"Je sais nager comme les autres, seulement, j'ai une meilleure mémoire que les autres, je n'ai pas oublié le je-ne-sais-pas-nager de jadis. Mais comme je ne l'ai pas oublié, savoir nager ne m'aide en rien et je ne peux donc pas nager". (Franz Kafka) linked with skywatch friday
Un blog écrit en français, avec des photos des collages des dessins, des créations digitales, des récits de rêves, des chroniques des microfictions et encore bien d'autres bizarreries... A blog written in french with photos, collages, drawings, digital paintings, dream stories, chronicles, microfictions and a few other oddities.
samedi 30 août 2014
vendredi 29 août 2014
La machine à café
Voilà,
ça y est il est réapparu le spectre de la machine à café. Tu frémis à la perspective de devoir retrouver cet endroit que tu n'aime pas. Tu te sens tellement étranger et si peu adapté à ce monde. Pourtant il te faut continuer cette mascarade. Te reviennent en mémoire ces lignes de Der Nister (tu ne te souviens plus dans lequel de ses livres) autrefois notées dans un carnet "Notre temps est passé nos acteurs se sont éparpillés de par le monde et se sont vendus comme clowns chez d'autres afin de gagner leur pain dans un monde désolé et annihilé".
mardi 26 août 2014
Avant de repartir
Voilà,
il fallait bien que ça finisse, le répit... Allez, bye-bye l'été, bye-bye la glandouille, les grasses matinées, les siestes, et les conversations sous les étoiles... Les bains de mer, les enfants qui ne se connaissent pas et qui très vite font bande à part... Cette année, durant ces quelques semaines de relâche, j'ai eu de la chance, j'étais en bonne(s) compagnie(s)... Et puis aussi où il ne pleuvait pas... Et comme elle était heureuse ma fille... J'ai essayé d'oublier le cours ordinaire des choses, j'y suis parfois parvenu, mais c'est tout de même difficile quand le monde alentour est si confus, incertain, tellement lourd de menaces et que même les clowns se suicident. L'été on fait l'autruche, mais, c'est souvent l'été que les grands bouleversements se profilent. Maintes fois à la fin de l'été, je me demande, "Y aura-t-il un autre été ?, je veux dire un été où la dose d'inquiétude est supportable. J'ai beaucoup rêvé autrefois, lorsque j'étais en classe, et j'ai naïvement cru aux illustrations qui me laissaient imaginer un monde stable et pérenne qui sans doute correspondait à mon désir de paix et de stabilité. Ce n'est peut-être pas la tonalité de cette image, mais elle me plaît bien avec son palmier kitsch, son vieux beau tenant sa canette, l'entrepôt au fond, ce joli cul en premier plan, le ballon des vacances, et les traînées persistantes des avions dans le ciel. Un peu caustique peut-être, mais bon, il faut s'armer pour la rentrée. De toute façon, ces gens parlaient très fort et disaient beaucoup de conneries. Quoiqu'il en soit, c'est la dernière image des vacances.
jeudi 21 août 2014
Autour du monde
Voilà
il devait avoir une dizaine d'années lorsque la mère l'avait abonné à une collection intitulée "Autour du monde" constituée de petits fascicules qu'il recevait chaque mois, accompagnés de planches de photos en couleurs qu'il fallait coller à un emplacement numéroté. Le premier livret reçu concernait la Jamaïque. La photo de couverture représentait une barque de pêcheur flottant sur une eau si translucide que la barque semblait posée dans le vide. Un jour, dans le métro, parmi tous ces visages tristes, résignés et comme privés d'humanité, il y repense comme à une promesse jamais tenue... À cette époque, il vivait entre lacs et océan et sans doute imaginait-il qu'il en serait toujours ainsi. Et du futur, il espérait vraisemblablement autre chose que ce présent morne et répétitif où il se sent désormais englué comme une mouche dans un pot de miel.
mardi 19 août 2014
Tranquillité
Voilà,
Il y a parfois des moments de grâce où le paysage se révèle comme un témoignage de tendresse et d'amitié que l'existence paraît vous accorder
linked with weekend reflections
samedi 16 août 2014
Ébloui, moi aussi
Voilà,
dans un univers parallèle je voudrais être l'homme qui se tient sur son balcon
ou bien l'arbre agrippé à la roche ou la fenêtre qui ouvre sur le large.
Ce paysage qui a ébloui un jour de ton enfance et que tu n'avais jamais revu
merci de me l'avoir offert en partage
linked with Skywatch friday - travel tuesday - my corner of the world
vendredi 15 août 2014
La FIn du Trajet
Voilà,
Il s'en est fallu de peu que cela finisse vraiment mal.
Une vague honte et la sensation d'avoir été tout le long complètement à côté de la plaque.
Quelques heures auparavant ii y avait eu ce doux nuage dans le ciel
mardi 12 août 2014
L'Accablement
Voilà
et puis un autre jour tu te retrouves au milieu de nulle part obligé de poser pied à terre. La côte est trop raide. Même un plaisir d'enfance t'est à présent interdit. Et il y a ça. L'accablante pesanteur du paysage. Cette sensation d'irréalité de ta propre existence. Une poignée de secondes suffirait à la résumer. Est-ce la même vie ou une autre ? Ça non plus tu ne saurais le dire. Bien des choses t'échappent désormais. Tout te semble dès lors dénué d'intérêt, sinon les nuages, éternels nomades. Dans la pesanteur de cet instant tout paraît à jamais figé, abandonné. Rien d'étonnant à ce que sous ces latitudes tant de pendus pèsent aux poutres des granges. (shared with skywatch friday)
samedi 9 août 2014
L'Offrande
Voilà,
un jour la vie t'aura offert ce paysage. Tu auras songé au miracle d'être là, à la chance qui t'a souri un jour. Aux mots qui ne peuvent plus se dire, à ce qui se dévoile et à tout ce qui demeure caché et incompréhensible. Et au bonheur précaire de marcher encore et de rêver.
vendredi 8 août 2014
Doigts
Voilà,
en dépit de leurs ongles forcément trop longs
(ben oui c'est la vitrine d'une onglerie)
je trouvais néanmoins assez excitante la vision de tous ces doigts accumulés
mercredi 6 août 2014
Azzurro...
Voilà
entre mer et azur dériver paisible et indolent sur un matelas pneumatique se laisser légèrement secouer et bercer par le doux clapotis des vagues goûter la saveur d'une parcelle d'éternité dans la splendeur de l'été méditerranéen ne plus penser à rien oublier le monde s'oublier soi-même ...
mardi 5 août 2014
Joies post-modernes
Voilà,
un jour il y a eu ça
cette image paradoxale de la communication
"je suis en compagnie de ceux qui m'accompagnent mais j'ai aussi besoin d'être avec ceux qui sont loin"
l'ère du vide : rester à tout prix connecté
joignable, identifiable.
Les joies de l'homme post-moderne.
Il est à craindre que par la force des choses je ne sois guère différent.
Difficile d'échapper à l'aliénation
samedi 2 août 2014
Un Siècle
"2 Août 14. La Russie déclare la guerre à l'Allemagne. Après-midi piscine" Franz Kafka, in Journal. J'aimerais pour ma part pouvoir m'en tenir à cette apparente désinvolture, à cette indifférence feinte, ou à cette distance je ne sais. Mais nous vivons dans un monde qui a bien changé. Difficile d'échapper aux images de massacre et à la toute puissance de l'actualité quand sur les réseaux sociaux, à la télévision dans les journaux, on parle tant de ça plutôt que des marronniers habituels de l'été. Oui on en parle quand même. Je trouve aussi des courriers dans ma boîte-mail, comme celui-ci, accompagné de ce commentaire d'une amie : "Tristement affligeant, Je vous communique le témoignage de Salma, enseignante de Français à Gaza. Bel été à vous et profitons de la chance que nous avons de vivre en paix". Je ne connais pas cette femme, j'ai même eu un doute sur la véracité de ce courrier (il y a tant de hoaxes et de désinformation de part et d'autre) mais cette lettre me bouleverse et je la tiens pour un témoignage vraisemblable :
Chers amis,
Je suis désolée de vous dire, « Je n'ai plus d'espoir ».
Oui, je n’ai plus d’espoir :
Quand on arrive au point de donner le nombre de morts
sans donner leurs noms alors qu’on a décidé de ne pas le faire au début de l’offensive, je n’ai plus d’espoir !
Quand on passe notre vie entre la radio et les sites
internet d’information, quand l’électricité vient nous rendre visite bien sûr,
là, je n’ai plus d’espoir !
Quand l’armée « la plus morale au monde »
bombarde partout dans la bande de Gaza et qu’on ne sait plus si les frappes
sont près ou loin de chez nous, je
n’ai plus d’espoir !
Quand cette armée bombarde les hôpitaux, les écoles et
les mosquées, je n’ai plus d’espoir !
Quand l’armée israélienne bombarde tout, les gens même
les paramédicaux, les pierres, les terres, les animaux et les arbres, je n’ai plus d’espoir !
Quand mon fils ne peut pas dormir plus de 4h, parce qu’il
a peur de nous perdre (il croit bien qu’en gardant les yeux ouverts, il nous
protège et nous garde.), je n’ai plus d’espoir !
Quand mon fils m’embrasse et me demande de le prendre
entre mes bras et de bien le serrer une dizaine de fois par jour, je n’ai plus
d’espoir !
Quand je cours vers le téléphone pour avoir des nouvelles
des autres, sciemment, mes parents lorsqu’il y a un/ des bombardement/s près de
chez eux, je n’ai plus d’espoir !
Quand le mois de Ramadan, le mois le plus joyeux et
généreux de l’année, devient le mois le plus morne, je n’ai plus
d’espoir !
Quand mon fils a peur qu’une roquette tombe dans sa
chambre et détruise tous ses jouets, je n’ai plus d’espoir !
Quand il sait qu’une de ses meilleures amies a perdu son
papa et qu’à cause des bombardements il ne peut pas sortir lui dire, « on
est tristes pour toi, on est tous, autour de toi, ne t’inquiète
pas ! », je n’ai plus d’espoir !
Quand j’imagine que les musulmans, partout dans le monde,
vont fêter la fête de l’Aïd normalement sans penser à ce qui nous arrive, je n’ai plus d’espoir !
Quand on perd un de nos proches lors d’un bombardement et
qu’on se dit, « heureusement, on en a perdu un, il y a d’autres familles
qui en ont perdu beaucoup
plus !! » Oui, je n’ai plus d’espoir !
Quand nos cœurs pleurent plus que nos yeux, je n’ai plus
d’espoir !
Quand on croit fort à l’idée que les morts ont plus de
chances parce qu’ils ne vont plus souffrir, je n’ai plus d’espoir !
Quand on parle de la mort comme si c’était un
choix et que chacun dit, « Je n’ai pas peur de la mort, mais ce qui
me fait peur, c’est de perdre tous les membres de la famille et de survivre, je
veux mourir avec les autres ! », je n’ai plus d’espoir !
Quand on sait que l’armée israélienne bombarde un
quartier tout près des frontières et qu’on a peur qu’un nouveau génocide
arrive, je n’ai plus d’espoir !
Quand le père Moussallam
dit, « S'ils détruisent vos mosquée, appelez à la prière dans nos
églises. » et que les barbares ne bombardent pas seulement les mosquées,
mais aussi les églises, je n’ai plus d’espoir !
Quand les criminels tuent la beauté de ma ville et
l’innocence de nos enfants et qu’ils disent que c’est le droit à la défense, je
n’ai plus d’espoir !
Quand on est dans un pays occupé depuis 68 ans, mais qu’on
n’a pas le droit de résister, d’exister, je n’ai plus d’espoir !
Quand ce monde parle de la liberté, de la démocratie et
de la fraternité et qu’il les interdit aux autres, je n’ai plus d’espoir !
Quand les pays arabes (nos frères !!!!) nous jettent
au feu et vont à la mosquée pour prier et s’approcher de Dieu qui n’accepte pas
ce qu’ils font, je n’ai plus d’espoir !
Quand on attend une bonne nouvelle, l’arrêt de tous ces
massacres, mais que ces nouvelles deviennent des rêves, je n’ai plus
d’espoir !
Quand l’odeur de la mort se rapproche de nous, je n’ai
plus d’espoir !
Chers amis,
Je suis très désolée, malgré votre soutien concret et
moral, vos manifestations, vos messages très doux et vos sentiments, je n’ai
plus d’espoir !
Salma AHMED ELAMASSIE
A GAZA
le 25 juillet 2014
Oui, il se passe des choses horribles sur cette bande de Gaza large de 10 km et longue de 40, là-bas en Palestine, cette terre promise où Kafka à la fin de sa vie rêvait d'aller pour y ouvrir un restaurant avec Dora Diamant. Je pense à tous ces enfants qui ont eu le malheur de naître là, d'appartenir à un peuple aussi méprisé par le monde arabe que le sont les roms dans les pays européens.... J'ai autrefois vécu en zone de guerre - mais moi c'était "peanuts", ridicule à côté de ce qu'ils endurent - et je sais ce que ça laisse comme cicatrices. Je n'ose imaginer ce que sera la suite de leur vie. Des hommes brisés, cassés qui sans doute ne pourront, pour la plupart, trouver de force que dans la haine et le désir de vengeance. Voilà ce que le cynisme et la bêtise de ces dirigeants sépharades de l'État d'Israël invoquant une fois de plus la Shoah pour justifier ce qu'il faut bien appeler des crimes de guerre, va provoquer : le conflit sans possibilité de négociation pour des dizaines et des dizaines d'années encore. Leur comportement aveugle et le sentiment d'impunité dont ils semblent jouir attisent non seulement les braises d'un antisémitisme toujours latent partout dans le monde, mais sont aussi en train de faire exploser la société israélienne qui se reconnaît de moins en moins dans cet état, où une poignée d'extrémistes religieux et d'ultranationalistes font la pluie et le beau temps à la Knesset. Je ne sais ce qu'il sera advenu quand ces lignes paraîtront. Peut-être une autre catastrophe aura-t-elle, au cœur de l'été, chassé celle-ci. Oui, c'est l'été en Europe et on cherche à oublier les soucis, à se couper du monde pour ne pas voir. On voudrait être futile comme en ce temps où l'on proclamait la fin de l'histoire. Aujourd'hui pourtant, même les plus optimistes parmi ceux qui croient au modèle dans lequel nous vivons, commencent à pressentir que les choses ne vont pas à aller en s'arrangeant et que l'horizon du pire est notre plus vraisemblable perspective. Oui le monde change. Le chaos devient sa forme de stabilité. Mais bon, en attendant, on prend le soleil.
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