Voilà
impossible au matin d'une telle journée de se retrouver dans le quartier des affaires sans que reviennent, subreptices, les images de ce funeste onze septembre, sans songer ne serait ce qu'un instant, qu'il y eut un matin semblable à celui-là où des gens semblables à ceux croisés ici, se sont rendus à leur travail en se disant que par un temps pareil, avec ce ciel si bleu si pur, ils auraient bien mieux fait d'être ailleurs, au bord de la rivière par exemple, ou au parc, ou encore à la campagne, oui à la campagne c'était un jour parfait pour une ballade à la campagne. Et l'idée les avait brièvement effleuré d'aller musarder, mais non bien sûr ces choses là ne se font pas il fallait retrouver l'open space les collègues et toutes ces choses nécessaires à la vie moderne les ascenseurs les blackberry ©, les ordinateurs, les clés USB, les dossiers en attente. Tant pis, avaient ils pensé, même enfermé, cette lumière valait mieux que la grisaille qui ne tarderait pas à revenir d'ici quelques semaines, et qui durerait oui qui durerait quelques mois. Alors, après avoir un peu ralenti pour humer l'air de ce lumineux matin d'été indien, légers, ils étaient repartis d'un pas allègre, en se disant que malgré tout, c'était une belle journée qui s'annonçait et que peut-être ce soir, on en profiterait pour sortir un peu plus tôt...