Voilà,
je me souviens de ce mois de Juin et des hirondelles qui tournoyaient avec grand vacarme au-dessus de la rue Michelet déserte à l'heure de la rupture du jeûne parce que c'était ramadan cette année là. Je me rappelle aussi qu'une nuit — c'était au soir du 16 Juin —, la jeunesse algérienne s'était bruyamment répandue dans la ville avec force drapeaux et klaxons, parce que, ce soir là, on avait rediffusé, un an après jour pour jour, le match de la victoire de l'Algérie contre l'Allemagne lors de la coupe du monde de 1982. Cela avait ėté fêté avec le même enthousiasme que si cela s'était tout juste produit. Le peuple de ce pays plaçait alors beaucoup d'espoir dans le président Chadli. Après les années Boumedienne, le régime semblait enfin desserrer l'étau. Ensuite, dans les années qui suivirent, beaucoup d'histoires drôles circulèrent sur Chadli, qui était considéré par ses concitoyens comme un peu bobet. Celle-ci par exemple : un jour, lors d'un conseil des nations-unies, Chadli reste concentré toute la journée. Il semble réfléchir à un gros problème, ce qui intrigue les autres délégués présents au conseil. Alors au bout d'un moment on lui donne la parole pour s'exprimer. Chadli prend un air étonné et leur dit: "Depuis ce matin j'essaye de trouver comment ils ont pu faire passer une aussi grande table par d'aussi petites portes, je n'y comprends rien". C'est aussi cette année là, que j'ai vu, à l'occasion des fêtes du ramadan, un grand concert de Screamin'jay Hawkins place de la poste, que je suis retourné à Djelfa, que j'ai erré dans la casbah, visité le jardin d'essai qui m'a tant émerveillé, et Tipasa où j'ai fait la connaissance de Boudjema. Et pendant ce temps là, le FIS tissait sournoisement sa toile sans que personne n'imagine les grands massacres de la décennie suivante. (Linked with the weekend in black an white).