dimanche 31 mai 2015

Silhouettes sur la glace


Voilà,
sur une fragile surface des silhouettes se tiennent là comme autant d'énigmes. Elles nous tournent le dos, ignorant qu'elles sont à la tangente d'un futur où elles susciteront bien des interrogations. Mon regard ne parvient pas à se détacher d'elles. Je sais que l'événement a bel et bien eu lieu dans le froid de l'hiver il y a fort longtemps sous des cieux moins cléments et pourtant tout cela me semble aussi improbable qu'irréel.

samedi 30 mai 2015

Coïncidences


Voilà,
cette semaine, en deux jours, j'ai vu, dans le métro, deux femmes lire un livre d'Emmanuel Carrère en édition originale. Pour l'une il s'agissait de "L'Adversaire" pour l'autre de "Limonov". J'ai aussi aperçu cette jeune personne absorbée dans la vision d'un film défilant sur sa tablette. Je ne crois pas qu'il s'agissait d'une adaptation cinématographique d'une œuvre de cet auteur. J'ai néanmoins trouvé amusant de photographier le visage qui y apparaissait.

jeudi 28 mai 2015

Plantes de balcon


Voilà,
même si les perspectives ne sont guère réjouissantes, et ce n'est pas moi qui le dis, et cela ne vient pas d'un crétin qui n'y connaît rien, cela ne relève pas du "pessimisme", que tant de gens même familiers ou qui le furent autrefois, ne manquent pas de me reprocher comme s'il s'agissait là de ma part d'un pose, alors que c'est juste une forme de lucidité qui laisse toujours un peu d'amertume même sur le plus doux des bonheurs, bref en dépit de tout cela, il m'arrive cependant de me réjouir de choses simples..

mardi 26 mai 2015

Extrait d'une lettre de Jules Verne


Voilà, 
je me souviens très bien de ce passage que j'ai découvert en Corse, l'été dernier alors que je faisais une recherche sur Jules Verne. Il s'agit d'une lettre adressée à son père et j'ai regretté de ne pas en avoir eu connaissance plus tôt (j'aurais pu, lorsque sa présence polluait encore ce monde, en faire part à mon géniteur pour qui la chose militaire fut la grande affaire de sa vie) : « Tu as toujours l'air attristé au sujet de mon tirage au sort, et du peu d'inquiétude qu'il m'aurait causé ! Tu dois pourtant savoir, mon cher papa, quel cas je fais de l'art militaire, ces domestiques en grande ou petite livrée, dont l'asservissement, les habitudes, et les mots techniques qui les désignent les rabaissent au plus bas état de la servitude. Il faut parfois avoir fait abnégation complète de la dignité d'homme pour remplir de pareilles fonctions ; ces officiers et leur poste préposés à la garde de Napoléon, de Marrast, que sais-je ! - Quelle noble vie! Quels grands et généreux sentiments doivent éclore dans ces cœurs abrutis pour la plupart ! - Prétendent-ils se relever par le courage, par la bravoure! mots en l'air que tout cela! Il n'y a ni courage, ni bravoure à se battre quand on ne peut pas faire autrement ? Et me cite-t-on un haut fait d'armes accompli dans des circonstances, chacun sait qu'il y en a les 19/20èmes à mettre sur le compte de l'emportement, la folie, l'ivresse du moment ! Ce ne sont plus des hommes qui agissent, ce sont des bêtes furieuses, excitées par la fougue de leurs instincts. Et en tout cas, vint-on me montrer le sang-froid le plus calme, la tranquillité la plus surprenante dans l'accomplissement de ces hauts faits que l'on paye d'une croix, je répondrai que l'on n'est généralement pas sur terre pour risquer sa vie ou arracher celle des autres, et qu'en fait de condition, j'en connais de plus honorables et de plus relevées. ». J'étais ces jours derniers à Nantes sa ville natale et bien évidemment j'y ai repensé devant la statue du Jardin des Plantes.

lundi 25 mai 2015

Bloc Osma


Voilà,
je ne sais plus comment c'était venu dans la conversation, mais quand il en avait parlé je lui avais aussitôt dit que je ne savais pas ce que c'était "ah bon" avait répondu Philippe, "tu ne connais pas le bloc hyalin ! Ah je vais te trouver ça, c'est toujours bien utile". Et en effet peu de temps après, il m'avait rapporté ceci. En dépit des rasoirs très sophistiqués qui existent maintenant il m'arrive quelquefois encore de me couper. Rien de mieux pour cicatriser que le bloc Osma.

dimanche 24 mai 2015

Le trait lacunaire


Voilà,
me plaît dans ce rendu l'aspect lacunaire de l'image. La nécessité aussi qu'on s'y attarde un peu, Qu'on y regarde à deux fois pour comprendre. De plus en plus j'aime ce qui se réduit au trait aux tâches à la surface. M'importe moins ce qui se voit que ce qui se devine.

vendredi 22 mai 2015

Sortie de champ


Voilà,
juste une silhouette presque une ombre. Ne le sait pas mais sort du champ. D'autres corps, non loin, immobiles et groupés donnent forme à ce qui plus tard deviendra pour eux un souvenir. Ce moment banal, sans doute fut-il saisi en raison de la lumière. En ce lieu pourtant, à cette saison et à cette heure particulière du jour, ma présence me semblait aussi absurde que déplacée.  

jeudi 21 mai 2015

La Loire à Nantes

 
Voilà,
Sur les quais de Nantes je songe à la Loire de mon enfance à Souzay, entre Saumur et Fontevraud,
 avec son odeur entêtante et si particulière de vase
(Linked with Skywatch friday)

mardi 19 mai 2015

Comme un cortège de nuages


Voilà,
"C'est durant ces heures où s'ouvre un abîme dans mon âme que le plus petit détail vient m'accabler, comme une lettre d'adieu. Je me sens perpétuellement sur le point de m'éveiller, je me subis comme l'enveloppe de moi-même, dans un étouffement de conclusions. Je crierais de bon cœur, si mon cri pouvait parvenir quelque part. Mais je suis plongé dans un sommeil profond, qui se déplace de certaines sensations vers d'autres comme un cortège de nuages. [...] On dirait que je cherche, à tâtons, un objet caché je ne sais où, et dont personne ne m'a dit ce qu'il était." Fernando Pessoa in "le livre de l'intranquillité"

lundi 18 mai 2015

Tenir, quoi qu’il en soit


Voilà,
"Je constate que je vieillis ; un signe qui ne trompe pas est le fait que les nouveautés ne m'intéressent pas ni ne me surprennent, peut-être parce que je me rends compte qu'il n'y a rien d'essentiellement nouveau en elles et qu'elles ne sont tout au plus que de timides variantes" écrit José Luis Borgès dans "Le livre de sable". Et si finalement je n'étais pas aussi vieux que me le suggère parfois mon corps ? Car je parviens tout de même à me réjouir de certaines applications graphiques nouvelles qui me rendent la tâche plus simple et immédiate, m'évitent de me salir les doigts, me permettent de dessiner, ou de traficoter des photos loin de chez moi, dans les transports, les chambres d'hôtel. Autant d'outils grâce auxquels je peux me maintenir en activité, bien qu'improductif au regard des critères actuels. C'est aussi ça qui me préserve de la folie dans un monde où les valeurs de l'humanisme tendent à disparaître, où le cynisme des grands capitalistes est sans borne, où tant de choses concourent au formatage et à l'asservissement généralisés. 
(première publication 18/5/2015 à 00:11)
shared with - friday face off

vendredi 15 mai 2015

Salle d'Attente


Voilà
j'espère que, mon mauvais esprit et mon sens de l'humour me sauveront de l'inévitable débilité de la vieillesse. Bien sûr désormais au delà de quatre mètres je vois flou, construire un raisonnement m'est de plus en plus laborieux, une sorte de distraction généralisée me submerge. La vie moderne m'encombre, c'est plein de sacs en plastique débordant d'emballages cartonnés, de blisters, de papiers de toutes sortes, de prospectus remplis de carabistouilles visant à promouvoir des produits sans aucun d'intérêt ; la vie moderne c'est autant de trucs de machins de bidules, de messages d'alerte sur les écrans, de spams, de sollicitations pour des enquêtes de consommateur, de robots téléphoniques qui exigent avec une voix doucereuse que vous tapotiez des codes sur le clavier, numéro d'identifiant mot de passe etc... tout ça pour ensuite vous enjoindre de rappeler plus tard. C'est souvent chiant la vie moderne... Quoiqu'il en soit je suis tout de même encore capable de me rendre compte que je me trouve dans la salle d'attente d'un hôpital. A la droite une femme noire ronfle en se tournant les pouces. En face, assis près de son père, un enfant d'une dizaine d'années en voie de crétinisation déjà très avancée s'acharne a tapoter sur une tablette avec force grognements pour exterminer des monstres ou gagner des vies supplémentaires dans un de ces jeux électroniques stupides qui finira peut-être bien par le rendre prématurément épileptique. Non loin une vieille grommelle et récrimine contre je ne sais quoi. Elle remâche sa colère avec des airs de ruminant. On se croirait dans une étable. C'est ce que je vois puisque je peux encore voir. A part ça, je suis aussi en mesure de constater que lorsque les gens s'asseyent dans une salle d'attente ils préfèrent se poser a priori entre deux chaises vides plutôt que de côtoyer quelqu'un. Oui c'est comme ça des fois je remarque des trucs sans intérêt mais qui suffisent à m'occuper l'esprit. Qu'importe s'il fatigue désormais et ne tourne plus très rond, j'aurais quand même eu de bons moments, pensais-je alors dans un grand élan d'optimisme frisant presque l'allégresse.

mercredi 13 mai 2015

Palais de Mari


Voilà
il y a peu, j'ai entendu "Palais de Mari" que je ne connaissais pas. il s'agit d'une pièce pour piano de Morton Feldman. Découvrir cette musique qui me semble pourtant si familière, si intime au point d'avoir l'impression de la retrouver m'a particulièrement ému. Ce mystère, cette naïveté, je les ai reconnus comme quelque chose de lointain qui m'avait appartenu. Qu'un compositeur confirmé ait pu, à la fin de sa vie, s'y abandonner me touche particulièrement et, d'une certaine façon me rassure.
Voilà les faits : entre 14 et 18 ans, j'ai habité à l'École Polytechnique, rue de la montagne Ste Geneviève. Mes parents y travaillaient et nous logions sous les toits du Bâtiment Boncourt devenu aujourd'hui le siège du Ministère de la Recherche. Le samedis après-midi il m'arrivait d''explorer les moindre recoins de cette vénérable institution. Il y avait un endroit que j'aimais particulièrement c'était l'amphithéâtre Poincaré. Un piano s'y trouvait, comme un animal étrange et énigmatique. Je n'avais alors aucune éducation musicale. La musique, le piano, c'était pour les riches. Approcher de cet instrument, oser en soulever le couvercle, poser mes doigts sur ces touches, c'était braver un interdit. Cependant, certains weekend, je venais m'asseoir derrière, égrenant des sons hasardeux, m'essayant à quelques accords dans le silence du grand amphi. Et c'était comme fabriquer un temps à part que la composition de Feldman fait aujourd'hui ressurgir quand tant d'années se sont écoulées. Aujourd’hui je voudrais me réfugier dans les silences qui trouent ces notes, y trouver asile. Ne plus en sortir. Je me sens tellement inadéquat à ce monde.  (Shared with art for fun friday) 


vendredi 8 mai 2015

Station Gaîté


Voilà, 
j'ai récemment appris dans l'ouvrage de Laurent Chollet " l'insurrection situationniste" que le 10 mai 1968 après avoir découvert un beau sable jaune en dépavant la rue Gay-Lussac c'est un dénommé Killian Fritsch qui a inscrit sur un beau mur blanc ces quelques mots passés à la postérité "Sous les pavés la plage". Deux ans plus tard il s'est jeté sous une rame de métro à la station Gaité. Comme quoi même dans le plus profond désespoir on peut encore faire preuve d'humour. Je n'aurai désormais plus tout à fait le même regard sur cette station où je me rends assez souvent.

mardi 5 mai 2015

L'Avenir



Voilà,
le super volcan Tuba de Sumatra, un immense volcan explosa voici 74000 ans. Cette éruption développa autant d'énergie que l'éruption simultanée de 10000 volcans comme le St.Helens, soit l'équivalent de 1000 MT de TNT (environ 67000 fois la bombe d'Hiroshima) ce qui provoqua un hiver volcanique global ! Alors qu'un volcan ordinaire dépasse difficilement la classe éruptive VEI3, la super éruption de Toba fut classée VEI8, la plus puissante, dite "méga-colossale", projetant dans l'atmosphère 3000 km³ de cendre et de gaz, un volume des millions de fois supérieur à celui d'un volcan ordinaire. Il va sans dire qu'un tel événement produisit une catastrophe globale, à l'échelle planétaire. Dans les mois qui suivirent, la super éruption aurait entraîné une chute brutale de 3 à 5°C de la température moyenne de la Terre avec des hivers se prolongeant durant 6 ans, au cours desquels la température des régions tempérées chuta de 15°C en été et fut celle des contrées polaires en hiver...Cette catastrophe climatique aurait détruit toutes les récoltes, la majorité des animaux seraient morts de froid et par voie de conséquence, elle aurait précipité la disparition de la quasi totalité des espèces humaines, à l'exception d'environ 2000 individus dont les premiers représentants des hommes de Cro-Magnon, les Homo sapiens européens. Suite à cette catastrophe, à quelques individus près, on peut littéralement considérer que nous sommes issus d'une seule famille d'Homo sapiens. C'est ce que démontre l'histoire de l'ADN mitochondrien. Si l'on se reporte aux articles sur les extinctions de masse et sur le super volcan de Yellowstone on peut en savoir un peu plus sur l'hypothétique récurrence d'une telle catastrophe. Donc, après avoir survécu à ce goulot d'étranglement, un être à part dans le règne animal est né : l'homme moderne. Or il se trouve qu'aujourd'hui, comme le fait remarquer Noam Chomsky "L’espèce humaine vieille d’environ 100 000 ans, est maintenant face à un tournant de son histoire. Cette espèce est dans une position où elle va bientôt décider, d’ici quelques générations, si l’expérimentation de la vie dite intelligente peut continuer, ou si nous sommes déterminés à la détruire. (...)".Cela peut paraître un très sombre constat et bien sûr je souhaite de tout mon cœur que l'humanité trouve une issue favorable pour son salut. Lorsque je vois ceci ou bien encore cela, ou encore ça, enfin des trucs qui passent sur les réseaux, je ne peux cependant chasser de mon esprit l'effroi suggéré par ce personnage que des enfants ont peint à la craie sur une paroi.

samedi 2 mai 2015

Our Soul


Voilà,
ce bout de mur ce jour là m'a ému. Je crois que, lorsque je l'ai aperçu, j'étais en train d'essayer d'imaginer cette station balnéaire durant la saison estivale. Je n'avais qu'une idée vague de cette localité dont j'e n'avais vu que quelques photos auparavant. Et peut-être à cause du temps, j'éprouvais cette tendre mélancolie que sous ces latitudes on nomme saudade. Me submergeaient des sensations semblables à celles qui avaient pu me traverser enfant lorsque j'habitais dans les Landes au bord de l'Atlantique. C'était une sorte d'irrépressible nostalgie pour des terres lointaines et inconnues mêlée à une timide tristesse de n'être pas un autre ou bien le même dans un autre temps. Je regrettais de me trouver ainsi réduit à ce lieu et à cet instant et de ne pouvoir d'un coup embrasser de plus vastes espaces à la manière du vent, cet infatigable voyageur....

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