regardé la cérémonie à la télévision. Le discours de Macron était plutôt médiocre. J'ai cru au début qu'il avait pompé sur la tirade de Depardieu "ton pote Mozart, réincarné, tu vois le coup bonhomme, il est là dans la rue..." dans "Préparez vos mouchoirs" de Bertrand Blier. Heureusement, après il y a eu de belles interventions d'artistes, et les musiciens ont assuré avec beaucoup de classe et de dignité. Ce soir, la télévision raconte que c'est un événement rare, tant de monde dans la rue pour un enterrement. On oublie que le cercueil d'Ambroise Croizat, l'un des fondateurs de la sécurité sociale et du régime des retraites fut accompagné au cimetière du Père-Lachaise par un million de personnes, tout comme celui de Maurice Thorez. Mais tous deux étaient communistes, alors évidemment c'est de l'histoire plus qu'ancienne et surtout c'est celle des vaincus en ces temps de néolibéralisme triomphant.


Bref, beaucoup de gens ce sont aujourd'hui fabriqués des souvenirs. Dommage qu'il n'y en ait pas eu autant pour protester contre la réforme patronale du code du travail ou les nouvelles dispositions liberticides adoptées récemment. Mais bon, on vit dans un monde où l'émotion prévaut sur la réflexion. Quoiqu'il en soit, il est vraisemblable que dans certaines familles on parlera longtemps, de cette journée on se montrera les videos et les photos qui auront été faites au cours de ces heures. Car on se sera beaucoup photographié durant la matinée. Beaucoup. Peut-être que certains se souviendront "c'était quand Trump a décidé de déménager l'ambassade US en Israël de Tel Aviv à Jerusalem !!!". 
Non je déconne.

samedi 9 décembre 2017

John Lennon


Voilà,
le 8 décembre 1980 John Lennon a été assassiné à New-York. C'était le 9 pour nous en Europe. C'était peu de temps après la parution de l'album "Double Fantasy", qui semblait être celui d'un homme enfin apaisé. A l'époque je répétais un spectacle qui s'appelait "Les fils meurent avant les pères" d'après un livre de Thomas Brasch. Un de mes partenaires était un de ces militants communistes qui s'employaient alors à saboter l'union de la gauche à six mois des élections. En plus c'était un gros connard dénué de talent. Le jour où la mort de Lennon a été annoncée, il est venu me faire chier avec un article du journal "L'Humanité" où il était question d'un truc que Mitterrand aurait dit ou fait. J'avais juste envie de lui coller un grand coup de boule et lui latter les couilles, mais bon la production était fragile et les metteurs en scène un couple d'amis. Même par la suite ils n'ont d'ailleurs jamais vraiment été foutus de m'expliquer clairement pourquoi ils avaient engagé une telle buse, qui jouait tout de même le rôle d'un allemand de l'est qui veut passer à l'Ouest. Enfin bref, c'est une autre histoire. La mort tellement absurde et si injuste de Lennon m'avait alors terriblement attristé, parce qu'il me semblait qu'il avait encore beaucoup à inventer et que sa sensibilité manquerait désormais terriblement au monde. Cet homme à l'humour si subtil était aussi un écorché vif. Je ne crois pas qu'il y ait beaucoup de chanteurs qui se soient exposés et livrés de manière aussi déchirante que lui dans cette interprétation de "Cold Turkey". Il ne triche pas quand il exprime la douleur du sevrage. Le timbre si particulier de sa voix me bouleverse toujours autant.
 

 
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vendredi 8 décembre 2017

J'aime / Je n'aime pas (4)


Voilà,
j'aime les journées ensoleillées d'hiver quand il fait froid et sec
je n'aime pas devoir me réveiller tôt contre mon gré
j'aime déambuler mollement parmi des œuvres d'art contemporain
je n'aime pas nettoyer le dessus des meubles de cuisines ni derrière le réfrigérateur
j'aime marcher dans les amoncellements de feuilles mortes en traînant des pieds
je n'aime pas ce que Trump et les Evangélistes américains font au monde ni le tour que prennent les événements
j'aime la voix sensuelle de Chrissie Hynde
je n'aime pas l'heure d'hiver
j'aime les paysages merveilleux que les rêves peuvent parfois vous offrir
je n'aime pas cette panique d'attentat qui me saisit parfois dans les transports en commun
j'aime encore à mon âge les calendriers de l'avent 
je n'aime pas les gens qui toussent dans les espaces publics sans mettre leur main devant la bouche
j'aime aller regarder des matches de rugby au pub écossais de la rue François Miron
je n'aime pas les homme assis  les jambes écartées dans les espaces publics
j'aime quand la foule du stade de Murrayfield, juste après les cornemuses reprend a capella "Flowers of Scotland"
(linked with the weekend in black and white)

mercredi 6 décembre 2017

Un Mort chasse l'autre



Voilà,
une mort éclipse l'autre. Hier on n'en avait que pour Jean d'Ormesson, cet aimable écrivain de droite mais si médiatique, et si sympathique, télégénique, affable, courtois au point qu'on se disait, "ah si tous les aristocrates avaient été aussi distingués, il n'eût point été nécessaire d'en décapiter autant". Et puis cette nuit Johnny Hallyday est mort. Les journaux du matin n'ont pas pu faire leur première page sur ce  récent événement qui supplante l'autre. Du coup deux images de la France sont offertes en couverture du journal "Le Monde" et du "Figaro". C'est vrai que la disparition d'un artiste de variétés renommé ou d'une vedette de cinéma populaire atteste du fait que, quoiqu'on veuille, on est assigné à une appartenance, une histoire collective, une identité nationale. Johnny Hallyday, malgré son pseudo à consonance américaine (assez ridicule quand on y songe) et le fait qu'il soit d'origine belge, constitue un élément important et particulièrement représentatif de la culture populaire française des soixante dernières années. Même si je ne l'ai jamais particulièrement apprécié (je ne possède aucun disque de lui dans ma discothèque et j'avais plutôt tendance à le considérer comme un gros blaireau), il a toujours existé et fait partie du paysage. Dans le milieu des années soixante il était la vedette incontestée des baby-boomers. C'était l'époque où tout ce qui venait d'Amérique, et en particulier le rock, les vêtements (c'est l'apparition des jean's) les films était objet d'adoration. Et puis les Américains avaient délivré la France, ils disposaient de bases militaires dans ce pays, et le commandement intégré de l'OTAN se trouvait même non loin de Paris. Ce chanteur tout au long de sa carrière a épousé presque toutes les modes sans jamais quitter le paysage médiatique national. Je ne peux pas m'empêcher pour ma part de l'associer à un oncle ( l'oncle Jean-Jacques, tu me rappelles Jean-Jacques disait la génitrice quand elle voulait être blessante) que je trouvais très con et qui était un de ses fans absolu, et aussi bien sûr à des souvenirs souvenirs d'enfance. Par exemple l'Algérie, ses disques  — mais aussi ceux de Danyel Girard (Petit Gonzalez) ou Richard Anthony (quand j'entends siffler le train) — diffusés sur le bord de la piscine de l'hôtel de Djelfa, lors de soirées dansantes. Je me rappelle après l'une d'elles, un retour terrifiant dans une Mercédès décapotable conduite par un certain Sportès, où debout derrière, je hurlais d'effroi à cause de la vitesse, et mon géniteur assis à la place du passager s'esclaffait joyeusement. Je me rappelle aussi de vacances chez mon grand-père, et l'on rapportait dans le journal Ouest-france que lorsqu'il était passé dans la commune de Doué-la-Fontaine, des jeunes (ceux qu'on appelait alors les blousons noirs) avaient dévasté la salle de concert (c'était comme un rituel). Enfin bref, Johnny est mort, il a toujours fait partie de mon paysage sonore, et donc pour beaucoup c'est le premier jour de la France sans lui. Mais ce peuple n'en continuera pas moins d'être arrogant braillard chauvin râleur et d'une grande veulerie, et ses garçons de cafés seront toujours aussi désagréables dans l'ensemble.
A part ça les Italiens ont encore Adriano Celentano. C'est un autre style, plus roublard, plus coquin, et assez déjanté. Il a quand même fait en 1973 un rap en mishmash.

mardi 5 décembre 2017

Between the moonlight and the lane


Voilà,
l'hiver t'angoisse. Tu te sens plus fragile que jamais, périssable. Est ce à cause de tous ces arbres nus, des jonchées de feuilles mortes, de ce gris uniforme où le jour se noie ? La pâle clarté de la lune émergeant des nuages derrière un lacis de branches te semble un cadeau. Cette maison te fascine. Tu t'es toujours demandé à quoi pouvait ressembler son intérieur. Tu voudrais refaire le chemin inverse. Retrouver ce temps où tu n'étais pas encombré de ce que tu es devenu. Où tu avais encore quelques croyances et de naïves certitudes. Où tu étais encore au printemps de ta vie. Le soir tu écoutais "Songs of love and hate". A présent tu te sens "between the hour and the age". And "the street is the very same". Peut-être es tu simplement en train d'éprouver ce que la langue allemande nomme la Torschlusspanik, la peur qu'il soit trop tard pour faire quelque chose, pour trouver une solution afin de se tirer d'affaire


dimanche 3 décembre 2017

Dans des temps et des espaces enchevêtrés


Voilà,
une image qui rend (un peu) compte de ce que j'éprouve et de la façon dont je perçois les choses. J'existe dans des temps et dans des espaces enchevêtrés. Ma perception elle est comme ça, et je ne peux pas faire autrement. Elle est dans l'intrication de lieux et de moments différents. Mon imaginaire, ou plus précisément l'imaginaire dans lequel je me trouve, ce par quoi je suis possédé, je me le représente comme un univers perpétuellement en inflation, constitué de rubans de moebius aux surfaces légèrement réfléchissantes où s'inscrivent de nouvelles images. Ils ne cessent de s'ajouter les uns aux autres et de s'entrelacer tels des anneaux boroméens de sorte que tout ce qui peut apparaître, apparaît toujours dans un infini processus de transformation. Je ne peux me satisfaire qu'ici et maintenant ne soit pas non plus ailleurs et entre-temps. Je voudrais être musique.

samedi 2 décembre 2017

Seine, hiver, jour tombant


Voilà,
c'était le mercredi 29 Novembre 2017, vers 17h30. Le jour était en train de tomber, je traversai la Seine, et la lumière m'a soudain paru très belle. En fait un bateau-mouche venait de passer, un autre allait venir. Je regrettais de n'avoir pas eu le réflexe de prendre une photo de gens sur le pont en train de photographier avec leur smartphones et leur tablettes. J'aimais bien toute ces petites lueurs. Et puis je me suis aperçu que les batteries de mon appareil photo et de mon smartphone étaient épuisées. Alors je me suis dépéché de saisir cet instant. J'étais quand même content d'être là, à ce moment précis. J'ai pensé que cette ville était vraiment splendide à certaines heures. Une vie que je traîne, que je flâne dans ces quartiers, que je m'étonne toujours de la beauté des bords de Seine, à quelque saison que ce soit de l'année. Les jours qui avaient précédé, ne vague et hivernale mélancolie s'était pourtant insinuée en moi, à cause de la faiblesse, de la santé déclinante, des symptômes divers de dégradation, de la fatigue, bref à cause de la jeunesse enfuie. Je songeais à toutes les choses que je n'ai pas accomplies parce que je suis fondamentalement lent paresseux et velléitaire, et à celles que je n'aurais pas la force ni le courage de réaliser ou d'achever. Le temps passe de plus en plus vite. Il me faudrait encore mille vies pour jouir de toutes les beautés du monde.

vendredi 1 décembre 2017

J'ai enterré ma raison dans ma main


Voilà,
"J'ai enterré ma raison dans ma main, ma tête je la tiens droite et gaiement, mais ma main pend d'un air las, ma raison la tire vers la terre. Voyez la un peu cette main, cette petite main à la peau dure, parcourue de vaisseau, couturée de rides, avec ses grosses veines et ses cinq doigts, comme il est bon que j'ai pu sauver ma raison en la mettant dans ce récipeint discret. Ce qui est surtout avantageux, c'est que j'ai deux mains. Comme dans un jeu d'enfant je demande : dans quelle main ai-je mis ma raison ? Personne ne peut le deviner, car en un clin d'œil je peux joindre les mains et faire passer ma raison de l'une à l'autre" Franz Kafka (Cahiers divers et feuilles volantes) - the weekend in black and white

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