mardi 28 juillet 2020

Madère


Voilà,
Je ne me souviens plus du village, mais c'était au centre de l'île de Madère, les guirlandes tendues au dessus de la rue ajoutaient de la couleur au bleu du ciel. Il faisait très chaud. Ce qui me manque à présent lorsque vient l'été, c'est ce sentiment d'insouciance que je pouvais éprouver en d'autres temps. Mais je suppose que cette sensation est assez communément partagée désormais. (Linked with Our world Tuesday)

dimanche 26 juillet 2020

Liste des douleurs


Voilà,
les réveils ne sont jamais fameux. Trop de terreurs macèrent dans la nuit. Les anciennes suintent, de plus récentes suppurent. Le tout bien fétide. C'est cela sans doute vieillir. On ne s'y fera jamais, à cette réalité, et aux désagréments qu'elle suscite. Évidemment il faut bien finir, c'est dans l'ordre de la nature. Mais rien ne dit qu'on finira paisiblement, c'est cela qui taraude. Et toutes ces douleurs qui deviennent le noyau du monde. La fulgurante qui surgit parfois partant de la cheville et remontant dans le mollet. Celle comme un poing enserrant le cœur. L'autre comme une boule d'épingles appliquée à la surface de la peau. Et puis le nœud de fil de fer barbelé qui bouge tout seul à la racine du pouce. Le minuscule et dense brasier de feu froid irradiant dans le biceps. Et aussi la térébrante qui telle un canif fouaille dans l'entraille. Et celle pareille à un nid de guêpes au creux de l'aisselle. Et encore l'urticante et vive comme un jet de venin qui remonte le long de la moelle épinière. Sans compter ce minuscule caillou irradiant la mâchoire de ses piqûres. Ou ce vide étourdissant parfois dans la tête comme si le cerveau n'était plus qu'un grand courant d'air. La plus récente, irradiant depuis l'aine qui endolorit la jambe au point de rendre la marche pénible. Alors tenir le mur, s'accrocher à la rampe. Du vacillement permanent, faire une aventure. Et toutes les autres infimes innombrables, les fugitives, étoiles filantes, météorites... Parfois cette peur d'être malade sans le savoir. Parce que tout de même ce n'est pas possible ce n'est pas ça être en bonne forme. Se rassurer, penser à tous ceux qui n'ont cessé de se plaindre, tiens Michaux par exemple, qui malgré tout avait une mauvaise santé de fer. C'est aussi que, il n'est plus de semaine qui n'instruise de la maladie de l'un, du décès de l'autre. Le réseau social devient une putain de gigantesque rubrique nécrologique. Le téléphone un pourvoyeur de sinistres nouvelles... On passe plus de temps à rédiger des condoléances que des billets d'humeur. Et ce qui n'était qu'une abstraction une vague idée qu'on repousse à plus tard, encombre désormais. On a du mal à trouver la légèreté. Particulièrement au cœur de l'été. On voudrait bien pourtant. On se dit qu'il faudrait mettre des couleurs un peu plus chaudes dans la maison. On écoute de la disco des années soixante dix. On dansotte tout seul mais le souffle se fait court et le cœur n'y est pas. D'ailleurs il fatigue, lui aussi.
Et  désormais, cette épidémie qui relègue aux oubliettes tout le reste. C'est masqué que nous allons à notre fin.
Quel rapport avec la photo ?
J'ai lu, il y a peu, que l'écrivain Charles Dantzig avait déjà pensé à son épitaphe  : "Un taxi m'attend". 
Cette sculpture intitulée 'Taxi' de J Seward Johnson Jr représente un "city businessman hailing a cab au coin de la 47me rue et de Park Avenue.
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vendredi 17 juillet 2020

Les visages me manquent


Voilà,
en fait, ce n'est pas simplement que je tenais alors à entreprendre une série sur les gens en train de photographier, c'est aussi que je trouvais cette fille plutôt belle et que j'aimais bien aussi ce premier plan avec l'homme de dos, et l'image sur son écran. À l'époque, il y a douze ans, il n'y avait pas encore beaucoup de smartphones, plutôt des appareils numériques. J'ai le souvenir que c'était au Centre Georges Pompidou, mais je ne sais plus à l'occasion de quelle exposition. Aujourd'hui, dans les musées, les visages disparaissent derrière les masques, et ils me manquent. Il est au demeurant possible que cette photo appartienne désormais à un passé tout à fait révolu.
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jeudi 16 juillet 2020

Sous le ciel de Bourgogne


Voilà,
ces derniers temps, en regardant le ciel de Bourgogne – une Bourgogne devenue presque sèche et aride –, je me faisais la réflexion que je n'avais pas résolu l'équation "comment être positif et lucide à la fois".  Je songeais qu'en ces temps moroses il me faudrait apprendre à être futile et léger, à ne pas m’appesantir sur les périls qui menacent l’humanité, puisque désormais on en parle même à la radio — sans pour autant que cela parvienne vraiment aux oreilles des politiques et des industriels — ni m’attarder sur les trop nombreuses injustices qui se donnent à voir et à entendre et qui, tôt ou tard, entraîneront, comme c'est actuellement le cas au Liban, l'explosion des cadres sociaux.
Ou alors le faire avec humour, mais c'est plus difficile quand on a soi-même fort peu d'espoir d'en réchapper.  Tout ça parce que je constate de plus en plus, en lisant les billets de mes correspondants de blog un peu partout dans le monde que, cette pandémie a sérieusement entamé le moral des uns et des autres. Il n'est guère que du côté de Perth, ou en Nouvelle-Zélande qu'on ne déprime pas trop. Il est possible que le statut d'île ou de ville la plus isolée du monde atténue la rumeur du monde. On recommence d'ailleurs à jouer au rugby dans les stades néozélandais (à mon plus grand plaisir d'ailleurs, puisqu'il est possible de les voir en streaming), et là-bas, faute de matches internationaux, on s'apprête à une rencontre entre l'île du nord et celle du Sud, qui semble sous ces latitudes, un événement considérable. Pour moi aussi. Ça sera comme voir jouer les All blacks contre les All blacks.
 Donc, j'en étais là ce matin de mes réflexions,  lorsque j'ai vu passer le message d'un certain Thierry Janssen que mon ostéopathe a relayé sur son réseau social : "Plus le temps passe, plus j’éprouve un malaise face à ce qui est en train de se passer dans le monde. Mon instinct d’être humain me dit que quelque chose ne tourne pas rond. Il y a comme une menace et celle-ci n’est pas due à un virus. C’est comme si nous étions déconnectés de notre bon sens, déviés sur un chemin qui nous éloigne de la Vie, privés du droit de réagir avec la vitalité qui a sauvé l’humanité de bien des mauvais pas par le passé, réduits au statut d’automates auxquels il est défendu toute créativité. La résignation se répand dans les populations, elle nous conduit droit vers la dépression psychologique et physique. Tout cela n’est pas bon pour notre système immunitaire. Nous sommes fragiles. Étant d’une nature profondément optimiste, j’hésite à partager ce que mon corps me dit... car il s’agit bien de mon corps et non pas de mon mental... Ne sentez-vous pas, vous aussi, la mort qui plane au-dessus de nos têtes?"Je l'ai donc relu plusieurs fois. Heureusement que le type se prétend optimiste.
J'ai repensé au "Congrès de Futurologie" du génial Stanislas Lem. En voici un extrait : "Récemment,  Science News avait brièvement mentionné l'apparition de nouveaux psychotropes du groupe dit des bénignateurs (ou bonines) capables d'imposer à notre psychisme une gaieté et une sérénité sans objet. Mais oui ! Je revoyais encore cette notice avec les yeux de l'esprit. Hédonidol, bénéfactorine, empathiane, euphorasol, félicitol, altruisane, bonocarésine et toute une série de dérivés..."
Bon, je vais peut-être faire un tour à la pharmacie. (Linked with skywatch friday)
Ou écouter un air de Count Basie.

mardi 14 juillet 2020

Drôle de sensation



Voilà,
"si je me souviens bien, j'étais toujours sur le qui-vive dans ce quartier. L'autre jour, je l'ai traversé par hasard. J'ai éprouvé une drôle de sensation. Non pas que le temps avait passé mais qu'un autre moi-même, un jumeau, était là dans les parages, sans avoir vieilli, et continuait à vivre dans les moindres détails, et jusqu'à la fin du temps, ce que j'avais vécu ici pendant une période très courte." Patrick Modiano. "L'Herbe des Nuits". (linked with Paris in July)

vendredi 10 juillet 2020

Et je vais, j'avance, je marche au hasard





Voilà
"Et je vais, j'avance, je marche au hasard. Rien dans mes mouvements (je remarque ce que les autres ne remarquent point) ne trahit dans l'observable, l'état de stagnation dans lequel je me trouve. Et cet état d'absence d'âme, qui serait commode, étant opportun, chez quelqu'un se trouvant étendu ou confortablement assis, est singulièrement incommode, et même pénible, chez un homme en train de marcher dans la rue.
C'est une impression d'ivresse à force d'inertie, de soûlerie sans joie, ni en elle-même ni dans sa source. C'est une maladie qui ne rêve même pas de convalescence. C'est une mort gaie" Fernando Pessoa in "Le livre de l'Intranquillité". (Linked with the weekend in black and white )

dimanche 5 juillet 2020

La liste de quelques pochettes de disques

 

Voilà
je continue avec une autre liste. C’est une expression tout à la fois de la futilité et de la paresse. Ça me va très bien. Cette fois-ci ma liste des pochettes de disque préférées. J’aurais adoré réaliser une pochette de disque dans ma vie. J'ai essayé à une époque. Dans les années quatre-vingts. Sans succès.
Half mute de Tuxedo Moon parce que j’ai trouvé alors très fort ces figures inspirées du constructivisme sur ce fond d’aquarelle. En plus l’album est génial
Flying lizards. Acheté sensiblement à la même époque que le précédent. A cause des xérographies au format cartes postales comme celles que je réalisais alors. J’avais acheté le disque sans l'écouter juste pour la pochette. Et je l’avais beaucoup aimé. En plus il était en vinyl blanc
La pochette de "Drums and wires" d’XTC. Un pur chef d’œuvre de graphisme. Et aussi un superbe album
L’album "Fear of music" des Talking Heads. Avec son papier gaufré noir impossible à reproduire sur l'écran
"Sticky fingers" des Stones par Andy Warhol. Je l’ai avec une vraie braguette !!!
Celle du Off the coast of me le premier album de Kid Creole and the Coconuts pour ce qu’elle apportait d’exotisme de pacotille dans la grisaille des jours parisiens et pour la nonchalance du morceau qui donne son titre à l'album
la pochette de One step beyond premier LP de Madness, à cause de la jeunesse perdue 
Celle d'Abraxas de Santana, sur laquelle on pouvait passer beaucoup temps à explorer les détails quand on avait un peu trop fumé
Celle de l’album  5 de soft machine dont j'ai déjà parlé avec le chiffre noir sur fond noir, remarquable travail de graphisme et d'impression, principe réutilisé plus tard par Art Spiegelman pour la couverture du new-Yorker après l’attaque terroriste sur New York  et la destruction des Twin towers
Celle du premier album des B52's à cause du jaune et des silhouettes des membres du groupe retouchées en à-plats de couleurs, et pour la futilité dansante. Et d'ailleurs la chanson 52 girls n'est elle pas une liste ?
Celle du premier album de Cure, avec l'aspirateur contre le frigidaire, que je trouvais délicieusement prosaïque et banale. Et aussi à cause de la typographie du nom du groupe qui n'a jamais changé
Tarkus d'Emerson Lake and Palmer que j'avais acheté d'occasion à dix-sept ans,  pour la vivacité de certains souvenirs associés à cet album, en dépit du surréalisme de pacotille qui frôle le kitsch et
le mauvais goût.
Who's next j'adore ce montage en dépit du mauvais goût certain de l'image
Breakfast in America pour son côté rétro et sa citation des années cinquante, et parce que beaucoup de bons et de moins bons souvenirs me lient à ce disque et à un certain été 79 qui fut éprouvant à bien des points de vue et aussi très fécond sous d'autres aspects.
Meddle de Pink Floyd qui représente un gros plan d'oreille plongée dans l'eau, et m'évoque irrésistiblement une certaine chambre
Close to the edge à cause de ce magnifique dégradé de vert réalisé à l'aérographe, et aussi à cause du lettrage neo-psychédélique aussi. Je me souviens qu'à l'époque j'aimais beaucoup les dessins de Roger Dean qui illustrait leurs pochettes. Et puis même si de nombreuses connaissances considèrent que c'est une faute de goût j'adore cet album qui m'a beaucoup fait planer en dépit des textes pseudo poétiques lourdingues. Et ce disque me fut offert pour mes vingt ans par un être cher.
Penguin Café Orchestra, parce que j'aime ce genre d'image surréaliste, et j'adore les pingouins, le mot pingouin me ravit, — et dans ces exercices de théâtre à la con où il s'agit de s'identifier à un animal, j'adorais faire le pingouin, c'est très facile pas fatigant et particulièrement efficace je peux faire ça pendant des heures — et puis cet ensemble orchestral délicieusement british me ravit.
Ummagumma à cause de l'image dans l'image dans l'image
Weasels ripped  my flesh des Mothers of invention avec ce dessin représentant un homme qui se rase avec une belette
"Wish you were there"  réalisée par Storm Thorgerson avec l'homme d'affaire qui serre la main d'un autre en train de brûler
allez je m'arrête là, même si c'est ce dont on est le plus sûr il n'est jamais bon de réveiller certains souvenirs 
(Linked with monday mural)

mercredi 1 juillet 2020

Nouvelle maladie mentale


Voilà
"Est-ce que l'anticonformisme et le franc-parler sont une maladie mentale ?
Selon la dernière édition du DSM-5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux) il semblerait que oui.
Rappelons que le DSM est le manuel publié par l'association américaine de psychiatrie décrivant et classifiant les troubles mentaux. Il est de plus en plus utilisé dans le monde entier pour diagnostiquer les maladies mentales.
Rappelons aussi qu'à chaque nouvelle édition, il y a des dizaines de ces nouvelles maladies. Sommes-nous en train de devenir de plus en plus malades ? Est-ce qu’il devient plus difficile d’être en bonne santé mentale ? Les auteurs du DSM-5 déclarent que c’est parce qu’ils sont plus à même d’identifier ces maladies aujourd’hui.
Étrange coïncidence on a constaté que très vite, après chaque parution du DSM, de nouveaux médicaments apparaissaient qui comme par hasard soignaient ces nouvelles maladies. 
Donc ce manuel a identifié une nouvelle maladie mentale appelée « trouble oppositionnel avec provocation » ou TOP. Cette maladie est définie comme un « schéma continu de désobéissance, d’hostilité et de provocation » et les symptômes incluent la remise en question de l’autorité, la négativité, la défiance, la contradiction. Et aussi le fait d’être facilement agacé, comme cette dame aux cheveux blancs qui fixe l'objectif.
Souvenons nous juste qu'au temps de l'Union Soviétique on incarcérait les opposants politiques dans des hôpitaux psychiatriques.
(linked with the weekend in black and white)

Publications les plus consultėes cette année