Voilà,
comme ces derniers temps, j'ai rapatrié tous mes posts sur un disque dur, il m'est arrivé de relire quelques uns d'entre eux. Je me suis donc aperçu qu'en fait, depuis plus de dix ans je radote, je ressasse, je raconte les même conneries, je récrimine contre les mêmes absurdités, je traîne les mêmes vieux fantômes, je tente d'exorciser les mêmes vieilles angoisses.
Ceux qui ne me connaissent pas personnellement doivent penser que je suis sinistre, alors qu'en fait je suis plutôt un gros déconneur, en compagnie. Bon c'est vrai que je fuis de plus en plus la société et que mes occasions de faire le mariole deviennent plutôt rares, mais quand même. Les différents confinements y sont bien sûr pour quelque chose, mais pas seulement. J'ai toujours été assez casanier, et je le suis de plus en plus. C'est comme ça quand on a longtemps été enfant unique. On se suffit à soi-même. On se raconte des histoires tout seul, ou bien on trouve du plaisir à écouter des choses instructives à la radio. Mais bref, là n'est pas la question. Dans ces deux mille billets, il y a quand même parfois d'assez jolies choses, surtout dans les premières années, qui rétrospectivement m'étonnent. Je ne pensais pas être aussi inspiré à l'époque. Je parle de la formulation, du style. Oui, il y a des trucs pas mal. Parfois. Le problème, c'est juste l'accumulation des idées noires. La vision sombre de la réalité. Et la répétition.
Cela dit, je ne me suis pas vraiment trompé, car la situation générale ne va vraiment pas en s'améliorant, c'est le moins qu'on puisse dire. Je n'en tire aucune vanité, j'aurais préféré cent fois me tromper. Mais il y a aussi des fois ou le pire peut prendre des formes inattendues. La crétinisation massive des élites de droite ou de gauche ça je ne l'avais pas vu venir. Du moins pas à ce point. Les ravages de l'inculture croissante, non plus. La bigoterie croissante en France que ce soit les catholiques les musulmans ou les juifs, ça non plus je ne l'avais pas imaginé. Que les fachos de toutes espèces se rassemblent derrière un juif sépharade xénophobe, chantre du grand remplacement et témoignant de la reconnaissance à Pétain, au point d'en faire leur candidat pour l'élection présidentielle, ça aussi c'est pas mal. Que les gens continuent en France d'être aussi cons, quand on a vu les ravages causés par Trump aux USA, quand les italiens se sont décidés à chasser les néo-fascistes qui ont pitoyablement gouverné quelques unes de leurs grandes villes, quand les pays du nord reviennent à la social démocratie, tout cela explique amplement que notre emblème soit un coq, cet animal qui chante tous les matins sur un tas de fumier. Sans doute qu'on ne veut pas croire aux erreurs des autres. On veut expérimenter les siennes propres.
Si désormais je dois encore m'attarder sur l'actualité, il faudrait que je le fasse avec un peu d'humour, puisque de toute façon je n'y peux rien changer. Finalement, des posts que j'ai écrits, les plus intéressants sont évidemment ceux qui ne rendent pas spécialement compte de la réalité extérieure, sociale, politique, écologique.
Puisqu'au début je n'avais pas beaucoup de lecteurs, il est probable que l'année prochaine, je republierai de temps à autre quelques billets, dont je pense qu'ils gagnent à être vus ou lus. Ce que j'ai d'ailleurs un peu commencé ces dernières semaines. Certaines photos anciennes, ont alors pu être vues et appréciées. Les textes les accompagnant, ne référaient qu'à la photo sans aucun lien avec l'actualité.
J'ai, en outre, constaté que, lorsque l'image était un collage ou un photomontage, ça ne suscitait pas beaucoup de réactions. Ça m' a un peu attristé, parce que je les aime bien moi mes collages, même les très vieux, réalisés avec des ciseaux et du papier, au siècle dernier. Au temps où on n'imaginait même pas internet, ni les gafa, — on imaginait d'ailleurs même pas l'association de ces deux syllabes — ni les smartphones ; au temps où Picard Surgelés était un truc nouveau et intéressant, lorsqu'il n'y avait pas des algorithmes à la con pour me suggérer d'écouter tel ou tel disque, quand le monde était plus lent, et moi plus vif, bref quand j'étais jeune, que le temps ne m'était pas compté et que je pouvais alors me permettre d'en perdre beaucoup.
je jette tout ça un peu pêle-mêle, dans le désordre, parce qu'en ce moment je n'ai pas les idées très claires. Je glande considérablement. Cela fait longtemps que je ne n'ai pas pris de photos intéressantes. Celle-ci date de 2006, je crois, peu après la rénovation du Petit-Palais.