de plus en plus je suis sommé, par des questionnaires que je reçois dans ma messagerie internet, d'évaluer des chauffeurs de taxi, des vendeurs d'aspirateur ou de vêtements, des installateurs de câbles de fibre optique, des sites de réservation, des loueurs d'appartement, des stagiaires en recherche d'emploi, des réceptionnistes d'hôpital, des voyagistes, des téléconseillers de toutes sortes, des applications informatiques, bref, des gens, du matériel, des services, soi-disant pour mesurer et améliorer la satisfaction client. Parfois même on m'envoie un questionnaire pour évaluer un autre questionnaire et je suppose que moi-même je dois être évalué comme client : suis-je très satisfaisant, satisfaisant, moyennement satisfaisant, pas du tout satisfaisant ? A vrai dire je m'en fous. Je constate juste que les hommes sont évalués comme des produits et que lorsqu'ils ne font pas l'affaire, on les jette. C'est la tendance. "Ce dispositif permanent d'évaluation impose à l’humain de se transformer en ressources pour faire fructifier le capital en ingurgitant de nouvelles règles de conduite, une nouvelle langue et de nouvelles valeurs. Souvent installées au nom même de la liberté et de la transparence démocratique, ces nouvelles servitudes (Zarka, 2007 ; Gori, 2009) exigent un consentement plus ou moins volontaire des sujets à incarner les dispositifs de la censure sociale et des normes morales confondues avec le consumérisme de masse".(Roland Gori et Marie-José Del Vogo)
première publication 29/2/2016 à 8h36
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