vendredi 29 octobre 2021

Impasse Florimont


Voilà,
c'est au fond de cette impasse que se trouvait je crois la maison de la Jeanne, que Georges Brassens a chantée, et chez qui il a habité une longue période. Ensuite, il a vécu dans le quinzième, Villa Santos Dumont, mais je ne sais plus exactement à quel numéro.  
Brassens qui nous a quitté voici quarante ans, le 30 Octobre. 
 
Ça me revient 
Le journal Libération avait titré "Brassens casse sa pipe" au lendemain de sa mort
 
Ça me revient
Agnès lorsque je l'ai connue avait chez elle l'album où se trouve le morceau "Mourir pour des idées"

Ça me revient 
pour mon quarantième anniversaire mes amis s'étaient cotisés pour m'offrir un coffret de l'intégrale de Brassens
 
Ça me revient
lorsque Constance était petite, je lui chantais le soir des chansons de Brassens que j'avais apprises par cœur, et ce furent parmi les plus beaux moments de ma vie. Je me souviens qu'elle aimait bien "la chasse aux papillons", mais elle ne s'en rappelle plus.
 
Ça me revient
en octobre 2001, pour le vingtième anniversaire de sa disparition, une émission lui avait été consacrée que nous avions regardée, Christelle et moi. Christelle était dans les dernières semaines de sa grossesse, et ne bougeait plus beaucoup. Des vedettes de l'époque reprenaient des morceaux de lui. Nous avions eu un fou-rire devant la ridicule interprétation de "Gare au gorille", par Francis Cabrel
 
Ça me revient
l'interprétation si délicate sur un rythme de bossa nova de "L'eau de la claire fontaine" par Maxime Leforestier, qui est le seul à savoir chanter correctement Brassens  

Ça me revient
il y avait dans la maison de mes géniteurs le premier disque de Brassens, celui où il y a ce qui tout de même était assez paradoxal, chez des gens aussi militaristes. Je l'écoutais parfois tout seul, et le poème de Paul Fort, l'histoire du petit cheval dans le mauvais temps, me faisait pleurer. Je crois que c'est lui, la sculpture du parc Georges Brassens
 
 


Ça me revient
un jour mon copain Didier fit une remarque un peu stupide au sujet de Brassens, et de son usage des vieux mots et je fus fort attristé qu'il n'appréciât pas la subtilité de ses chansons.
 
Ça me revient
quand nous étions allés jouer à Béziers, "L'Argent" de Serge Valletti un jour, nous sommes allés avec Jean Alibert et Lionel Astier voir sa tombe au cimetière de la plage de Sète (subtitled in english)
 
Ça me revient
la réflexion de mon géniteur qui s'exclama en le voyant chanter "Les passantes" à la télévision, "il ne va pas très fort Brassens"
 
Ça me revient 
une émission où l'on voit Trénet et Brassens ensemble. Je l'ai retrouvée, brassens y chante "le grand café" que j'adore et que je connaissais aussi par cœur il y a une quinzaine d'années
 
Ça me revient 
lors de ses concerts, chaque fois qu'il chantait "mort aux vaches, mort aux lois vive l'anarchie" dans la chanson Hécatombe, il y avait toujours des gens pour applaudir

Ça me revient
que dans une interview il confessait son penchant pour les chansons de carabins et de corps de garde
 
Ça me revient, mais il y a tant de choses qui m'échappent

jeudi 28 octobre 2021

Le siège du journal "Le Monde"

Voilà,
le nouveau siège du groupe "Le Monde", le cinquième au cours de ses soixante-quinze années d’existence, se situe au 67, avenue Pierre-Mendès-France, dans le 13e arrondissement de Paris, à l'entrée du quartier Paris Rive gauche, dont la totale rénovation au cours des vingt dernières années, a commencé avec l'édification de la bibliothèque François Mitterrand, constituant ainsi la plus grande opération d'urbanisme menée dans la capitale depuis la fin des années soixante dix et ce qui s'est alors appelé le Front de Seine et son ensemble de tours.
Voisin immédiat de la gare d’Austerlitz, actuellement en pleine rénovation mais aussi du Jardin des plantes et du Muséum national d’histoire naturelle, le nouveau siège du "grand journal de référence" français se situe à la jonction de ce nouveau quartier et du Paris historique au début d'un axe qui mène à l'Avenue de France, et se termine sur les boulevards extérieurs avec les tours duo de Jean Nouvel.
Imaginé par Kjethil Thorsen et l’agence norvégienne d’architecture Snohetta le bâtiment repose sur deux piles reliées entre elles à partir du deuxième étage  par un ouvrage métallique de franchissement formant une voûte au-dessus d’un parvis. Haut de sept étages, l'immeuble se caractérise par une façade composée d'environ 20 000 panneaux de verres de niveaux de transparence différents qui jouent avec les variations de la lumière du jour

mercredi 27 octobre 2021

Mais il y a toujours quelque chose qui m'échappe (6)

 
Voilà,
ça me revient,
à un moment, j'ai cessé de réaliser des collages à la main, avec de la colle et du papier. Il me semble — mais je n'en suis pas tout à fait certain — que celui-ci fut le premier que j'ai conçu avec photoshop. Je l'avais intitulé "Les guetteurs". J'ai ensuite décliné plusieurs autres tentatives sous ce titre générique  
 
ça me revient
lorsque j'attendais le bus avec Cathy Farge pour aller à l'école de Biscarrosse-Plage je dessinais des profil du général de Gaulle sur le béton du poteau télégraphique. Je me rappelle aussi qu'il y avait dans notre classe un grand gars un peu lunaire et drôle qui s'appelait Kader
 
ça me revient
un jour le reporter journaliste, critique de cinéma et écrivain François Chalais, aisément identifiable à sa voix très particulière, nasale et d'une nonchalance un peu désabusée a collé un  gros bourre-pif au plumitif Jean-Edern Hallier qui l'avait bien mérité  en tenant des propos insultants. J'aimais bien François Chalais, qui était un baroudeur. Il a été viré de la télé simplement pour avoir informé de l'existence du manifeste des 121 encourageant l'insoumission en Algérie, bien qu'il fût sûrement contre. Il a aussi la particularité d'avoir interviewé le premier ministre du Nord Vietnam en 1968 ainsi qu'un pilote détenu par les nord-vietnamiens qui n'était autre que John Mc Cain, le futur sénateur américain et candidat conservateur aux élections de 2008
 
ça me revient 
à l’époque des attentats — que ce soit celui de Charlie ou ensuite ceux de novembre 2015 — tout le monde s’était promis que, après il faudrait beaucoup s’aimer. Pendant le confinement on applaudissait les infirmières tous ceux qui se dévouaient au jour le jour pour nous sauver. Plus rien ne serait comme avant, disait-on. C’est dans la nature des événements exceptionnels de susciter ce genre de réaction à la con, ce sentimentalisme bien niais, suintant la bonne conscience et collant comme de la barbe à papa. Les bonnes résolutions de début d’année m’ont toujours fait gerber, tout comme les déclarations péremptoires, les promesses politiques rarement suivie d’effets, les grands projets qu’aucune logistique ne soutient. Mais il y a des gens assez crétins pour y croire encore. Quand on se souvient que le slogan de Mitterrand il y a 40 ans était  "changer la vie", rien de moins. On a vu le résultat.
 
ça me revient
Boutet c’était le nom du poissonnier de Biscarrosse-Plage quand nous y sommes arrivés. Son fils avec lequel j'avais fait une ma première excursion vers Maguide s'appelait peut-être Jean-Marc
 
ça me revient 
une fois, quand j'avais quinze seize ans j’ai suivi pendant un petit moment la fille d’un colonel de l’École Polytechnique dans les rues du quartier latin. J’étais assez timide et en fait je n’ai jamais engagé la conversation avec elle.
 
ça me revient, un soir j'ai vu Copi lire sa pièce "les escaliers de la Butte" au théâtre de la Bastille, et c'était réjouissant
 
ça me revient
dans la seconde moitié des années soixante Jean-Sebastien Bach a inspiré deux tubes planétaires : A wither shade of pale de Procol Harum et Bourrée de Jethro Tull

ça me revient 
l’opulente et sûrement pour elle encombrante poitrine de la jeune secrétaire médicale dont la carnation suggérait qu’elle était métisse, et l'intriguant prénom « Stiffanie » sur le badge permettant de l’identifier. J'avais alors aussitôt imaginé un scénario : le père immigré, ne parle ni ne comprend bien le français. Voulant, pendant que sa femme est encore à la maternité, enregistrer sa fille sous le nom de Stéphanie, il ne peut toutefois prononcer correctement ce nom, encore moins l'épeler. L’employé de mairie malveillant, retranscrit ce qu’il entend à l'état civil, y prenant peut-être même un malin plaisir. Cela lui fera une bonne histoire à raconter le soir en famille.. J’avais aussi imaginé les cours de récréation et les moqueries endurées par la petite fille qu'elle avait été.
 
Ça me revient 
la première fois où j'ai vu "Amarcord", le film de Fellini, c'était un dimanche après midi en famille avec Philippe Dominique et Agnès au cinéma situé peu avant la station de métro Montparnasse en haut de la rue de Rennes qui abrite maintenant un magasin de fringues
 
ça me revient,
en première, notre professeur d'anglais était un jeune américain très sympa, vraiment cool, de quelques années à peine notre aîné. C'est lui qui m'a fait découvrir "Le plaisir du texte" de Roland Barthes, ainsi qu'un essai en anglais, pas si facile que ça à comprendre de Susan Sonntag (dont j'ai découvert il y a peu la tombe au cimetière Montparnasse) : Notes on "camp"

ça me revient, 
une photo prise en mai 2014 avec un Iphone et non avec le petit appareil que j'aimais beaucoup, un fuji au boîtier métallique, que j'avais acheté en février 2009, juste avant de partir en Guadeloupe, et qui venait de cesser de fonctionner peu de temps auparavant à la fin de ma visite à l'exposition "Les Archives du Rêve" conçue par Werner Spiess à l'Orangerie des Tuileries. S. m'accompagnait et quelques jours après, pour mon anniversaire, elle m'a offert le magnifique catalogue de l'expo avec une jolie dédicace.
 
ça me revient 
pendant les vacances du  premier Noël passé dans l'appartement de l'école polytechnique en 1970, j'ai beaucoup écouté Strawberry fields forever. La pièce sentait très fort la peinture car elle venait tout juste d'être repeinte.
 
ça me revient 
le 12 le 13 ou le 14 janvier 2010, au Havre, lors d'une des premières représentations de la pièce de Benjamin Charlery, Nadine juste avant de rentrer en scène m'a récité par cœur un extrait de "Vivre" de Milena  Jesenskà. J'avais alors beaucoup de chagrin, mais heureusement, il y avait Nadine et Albert Delpy avec lesquels c'était bon de rigoler. 
 
 ça me revient, mais il y a toujours quelque chose qui m'échappe... 

dimanche 24 octobre 2021

Butte-aux-Cailles, suite, et autres errements

 
Voilà,
comme promis il y a quelques semaines, je propose d'autres images glanées dans le charmant quartier de la Buttes-aux-Cailles. Au 18, rue Bluot, mon regard a été attiré par cette peinture vraisemblablement réalisée par Seth, dont j'ai déjà relayé des réalisations ici et
On peut considérer ces images comme étant d'une période historique révolue car ce jour là Hubert Germain était encore vivant. Il est mort à l’âge de 101 ans, une semaine plus tard. C'était le dernier des "Compagnons de la Libération", un ordre créé le par le général de Gaulle en tant que "chef des Français libres". Le titre de compagnon de la Libération a été décerné pour récompenser les personnes, les unités militaires et les collectivités civiles se signalant dans l'œuvre de libération de la France et de son empire, quand elle avait encore un empire.
Seules 1038 personnes, dont 271 à titre posthume, ainsi que cinq communes, (Paris, Île-de-Sein, Nantes, Grenoble et Vassieux-en-Vercors) mais aussi dix-huit unités combattantes dont deux bâtiments de guerre comptaient au nombre des compagnons de la Libération lors de la signature du décret de forclusion de cet ordre,  le
En tant que dernier de ses représentants, Hubert Germain devrait être inhumé au Mont-Valérien où tant de résistants ont été fusillés par les nazis. L’avant-dernier, Daniel Cordier, devenu un célèbre galeriste et marchand d'art, quant à lui ne souhaitait absolument pas y reposer. Les choses sont bien faites, parfois. C'est étrange tout de même de réaliser qu'il n'existe plus beaucoup de gens qui se sont battus et ont résisté contre l'envahisseur hitlérien, pour libérer ce pays devenu à bien des égards si affligeant qu'il n'y a plus grand chose à en attendre. Malraux, auteur souvent considéré de nos jours avec dédain écrivit dans "Les chênes qu'on abat" ce propos qu'il prête me semble-t-il à De Gaulle "Les Français ont été sublimes, ils ne le savaient pas, ils sont redevenus médiocres, ils ne le croient pas". De surcroît, ce peuple aujourd'hui se délecte avec arrogance quasi obscène de sa propre stupidité riche d'une prodigieuse variété de nuances.
Ce jour là, donc, celui où j'ai pris les photos, furent aussi divulgués les résultats d'une enquête menée par un consortium international de journalistes d'investigation, reposant sur la fuite de 12M de documents, les "Pandora Papers" qui révèlent le coût de la fraude fiscale mondiale : une estimation de près de 11 300 000 000 000 $, volés aux impôts, bien à l'abri dans les paradis fiscaux. Plus de 300 responsables publics du monde entier, dont 35 chefs d’État (anciens ou actuels) et 130 milliardaires, constituent les auteurs de ce sournois et silencieux braquage. 
Comme par hasard on ne parlait pas de ça dans la presse française, mais de la mort d'un ancien chef d'entreprise, figure très en vogue dans les années 80 qui fut un escroc notoire, mais cependant bien modeste au regard de tous ceux qui depuis, se sont enrichis en toute impunité

vendredi 22 octobre 2021

"À cinquante ans, si tu n'as pas de Rolex..."

Voilà,
il y a quelques années, le publiciste Jacques Séguela, proclama dans un interview que "si à cinquante ans tu n'avais pas une rolex, tu avais raté ta vie". J'ai donc raté la mienne.  C'est le même qui avait conçu pour François Mitterrand lors de la campagne électorale de 1981, cette affiche devenue célèbre vantant la force tranquille. L'affiche, bien que destinée à promouvoir un candidat socialiste, s'inspirait de l'iconographie pétainiste enracinant le futur président  dans la France profonde et rurale, pour qu'il apparaisse comme le rassembleur de tous les français
 
 
"Je hais ces mensonges qui vous ont fait tant de mal, la terre, elle ne ment pas. Elle demeure votre recours. Elle est la patrie elle-même" avait déclaré Pétain le 25 juin 1940, "Elle", s'opposant probablement à ceux qui mentent : politiciens de la IIIe République, intellectuels dégénérés et bientôt les Juifs. 
Comme l'Histoire est parfois une farce, on rappellera que ce discours — celui de la reddition — avait été écrit par l'un d'eux : Emmanuel Berl. Et comme on admet aussi que l'histoire bégaye — en l'occurrence elle bafouille plutôt —, rappelons qu'aujourd'hui une grande partie de l'extrême-droite et de la droite bourgeoise et conservatrice, n'a d'yeux que pour un polémiste de télévision dont la presse capitaliste et les média main-stream ont fait leur nouvelle idole en propageant ses idées nauséeuses à l'indiscutable relent vichyste. L'individu vante même le bilan du vieux maréchal, arguant, au mépris de toutes les études historiques à ce sujet, qu'il a protégé les juifs français alors que lui, avec sa gueule et son patronyme il aurait sûrement été un des premiers à être raflé et déporté. 
Les gauchistes révolutionnaires de mai 68 scandaient dans les rues "Nous sommes tous des juifs allemands" pour soutenir leur leader Daniel Cohn Bendit, qui, au fil de sa vie, s'est peu a peu droitisé jusqu'à devenir un soutien de Macron. Peut-être que les néo-fascistes d'aujourd'hui qui comptent apporter leurs suffrages à l'homoncule qui, dit-on se rêve un destin national, gueuleront "nous sommes tous des juifs sépharades". Ça serait plutôt cocasse. Quoi qu'il en soit, l'étalage de toute cette connerie au grand jour, a de quoi consterner. Mais ce pays où la bêtise se répand aussi vite que la misère, n'en est pas à une incohérence près. L'indigence intellectuelle qui caractérise ses élites, l'inculture de la plupart des journalistes, la complaisance de ces derniers et leur asservissement à l'égard des puissances de l'argent, a quelque chose de consternant. Heureusement  que "Le canard enchaîné", exception notoire dans la presse française, nous rappelle de quoi Zemmour se fait l'écho. Doriot, de sinistre mémoire, transfuge du Parti communiste, qui devint fasciste et collabo et bien sûr antisémite, a lui aussi écrit un "Destin Français".


 
Souhaitons à notre infatigable prêcheur du "grand remplacement", qu'il ne connaisse pas la même fin que son prédécesseur. Il serait dommage pour lui que "l'Histoire se venge" vraiment. Quoique... Si un suprémaciste blanc, furieux de voir ses idées xénophobes représentées par un "métèque", s'en prenait à lui, ça serait plutôt tordant et même, comme l'a une fois écrit Proust tout à fait "épastrouillant". 
On peut divaguer bien sûr. 
D'ailleurs je ne m'en prive pas comme en témoignent ces lignes. De plus en plus souvent — mais je ne postule pas à de hautes responsabilités —, je m'abandonne à l'association libre, au coq à l'âne, à la digression, aux errements. J'espère que ce n'est pas une séquelle du covid. Selon un article de Futura science, SARS-CoV-2 a "un effet direct sur le fonctionnement du cerveau. À partir de son propre matériel génétique, il fait fabriquer des ciseaux moléculaires par les cellules endothéliales qu'il infecte, transformant les vaisseaux sanguins en vaisseaux "fantômes", (qui n'ont rien de wagnérien). Les conséquences majeures de cette mort cellulaire sur l'irrigation du cerveau pourraient prédisposer certaines personnes ayant contracté la maladie à développer des troubles cognitifs, neuro-dégénératifs, voire des démences". Comme en ce moment, je suis confronté à des symptômes nouveaux qui me déconcertent, je ne sais s’il faut les mettre sur le compte de l’hypocondrie cette névrose qui ne m’appartient pas, ou bien si ils sont vraiment significatifs d’autre chose de bien réel. Alors j'attends de voir comment ça évolue, tout en me demandant si je n'ai pas tort d'agir ainsi.
Bon. Comme disait Roger, tant que j'arrive encore à pisser tout seul...

jeudi 21 octobre 2021

Tour aux Figures


Voilà,
le parc de l'île St Germain, abrite la tour aux figures de Jean Dubuffet. Avant de devenir l’édifice monumental dans lequel il est aussi possible de pénétrer, la Tour aux figures fut d’abord une maquette en polystyrène expansée conçue en 1967 dans le cadre du cycle d’œuvres intitulé  L’Hourloupe.
En 1968, à l'occasion de l’exposition « Édifices, projets et maquettes d’architecture » au musée des Arts décoratifs l’œuvre est présentée dans l’ouvrage Édifices, consacré aux projets d’œuvres monumentales de Jean Dubuffet. Quinze ans plus tard, en 1983 l’artiste la choisit pour la honorer la première commande publique initiée par le ministre de la culture Jack Lang, faite par l’État français d’une œuvre à bâtir à Paris. Plusieurs sites  (place d’Italie, parc de la Villette, parc de Saint-Cloud) sont envisagés, puis abandonnés en raison de polémiques et de protestations de riverains. Cependant quelques collectivités locales se portent volontaires pour accueillir la sculpture. La proposition d’André Santini, maire d’Issy-les-Moulineaux suscite l'intérêt de Jean Dubuffet qui visite l’Île Saint-Germain en janvier 1985, peu de temps avant son décès. A cette occasion, il recommande que la tour soit édifiée sur la petite butte où elle se dresse aujourd’hui. Il meurt en mai, et c'est donc la Fondation Jean Dubuffet, créée par l'artiste en 1974, qui assure la continuité du projet et appuie le Centre National des Arts Plastiques lors de la réalisation qui commence en 1986 par la structure intérieure en béton. La structure extérieure, la peau en résine époxy peinte, est confiée à Richard Dhoedt, l'un des anciens de son atelier, que Dubuffet avait accrédité pour ce projet avant de mourir. Malgré le décès de l’artiste, qui ne verra jamais son œuvre édifiée la Tour aux figures existe telle qu’il l’a souhaitée.
(sources wikipedia)

mardi 19 octobre 2021

Rusticage au Parc Montsouris


 
Voilà,
le XIXe siècle a, dans ses parcs et jardins alors nouvellement créés, vu apparaître des imitations de bois et de rochers grâce au mélange de béton et de ciment. Ainsi sont apparues les pratiques de rusticage qui imite des rondins de bois pour créer bancs et rambardes, et de rocaillage consistant à reproduire la pierre des rochers.
Comme l’explique Michel Racine dans son ouvrage “Jardins au naturel”, "les rocailleurs composaient de vastes paysages géologiques en recourant aux fers ronds et à des fils de fer en guise d’armatures pour les fausses concrétions et les faux bois, puis en accumulant ensuite les couches de ciment de plus en plus finement sculptées.
 
Achevé pour l’Exposition universelle de 1878, et aménagé par l'ingénieur Jean Charles Alphand entre 1867 et 1878 sur le site d'anciennes carrières, le Parc Montsouris s'est inscrit dans le programme ambitieux des grands travaux du baron Haussmann, Préfet de la Seine, répondant ainsi aux souhaits de l’empereur Napoléon III qui voulait doter Paris d'espaces verts afin d'assainir la ville et d'offrir aux classes laborieuses des poumons de verdure comme on pouvait en trouver à Londres. Il a en effet été pensé comme le pendant sud du parc des Buttes-Chaumont, où l'on peut d'ailleurs toujours voir, la plaque de l’entrepreneur de travaux publics, spécialisé dans les ouvrages de ciment armé, qui a confectionné ces aménagements : « J. Chabrat : Rocaillage – Cascades, grottes, rivières ».
Toujours à propos du rusticage, il existe même dans le calvados, à Colleville-Montgomery, un château d'eau décoré selon cette technique.

dimanche 17 octobre 2021

Le nouveau siège de Christian Dior

Voilà, 
sur l’avenue des Champs-Élysées, afin d'y installer son siège social, la maison Dior a pris possession d’un  immeuble de style Art Nouveau appartenant à un fonds d'investissement qatari.
Depuis quelques mois, sur la façade de ce qui fut le siège de la banque HSBC, a été dressé un monumental auvent sur lequel est inscrit le nom Dior et où figurent, pour rappeler le savoir-faire et l'excellence des ateliers de cette vénérable institution, des images de  ces prototypes blancs utilisés dans la confection de vêtements de haute couture que l'on appelle "toiles". (Linked with Monday Mural - through my lens - wordless wednesday - travel tuesday
 

jeudi 14 octobre 2021

La Figure du Refus


Voilà 
"La figure du refus que je rencontrais toujours n'était pas celle qui dit : "je ne t'aime pas", mais celle qui dit "tu ne peux pas m'aimer, si fort que tu le veuilles, tu aimes sans espoir l'amour de moi, l'amour de moi ne t'aime pas". En conséquence, il n'est pas exact de dire que j'ai connu le "je t'aime", je n'ai connu que le silence plein d'attente que mon "je t'aime" eût dû interrompre, je n'ai connu que cela, rien de plus" (Kafka, journal 13 février 1920)

mardi 12 octobre 2021

Bayan-Ko


Voilà,
il y a quelques temps je suis allé voir Bayan-Ko un film de Lino Brocka, réalisé en 1984 et qui se donne depuis quelques semaines au Reflet-Médicis dans une version restaurée. Je ne trouve plus beaucoup d'agréments à la vie parisienne, mais celui de pouvoir accéder à des films rares projetés dans de bonnes conditions en est un, tout comme pouvoir me rendre dans cette courte rue Champollion située à deux pas de la Sorbonne où trois cinémas se succèdent sur un même trottoir.
Tournée dans les dernières années de la dictature Marcos, cette œuvre mêle réalité (les scènes de manifestations avec les portraits brandis de Ninoy Aquino, qui venait d'être assassiné sur l'aéroport de Manille à son retour d'exil en 1983) et fiction  — l'histoire de Tuning cet ouvrier imprimeur, contraint par son patron de s'engager à ne pas adhérer au syndicat en train de se former dans son entreprise, en échange d'une avance de salaire —, parce que Luz, sa femme, en raison d'une grossesse difficile, ne peut plus travailler. Le prix prohibitif des médicaments, et le coût d'un séjour hospitalier amène le couple à s'endetter. Lorsque la grève éclate dans son entreprise, et qu'il ne s'engage pas aux côtés de ses compagnons, Tuning se retrouve seul et ostracisé par ses collègues qui le considèrent comme un "jaune". C'est alors que Tuning participe à un cambriolage. 
Ce film, nerveux, en partie auto-produit (Brocka réinjectait l'argent gagné avec des films populaires et commerciaux dans des réalisations plus ambitieuse à caractère social et politique) va bien au-delà du fait divers dont il s'est inspiré. Il fut bien évidemment interdit aux Philippines mais parvint clandestinement au Festival de Cannes en 1984. 
Plus de trente ans après, cet opus ne perd rien de sa puissance ni de son efficacité. Bien qu'il témoigne d'un contexte géographique et historique différent du nôtre, il se révèle cependant, par certaines situations d'une évidente actualité. Les portraits souvent subtils de ces personnages confrontés à la détresse révèlent sans manichéisme une humanité poignante. Le récit quant à lui, se développe, inexorable, avec des accents de tragédie, tout en évitant les écueils du mélodrame.
Ça change évidemment de toutes ces daubes américaines à grand spectacle, où dans une débauche d'effets spéciaux, seuls contre tous, des héros décérébrés sauvent le monde libre et surtout les USA, en se sortant des situations les plus invraisemblables, sans que ne bouge une mèche de leur brushing. 
J'étais en outre, très heureux de partager ce moment avec Peggy (dont le blog m'enchante depuis des années) qui était de passage à Paris. Je savais que ce film la toucherait particulièrement, pour des raisons qu'il ne m'appartient pas de développer ici, qu'elle n'aurait besoin des sous-titres pour comprendre, et qu'il constituerait une expérience plutôt singulière pour elle, et d'une certaine façon pour moi aussi, car la circonstance après tout, n'était pas banale.

lundi 11 octobre 2021

Musarder à la Butte-aux-Cailles

Voilà,
lundi dernier, profitant d'une journée ensoleillée, je suis allé me promener à la Butte-aux-cailles, où je n'étais pas retourné depuis longtemps. Ce quartier avec ses airs de village en plein cœur de Paris semble être un spot très apprécié des grapheurs et des muralistes. J'y ai pris de nombreuses photos, que je publierai au cours des prochaines semaines.
 

J'ai bien aimé musarder par là-bas, me faisant l'effet d'un touriste dans ma propre ville. Attablé à une terrasse où j'ai mangé, j'y ai même longtemps discuté avec un israélien venu passer quelques jours de vacances à Paris. J'étais content d'avoir engagé la conversation avec un inconnu car ce n'est vraiment pas dans mes habitudes. Je vis des jours étranges en ce moment. J'ai l'impression d'être désynchronisé de moi-même, comme dans un film où lorsque les acteurs parlent, les paroles ne correspondent pas au mouvement des lèvres. J'éprouve aussi cette sensation certains soirs lorsque je joue au théâtre, et ce n'est pas très confortable. 
linked with monday mural

vendredi 8 octobre 2021

Devant une porte, rue des rosiers

Voilà,
de temps en temps ça me reprend, une photo de corps fragmenté, comme j'en ai tant réalisé déjà et publié ici ou bien ou encore . J'ignore pourquoi ce genre de cadre me plaît autant. Peut-être ai-je une inclination particulière pour ce qui se dérobe et auquel je n'ai pas accès. Cela me fait penser à cette histoire lue dans un recueil d'histoires juives : "Le manque me manque, je suis comblé", signé Rabbi Yaakov Lacan. Lequel Lacan, s'y connaissait en matière de choses cachées et de corps fragmentés. Il fut en effet le dernier possesseur de l'Origine du monde, — vous savez ce tableau de Courbet souvent censuré sur facebook — . Lacan avait confié au peintre André Masson, beau frère de sa femme, la mission de concevoir un masque pour habiller ce tableau "que les enfants et les voisins pourraient ne pas comprendre…". Celui-ci peignit donc sur un panneau de bois une œuvre intitulée "terre érotique" évoquant de manière abstraite le tableau qu’il dissimulait.  
Epaiement des droits de succession, les héritiers du psychanalyste firent en 1995 dation à l’état du tableau de Courbet, qui se trouve désormais au musée d'Orsay. En revanche j'ignore ce qu'il en est de l'œuvre de Masson et où elle se trouve à présent. Au fait, exprimer les pensées qui viennent à l'esprit à partir d'un élément donné ou de façon spontanée, ne serait-ce pas ce qu'on appelle l'association libre ?

jeudi 7 octobre 2021

Enbata


 
Voilà,
"aucune civilisation humaine n’a été capable, en dépit de ses génies, de ses héros et de ses talents parfois prodigieux, de se hisser durablement et massivement hors de son bourbier originel. Depuis les temps bibliques, la même plainte revient, dans la bouche ou sous la plume des témoins en tous genres, mêlée tantôt de colère, tantôt de tristesse, voire de désespoir, que le genre humain finit toujours par succomber sous le poids de sa propre bêtise" remarque Alain Accardo, dans une interview. 
Il semblerait que de nos jours un grand vent de connerie déferle sur nos contrées, semblable à cette bourrasque qu'on appelle au pays basque Enbata et qui désigne un impressionnant coup de vent qui balaye la plage, fait voler le sable, les serviettes, les parasols. ... L'enbata arrive du sud sous la forme d'une énorme masse nuageuse, franchit le Jaizkibel, le recouvre et sévit. Le phénomène se déclenche en période de fortes chaleurs, lorsque survient un vent de nord-ouest froid et humide. 
Si Hamlet se proclamait "fou que par vent de nord-nord Ouest", il semble qu'aujourd'hui les girouettes de la sottise tournoient en tous sens. Et avec la pré-campagne électorale qui s'amorce, il est à craindre que nous ne soyons pas au bout de nos surprises

mercredi 6 octobre 2021

Travail rapide et soigné

Voilà,
cette cordonnerie qui fait aussi office de serrurerie et vraisemblablement de bien d'autres choses se trouve rue de la Grande Chaumière  dans le quartier de Montparnasse. J'aime particulièrement les plantes vertes sur le perron de la boutique, et aussi l'enseigne, très années cinquante, ainsi que la mention "travail rapide et soigné", ornant la façade,  dans ce qui semble être une typographie mistral, fruit d'une longue recherche du graphiste Roger Excoffon, qui voulut par ce caractère "reproduire l'écriture de l'homme moderne du XXème siècle, et ainsi recréer le symbole graphique de l'homme présent"

dimanche 3 octobre 2021

Un vieux Speedy Graphito

 
Voilà,
je ne me rappelle plus dans quelle rue de Paris j'ai, en 2012, aperçu cette peinture murale de Speedy Graphito devenu depuis ses débuts dans les années quatre-vingt, une star du street art. Ce graphisme me rappelle ma jeunesse. Dans ces années là, on vit les murs et les palissades de Paris (en particulier celle du chantier du nouveau Louvre), mais pas seulement — je me souviens durant un séjour d'une quinzaine de jours à Strasbourg fin 1984 avoir photographié des dizaines de pochoirs — devenir le support de nouvelles formes et de propositions parfois audacieuses. C'était les années de la nouvelle formule du journal Actuel qui se prétendait "nouveau et intéressant". Elles commencèrent en France dans l'enthousiasme, avec l'élection de Mitterrand et puis très vite elles furent plombées par l'apparition du SIDA qui assombrit notre jeunesse. Et puis Tchernobyl nous rappela que les nuages passent les frontières. Pour ma part, ce furent de belles années professionnelles durant lesquelles je fus très épanoui dans mon travail. Je ne pensais pas à l'époque atteindre l'âge que j'ai, ni même que j'aurais un enfant. Je faisais alors beaucoup d'expériences consommant parfois des substances illicites. Mon corps était beaucoup plus résistant, mon esprit moins encombré.
Ce furent aussi les années d'ascension médiatique de Bernard Tapie, un self made man, assez hâbleur, plutôt escroc dont on parlait beaucoup trop à l'époque. Il est mort aujourd'hui.
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samedi 2 octobre 2021

Comme un bruit de plumes


ESTRAGON
toutes les voix sont mortes
 
VLADIMIR
Ça fait un bruit d'ailes
 
ESTRAGON
De feuilles
 
VLADIMIR
De sable
 
ESTRAGON
De feuilles
 
Silence
 
VLADIMIR
Elles parlent toutes en même temps
 
ESTRAGON
chacune à part soi
 
VLADIMIR
Plutôt elles chuchotent 

ESTRAGON
Elles murmurent
 
VLADIMIR
Elles bruissent
 
ESTRAGON
Elles murmurent
 
VLADIMIR
Que disent elles ?
 
ESTRAGON
Elles parlent de leur vie
 
VLADIMIR
il ne leur suffit pas d'avoir vécu
 
ESTRAGON
il faut qu'elles en parlent
 
VLADIMIR
Il ne leur suffit pas d'être mortes
 
ESTRAGON
Ce n'est pas assez
 
VLADIMIR
Ça fait comme un bruit de plumes 

ESTRAGON
De feuilles
 
VLADIMIR
De cendres
 
ESTRAGON
De feuilles 

Samuel Beckett in "En attendant Godot"
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vendredi 1 octobre 2021

Solastalgie

  

Voilà,
nous sommes rentrés dans l'automne. Le soleil dispense toujours ses rayons. Les feuilles s'accrochent encore aux arbres. Le fond de l'air est juste un peu plus frais. Entre midi et deux, le jardin du Luxembourg s'est repeuplé de collégiens de lycéens et d'étudiants. Les joggeurs courent et trottinent pour en faire le tour.  
Ici je me sens un peu hors du monde, dans une sorte de temps suspendu. Je musarde, je traîne. J'ai aimé apercevoir cette scène, insolite dans cet arrondissement bourgeois. C'était une autre douceur, un autre rythme, dans les gestes et les intonations des voix. C'était doux.
Ailleurs la vie continue, plus âpre. Et souvent même la lutte pour la survie. Comme par exemple en Inde. Bien sûr, en France, les chaînes d'actualités mainstream ne s’attardent pas sur ce qu'il s'y passe. Après tout ce n’est qu’un huitième de la population mondiale, et accessoirement la plus grande démocratie parlementaire du monde, même si elle est aux mains de dirigeants ultranationalistes hindous.
Cela fait dix mois que les paysans se sont soulevés. Ce 27 Septembre, Le SKM, la coordination qui anime le mouvement, a, pour la troisième fois en dix mois,  appelé au blocage général de l'Inde, afin d'obtenir le retrait des lois anti-paysannes et anti-ouvrières, de rétablir la démocratie, de mettre fin aux divisions entre castes, religions et sexes et enfin pour libérer l'Inde du gouvernement BJP de Modi et des griffes d'un capitalisme de plus en plus sauvage. 
Cet appel a été soutenu par l'ensemble des organisations syndicales ouvrières, d'employés, de commerçants, pécheurs, étudiants, enseignants, de transports, les organisations féministes, celles de jeunesse, des Intouchables, des tribus et des gouvernement de plusieurs Etats opposés au BJP : le Kerala, le Tamil Nadu, l'Andhra Pradesh, le Chhattisgahr, le Jharkhand et le Pendjab  que la plupart des occidentaux sont incapables de repérer sur une carte. Partout, voies ferrées, aéroports, marchés, transports, routes, autoroutes, entreprises, commerces, administrations, écoles, universités ont été totalement paralysés. 
Dans ces Etats, le blocage a été colossal mais également dans les Etats dirigés par le BJP, ce parti de la droite nationaliste hindoue, malgré leurs violences policières, l'Uttar Pradesh, l'Haryana, le Bihar, le Gujarat et Tripura. Le mouvement a été également suivi comme cela n'était jamais arrivé dans le reste du pays, au Telangana, dans le Rajasthan, l'Odisha, le Bengale Occidental, le Maharashtra, l'Uttarakhand, le Madhya Pradesh, le Jharkhand, l'Assam, le Karnataka, l'Himachal Pradesh et Manipur.
C'est la première fois que l'appel des paysans qui était traditionnellement suivi jusque là dans les États du nord, l'a été avec autant d'ampleur et d'intensité dans le reste du pays et que les paysans ont réussi à entraîner derrière eux l'ensemble des organisations populaires, syndicales, politiques et associatives du pays et même un certain nombre d'Etats dirigés par l'opposition. Cette journée a marqué un nouveau et immense succès du soulèvement paysan face à un gouvernement ultra réactionnaire et violent qui cependant, devient de plus en plus impuissant face à cette vague populaire qui s'amplifie. 
J'ai eu de la chance de vivre jusqu'à présent dans une région relativement prospère, dans une période historique et sous des latitudes préservées du chaos. Rien ne dit que cela durera encore longtemps. Je veux dire, la vie, la paix civile. Vraisemblablement les désordres climatiques auront des répercussions sur nos organisations sociales et, d'ici quelques années nos existences risquent d'être fort bouleversées. De plus, savoir tout ce qui se passe dans le monde, constitue un poids supplémentaire. Peut-être suis-je sujet à ce qu'on appelle la solastalgie — j'ai découvert ce mot il y a peu — qui définit  une forme de souffrance et de détresse psychique ou existentielle causée par exemple par les changements environnementaux passés, actuels et attendus, en particulier concernant le réchauffement climatique et la biodiversité. Peut-être s'agit-il d'autre chose que j'ignore encore ou que je me refuse à admettre. Quoi qu’il en soit je joue le soir au théâtre trois fois par semaine. Ça me fait du bien. J'oublie le reste. Le reste. Ce dont on ne peut peut parler. Et qu'il faut taire, selon la célèbre formule.

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