vendredi 30 septembre 2011

Nine Eleven


Voilà
impossible au matin d'une telle journée de se retrouver dans le quartier des affaires sans que reviennent, subreptices, les images de ce funeste onze septembre, sans songer ne serait ce qu'un instant, qu'il y eut un matin semblable à celui-là où des gens semblables à ceux croisés ici, se sont rendus à leur travail en se disant que par un temps pareil, avec ce ciel si bleu si pur, ils auraient bien mieux fait d'être ailleurs, au bord de la rivière par exemple, ou au parc, ou encore à la campagne, oui à la campagne c'était un jour parfait pour une ballade à la campagne. Et l'idée les avait brièvement effleuré d'aller musarder, mais non bien sûr ces choses là ne se font pas il fallait retrouver l'open space les collègues et toutes ces choses nécessaires à la vie moderne les ascenseurs les blackberry ©, les ordinateurs, les clés USB, les dossiers en attente. Tant pis, avaient ils pensé, même enfermé, cette lumière valait mieux que la grisaille qui ne tarderait pas à revenir d'ici quelques semaines, et qui durerait oui qui durerait quelques mois. Alors, après avoir un peu ralenti pour humer l'air de ce lumineux matin d'été indien, légers, ils étaient repartis d'un pas allègre, en se disant que malgré tout, c'était une belle journée qui s'annonçait et que peut-être ce soir, on en profiterait pour sortir un peu plus tôt...

jeudi 29 septembre 2011

Résolution


Voilà
essayer, quand précisément plus rien ne tient, de se tenir au plus près de ce moment où Soi manque du tout au Tout. Sans cesse, composer sur la matière du temps qui fuit, donner consistance à ce qui se dérobe et chercher la surprise et la beauté là où on l'attend le moins. 

mardi 27 septembre 2011

Dormir pour oublier (5)


Voilà
ironie du mobilier urbain. Les petits fauteuils qui remplacent les bancs du métro sur lesquels les Sans-Abri pouvaient dormir ressemblent à des "Smileys". Comme si, à la misère du monde, la société n'avait d'autre  parade que celle d'y opposer un sourire niais. 

samedi 24 septembre 2011

Format SX 70


Voilà
j'ai un rapport totalement fétichiste au format Polaroïd SX 70. D'une certaine façon peu importe l'image dans le cadre, ce qui m'émeut c'est précisément le cadre. Il y a trente ans déjà, je fabriquai des faux Polaroïds en inscrivant des photos trafiquées, des collages dans cet enclos. 


J'aimais l'idée de concevoir des instantanés d'un temps qui n'existait pas. Et puis la machine, l'objet était magnifique. Je me souviens  du film de Wenders "Alice dans les villes" et de Rudiger Vogler prenant des polaroïds dans les rues de New York. C'était nouveau cet aspect ludique et immédiat. Le côté mécanique, et le développement en plein air, la légère attente de l'apparition préservaient encore un peu de lenteur dans cette vitesse toute relative au regard de celle qui aujourd'hui nous aliène et nous assigne à une immédiateté presque contrainte.  Et puis il y avait aussi cette possibilité de bidouiller les tirages. On pouvait mettre la photo au congélateur pour interrompre l'émulsion afin d'obtenir des couleurs pastel. Ou bien on la faisait chauffer au dessus d'un grille pain et l'on intervenait à même la surface avec une spatule pour déformer le sujet. Ralph Steadman le célèbre dessinateur anglais a fait un album intitulé "Paranoïds" qui utilise ce procédé. Maintenant on fait tout aussi bien avec la fonction "doigt" d'un logiciel de traitement d'image.


 
Avec les nouveaux procédés, la variété immense des applications smartphone, on peut retrouver le plaisir facile de l'image immédiate et celui du traficotage. Bien sûr, l'objet même à disparu, son relief, son côté périssable, mais le charme demeure, et la fascination aussi.

vendredi 23 septembre 2011

Ombrelle et parapluie


Voilà
j'oubliais, outre les laveries, les reflets dans les vitrines, les personnes assises sur des bancs et celles qui se photographient, les papiers déchirés sur les murs, les reliefs de certains troncs d'arbres, les trains les bateaux, les rivages en général, les choses et les gens à l'abandon etc etc... j'ai aussi un faible pour les parapluies les ombrelles et les parasols ... (Linked with our world tuesday)

jeudi 22 septembre 2011

Le facteur au long cours

Le facteur au long cours
Voilà
tombé il y a quelques jours par hasard sur un documentaire de Patrick Soulabaille relatant l'incroyable aventure d'un postier, Alain Maignan qui, après avoir économisé et cumulé ses congés non pris, a choisi de s'embarquer pour un tour du monde sans escale, sans assistance en solitaire à bord du Schooten un bateau de plaisance de 10 mètres. Il s'est filmé tout au long de ce périple de 185 jours qui l'a fait passer par le pot au noir, l'Ocean indien, le sud de l'Australie, Le cap Horn, et retour par l'Atlantique. Incroyables moments de solitude, de presque perdition tout seul face à la violence des éléments. Tous les incidents de bord, les dysfonctionnements qui prennent dans une telle situation des proportions considérables : infiltrations, voiles déchirées, radar déficient au milieu des icebergs, pilote automatique cassé. Rien ne nous est épargné des moments d'effroi et de vertige de trouille intense et de perdition qui submergent sur ces océans qui peuvent l'engloutir à tout instant, cet homme courageux obstiné et audacieux qui va jusqu'à l'extrême limite de ses forces pour vivre son rêve et se mesurer au monde. 

mercredi 21 septembre 2011

Maladie d'Alzheimer


Voilà
reflets qui vagabondent en quête d'un séjour plus clément Silhouettes inquiètes que semble hanter un désir inassouvi de fuite Elles l'effleurent puis dérivent et s'effacent en de confuses transparences Une incertitude brouillonne confère à toute chose la densité fugace d'une énigme et la possibilité d'un naufrage Tout n'est que songe ou chimère émerge pour aussitôt s'évanouir  Les heures tournent en rond  Lui se cogne aux secondes cherche un rivage ne trouve que ravage Pour moi la mémoire n'est plus qu'un lointain souvenir dit-il le plus sérieusement du monde Ses amis acquiescent en dodelinant du chef Ils voudraient sourire de cette involontaire plaisanterie mais quelque chose les en empêche Une sorte de découragement mêlé d'embarras De la pitié peut-être aussi Qui sait même un peu de honte 

mardi 20 septembre 2011

dimanche 18 septembre 2011

L'Occasion


Voilà
il la regarde, mais, ses écouteurs dans les oreilles, il demeure dans son monde. Penchée sur son smartphone et concentrée sur sa tâche elle ne s'aperçoit même pas de sa présence. Et ni l'un ni l'autre ne réalise qu'ensemble ils deviennent une image, peut-être même l'image de l'impossibilité d'être ensemble, ou du moins de se rencontrer. (linked with the weekend in black and white)

samedi 17 septembre 2011

Minuit moins deux secondes


Voilà
je repense souvent à cette histoire. L'homme apparaît à l'holocène. Si l'on reporte les paramètres de l'évolution de la vie terrestre sur une échelle de vingt quatre heures, les vertébrés ont commencé leur développement vers 21 h 30 et les premiers hominidés le leur vers 23 H 57. C'est donc à minuit moins deux secondes que l'homme fait son entrée sur la scène du monde. Le film de Werner Herzog intitulé  "La grotte des rêves perdus" s'achève par un saisissant et vertigineux raccourci soulignant le caractère paradoxal sinon absurde du devenir de l'humanité. A quelques kilomètres de cette cavité qui depuis 35 000 ans abrite des peintures rupestres demeurées en leur état originel (et dans cette courte distance, il y a tout le chemin parcouru par la pensée de l'homo sapiens, qui au regard de notre fable tient en deux secondes) se dresse une centrale nucléaire. Grâce à l'utilisation des vapeurs d'eau chaude qui s'en échappent, on a même aménagé à proximité une serre tropicale ainsi qu'une ferme d'élevage de sauriens qui se développent paisiblement dans cette région autrefois glaciaire qui fut peuplée d'ours, de mammouths, de chevaux sauvages, de bouquetins de lions et de rhinocéros. Comme si cette volonté de domestiquer puis d'asservir la nature n'avait somme toute d'autre dessein que de recréer des conditions de vie favorables aux descendants des dinosaures qui nous ont précédés, et qui probablement s'adapteront mieux que les hommes aux mutations qu'engendreront les autres catastrophes liées à l'usage de l'atome. Mais si finalement cette proximité entre la grotte Chauvet et la Centrale de Cruas nous racontait aussi quelque chose que nous nous refusons à voir ? A la fois l'histoire d'un temps archaïque où nous n'étions pas et celle d'un futur nucléaire où nous ne serons plus.
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vendredi 16 septembre 2011

Gare St Charles


Voilà
un jour il y a longtemps, à la gare St Charles j’ai rencontré un homme qui m’a dit qu’il s’apprêtait à tuer quelqu’un. Je ne me souviens pas très bien, je crois que le type en voulait à sa petite amie. Je n’ai pas cherché à entrer dans les détails, j'ai juste essayé de donner l'impression que je l'écoutais avec intérêt. J’avais hâte de prendre un train pour les Arcs et de retrouver mon amoureuse qui se trouvait dans la région. (Linked with skywatch friday)

jeudi 15 septembre 2011

Laverie automatique


Voilà
les lieux désaffectés, vides attirent toujours mon attention. Mais j'ai une élection particulière pour les laveries désertes sans que je ne puisse d'ailleurs m'en expliquer la raison. Je ne les fréquente pas spécialement mais je trouve qu'il s'en dégage un charme singulier. Peut-être a cause des volumes cubiques et des hublots des machines... Robert Lepage au début de son spectacle "la face cachée de la lune" rend un bel hommage aux laveries automatiques et aux rêveries qu'elles peuvent susciter. Le personnage principal après avoir retiré son linge s'engouffre dans la machine, qui devient par un effet vidéo adroit, un sas reliant deux cabines spatiales, et par le hublot refermé on le voit flotter dans un espace devenu imaginaire, comme s'il était en apesanteur dans une station orbitale.

mercredi 14 septembre 2011

Prométhée


Voilà
elle tient à ça la difficulté d'être un homme de ce temps, au fait qu'il est aujourd'hui techniquement possible d'accumuler à la seconde un nombre incroyable d'informations, concernant les champs les plus divers et les lieux les plus lointains sans que notre intelligence ne soit pour autant en mesure d'agir en conséquence. Trop de déterminants cachés rendent caduque une décision, à tout le moins un point de vue souverain. Là est peut-être la dimension tragique de notre époque : nous ne pouvons intervenir immédiatement sur ce que nous voyons et sur ce que nous découvrons. Tout au plus avons nous la possibilité de nous indigner, sans que cela change grand chose. Le retard est devenu notre condition et lorsque nous entrevoyons la possibilité d'agir, le temps que nous avons pris pour analyser l'information, nous a distrait de ce qui était en train de survenir. L'information a changé de nature, s'est transformée en un événement dont l'enchevêtrement de complexités nous échappe, de sorte que, perpétuellement pris de vitesse, nous sommes pour ainsi dire irrémédiablement conduits à envisager des solutions, échafauder des concepts sur des hypothèses qui n'ont déjà plus cours.  Le génie d'Eschyle est d'avoir subodoré cela. Pour lui la connaissance, le feu porté aux hommes par Prométhée, est la promesse d'un embrasement dévastateur. Car le feu se propage plus vite que l'intelligence. La folie contemporaine tient sûrement au fait que l'espèce a généré un agencement de systèmes et de modèles qui réduit et parfois nie la place de l'homme dans son dispositif. Non seulement de l'homme mais de tout ce qui est vivant autour de lui. Notre conscience de la réalité s'est si profondément altérée que nous aspirons parfois à nous détourner du savoir, à retourner vers des temps obscurs où l'on remettait son sort à la volonté d'une divinité suprême qui nous déchargeait du poids de notre responsabilité. Et peut-être parfois même nous prenons nous à rêver de temps plus lointains, ceux d'avant l'ubris - ainsi les Grecs ont-ils nommé la démesure humaine consistant à vouloir transgresser ou balayer les lois naturelles - où, encore animaux, nous ne faisions qu'un avec notre milieu, et obéissions docilement à sa Loi.

mardi 13 septembre 2011

Monsieur je-sais-tout


Voilà
c'est étrange, il n'est pas inculte, il a dans sa bibliothèque des livres intéressants, des films de qualité mais Sébastien Chatus n'est pas relié au monde, il ne s'est jamais éloigné du nid familial, n'a jamais pris son envol, jamais voyagé. Oh je ne parle pas de grands voyages au-delà des mers où les hommes et les femmes vivent en de curieux pays où pour l'étranger de passage la langue qu'on y parle est parfois difficile à saisir, où les mœurs et les religions peuvent paraître incompréhensibles. Non je parle juste de ce misérable et mesquin petit territoire gouverné par des cons que des camions traversent en une journée. Même cela, il ne le connaît pas. Pourtant il s'autorise à parler du monde Sébastien Chatus, il ne s'en prive pas. Bien sûr la télévision lui donne sûrement l'illusion que le monde lui appartient, et que, en tout cas, il connaît la France. Ce ne sont d'ailleurs pas le voyage ou la sédentarité qui sont en cause (Ramuz après tout n'a guère quitté la Suisse, mais ses propos étaient d'une extrême sagesse et riches d'enseignement) mais plutôt la conscience que l'on peut avoir ou non du chemin que l'on a parcouru dans l'existence. Et lui, son incommensurable prétention au regard du peu qu'il a fait de sa vie, confine à la bêtise. Il y a des gens inadaptés pour qui la Réalité est semée d'embûches, mais ils vivent dans l'étude, dans l'artisanat d'un métier qu'ils s'efforcent de maîtriser, avec pour seule exigence, celle de bien l'accomplir. Ils dessinent, peignent, fabriquent des chaussures, des meubles ou des bijoux, restaurent de vieilles faïences, sculptent des écorces avec leur canif, que sais-je encore, et s'efforcent de faire au mieux avec le peu dont ils disposent. Certains même n'osent pas s'avouer leur talent, se sentent gênés, empruntés dès qu'on les complimente, alors que lui pérore, se dindonise pour un oui ou pour un non, cherche à attirer l'attention en caquetant de fumeuses théories sur des sujets insignifiants ou en égrenant des chapelets de poncifs tous plus éculés les uns que les autres. Le pire c'est qu'il n'est pas avare de jugements sur l'œuvre ou le travail de ses congénères. Parce qu'il sait plaquer dix accords sur une guitare, Sébastien Chatus se prétendra musicien et vous affirmera que "le double album blanc des Beatles vraiment non faut pas exagérer c'est pas grand chose". Parce qu'il a fait vingt photos qu'il n'a pas lui-même tirées d'ailleurs, il donnera son point de vue de photographe. Des années que cela dure, qu'il se ment à lui-même, qu'il ment aux autres. Je le regarde et me demande comment il fait pour survivre à la honte. Pour s'accommoder de cette médiocrité sans horizon. Car tout de même il est impossible de se leurrer à se point, de ne pas se questionner devant l'étendue des dégâts, devant le désastre d'une vie à l'abandon vouée à la procrastination permanente et aux stratégies dilatoires ...

lundi 12 septembre 2011

Week-end Club


Voilà
je me souviens du moulin au-dessus de l'entrée du week-end club, rue de la Gaîté, où je ne suis cependant jamais allé. Je crois que c'était un dancing ouvert plutôt l'après-midi et fréquenté par des adolescents issus pour la plupart de la communauté portugaise du quartier.
 A noter, que c'est dans ce club au cours d"'une soirée triomphale que Vigon, chanteur de rythm and blues marocain enregistra le 25 février 1967  Un Petit Ange Noir qui connut un succès dans le hit parade français et Harlem Shuffle.
(Linked with the weekend in black and white

dimanche 11 septembre 2011

11 septembre un souvenir d'enfance


Voilà
je me souviens de cette couverture d'Aventures Fiction ce magazine de bandes dessinées qu'il y avait chez moi lorsque j'étais enfant. Elle illustre quand même bien l'idée qu'un gratte-ciel percuté, sectionné par un appareil venu des airs est un fantasme, peut-être même un désir conscient inscrit dans l'imaginaire américain. La soucoupe volante en forme de scie circulaire a été remplacée par des avions et les aliens par des extrêmistes islamistes. On doit cependant à la négligence (ou au concours) de la CIA un événement singulier par bien des points. Entre autres celui là : tout en manifestant une pulsion très enfantine de destruction, le Mal a aussi accédé en la circonstance à une dimension esthétique inédite qui sera difficile à égaler.

jeudi 8 septembre 2011

Un sale type


Voilà
à quatre vingts ans passés, il raconte encore avec fierté et arrogance, comme si c'était là un fait d'armes digne d'être retenu, qu'avant de quitter la zone où il avait combattu et bien que la paix fût signée, il avait pris soin  de disposer un maximum de mines afin de "laisser un souvenir" à l'ennemi. Et les enfants, les enfants qui ont peut-être perdu un pied une jambe ou la vie après avoir sauté sur une mine en se baignant dans un oued par exemple, ou en cherchant un mouton égaré ? Dommage collatéral répond il dans un grand rire. Mélange de dégoût et de honte à la simple évocation de ce vieillard malfaisant qui n'a que trop vécu. Où l'on voudrait que l'enfer décrit dans l'œuvre de Dante existât vraiment pour de telles ordures, jusqu'à la fin des temps, y expient en souffrance la connerie la lâcheté et l'abjection où elles se sont vautrées toute leur vie durant.

mardi 6 septembre 2011

Des couleurs sur le gris du jour

Voilà
chercher au gré du hasard au cœur du banal un je-ne-sais-trop-quoi de caché qui pourrait donner un sens au chemin parcouru. Puis apparaît quelque chose qui va devenir une image. La capturer, sans trop savoir ce qu'il est possible d'en tirer. Une vague idée cependant suit déjà son cours. Elle légitime la dérive, justifie l'errance. Ce besoin, ce terrible besoin d'Apparition, je ne peux m'y soustraire. Et tant pis si je suis un être improductif. L'esprit du papillon me dit où poser mon regard. (Linked with weekend reflections

lundi 5 septembre 2011

Emission politique


Ce soir, dans une émission soit-disant politique, insupportables gloses sur le retour de l'ex-directeur du FMI et de son épouse en France. Divagations, hypothèses fantaisistes, psychologie de comptoir sur ce que cache et signifie le sourire de DSK, un vrai délire... , on distribue des dosimètres aux écoliers de Fukushima pour la rentrée des classes, l'éducation nationale est dans un piteux état, le système de soin aussi, les lobbies des industriels de l'agro-alimentaire agissent en toute impunité, l'économie s'effondre (et l'on pourrait multiplier à l'envi les sujets de réflexion de débat ou d'indignation puisque le mot est à la mode), mais on continue d'amuser la galerie avec des conneries....

dimanche 4 septembre 2011

l'image manquante

 

Voilà
j'ai retrouvé ces photos prises par Jean Péraud qui figurent dans l'ouvrage "Terre lointaine" consacrée à la guerre menée par le Corps expéditionnaire français en Indochine. Ce livre était caché de ma vue, dissimulé dans une armoire et, comme toutes les choses interdites, somme toute assez facile d'accès. Il suffisait de savoir où se trouvait la clé. Je me suis souvent attardé, enfant - je devais alors avoir une dizaine d'années -, sur cette double page qui mettait les deux images en regard l'une de l'autre. Le commentaire a sans doute influencé ma perception. Il disait en l'occurrence ceci : "les photos de ces deux pages sont les plus émouvantes que je connaisse. Elles représentent des hommes dans un paysage. Dans le même paysage. Avant et après. Dans l'intervalle ils sont morts. Celui au premier plan n'est peut-être que blessé, mais il va sûrement être achevé par la mitrailleuse qui a tué ses camarades et il le sait. Il colle à la terre, il voudrait rentrer sous terre : il va revenir dans un instant à la terre. Le paysage n'a pas bougé. Si j'étais le photographe, j'aurais l'impression d'être complice de la mort de ces hommes. Ou, ayant risqué moi-même à ce point ma vie, complice avec la mort." Rien ne dit que cette interprétation soit juste. Peut-être ne font ils que se plaquer au sol en espérant que rien ne retombe dans les parages. Peu importe. Je croyais ce que disait la légende, interrogeant cette fraction de seconde qui n'avait pas trouvé sa représentation, essayant, fasciné par cet intervalle, de me figurer en vain, à quoi pouvait ressembler l'instant fatal. C'était dans les années soixante, à Biscarrosse où la vie était si douce, en dépit des images d'une guerre qui avait juste changé de nom et dont les actualités, par la petite fenêtre de la télévision, déversaient dans la pièce où était servi le repas du soir, leur flot quotidien d'horreurs. Il me fallait en plus supporter les commentaires obscènes de mon géniteur qui le cul vissé sur sa chaise, reconnaissant ou croyant reconnaître des lieux où il avait combattu, continuait de vivre sa guerre par procuration en jouant les grands stratèges. De cela sans doute, il me faudra bien rendre compte un jour.

samedi 3 septembre 2011

Césium 137 à Fukushima


Voilà
les rejets de césium 137 à Fukushima 168 fois plus importants qu'à Hiroshima. S'efforcer de faire comme si de rien n'était comme s'il n'y avait pas cette tumeur nouvelle proliférant au cœur du Réel.

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