Voilà,
tu te laisses impressionner par la lumière. Le paysage te semble alors irréel, imprécis. La sensation d'avoir déjà vécu ce moment. Tu te sens légèrement décalé. Quelque chose éclate sans bruit en toi, comme l'écho sourd d'une infime détonation. Tu ne sais si c'est ton corps ou ton imagination qui te joue des tours. Mais aussitôt tu songes qu'il ne saurait y avoir d'autre imagination que celle de ce corps. Les nuages, les arbres, cet instant qui te traverse et l'appareil que tu sors de ta poche ne sont aucunement une réponse à cette peur qui t'étreint sans raison. Tu tournes ton regard vers le ciel. Tu y vois un noyé que personne ne devine. Le vent colporte des rumeurs que toi seul entend. Frondaisons et ramures changés en monstres menaçants. Tout semble hostile, hors de portée. Tu ne rentreras pas chez toi ce soir. L'escalier y rêve de corde, tes possessions du brocanteur. Laisse toi saccager tu n'as plus rien à perdre.