vendredi 23 février 2018

L'Alfama


Voilà,
c'était il y a trois ans (trois ans déjà), un mois de février à Lisbonne, il faisait frais mais le soleil était souvent au rendez-vous. J'aimais la douce mélancolie de cette ville que je n'ai visitée qu'en Novembre et en Février. J'y retournerais bien au printemps prochain. mais je crois qu'aujourd'hui les habitants de l'Alfama, ne supportent plus le trop grand afflux de touristes. (Linked with the weekend in black and white

mercredi 21 février 2018

Casa Batllo


Voilà,
ça se goupillait bien, ce n'était pas très loin de l'appartement où nous séjournions, et la première visite fut pour la Casa Batllo, de nuit. Gaudi, j'en avais entendu parler, bien sûr et j'avais vu des photos, lu des articles. Mais j'ai été fasciné par ce mélange de fantaisie décorative  qui tient de l'art brut et de rigueur architecturale qui caractérise cette maison. 
Aucun détail n'est laissé au hasard, tout est fonctionnel et ergonomique (les poignées de porte, les système d'ouverture des persiennes). L'espace est traité avec subtilité et de façon organique, comme si la maison était un corps vivant. Les fluides (l'air, les eaux de pluies) y circulent de la façon la plus agréable. La lumière doit toujours être la plus douce possible de sorte que jamais elle n'éblouisse. Ainsi, dans le puits de lumière qui se trouve au centre de la bâtisse, le carrelage bleuté est de plus en plus foncé au fur et à mesure que l'on monte les étages, pour que l'intensité lumineuse soit la même.
En fait je suis très troublé par le génie de Gaudi. Par cette rigueur scientifique qui lui permet de concevoir des volumes étranges, des agencements de pièces plus ou moins courbes, où l'air doit circuler de sorte qu'il soit toujours supportable, été comme hiver, mais aussi par sa fantaisie qui lui fait dire par exemple qu'une maison à besoin d'un chapeau et d'une ombrelle. 
Sa dévotion à la nature, et cette idée qu'il faut exclusivement s'inspirer de celle-ci pour imaginer concevoir des demeures, des édifices, cette modestie là me touche.
Évidemment, ça m'embarrasse de m'extasier sur de somptueuses demeures commanditées par de richissimes propriétaires. Mais ceux-ci étaient capables cependant d'une audace certaine, d'une intuition juste et d'une probable excentricité pour s'en remettre à Gaudi et lui confier ainsi leur cadre de vie. De ceux qui ont travaillé avec lui, Gaudi rapportait qu'il les avait beaucoup fatigués, en essayant toujours d'améliorer les choses qu'il ne donnait jamais pour bonnes jusqu'à ce qu'il soit convaincu de ne pouvoir les rendre plus parfaites.
Ici, dans la Casa Batllo, je me suis réjoui des vitres donnant sur l'escalier intérieur, dont le verre, traité de façon irrégulière, offre des distorsions qui m'ont plu, augmentant l'effet d'étrangeté suscité par cet édifice.
Un jour prochain, j'évoquerai le choc de la Sagrada Familia...

lundi 19 février 2018

Cinémathèque


Voilà,
cette image volée l'autre soir en sortant de la projection de "Freaks" le film de Tod Browning 

vendredi 16 février 2018

Ca Rezzonico


Voilà
il y a un an nous étions à Venise avec ma fille et nous avions programmé par cette belle journée une visite à la Ca'Rezzonico. Arrivés un peu tôt, le ponton permettant d'accéder à l'entrée n'était pas encore ouvert et sous le soleil froid, nous avions aperçu cet homme bien couvert qui finissait sa nuit en somnolant paisiblement sur son chariot. Ce n'était pas le Christ de Mantegna, tout le contraire même. Plutôt l'image légère d'un art de vivre qui consiste à simplement prendre les choses comme elles viennent. (Linked with the weekend in black and white - Signs2

jeudi 15 février 2018

L'Homme à la Tête d'Enfant


Voilà,
celui qui fut, lors de son élection, qualifié dans un idéogramme chinois comme "l'homme à la tête d'enfant",  — je ne sais pas si l'idéogramme l'homme à la tête de nœud existe — celui-là, si sûr de lui, si imbu de sa personne, que "Le Canard Enchaîné" a astucieusement surnommé le Moi-Soleil, je pressens que le fond de mépris et de cruauté qui s'est déposé en lui ne manquera pas à un moment où un autre, avec l'exercice du pouvoir, de remonter à la surface. Et il est même fort possible sinon très probable qu'aux premiers signes de résistance sérieuse, le petit mignon ambitieux à l'ego surdimensionné et aux accents de prédicateur fasse preuve d'une implacable et féroce détermination pour se débarrasser de tout ce qui lui résiste. On ne pourra pas dire qu'on n'aura pas été prévenu puisque lui-même avant d'être élu, avait souhaité être un "président jupiterien". Méfions nous de ses foudres. Son goût du pouvoir et de ses fastes, son irrépressible envie de s'inscrire dans l'histoire, sa soumission à l'égard des oligarchies en place, son mépris envers les pauvres, envers ceux qui selon lui n'ont pas réussi et sont incapables de se payer un costard, et aussi sa fascination pour la chose militaire et le prurit guerrier qui semble le démanger ne laissent rien augurer de bon. Il ne m'étonnerait pas que l'exercice de l'autorité l'erdogane et le poutinise peu à peu. Ce ne sont là que de vagues intuitions et je souhaite me tromper bien sûr, mais la récente éviction du directeur de la rédaction du Nouvel Observateur pour une couverture qui a déplu en haut lieu semble bel et bien un signe, parmi d'autres.

mercredi 14 février 2018

Art Tangent


Voilà,
cette photo fut prise en 2007 ; je me sentais plutôt bien à l'époque, en dépit (ou peut-être à cause)  de ma vie désordonnée
(shared with weekend reflections

mardi 13 février 2018

Marcher, dit-il (pastiche)



Voilà,
marcher dit-il, il faut faire cela. Il le faut. Marcher. Manger moins, aussi, bien sûr. Ne pas grignoter. Mais surtout marcher. D'un bon pas. Il me regarde par en-dessous. Il a son petit sourire en coin. Il a souvent ce petit sourire, le médecin. Un petit sourire qui en dit long sans vraiment le dire. En coin. Il insiste. Il n'y a pas de secret. L'exercice. Il répète "l'exercice". Trois fois, oui trois fois le tour du Luxembourg, Deux fois par semaine. C'est sa proposition. Je l'entends. Je ne peux pas ne pas l'entendre. Le Luxembourg c'est loin. Pense-t-il vraiment que j'habite près du Luxembourg. Le jardin je veux dire. Car c'est du jardin dont il a parlé. Pas le duché. Ça non, cela ne peut pas être le duché. Je ferai trois fois le tour. Il a suggéré cela. Non, pas suggéré, fermement indiqué. Oui, il se peut qu'il y ait eu de la fermeté dans la voix. Je ne sais plus. C'est comme ça pourtant que je m'en souviens maintenant. Trois fois le tour. Mais pas du Luxembourg. Du cimetière plutôt. C'est cela que je décide. J'ai mon mot à dire. Du cimetière Montparnasse. C'est plus près. Pour marcher. Pour moi, marcher d'un bon pas comme il a dit. Avec insistance. Marcher. Mettre un pied devant l'autre. Et avancer. Je crois que c'est possible d'y arriver.
Je l'ai fait. Pas tout de suite. Il a fallu laisser venir le besoin. Ou la peur. Pas la peur de marcher. Celle d'engraisser plutôt. Oui c'est ça, en fait. Faire du gras, faire du bide, gonfler, se déformer. Alors marcher dans un cimetière parmi les allongés. Il y a de la Mort dans un cimetière. Une mort régnante sans nom. Il y a de la peur aussi. Beaucoup. C'est là qu'ils reposent les morts. Nombreux il sont nombreux. Ils savent eux. Désormais. La mort c'est une question dont on ne peut pas faire le tour. Non. Jamais. Le tour du cimetière on peut le faire. Il faudrait oser le dire. Au médecin, qu'on a choisi le cimetière plutôt que le jardin. Mais peut-être n'est ce pas nécessaire. Au jardin elle n'y est pas. Au cimetière oui, elle est là. Avec la mendiante. On la voit parfois. La mendiante de Savanaketh. Qui marche parmi les tombes. Toute maigre. C'est cela, ressembler à la mendiante et marcher. Et aussi Anne-Marie Stretter. Là-bas. Dans une autre division. Elle y est aussi. C'est bien, qu'elle y soit. Son nom de Stretter dans Montparnasse désert. Seule, forcément seule, sous sa pierre blanche qui n'a jamais marqué de jour. Où personne jamais ne vient se recueillir. Mais là quand même. Trop loin de Marguerite allongée près de la sortie, qui est aussi une entrée. Près de la sortie ou de l'entrée comme Sartre, mais pas du même côté. Sartre il n'a jamais affronté l'écriture pure. Pas de chair chez Sartre elle a dit Margot, un jour. C'est ça qu'elle a dit. Elle non plus maintenant, elle n'a plus de chair. il faut le crier ça. Comme le vice-consul. Il n'y a plus de chair sous la tombe. Sur la tombe, il y a ce pot. Avec des stylos. Beaucoup. Beaucoup oui, de stylos. Pour écrire. Pour vouloir écrire. Il y a les deux lettres M et D.  ça fait M.D. Et Yann Andréa. Il y est. Il est venu. Il a fini par venir. Elle n'est pas seule Margot. Je regarde le pot. Sous le pot il y a Yann il y a Margot. A-t-elle a gardé ses lunettes Margot. Ça pourrait faire une chanson. Il faudrait que j'y pense. En marchant, que j'y pense, oui avec de bonnes chaussures.

dimanche 11 février 2018

Jardin du Luxembourg sous la neige


Voilà,
le jardin du Luxembourg est le parc parisien qui m'est le plus familier. A une époque je le traversais tout les jours pour me rendre au collège et en revenir. Le grand bassin fut, à un moment de mon adolescence, un point de rendez-vous pratique, puisque situé à mi-chemin de la maison de mon amoureuse et de l'endroit où j'habitais. J'y ai vu en 1972 les étudiants des beaux-arts s'y baigner. Je me suis vautré sur les pelouses du Petit-Luxembourg, avec Hugues de Rosières, sa copine Betty et Olivier Morel, un certain printemps où j'ai beaucoup glandé. Plus tard, j'y ai accompagné ma fille dans l'aire de jeux, passant des heures à l'encourager dans ses exploits et la conquête de son autonomie. Et moi qui ne m'étais jamais auparavant projeté dans cette situation, je me sentais à ma place, juste, et sans doute ces moments, rétrospectivement, comptent-ils parmi les plus doux de mon existence. 
Du jardin du Luxembourg, la plupart des statues m'émeuvent ; certains endroits sont encore chargés de toutes les rêveries qui y furent miennes, en des temps où le corps était plus alerte. Je le photographie à chaque saison, depuis des années. Je suis venu m'y réfugier quand j'avais du chagrin. j'y ai somnolé sur ses chaises vertes. J'y ai vu passer des milliers de filles très belles qui attiraient mon regard. Je m'y suis laissé enfermer une fois dans ma jeunesse pour y passer une nuit enchanteresse dans la tiédeur d'un d'été insouciant et plein de promesses. 
Hier, en début d'après-midi, après avoir vu le merveilleux film de Woody Allen "Wonder Wheel" que les médiocres critiques d'une radio culturelle s'étaient, la semaine précédente, avec la morgue et la suffisance qui les caractérisent, acharnés à démolir, devant cette étendue déserte (parce que les abords du grand bassin avaient été rendus inaccessibles) alors que le reste du parc, était très peuplé de visiteurs, venus là pour la plupart en famille, profiter du soleil et de la neige, je me suis demandé en prenant cette image si je reverrais encore une fois dans ma vie le jardin du Luxembourg ainsi recouvert. La neige est si rare à Paris et à chaque fois un événement. Je me souviens qu'il y a cinq ans, fin février début Mars, de fortes chutes de neige et d'un amour naissant. De la fin décembre 2009, et de l'état qui était le mien alors, de cet hiver début 2005 ou nous sculptions des bonshommes sur la coursive avec ma fille qui la découvrait pour la première fois...

vendredi 9 février 2018

Tombe de Jacques Demy

cimetière Montparnasse

Voilà,
au cimetière Montparnasse, discrète à l'ombre d'un pin, se trouve la tombe de Jacques Demy, le réalisateur, parmi de nombreux autres, du film "Les Demoiselles de Rochefort". Sa veuve Agnès Varda, elle aussi réalisatrice, l'y rejoindra. c'est écrit sur la pierre. C'est à ma connaissance la seule tombe près de laquelle se trouve un banc. Je je me suis toujours demandé si c'est elle  — dont j'ai souvent l'impression que rien ne peut lui résister — qui a réussi à obtenir l'autorisation de le faire installer. Le fait qu'il soit un peu comme elle, très bas, me le laisse supputer. Aux beaux jours, c'est indiscutablement un endroit plutôt paisible, et comme dirait ma fille "c'est bien il y a du réseau." 

jeudi 8 février 2018

Une Tête



Voilà,
"on se demande parfois, si la grande erreur dans la vie n'est pas de croire que la tête a été faite pour penser"
(Ramon Gomez de la Cerna)
shared with friday face off

mercredi 7 février 2018

La Neige


Voilà,
dès que la neige tombe sur Paris les gens deviennent très vite facétieux

lundi 5 février 2018

Picture / Image / Question

affiche lacérée

Voilà, 
"La picture est un objet matériel, une chose que vous pouvez brûler ou abîmer. L’image est ce qui apparaît dans une picture et qui survit à sa destruction – dans la mémoire, dans les récits, dans des copies et des traces dans d’autres médias" écrit  W.J.T Mitchell dans son ouvrage "Iconologie".
Pour ma part — bien que personne ne me demande mon avis, et que je ne possède aucune relation à l'académie française — je ne m'opposerais pas à l'introduction dans le vocabulaire français de ce vocable à l'étymologie latine qui permet d'ajouter un peu de nuance dans notre langue. Cependant,  une question demeure : qu'en est-il d'une picture représentant une picture abîmée ? Constitue-t-elle déjà une image ?

vendredi 2 février 2018

Photographe au Petit-Palais


Voilà,
c'était un vieux japonais. Il a longtemps tourné autour de cette statue qui semblait l'intriguer avant d'ouvrir son iPad pour la photographier. Pendant que, dans l'attente de ce moment, j'avais un œil sur la scène, je me rendais bien compte aussi que la gardienne m'observait avec suspicion. (Linked with the weekend in black and white)

jeudi 1 février 2018

Une Rencontre inattendue

Voilà,
j'avais déjà fait un truc comme ça au début des années 80, mais là franchement presque cinquante après, c'était vraiment une idée complètement absurde sinon stupide d'aller au Kremlin-Bicêtre pour voir l'immeuble où ma famille avait emménagé lorsque nous sommes arrivés à Paris. Nous  y avions vécu un an avant d'aller habiter à l'école Polytechnique. Qu'est ce que j'espérais donc y retrouver ? Des sensations d'autrefois ? Une illumination ? À part le vieil hospice de Bicêtre et le fort militaire bien entendu inaccessibles, rien  aujourd'hui ne ressemble à ce qui fut alors. Le collège a changé de nom et d'architecture. Tous les immeubles construits dans les années soixante ont été restaurés transformés ravalés. J'ai donc fait le tour du fort, c'était mon meilleur repère pour m'orienter, en quelque sorte marché dans les pas d'autrefois. Et puis en redescendant j'ai remarqué un bâtiment. Un demi cylindre en tôle comme posé horizontalement ; ça m'a dans un premier temps vaguement évoqué quelque chose (mais il n'était pas rouge autrefois) et puis oui bien sûr j'ai reconnu le putain de gymnase où je me suis cassé l'humérus gauche en mars 1970 en ratant ma réception aux anneaux. J'ai vécu des moments abominables dans cet endroit. Arrivé des Landes où on ne pratiquait que des sports de plein air athlétisme foot et surtout rugby, le choc fut rude lorsqu'il se fut agi de m'exercer aux agrès et aussi au handball qui me paraissait aussi brutal que ses règles confuses. C'est donc cela que je me remémorais en longeant le bâtiment lorsque je vis comment on l'avait baptisé. J'entrai aussitôt à l'intérieur pour en savoir un peu plus, et aussitôt la porte poussée je je suis tombé sur cette photo. En effet c'était bien lui. Le bâtiment portait son nom. Donc son prénom c'était Jacques. Jacques Ducasse.

En mémoire de jacques Ducasse

Un type du sud-ouest avec de rudes manières de caporal bien détestables. D'ailleurs durant tout le premier trimestre il m'avait pris pour une brèle. Vers la fin de l'hiver, au second trimestre quand il a commencé à faire plus doux on est allé dans un stade pour jouer au Rugby. Évidemment là j'étais dans mon élément. A la fin du premier match il a commencé à s'intéresser à moi. Au milieu de tous ces parisiens je n'avais pas de mal à paraître un cador du rugby après avoir passé quatre ans dans les Landes. J'étais véloce, je n'avais pas peur d'aller au contact même des gros que je savais plaquer très bas, je possédais une bonne vision du jeu (j'avais souvent joué demi de mêlée), j'étais capable de claquer des drops, et quand je lui ai dit au Ducasse que je venais du sud-ouest, il s'est aussitôt montré beaucoup plus aimable avec moi. Malheureusement, il n'a pas vraiment eu le temps d'apprécier toutes mes qualités, puisque quelques jours plus tard, j'ai eu cet accident, et bye bye le rugby avec Ducasse. J'ai passé des vacances de Pâques pourries, dans un plâtre qui m'enserrait tout le tronc et dans lequel j'ai beaucoup transpiré parce qu'il faisait chaud, ça me grattait abominablement, j'essayais de me soulager avec des aiguilles à tricoter, et pour le troisième trimestre j'ai été dispensé de gym. Et puis après on est allé à Paris, et Ducasse a continué sa vie au kremlin-Bicêtre. Il devait être l'empereur de ce gymnase. Pour un sportif menant une vie saine, il n'a pas vécu si vieux.

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