Voilà
"Il est des bateaux qui aborderont à bien des ports, mais aucun n'abordera à celui où la vie cesse de faire souffrir, et il n'est pas de quai où l'on puisse oublier." écrit Fernando Pessoa dans "Le livre de l'Intranquillité". J'ai repensé à cette phrase l'autre soir, après un moment de grande douceur et de félicité, pourtant. Au lieu de m'endormir paisible et épuisé, je songeais au commandant de bord de l'avion tentant de défoncer la porte blindée du cockpit à coup de hache et aux hurlements des passagers pris de panique devant l'imminence d'une fin aussi atroce qu'absurde, et combien alors le temps avait du paraître long. Oui, propagée sur les ondes, les écrans, petits ou grands, avec ses commentaires multipliés et incessamment répétés, l'information permanente est devenue une sorte de poison qui contamine nos pensées. Elle nous donne à ressentir jusqu'à l'écœurement un monde malade chaotique et suicidaire où peu à peu ni l'amour ni la beauté ne sont à même de nous offrir consolation ou réconfort. J'essaie de me cramponner aux choses simples. Mon forsythia a fait sa première fleur il y a deux trois jours. Un peu plus tardivement que les autres années. Linked with the weekend in black and white)